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Christian Muller: "Faa'a, le laboratoire de la collaboration entre gendarmerie et police municipale"


De g. à d., Christian Muller et son adjoint, le lieutenant Jean-François Main
De g. à d., Christian Muller et son adjoint, le lieutenant Jean-François Main
Comme chaque année à cette époque, c'est l'heure des départs chez les gendarmes de Polynésie française. Entre juillet et septembre, plusieurs dizaines d'officiers (39 sous-officiers et 6 officiers) rejoignent la métropole. Parmi eux, le chef d'escadron Christian Muller, commandant de la compagnie des Iles du Vent (IDV), qui a commandé pendant 4 ans les brigades de Tahiti et de Moorea. Il est muté à l'Inspection générale de la gendarmerie, à Arcueil. C'est le chef d'escadron Bruno Makary qui prendra sa succession début d'août.

Avant de quitter la Polynésie, Christian Muller a accepté de revenir sur ses 4 années à la tête de la compagnie des Iles du vent. L'occasion pour Tahiti Infos de faire un bilan des moyens de la gendarmerie nationale en Polynésie française, et du travail que font ces hommes sur le terrain avec l'aide des polices municipales (PM). Ce partenariat a permis d'améliorer considérablement le taux de résolution des crimes et délits, mais aussi de mettre fin à la progression des vols, en hausse continue depuis 2005. Ces succès, on les doit probablement à un outil informatique unique en France, créé par Christian Muller pour la Polynésie, et partagé avec les communes et les PM : Syracuse. Avec cet outil, le commandant a fait de Faa'a un "laboratoire" de la collaboration entre gendarmerie et police municipale. Toutes les explications dans cette interview.

Tahiti-Infos : Vous le reconnaissez vous même, votre tâche n'a pas été aisée au cours de ces 4 années, surtout à votre arrivée. A quelles difficultés avez-vous été confronté?

Christian Muller : On connaît ces difficultés encore aujourd'hui. La première, c'est le sous-effectif. La compagnie des Iles du Vent, c'est 118 gendarmes pour un peu plus de 168 000 habitants... Heureusement, le transfert de Pirae en zone Police nous a un peu soulagés.
Malgré ces contraintes, on a réussi à améliorer nos résultats de façon très sensible. Citons par exemple le stock de procédures judiciaires. Il y en avait plus de 5 000 à mon arrivée. Aujourd'hui on est redescendu à 1 000 sur l'ensemble des Iles du Vent, parce qu'on va beaucoup plus vite. Désormais, ces procédures judiciaires se font dans la journée, et sont transmises dans la semaine au Parquet.
On a également progressé en mettant en place un système de soutien aux brigades territoriales, dont on sait bien qu'elles ont des effectifs faibles,
On arrive malgré ces difficultés à obtenir des résultats satisfaisants. Le taux de résolution est désormais de 38% sur l'ensemble des infractions constatées aux Iles du vent. En ce qui concerne les vols, on est revenu au niveau de 2005 (1 500 sur un semestre). C'est la première fois en dix ans que l'on est sur une courbe décroissante.


Photo de la commune de Taiarapu Est
Photo de la commune de Taiarapu Est
Vous laissez à vos successeurs un système informatique innovant, Syracuse. Pouvez-vous nous expliquer son fonctionnement ?

Effectivement, c'est un outil qui nous permet d'avoir une vision exacte au sein des communes, sur l'ensemble des communes qui sont divisées en zones, et en quartiers définis avec les maires. On a aujourd'hui une vision d'ensemble des infractions commises dans chacun de ces quartiers : les jours, les créneaux horaires, les manières d'opérer. C'est une photo exacte, qui fait des diagnostics automatisés, et qui laisse tout le temps à l'analyse des faits, ce qui produit des résultats. Les policiers municipaux ont aussi accès à ces outils, notamment le chef de la police municipale de Faa'a qui est devenu un expert. Le taux de résolution exceptionnel de Faa'a, qui est de 54%, est dû en grande partie à cette collaboration. Ce système nous a également permis d'améliorer le taux de restitution des objets volés.
Faa'a est donc devenu notre laboratoire, notamment dans la lutte contre les cambriolages. Il faut réussir à exporter ce système vers Punaaiua, et les autres communes, ce qui ne sera pas une mince affaire.

Quel sera le principal défi de votre successeur?

Ce sera de continuer en ce sens, puisqu'il aura toujours le même problème d'effectifs. Mais je pense qu'aujourd'hui il dispose d'outils intéressants qui vont lui permettre d'y faire face. Son atout, ce sera ce partage d'information qui permet de traiter plus rapidement une affaire. Il faudra aussi continuer à améliorer notre rapidité de traitement. Pour la gendarmerie, cela signifie un gain de temps, et de productivité.

le Lundi 25 Juillet 2011 à 11:34 | Lu 1966 fois