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Climat d’insécurité dans la capitale vanuatuane


Climat d’insécurité dans la capitale vanuatuane
PORT-VILA, lundi 21 mai 2012 (Flash d’Océanie) – Le sentiment d’insécurité s’est significativement renforcé dans la capital vanuatuane Port-Vila après la découverte, vendredi aux aurores, des corps sans vie d’un couple d’expatriés néerlandais.
Les corps de ces deux retraités ont été retrouvés au domicile du couple, dans leur chambre, portant des traces de contusions et de lacérations à l’arme blanche, notamment à la gorge.
Depuis, la police a annoncé une opération afin de remettre la main sur une demi-douzaine de prisonniers récemment évadés et qui s’étaient déjà rendus coupables, depuis avril 2012, d’attaques à main armée dans au moins quatre domiciles et entreprises de la capitale.
Entre-temps, la semaine dernière, c’est un enseignant expatrié d’une soixantaine d’années et résident de longue date qui a été victime d’une agression et hospitalisé dans un état grave.
Toujours la semaine dernière, mercredi 16 mai 2012, c’est une boucherie de la capitale, tenue par une famille française établie de longue date, qui a été prise pour cible par des malfrats, qui ont dérobé environ deux cent mille vatu (environ 1.650 euros, le montant de la paie de la semaine pour les employés) lors d’un cambriolage aux aurores.

Meurtre d’une retraitée australienne : 19 ans pour le coupable

En décembre 2008, la justice vanuatuane avait prononcé une peine de 19 ans de réclusion pour le ni-Vanuatu Jacky Saul, reconnu coupable du meurtre, le 8 janvier 2008, d'une enseignante australienne en retraite de 69 ans, Lyndall Jacques, à son domicile de la Pointe du Diable (banlieue de la capitale).
Après son arrestation, le jeune ni-Vanuatu s’était évadé à plusieurs reprises, tout comme de nombreux détenus à la prison centrale.
À la demande des forces de l'ordre locales, une équipe de la police fédérale australienne spécialisée dans les affaires criminelles avait été dépêchée sur place pour prêter main forte à la police vanuatuane.

Hausse et radicalisation de la criminalité

La concomitance de ces nouvelles évasions et de la recrudescence d’un niveau de criminalité jusqu’ici encore considéré comme rare à Port-Vila.
Fin juin 2008, le meurtre d'une commerçante chinoise (retrouvée égorgée dans son magasin) de Port-Vila avait fait ressurgir l'inquiétude de la communauté de la capitale de Vanuatu.
Les bandes du système de vidéosurveillance avaient permis d'établir que parmi les agresseurs se trouvaient plusieurs prisonniers récemment échappés de la prison centrale de Port-Vila et qui, pour certains, étaient des récidivistes qui s'étaient déjà rendus coupables de meurtres, en 2002.
Déjà à l'époque, les victimes ciblées étaient des commerçants de la capitale.
Ce meurtre était survenu quelques jours seulement après une nouvelle vague d'évasions de la part d’une vingtaine de prisonniers.
À quelques heures d’intervalle, une octogénaire appartenant à l'une des plus anciennes familles françaises de Port-Vila avait été grièvement blessée par un coup de feu alors qu'elle se trouvait sur sa terrasse.
Elle avait dû être évacuée d'urgence sur Brisbane.
Les auteurs de ces coups de feu étaient venus sur la propriété familiale (une plantation près de l'aéroport international) et auraient été dérangés alors qu'ils se livraient à un cambriolage.

D'inquiétants précédents

Début mars 2008, 22 prisonniers s'étaient évadés de la prison centrale de Port-Vila, y compris le jeune ni-Vanuatu Jacky Saul (20 ans), suspect numéro un dans l'affaire du meurtre d'une ressortissante australienne Lyndall Jacques, début janvier 2008.
Ils avaient ensuite été persuadés de réintégrer leurs cellules respectives.
Mme Lyndall Jacques, une enseignante en retraite australienne de 69 ans avait été retrouvée morte le 8 janvier 2008 au matin à son domicile de la Pointe du Diable, quartier résidentiel des environs de la capitale.
Son corps a été retrouvé nu et portant des traces de lacération à la gorge.
Des traces d'effraction et la disparition de biens à l'intérieur de la maison ayant été constatées, la police locale avait rapidement privilégié la thèse d'un crime crapuleux ayant mal tourné.

Le ras-le-bol des commerçants

Face à un climat de criminalité ambiante, la communauté de la capitale, y compris celle des affaires, avait entrepris au mois de juin 2008 d'organiser une manifestation sous forme de marche pacifique et une opération ville morte (impliquant la fermeture de tous les magasins), une matinée durant.
Les organisateurs de cette manifestation, après avoir été contactés par la police, avaient néanmoins dû renoncer à leur projet, qui a été « reporté à une date ultérieure ».
Argument avancé par les forces de l'ordre locales : étant donné que tous les effectifs policiers sont actuellement mobilisés pour tenter de recapturer les criminels en cavale, aucun moyen n'était disponible pour sécuriser et encadrer cette marche dans la rue principale de Port-Vila.
Cette manifestation aurait dû se terminer devant les bureaux du Premier ministre, où une délégation aurait remis une pétition.
Port-Vila compte notamment une communauté française forte de deux milliers de ressortissants.

Chez les voisins aussi

À Samoa, la police poursuit toujours son enquête, ouverte à la suite d’une fusillade qui s’est soldée par des blessures par balles sur trois de ses agents, touchés par des tirs alors qu’ils enquêtaient dans le cadre d’une affaire de culture de substances stupéfiantes.
Les trois agents ont été pris pour cible par des tireurs non identifiés, lundi 7 mai 2012 aux aurores, alors qu’ils s’apprêtaient à perquisitionner un domicile privé, au village de Faleatiu, dans la proche banlieue de la capitale Apia.
L’opération spéciale, destinée faire main basse sur une plantation à grande échelle de substances stupéfiantes (cannabis) avait mobilisé une trentaine d’agents armés pour l’occasion.
Elle faisait suite à de long mois d’enquête qui avait permis de réunir des preuves confondantes et un grand nombre de saisies précédentes et destruction de plants de cannabis, destiné dans certains cas au marché néo-zélandais (où réside une importante communauté samoane binationale).
Pris sous le feu provenant de l’intérieur du bâtiment alors qu’ils n’étaient pas encore sortis de leurs véhicules, les agents ont alors riposté, touchant mortellement un des villageois, âgé de 39 ans.
Les trois policiers blessés ont été rapidement évacués vers le centre hospitalier de la capitale, où l’un d’entre eux a été soigné pour des blessures graves et les autres pour des blessures qualifiées de « modérées ».
Depuis, des pourparlers se sont aussi engagés au niveau coutumier entre chefs des communautés concernés (les « matais ») et forces de l’ordre.
Objectif : obtenir le soutien, la non-obstruction et la coopération inconditionnels des autorités coutumières afin que les suspects ne soient pas protégés, cachés ou hébergés par des membres de leurs communautés.
Plusieurs réunions conciliatoires ont déjà eu lieu entre ces Matais et Lilomaiava Fou Taioalo, chef de la police.
Ce dernier s’est aussi publiquement interrogé depuis sur la possession illégale d’armes à feu, de plus en plus répandue.
Il a aussi indiqué que désormais, il entendait sérieusement envisager d’équiper ses agents de gilets pare-balles dans le cadre d’opérations spéciales de ce type, liées au trafic de stupéfiants.

À Fidji : vols à l’italienne

À Fidji, dans la capitale Suva, c’est en réponse à un nouveau type de délinquance que la police a lancé un avis de vigilance à la population, en fin de semaine dernière.
Il s’agit de vols perpétrés par un groupe d’individus organisés et qui multiplient les vols sur les occupants de véhicules arrêtés aux feux rouges, rappelant une technique un temps courante dans les capitales italiennes.
Plusieurs victimes ont depuis témoigné avoir vu un inconnu s’engouffrer dans leur véhicule, annoncer ensuite qu’il voulait leur vendre des bijoux, avant d’en ressortir avec des objets de valeur, comme des téléphones mobiles.
Plusieurs des carrefours les plus fréquentés de la capitale ont été identifiés comme étant les terrains favoris de ces nouveaux malfrats.
Depuis, en réponse à ce nouveau modus operandi, la police conseille aux conducteurs et passagers de remonter leurs fenêtres, de verrouiller leurs portes de l’intérieur et de ne pas laisser des objets de valeur à la vue de tous.

Un souci régional aussi

Du 16 au 18 mai 2012, les officiers supérieurs des police des États membres du Groupe Mélanésien Fer de Lance (GMFL, qui regroupe Fidji, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon et Vanuatu, ainsi que, sur une base non-étatique, le mouvement indépendantiste FLNKS de Nouvelle-Calédonie), se sont réunis à Port-Vila, siège de cette organisation subrégionale, dans le cadre d’un atelier consacré au commerce d’armes.
Cette session de travail était financée par le Grand Duché du Luxembourg.
À cette occasion, Joshua Bong, chef de la police vanuatuane, a souligné la nécessité d’une surveillance et d’un contrôle accrus d’une prolifération d’armes illégales en Mélanésie.
Cette situation, a-t-il rappelé, concerne particulièrement des pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Vanuatu, dans un contexte 2012 marqué par des élections législatives dans ces deux pays.
Au niveau du Forum des Îles du Pacifique (FIP, qui regroupe 16 États de la région, y compris l’Australie et la Nouvelle-Zélande et dont Fidji est exclu depuis mai 2009 pour cause de non –retour rapide à la démocratie), la sécurité régionale figurait aussi ces derniers jours en bonne place au menu des discussions : fin avril 2012.
Cette réunion de trois jours, à Suva, rassemblait hauts responsables des polices des États membres autour du thème du maintien de l’ordre et de l’effet réseau en matière de partage d’informations et de renseignement.
Objectif : mieux lutter contre le phénomène de criminalité transnationale en particulier en matière de trafic de stupéfiants ou d’être humains.
« Des informations précises et rapides sont d’une importance vitale pour les activités de police », a souligné Andie Fong Tong, secrétaire générale adjointe du FIP, qui a appelé » de ses vœux la mise en place de mécanismes « forts » en matière de gouvernance et de sécurité nationales.

pad

Rédigé par PAd le Lundi 21 Mai 2012 à 06:06 | Lu 1364 fois