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Cinq ans ferme et 400 millions d’amende pour quatre kilos d’ice


Tahiti, le 24 juillet 2024 – Déjà condamné aux États-Unis pour trafic d’ice mais jusque-là inconnu de la justice française, un homme de 25 ans a été condamné mercredi en correctionnelle à cinq ans de prison et 400 millions d’amende. Le jeune homme était poursuivi pour avoir participé à l’importation de cinq colis contenant, au total, quatre kilos d’ice.
 
Malgré la période de vacances judiciaires, le trafic de stupéfiants continue d’occuper le tribunal correctionnel. Un jeune homme de 25 ans, interpellé en Californie en 2020 avec 500 grammes d’ice, a en effet été jugé mercredi pour répondre d’avoir participé à un “groupe de dimension internationale” afin d’importer de la méthamphétamine sur le territoire. Il était reproché à cet individu d’avoir fourni des adresses et des numéros de téléphone destinés à figurer sur des colis contenant de l’ice envoyés des États-Unis à destination de la Polynésie. Dans le cadre de l’enquête, il était ressorti que le prévenu s’était rendu complice de l’importation, entre février et août 2023, de cinq colis contenant des casques, une robe ou bien encore des pots d’échappement dans lesquels étaient cachés de l’ice pour un poids total de quatre kilos.
 
Lors de son placement en garde à vue, l’intéressé avait expliqué aux enquêteurs que c’est lors de sa détention aux États-Unis qu’il avait fait la connaissance d’un membre du cartel mexicain de Sinaloa, un dénommé Miguel Ruiz. Ce dernier, surpris par les bénéfices engendrés par la revente d’ice sur le territoire, l’aurait alors sollicité pour obtenir des conseils et des renseignements.
 
Minimiser “à outrance”
 
Si de nombreux messages, dans lesquels il donnait des conseils au Mexicain pour la confection des colis, avaient été retrouvés dans le téléphone du prévenu, ce dernier a avancé à la barre du tribunal correctionnel mercredi qu’il avait eu “peur” de Miguel Ruiz et qu’il l’avait aidé car il préférait être son “ami que son ennemi”. Une version intenable pour le procureur de la République qui a repris les éléments du dossier en accusant le prévenu de minimiser à outrance.
 
Évoquant la personnalité du jeune homme, le président du tribunal a ensuite rappelé qu’il venait d’une famille plutôt aisée et était doté d’un “bon niveau d’études” puisque détenteur d’un BTS de comptabilité et d’un baccalauréat obtenu avec mention. Alors que ses parents se trouvaient dans la salle d’audience, le prévenu a assuré qu’il avait d’autres projets pour l’avenir que de trafiquer de l’ice.
 
Risque de réitération
 
Une affirmation contredite par le procureur de la République qui a entamé ses réquisitions en affirmant que la version du prévenu s’opposait à la “réalité” des faits. “Il a menti tout au long de cette audience et s’il n’assume pas pleinement son rôle, cela signifie que le risque de renouvellement de l’infraction est bien présent.” Évacuant la peur et les représailles invoquées par le prévenu pour se justifier de ses actes, le représentant du ministère public a au contraire affirmé qu’il s’était sciemment “associé avec des gens bien implantés dans le trafic” aux États-Unis et au Mexique.
 
Alors que sept ans de prison ferme venaient d’être requis contre son client, Me Béatrice Eyrignoux est revenue sur la “politique de répression” menée en Polynésie en matière de trafic de stupéfiants en demandant au tribunal de ne pas “sacrifier” le jeune homme sur l’autel de ladite politique dans un “tel dossier”. Lors de sa plaidoirie, elle a également insisté sur la personnalité de ce dernier, un “gamin” qui s’exprime mal mais aussi un “garçon intelligent qui a la possibilité de s’en sortir”.
 
Après en avoir délibéré, le tribunal a finalement condamné le prévenu à cinq ans de prison ferme et à une amende douanière de 400 millions de francs, soit deux fois moins que le montant précédemment demandé par le représentant des douanes.
 

Rédigé par Garance Colbert le Mercredi 24 Juillet 2024 à 16:28 | Lu 3566 fois