PAPEETE, le 12 décembre 2016 - Samedi après-midi, un jeune d'à peine 16 ans a trouvé la mort au cours d'une partie de pêche. Ce triste fait divers a ravivé certaines douleurs chez les amateurs de ce sport aquatique.
Pierre vient juste de finir de découper du poisson pêché ce week-end quand il décroche son téléphone. Comme souvent, cet amateur de chasse sous-marine est parti au large de Tahiti avec des amis pour s'adonner à son loisir préféré. "Nous sommes descendus assez profond, entre 20 et 25 mètres, déclare le quadragénaire. Mais nous étions tous ensemble, personne n'a plongé seul. Le seul moyen d'être sûr de ne pas avoir de problèmes, en mer, c'est de partir chasser à deux. L'un plonge et l'autre reste au-dessus pour voir si tout va bien et agir en cas de problème."
Pierre pratique la chasse sous-marine depuis plus de 30 ans. Il a plongé dans des dizaines d'endroits, avec des dizaines de personnes et dans des dizaines de situations différentes. Les risques, cet amoureux de la mer les connaît bien. "Une fois, je ne sais plus très bien où j'étais mais j'ai moi-même eu un souci pendant la chasse. J'ai fait une petite syncope. J'étais très jeune à l'époque. Le gars avec qui je plongeais a vu tout de suite. Il m'a attrapé par la combinaison et m'a remonté à la surface. Je ne me souviens plus de rien mais il m'a dit que je ne bougeais plus…"
Une autre fois, c'est Pierre lui-même qui a sauvé un de ses collègues chasseurs. Lors d'une sortie en mer, ce dernier a fait un arrêt. Inerte, dans l'eau, en train de couler, Pierre a eu le bon réflexe et a permis d'éviter le pire.
Celui qui répand la bonne parole ne la respecte pas toujours. Un peu gêné, il le confesse : il lui arrive, parfois, de partir seul pour chasser. "Mais dans ces cas-là, je ne vais pas profond du tout. Je me restreins à ne pas rester très longtemps, même s'il y a du poisson. Je fais très attention."
De nombreux amateurs de pêche sous-marine, plus ou moins expérimentés, sont comme lui. Ils partent au large tout seul pour aller trouver le plus de poissons. "Les conditions pour pêcher sont toujours meilleurs quand on est tout seul. Le but, en chasse sous-marine, c'est d'être le plus discret possible, d'être en harmonie avec la nature… C'est toujours plus tentant d'être tout seul", reconnaît Pierre.
Pierre vient juste de finir de découper du poisson pêché ce week-end quand il décroche son téléphone. Comme souvent, cet amateur de chasse sous-marine est parti au large de Tahiti avec des amis pour s'adonner à son loisir préféré. "Nous sommes descendus assez profond, entre 20 et 25 mètres, déclare le quadragénaire. Mais nous étions tous ensemble, personne n'a plongé seul. Le seul moyen d'être sûr de ne pas avoir de problèmes, en mer, c'est de partir chasser à deux. L'un plonge et l'autre reste au-dessus pour voir si tout va bien et agir en cas de problème."
Pierre pratique la chasse sous-marine depuis plus de 30 ans. Il a plongé dans des dizaines d'endroits, avec des dizaines de personnes et dans des dizaines de situations différentes. Les risques, cet amoureux de la mer les connaît bien. "Une fois, je ne sais plus très bien où j'étais mais j'ai moi-même eu un souci pendant la chasse. J'ai fait une petite syncope. J'étais très jeune à l'époque. Le gars avec qui je plongeais a vu tout de suite. Il m'a attrapé par la combinaison et m'a remonté à la surface. Je ne me souviens plus de rien mais il m'a dit que je ne bougeais plus…"
Une autre fois, c'est Pierre lui-même qui a sauvé un de ses collègues chasseurs. Lors d'une sortie en mer, ce dernier a fait un arrêt. Inerte, dans l'eau, en train de couler, Pierre a eu le bon réflexe et a permis d'éviter le pire.
Celui qui répand la bonne parole ne la respecte pas toujours. Un peu gêné, il le confesse : il lui arrive, parfois, de partir seul pour chasser. "Mais dans ces cas-là, je ne vais pas profond du tout. Je me restreins à ne pas rester très longtemps, même s'il y a du poisson. Je fais très attention."
De nombreux amateurs de pêche sous-marine, plus ou moins expérimentés, sont comme lui. Ils partent au large tout seul pour aller trouver le plus de poissons. "Les conditions pour pêcher sont toujours meilleurs quand on est tout seul. Le but, en chasse sous-marine, c'est d'être le plus discret possible, d'être en harmonie avec la nature… C'est toujours plus tentant d'être tout seul", reconnaît Pierre.
TOUJOURS UN RISQUE
La chasse sous-marine est sans conteste un sport à risque. De nombreux pratiquants en ont appris les rudiments au fil de leurs expériences. Avec leurs grands-parents, leurs parents ou leurs frères et sœurs, la chasse sous-marine est devenue un sport traditionnel familial.
"Nous allons pêcher souvent avec mon père. On part de la plage et on nage, on revient et on est plutôt fatigué. Nous ne sommes que tous les deux mais des fois on se perd de vue, c'est vrai. Il faudrait peut-être que nous fassions plus attention à l'un et l'autre", admet Teva, 25 ans.
Il arrive parfois que les accidents se produisent au sein de groupes. Les jeunes partis pêcher dans la passe de Tiputa, à Rangiroa, étaient quatre. Une fois remontés à la surface, ils se sont inquiétés car ils n'ont pas vu leur ami remonter. L'intervention d'un club de plongée qui se trouvait à proximité a permis de retrouver le malheureux, à 15 mètres de profondeur. Malgré l'intervention rapide des secours, le jeune garçon n'a pu être réanimé. "En chasse sous-marine, le risque zéro n'existe pas." Il est de la responsabilité de tous de faire attention pour que le loisir ne tourne pas au drame.
"Nous allons pêcher souvent avec mon père. On part de la plage et on nage, on revient et on est plutôt fatigué. Nous ne sommes que tous les deux mais des fois on se perd de vue, c'est vrai. Il faudrait peut-être que nous fassions plus attention à l'un et l'autre", admet Teva, 25 ans.
Il arrive parfois que les accidents se produisent au sein de groupes. Les jeunes partis pêcher dans la passe de Tiputa, à Rangiroa, étaient quatre. Une fois remontés à la surface, ils se sont inquiétés car ils n'ont pas vu leur ami remonter. L'intervention d'un club de plongée qui se trouvait à proximité a permis de retrouver le malheureux, à 15 mètres de profondeur. Malgré l'intervention rapide des secours, le jeune garçon n'a pu être réanimé. "En chasse sous-marine, le risque zéro n'existe pas." Il est de la responsabilité de tous de faire attention pour que le loisir ne tourne pas au drame.
Trois questions à Rahiti Buchin, de la Fédération tahitienne des sports subaquatiques de compétition (FTSSC)
"2016 est une année dramatique!"
Combien de morts y a-t-il eu en chasse sous-marine cette année?
A Moorea, déjà, en 2016, il y a eu quatre décès. Dans toute la Polynésie, avec celui récent de Rangiroa, il y en a eu 7. Par exemple, si l'on compare les chiffres avec les morts sur la route, il n'y a eu aucun mort sur la route à Moorea en 2016, mais quatre en mer. C'est énorme! 2016 est une année dramatique.
Quelles sont les actions de la fédération en matière de prévention?
Dès que nous le pouvons, nous rappelons les consignes et nous dressons une liste de conseils à destination des chasseurs. Ensuite, nous allons dans les collèges et les écoles pour faire de la prévention. Nous avons mis en place une formation théorique et pratique pour ceux qui veulent faire de la chasse sous-marine. Nous apprenons par exemple qu'il ne faut pas partir seul, comment bien vérifier son matériel, comment bien respirer… La mairie et l'hôpital de Moorea nous ont bien aidés à prendre les choses en main. Mais je crois qu'il va falloir multiplier toutes ces actions car cela fait beaucoup de morts cette année. L'année dernière, c'est pareil, il y en a eu beaucoup.
Trouvez-vous qu'il y en a plus qu'avant?
Je ne sais pas s'il y en a plus qu'avant mais il y a un combiné de tout qui fait que les risques en chasse sous-marine augmentent. Le manque de formation des chasseurs est énorme. Ensuite, la raréfaction de la ressource emmène les chasseurs à aller plus profond. Enfin, avec l'émulation des réseaux sociaux, on se filme, on met en avant nos performances donc certains sont prêts à repousser les limites…
Combien de morts y a-t-il eu en chasse sous-marine cette année?
A Moorea, déjà, en 2016, il y a eu quatre décès. Dans toute la Polynésie, avec celui récent de Rangiroa, il y en a eu 7. Par exemple, si l'on compare les chiffres avec les morts sur la route, il n'y a eu aucun mort sur la route à Moorea en 2016, mais quatre en mer. C'est énorme! 2016 est une année dramatique.
Quelles sont les actions de la fédération en matière de prévention?
Dès que nous le pouvons, nous rappelons les consignes et nous dressons une liste de conseils à destination des chasseurs. Ensuite, nous allons dans les collèges et les écoles pour faire de la prévention. Nous avons mis en place une formation théorique et pratique pour ceux qui veulent faire de la chasse sous-marine. Nous apprenons par exemple qu'il ne faut pas partir seul, comment bien vérifier son matériel, comment bien respirer… La mairie et l'hôpital de Moorea nous ont bien aidés à prendre les choses en main. Mais je crois qu'il va falloir multiplier toutes ces actions car cela fait beaucoup de morts cette année. L'année dernière, c'est pareil, il y en a eu beaucoup.
Trouvez-vous qu'il y en a plus qu'avant?
Je ne sais pas s'il y en a plus qu'avant mais il y a un combiné de tout qui fait que les risques en chasse sous-marine augmentent. Le manque de formation des chasseurs est énorme. Ensuite, la raréfaction de la ressource emmène les chasseurs à aller plus profond. Enfin, avec l'émulation des réseaux sociaux, on se filme, on met en avant nos performances donc certains sont prêts à repousser les limites…
Conseils pratiques avant de partir chasser
La Fédération Tahitienne de Sports Subaquatiques de Compétition (FTSSC) rappelle les consignes de sécurité. Elle appelle à la vigilance et rappelle que la pratique de la chasse sous marine requiert des conditions de sécurité optimales :
- Vérifier l’état de votre matériel avant chaque sortie (moulinet, palmes…).
- Toujours chasser ou pratiquer de l’apnée à deux avec un coéquipier du même niveau.
- Signalez-vous avec une bouée ou une planche surmontée du pavillon réglementaire (croix de Saint-André ou Alpha) et évoluer autour dans un rayon maximum de 5 mètres.
- Chassez toujours à une profondeur à laquelle vous vous sentez à l’aise.
- Bannissez l’hyperventilation et accordez-vous un délai de récupération raisonnable entre chaque apnée. Ne forcez jamais sur une apnée sous prétexte de vouloir remonter un poisson fléché dans la même plongée. Aucun poisson n’en vaut la peine.
- Ne pas surestimer ses capacités.
- Hydratez-vous régulièrement pour éviter les crampes.
- Il ne suffit pas de chasser à deux. Il faut pêcher au même endroit et se surveiller en alternant les plongées.
- Informer ses proches de la destination choisie pour la journée.
- Disposez d’un moyen de communication (vini, radio) et de tout le matériel de sécurité réglementaire.
- Vérifier l’état de votre matériel avant chaque sortie (moulinet, palmes…).
- Toujours chasser ou pratiquer de l’apnée à deux avec un coéquipier du même niveau.
- Signalez-vous avec une bouée ou une planche surmontée du pavillon réglementaire (croix de Saint-André ou Alpha) et évoluer autour dans un rayon maximum de 5 mètres.
- Chassez toujours à une profondeur à laquelle vous vous sentez à l’aise.
- Bannissez l’hyperventilation et accordez-vous un délai de récupération raisonnable entre chaque apnée. Ne forcez jamais sur une apnée sous prétexte de vouloir remonter un poisson fléché dans la même plongée. Aucun poisson n’en vaut la peine.
- Ne pas surestimer ses capacités.
- Hydratez-vous régulièrement pour éviter les crampes.
- Il ne suffit pas de chasser à deux. Il faut pêcher au même endroit et se surveiller en alternant les plongées.
- Informer ses proches de la destination choisie pour la journée.
- Disposez d’un moyen de communication (vini, radio) et de tout le matériel de sécurité réglementaire.