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Chikungunya : tout ce qu'il faut savoir


PAPEETE, le 21 octobre 2014. Avec l'irruption de la première épidémie de chikungunya de Polynésie française, la population se pose de très nombreuses questions sur le virus, la maladie, son mode de transmission. Tour d'horizon en six questions.


Quels sont les symptômes ?


Le virus du chikungunya comme celui de la dengue ou du zika est transmis par le moustique tigre. En Polynésie française, il s'agit de l'Aedes Aegypti. Les symptômes des maladies peuvent aussi se confondre. Le Bureau de veille sanitaire de Polynésie française a défini précisément les signes cliniques de la dengue ou du chikungunya pour classer au mieux les cas suspects. Ainsi : un cas suspect de chikungunya est défini par un patient présentant une forte fièvre (> 38,5°C) ET des douleurs articulaires invalidantes, sans point d'appel infectieux. Une éruption cutanée peut être également associée.

Un cas suspect de dengue est caractérisé par une fièvre élevée (≥ 38,5°C) d’apparition brutale de moins de 8 jours, ET syndrome algique (céphalées, arthralgies ou myalgies) ET absence de tout point d'appel infectieux (en particulier respiratoire).

Il faut une analyse biologique du sang pour confirmer un cas de dengue ou de chikungunya

Le malade est-il contagieux ?

Le virus du chikungunya est transmis d'un être humain à l'autre par les piqûres de moustiques femelles infectées qui ont besoin de sang pour la ponte de ses œufs, c'est pourquoi lorsqu'un cas suspect ou confirmé est identifié dans une maison, il est recommandé à la personne atteinte d'éviter de sortir de chez lui pour ne pas répandre l'épidémie. Le malade doit alors se protéger avec des répulsifs et se reposer sous moustiquaire pour limiter la transmission à ses proches. La transmission du virus dure le temps de la fièvre chez le malade. La maladie se manifeste généralement entre quatre et huit jours après la piqure par un moustique infecté, mais la fourchette peut aller de deux à douze jours.

Quels sont les moustiques vecteurs du virus ?

Les moustiques incriminés sont le plus souvent Aedes aegypti (présent en Polynésie française) et Aedes albopictus. Les moustiques sont susceptibles de piquer pendant la journée, bien que leur activité maximale se situe surtout tôt le matin et en fin d'après-midi. Les deux espèces piquent à l'extérieur, mais Aedes aegypti le fait aussi volontiers à l'intérieur des bâtiments, car c'est un moustique "domestique" qui vit à proximité des habitations.


La maladie peut-elle avoir des conséquences graves ?

Ce qui permet de différencier le plus sûrement le chikungunya de la dengue ce sont les douleurs articulaires. Le nom du virus vient d'une langue tanzanienne où la maladie a été définie la première fois en 1952, le mot signifie "qui marche courbé en avant".

L'arthralgie (les douleurs articulaires) est souvent invalidante, mais elle disparaît généralement au bout de quelques jours ou de quelques semaines. La plupart des patients se rétablissent complètement, mais dans certains cas l'arthralgie peut persister pendant plusieurs mois ou même plusieurs années.

Selon l'Institut Pasteur, alors que les formes compliquées de chikungunya n’étaient qu’exceptionnellement décrites précédemment, l’épidémie de 2005-2006 survenue sur l’Ile de La Réunion a permis de montrer l’existence de formes neurologiques graves, présentant des méningo-encéphalites et des atteintes des nerfs périphériques. Ces dernières sont principalement rencontrées chez des personnes âgées, ou au système immunitaire affaibli, et chez des nouveau-nés, infectés in utero par leurs mères malades.

Par ailleurs, l’atteinte articulaire peut durer sur un mode subaigu ou chronique pendant plusieurs mois voire plusieurs années, et ceci d’autant plus fréquemment que l’âge du malade est avancé : selon une étude rétrospective sud-africaine, elle concernerait 10% des patients 3 à 5 ans après une infection aiguë au virus chikungunya.


Comment se soigne-t-on ?

Comme pour la dengue il n'existe contre le chikungunya ni médicament ni vaccin pour l'instant, même si les laboratoires y travaillent depuis l'épidémie réunionnaise et les risques d'expansion au sud de l'Europe. Le traitement est essentiellement symptomatique avec pour but d'atténuer les douleurs articulaires, au moyen d’antipyrétiques, d’analgésiques et d’un apport optimal de liquides.


Les pulvérisations par les services du Pays sont-elles efficaces pour se protéger des moustiques ?

Les traitements insecticides par pulvérisations permettent de tuer les moustiques adultes. Lorsqu'un foyer de chikungunya est localisé, ces pulvérisations doivent limiter la prolifération des moustiques infectés. Mais cette action, seule, n'a aucune chance d'aboutir. Pour lutter contre les moustiques efficacement il faut détruire tous les gîtes à moustiques à proximité de nos maisons. La prévention et la lutte reposent dans une grande mesure sur la réduction du nombre des récipients naturels et artificiels contenant de l'eau qui favorisent la reproduction des moustiques. Cela passe par la mobilisation des communautés affectées.

Pour se protéger lors de flambées épidémiques, on recommande de porter des vêtements couvrant le corps au maximum et d'appliquer un répulsif cutané sur les parties exposées ou sur les vêtements. Les répulsifs doivent contenir du DEET, de l'IR3535 ou de l'icaridine. La concentration de ces produits varie d'un répulsif à l'autre : le Centre de salubrité et d'hygiène publique de la Polynésie française met à disposition sur son site Internet une liste non exhaustive des produits réputés efficaces et qui sont, le plus souvent vendus en pharmacies. Attention, certains produits ne conviennent pas aux enfants de moins de 2 ans, d'autres sont déconseillés aux nourrissons de moins de 6 mois ou aux femmes enceintes. Consultez la liste ou demandez conseil à votre pharmacien.



Sources : OMS aide mémoire sur le chikungunya publié en mars 2014 et Institut Pasteur (fiche info chikungunya).

Rédigé par Mireille Loubet le Mardi 21 Octobre 2014 à 15:41 | Lu 3384 fois