Pékin, Chine | AFP | lundi 11/02/2018 - C'est la plus grande migration humaine du monde: en prévision de la fête du Nouvel an lunaire, qui tombe vendredi, des millions de Chinois regagnent leur région d'origine. Mais certains, désormais indésirables, quittent Pékin pour de bon.
Comme chaque année, dans une gare de la capitale, des milliers de voyageurs, chargés de sacs et de paquets de nouilles instantanées embarquent dans la pagaille dans un train en direction de Chengdu (sud-ouest). Durée du trajet: 28 heures.
Ils font partie des dizaines de millions de travailleurs migrants qui rentrent chez eux pour célébrer la fête la plus importante du calendrier en Chine: le Nouvel an lunaire. Il tombe cette année le 16 février.
Dans le train, beaucoup n'ont pas pu décrocher de place assise. Ils sont donc contraints de rester debout dans les allées bondées durant le trajet, qui compte plusieurs arrêts.
On se passe les plateaux-repas de passager en passager, on joue sur son smartphone, on partage des chips ou bien on discute avec ses voisins.
Un gardien septuagénaire, qui rentre dans son village situé à proximité de la grande ville de Zhengzhou (centre), explique à l'AFP n'avoir pas vu son fils depuis plusieurs années.
Ouvrier dans le sud du pays, ce dernier, encore une fois, n'a pas réussi à acheter un billet de train pour rentrer au village. Ceux-ci s'arrachent souvent dès les premières heures de mise en vente.
Et malgré les joyeuses décorations rouge et or en l'honneur de l'Année du Chien qui ornent le wagon-restaurant, l'ambiance est morose: beaucoup de migrants ne reviendront pas après les 15 jours de fête annuelle.
Certains ne se sentent plus forcément les bienvenus à Pékin. La capitale surpeuplée, qui veut limiter sa population à 23 millions de personnes d'ici à 2020, a lancé une campagne visant à démolir 40 millions de mètres carrés de constructions illégales -- surtout des magasins et logements occupés par des migrants.
Selon les autorités, l'opération vise à raser les bâtiments dangereux, ceux dépourvus d'issues de secours ou au câblage électrique anarchique pouvant provoquer des incendies.
Mais la brutalité des démolitions et des expulsions en plein hiver ont provoqué un tollé au sein de la société.
Car les travailleurs migrants ont contribué au formidable essor économique de la Chine, en occupant les emplois peu valorisants, monotones et dangereux que les urbains rechignent à faire: ouvrier de chantier, employé de maison ou encore agent d'entretien.
Li Wen, une employée de restaurant de 47 ans, a vécu pendant 10 ans dans la capitale pour financer la scolarité de sa fille, aujourd'hui étudiante à Chengdu. Mais elle n'y retournera pas après les fêtes.
"J'étais allée travailler à Pékin parce que les salaires sont bien meilleurs qu'ailleurs. Mais dans mon quartier, beaucoup de petits logements ont été rasés", explique-t-elle à l'AFP.
"Si je dois payer un loyer trois fois plus élevé pour un appartement dans un immeuble d'habitation, je n'arriverais pas à survivre."
Selon des chiffres officiels, la Chine compte au bas mot 250 millions de migrants internes, pour la plupart des ruraux installés dans les grandes métropoles de l'est et du sud du pays. Souvent traités en citoyens de seconde zone, ils sont contraints généralement de laisser leur enfant au village, leur lieu d'origine étant le seul où ils peuvent bénéficier de droits complets en matière de santé ou d'éducation.
Le ministère des Transports a fait état dimanche d'une légère baisse (-3%) du nombre de trajets effectués durant les 10 premiers jours de la période des transports du Nouvel an.
Mais le chiffre reste impressionnant: du 1er au 10 février, 732 millions de voyages ont été effectués en voiture, avion, train ou bateau.
Le record sera-t-il battu cette année? En 2017, les Chinois avaient effectué près de trois milliards de trajets durant la période du Nouvel an.
Mme Li, elle, ne sait toujours pas ce qu'elle fera après les fêtes.
"Ma fille vient juste de commencer l'université. Je dois bien continuer à travailler pour subvenir à ses besoins", explique-t-elle.
"Mais je n'ai encore rien de prévu. Je verrai bien ce qui se passera...".
Comme chaque année, dans une gare de la capitale, des milliers de voyageurs, chargés de sacs et de paquets de nouilles instantanées embarquent dans la pagaille dans un train en direction de Chengdu (sud-ouest). Durée du trajet: 28 heures.
Ils font partie des dizaines de millions de travailleurs migrants qui rentrent chez eux pour célébrer la fête la plus importante du calendrier en Chine: le Nouvel an lunaire. Il tombe cette année le 16 février.
Dans le train, beaucoup n'ont pas pu décrocher de place assise. Ils sont donc contraints de rester debout dans les allées bondées durant le trajet, qui compte plusieurs arrêts.
On se passe les plateaux-repas de passager en passager, on joue sur son smartphone, on partage des chips ou bien on discute avec ses voisins.
Un gardien septuagénaire, qui rentre dans son village situé à proximité de la grande ville de Zhengzhou (centre), explique à l'AFP n'avoir pas vu son fils depuis plusieurs années.
Ouvrier dans le sud du pays, ce dernier, encore une fois, n'a pas réussi à acheter un billet de train pour rentrer au village. Ceux-ci s'arrachent souvent dès les premières heures de mise en vente.
- Logements rasés -
Et malgré les joyeuses décorations rouge et or en l'honneur de l'Année du Chien qui ornent le wagon-restaurant, l'ambiance est morose: beaucoup de migrants ne reviendront pas après les 15 jours de fête annuelle.
Certains ne se sentent plus forcément les bienvenus à Pékin. La capitale surpeuplée, qui veut limiter sa population à 23 millions de personnes d'ici à 2020, a lancé une campagne visant à démolir 40 millions de mètres carrés de constructions illégales -- surtout des magasins et logements occupés par des migrants.
Selon les autorités, l'opération vise à raser les bâtiments dangereux, ceux dépourvus d'issues de secours ou au câblage électrique anarchique pouvant provoquer des incendies.
Mais la brutalité des démolitions et des expulsions en plein hiver ont provoqué un tollé au sein de la société.
Car les travailleurs migrants ont contribué au formidable essor économique de la Chine, en occupant les emplois peu valorisants, monotones et dangereux que les urbains rechignent à faire: ouvrier de chantier, employé de maison ou encore agent d'entretien.
Li Wen, une employée de restaurant de 47 ans, a vécu pendant 10 ans dans la capitale pour financer la scolarité de sa fille, aujourd'hui étudiante à Chengdu. Mais elle n'y retournera pas après les fêtes.
"J'étais allée travailler à Pékin parce que les salaires sont bien meilleurs qu'ailleurs. Mais dans mon quartier, beaucoup de petits logements ont été rasés", explique-t-elle à l'AFP.
"Si je dois payer un loyer trois fois plus élevé pour un appartement dans un immeuble d'habitation, je n'arriverais pas à survivre."
- Record battu? -
Selon des chiffres officiels, la Chine compte au bas mot 250 millions de migrants internes, pour la plupart des ruraux installés dans les grandes métropoles de l'est et du sud du pays. Souvent traités en citoyens de seconde zone, ils sont contraints généralement de laisser leur enfant au village, leur lieu d'origine étant le seul où ils peuvent bénéficier de droits complets en matière de santé ou d'éducation.
Le ministère des Transports a fait état dimanche d'une légère baisse (-3%) du nombre de trajets effectués durant les 10 premiers jours de la période des transports du Nouvel an.
Mais le chiffre reste impressionnant: du 1er au 10 février, 732 millions de voyages ont été effectués en voiture, avion, train ou bateau.
Le record sera-t-il battu cette année? En 2017, les Chinois avaient effectué près de trois milliards de trajets durant la période du Nouvel an.
Mme Li, elle, ne sait toujours pas ce qu'elle fera après les fêtes.
"Ma fille vient juste de commencer l'université. Je dois bien continuer à travailler pour subvenir à ses besoins", explique-t-elle.
"Mais je n'ai encore rien de prévu. Je verrai bien ce qui se passera...".