Paris, France | AFP | mardi 26/03/2024 - Du maquis de ses jeunes années à l'appel pour ses 100 ans en faveur d'une économie plus solidaire et durable, le fondateur de France Active Claude Alphandéry a fait de la résistance le maître-mot de sa vie.
Ce grand monsieur de l'économie sociale et solidaire, dont le décès à 101 ans a été annoncé mardi, a su, malgré son accession à des postes à hautes responsabilités dans le milieu du logement ou de l'économie, rester fidèle aux idéaux de sa jeunesse, même s'il a perdu en chemin sa flamme communiste.
Né à Paris le 27 novembre 1922, d'un père trésorier-payeur général et d'une mère présidente d'une société immobilière, le jeune Claude Alphandéry avait à peine 20 ans lorsqu'il a épousé la résistance lyonnaise, abandonnant les bancs confortables de sa khâgne pour le maquis.
Il s'y est distingué et est devenu en 1944 président du comité de libération de la Drôme. Une expérience qui l'a marqué à jamais. "Pour un fils de bourgeois, pouvoir se déployer ainsi est extraordinaire", déclarait-il en 1974 au journal L'Aurore.
Une fois la guerre finie, le "fils de bourgeois" qui a sa carte au PCF a pourtant retrouvé son milieu: il s'est d'abord envolé pour l'ambassade de France à Moscou (1945-1946), avant de reprendre ses études et d'intégrer l'ENA en 1947 (promotion "Croix de Lorraine").
A la sortie de l'école, il a été nommé administrateur civil au ministère des Finances, puis chef du bureau des budgets économiques (1948-1958), avant d'enchaîner sur un poste de consultant auprès de l'ONU.
C'est à cette époque qu'il a épousé Nicole Bernheim, avec qui il a eu deux fils, puis qu'il a quitté le PCF, restant tout de même un syndicaliste CGT "très actif".
"Front de l'économie"
"Militant syndical et politique, ma carrière administrative s'est révélée difficile", confiait en 1971 Claude Alphandéry à L'Express, pour justifier son départ de la fonction publique.
En 1962, il est devenu directeur général puis PDG (1972-1985) de l'Immobilière Construction de Paris, un poids lourd du secteur. Il a administré de nombreuses autres sociétés immobilières, devenant aussi PDG de la Banque de la Construction et des Travaux publics.
Petit à petit, Claude Alphandéry a renoué avec les politiques publiques en devenant président de la Commission de l'habitation du VIe plan (1969-1975).
Soutien de François Mitterrand en 1974 et bienfaiteur du PS, il a apporté ses convictions dans les politiques publiques et s'est investi dans ce qui deviendra l'économie sociale et solidaire (ESS), persuadé qu'elle constitue la solution face au libéralisme et au capitalisme effrénés.
C'est dans cette logique que Claude Alphandéry a créé en 1988 France Active, association d'aide à la création d'entreprises engagées, puis a dirigé à sa création en 1991 le Comité national de l'insertion par l'activité économique (CNIAE), qui s'occupe des jeunes sans emploi.
"Aujourd'hui, la résistance s'est déplacée vers le front de l'économie", lançait-il à l'aube de ses 100 ans, dans une tribune publiée par L'Obs. Le vieux résistant bardé de décorations - Croix de guerre, médaille de la Résistance, Grand officier de la légion d'honneur - y appelait la société civile à s'engager pour une économie "plus sociale, plus inclusive et plus durable", via la création de clubs locaux.
Celui qui a appelé à voter Jean-Luc Mélenchon en 2022 y concluait: "Nous devons réparer les effets délétères d'une économie mondiale engagée dans une compétition sans freins pour des profits financiers sans limites, quoi qu'elle coûte à l'humanité et à la nature."
Ce grand monsieur de l'économie sociale et solidaire, dont le décès à 101 ans a été annoncé mardi, a su, malgré son accession à des postes à hautes responsabilités dans le milieu du logement ou de l'économie, rester fidèle aux idéaux de sa jeunesse, même s'il a perdu en chemin sa flamme communiste.
Né à Paris le 27 novembre 1922, d'un père trésorier-payeur général et d'une mère présidente d'une société immobilière, le jeune Claude Alphandéry avait à peine 20 ans lorsqu'il a épousé la résistance lyonnaise, abandonnant les bancs confortables de sa khâgne pour le maquis.
Il s'y est distingué et est devenu en 1944 président du comité de libération de la Drôme. Une expérience qui l'a marqué à jamais. "Pour un fils de bourgeois, pouvoir se déployer ainsi est extraordinaire", déclarait-il en 1974 au journal L'Aurore.
Une fois la guerre finie, le "fils de bourgeois" qui a sa carte au PCF a pourtant retrouvé son milieu: il s'est d'abord envolé pour l'ambassade de France à Moscou (1945-1946), avant de reprendre ses études et d'intégrer l'ENA en 1947 (promotion "Croix de Lorraine").
A la sortie de l'école, il a été nommé administrateur civil au ministère des Finances, puis chef du bureau des budgets économiques (1948-1958), avant d'enchaîner sur un poste de consultant auprès de l'ONU.
C'est à cette époque qu'il a épousé Nicole Bernheim, avec qui il a eu deux fils, puis qu'il a quitté le PCF, restant tout de même un syndicaliste CGT "très actif".
"Front de l'économie"
"Militant syndical et politique, ma carrière administrative s'est révélée difficile", confiait en 1971 Claude Alphandéry à L'Express, pour justifier son départ de la fonction publique.
En 1962, il est devenu directeur général puis PDG (1972-1985) de l'Immobilière Construction de Paris, un poids lourd du secteur. Il a administré de nombreuses autres sociétés immobilières, devenant aussi PDG de la Banque de la Construction et des Travaux publics.
Petit à petit, Claude Alphandéry a renoué avec les politiques publiques en devenant président de la Commission de l'habitation du VIe plan (1969-1975).
Soutien de François Mitterrand en 1974 et bienfaiteur du PS, il a apporté ses convictions dans les politiques publiques et s'est investi dans ce qui deviendra l'économie sociale et solidaire (ESS), persuadé qu'elle constitue la solution face au libéralisme et au capitalisme effrénés.
C'est dans cette logique que Claude Alphandéry a créé en 1988 France Active, association d'aide à la création d'entreprises engagées, puis a dirigé à sa création en 1991 le Comité national de l'insertion par l'activité économique (CNIAE), qui s'occupe des jeunes sans emploi.
"Aujourd'hui, la résistance s'est déplacée vers le front de l'économie", lançait-il à l'aube de ses 100 ans, dans une tribune publiée par L'Obs. Le vieux résistant bardé de décorations - Croix de guerre, médaille de la Résistance, Grand officier de la légion d'honneur - y appelait la société civile à s'engager pour une économie "plus sociale, plus inclusive et plus durable", via la création de clubs locaux.
Celui qui a appelé à voter Jean-Luc Mélenchon en 2022 y concluait: "Nous devons réparer les effets délétères d'une économie mondiale engagée dans une compétition sans freins pour des profits financiers sans limites, quoi qu'elle coûte à l'humanité et à la nature."