Le fondateur de The North Face est mort dans un accident de kayak en Patagonie, une région dans lequel il avait racheté des terres pour la protéger. DANIEL GARCIA / AFP
Santiago du Chili, Chili | AFP | vendredi 17/03/2017 - La veuve de Douglas Tompkins, le "milliardaire vert", a cédé au Chili un territoire grand comme la moitié de la Corse, soit la plus importante donation de terres de l'histoire, espérant mettre fin aux polémiques entourant les projets de cet Américain.
Ancien hippie, le cofondateur des marques de vêtements The North Face et Esprit, qui vendait ses premiers articles en sillonnant la Californie à bord d'un minibus Volkswagen, avait choisi avec son épouse la Patagonie chilienne il y a 25 ans pour y vivre et assouvir leur passion commune pour la nature.
Après la vente de ses marques, le couple fortuné d'activistes écolos s'était engagé dans la préservation de vastes étendues en Argentine et au Chili, traversées par des forêts, des volcans et des rivières, achetées à des propriétaires privées puis transformées en parcs naturels ou réserves écologiques.
Oeil vif et cheveux blancs, ce sportif de petite taille, né en 1943, avait eu le déclic en lisant le philosophe norvégien Arne Naess, père de la "Deep Ecology" ou "Ecologie profonde".
"C'est l'idée que l'homme fait partie d'un système, qu'il doit apprendre à partager cette planète avec les autres créatures qui la composent", déclarait en 2009 à l'AFP ce New-Yorkais secret qui ne donnait que de très rares interviews.
"Doug", comme l’appelait son équipe, est mort fin 2015 à 72 ans dans un accident de kayak au coeur de cette région qu'il affectionnait, sans voir son projet de réseaux de parcs nationaux aboutir et après des décennies de polémiques.
Car l'acquisition de ces immenses zones -550.000 hectares rien qu'au Chili- avait, dès le début, été accueillie avec une grande méfiance. Lors d'une interview au quotidien espagnol El Pais, Kristine McDivitt Tompkins s'est faite l'écho des rumeurs dont le couple a fait l'objet par le passé: "on a dit que nous voulions en faire un site pour entreposer les déchets nucléaires américains ou que nous voulions fonder un nouvel Etat juif, bien que nous ayons été éduqués dans la religion anglicane".
Mais la critique est aussi venue du sommet de l'Etat chilien. Au moment du décès de l'entrepreneur américain, Belisario Velasco, ministre de l'Intérieur de l'ancien président Eduardo Frei (1994-2000), l'a accusé de "mettre la pression sur les colons pour qu'ils abandonnent la terre où étaient morts leurs parents et leurs grands-parents et il achetait cette terre à bas prix".
Le gouvernement de M. Frei avait même envisagé un temps d'expulser Douglas Tompkins du Chili.
- 'Encaisser les coups' -
Mais avec le temps, ses projets ont fini par être acceptés.
Son rêve a pris forme mercredi, avec la signature sur fond de montagnes enneigés du protocole d'accord entre la présidente chilienne Michelle Bachelet et Kristine McDivitt Tompkins pour la donation de 407.625 hectares, soit la plus grande donation de terres privées de l'histoire.
"Nous concrétisons ce qui est une bonne nouvelle pour notre pays et nous honorons la générosité et l'amour de la nature de Douglas Tompkins", a souligné Mme Bachelet.
"C'est l'effort le plus important de l'histoire et j'espère que cela servira de modèle pour d'autres pays", a ajouté la veuve, ancienne responsable d'une autre marque à succès, Patagonia.
"S'il existait encore des doutes, avec cette gigantesque donation, ils sont définitivement oubliés", a déclaré à l'AFP le journaliste Andres Azocar, auteur de sa biographie.
Trois nouveaux parcs nationaux verront le jour sur ces terres de la vaste Patagonie chilienne : Pumalin, Melimoyu et Patagonia. L'Etat chilien pour sa part s'est engagé à protéger 949.368 hectares supplémentaires.
"Sa capacité à encaisser les coups et son obstination" ont permis à M. Tompkins de résister, souligne son biographe. "N'importe qui d'autre aurait abandonné".
En Argentine aussi, Douglas Tompkins menait son combat dans le marais du nord-est du pays contre les agriculteurs locaux. Il y rachetait coup sur coup des fermes d'élevage et les démantelait : il en retirait le bétail pour que repoussent les forêts primitives et que les cerfs menacés d'extinction retrouvent leur habitat naturel.
Il réintroduisait des espèces -- le cerf des marais, le fourmilier et bientôt le "Yaguareté", félin disparu de cette région depuis des décennies.
Ancien hippie, le cofondateur des marques de vêtements The North Face et Esprit, qui vendait ses premiers articles en sillonnant la Californie à bord d'un minibus Volkswagen, avait choisi avec son épouse la Patagonie chilienne il y a 25 ans pour y vivre et assouvir leur passion commune pour la nature.
Après la vente de ses marques, le couple fortuné d'activistes écolos s'était engagé dans la préservation de vastes étendues en Argentine et au Chili, traversées par des forêts, des volcans et des rivières, achetées à des propriétaires privées puis transformées en parcs naturels ou réserves écologiques.
Oeil vif et cheveux blancs, ce sportif de petite taille, né en 1943, avait eu le déclic en lisant le philosophe norvégien Arne Naess, père de la "Deep Ecology" ou "Ecologie profonde".
"C'est l'idée que l'homme fait partie d'un système, qu'il doit apprendre à partager cette planète avec les autres créatures qui la composent", déclarait en 2009 à l'AFP ce New-Yorkais secret qui ne donnait que de très rares interviews.
"Doug", comme l’appelait son équipe, est mort fin 2015 à 72 ans dans un accident de kayak au coeur de cette région qu'il affectionnait, sans voir son projet de réseaux de parcs nationaux aboutir et après des décennies de polémiques.
Car l'acquisition de ces immenses zones -550.000 hectares rien qu'au Chili- avait, dès le début, été accueillie avec une grande méfiance. Lors d'une interview au quotidien espagnol El Pais, Kristine McDivitt Tompkins s'est faite l'écho des rumeurs dont le couple a fait l'objet par le passé: "on a dit que nous voulions en faire un site pour entreposer les déchets nucléaires américains ou que nous voulions fonder un nouvel Etat juif, bien que nous ayons été éduqués dans la religion anglicane".
Mais la critique est aussi venue du sommet de l'Etat chilien. Au moment du décès de l'entrepreneur américain, Belisario Velasco, ministre de l'Intérieur de l'ancien président Eduardo Frei (1994-2000), l'a accusé de "mettre la pression sur les colons pour qu'ils abandonnent la terre où étaient morts leurs parents et leurs grands-parents et il achetait cette terre à bas prix".
Le gouvernement de M. Frei avait même envisagé un temps d'expulser Douglas Tompkins du Chili.
- 'Encaisser les coups' -
Mais avec le temps, ses projets ont fini par être acceptés.
Son rêve a pris forme mercredi, avec la signature sur fond de montagnes enneigés du protocole d'accord entre la présidente chilienne Michelle Bachelet et Kristine McDivitt Tompkins pour la donation de 407.625 hectares, soit la plus grande donation de terres privées de l'histoire.
"Nous concrétisons ce qui est une bonne nouvelle pour notre pays et nous honorons la générosité et l'amour de la nature de Douglas Tompkins", a souligné Mme Bachelet.
"C'est l'effort le plus important de l'histoire et j'espère que cela servira de modèle pour d'autres pays", a ajouté la veuve, ancienne responsable d'une autre marque à succès, Patagonia.
"S'il existait encore des doutes, avec cette gigantesque donation, ils sont définitivement oubliés", a déclaré à l'AFP le journaliste Andres Azocar, auteur de sa biographie.
Trois nouveaux parcs nationaux verront le jour sur ces terres de la vaste Patagonie chilienne : Pumalin, Melimoyu et Patagonia. L'Etat chilien pour sa part s'est engagé à protéger 949.368 hectares supplémentaires.
"Sa capacité à encaisser les coups et son obstination" ont permis à M. Tompkins de résister, souligne son biographe. "N'importe qui d'autre aurait abandonné".
En Argentine aussi, Douglas Tompkins menait son combat dans le marais du nord-est du pays contre les agriculteurs locaux. Il y rachetait coup sur coup des fermes d'élevage et les démantelait : il en retirait le bétail pour que repoussent les forêts primitives et que les cerfs menacés d'extinction retrouvent leur habitat naturel.
Il réintroduisait des espèces -- le cerf des marais, le fourmilier et bientôt le "Yaguareté", félin disparu de cette région depuis des décennies.