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Changements climatiques : la France veut se tenir aux côtés de l’Océanie


NOUMÉA, mardi 18 novembre 2014 (Flash d’Océanie) – Le Président de la République française, François Hollande, a affiché en début de semaine la volonté de son pays de se tenir aux côtés des petits États insulaires du Pacifique, parmi les premiers de la planète à être directement confrontés aux effets néfastes des changements climatiques, en premier lieu la montée du niveau des océans.
À l’occasion d’un bref déplacement en Nouvelle-Calédonie, M. Hollande a consacré une bonne partie de l’après-midi de lundi à un « dialogue de haut niveau » avec des chefs d’États et de gouvernements, ainsi que des diplomates et représentants d’organisations régionales et internationales spécialisées dans le développement et l’environnement.

Au siège de la Communauté du Pacifique (CPS, organisme intergouvernemental dont le siège se trouve à Nouméa), M. Hollande, accompagné de son ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, de la ministre française des Outre-mers, George Pau-Langevin et de son conseiller spécial pour la protection de la planète, Nicolas Hulot, s’est exprimé devant un parterre de dirigeants océaniens.
Son message, en substance, a été d’affirmer le prééminence et l’ « urgence » de la situation dans le Pacifique, au regard des changements climatiques et de se faire le porte-voix de leur cause lors de la prochaine grande échéance planétaire : la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 21), qui se tiendra à Paris en décembre 2015 et dont un des objectifs majeurs est de tenter de parvenir à un accord de dimensions planétaire concernant les mesures en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

À l’occasion de sommets internationaux, les États du Pacifique, et de manière générale les États insulaires, n’ont eu de cesse d’alerter la communauté internationale sur leur tangible réalité concernant les effets des changements climatiques.
Ils se sont heurtés jusqu’ici à une fin de non-recevoir, les grands pays pollueurs refusant de réduire leurs niveaux d’émission de gaz à effet de serre.

« La guerre la plus catastrophique est celle que nous menons nous-mêmes contre les générations futures (…) Le monde n’a jamais été confronté à un défi d’une telle ampleur, et c’est la raison pour laquelle la France sera fière d’épauler la communauté océanienne (…) Nous devons définir les moyens qui nous permettront de créer l’environnement économique post-carbone. Si nous négligeons d’accompagner les pays les plus pauvres et les plus vulnérables dans cette transition vers un développement durable, il nous sera impossible de conclure le moindre accord contraignant sur l’action climatique future », a déclaré lundi le Président Hollande.

Ont notamment participé à cette réunion les Premiers ministres des Îles Cook (Henry Puna), de Niue (Toke T. Talagi), de Tuvalu (Enele Sopoaga), de Vanuatu (Joe Natuman), les Présidents de Kiribati (Anote Tong), du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (Cynthia Ligeard), de la Polynésie française (Édouard Fritch) ainsi que plusieurs ministres représentant d’autres gouvernements océaniens.



Parmi les mesures concrètes annoncées par M. Hollande, lundi, à la CPS : le financement par la France d’un nouveau poste d’expert, basé au sein de cette organisation, et qui sera spécialisé dans les questions de changements climatiques.
Par ailleurs, le Président français a appelé de ses vœux le principe d’une allocation systématique du Fonds Vert à la région Océanie.
En retour, Anote Tong, Président de Kiribati, a applaudi les engagements français et promis à son tour le soutien du bloc des États océaniens à la France, notamment dans le cadre de la prochaine conférence de Paris.
« Nos peuples sont résilients ; ils ont réussi jusqu’ici à assurer leur subsistance, mais leur aptitude à survivre est aujourd’hui compromise par le changement climatique, et le temps est peut-être venu pour eux de solliciter l’aide du reste de la communauté internationale. Nous voulons donner à la France l’aide dont elle a besoin pour la préparation de la COP 21 », a affirmé le dirigeant océanien.
L’un des objectifs affichés de cette conférence est de parvenir à un accord visant à limiter le réchauffement planétaire à un maximum de 2 degrés Celsius.

Début novembre 2014, le gouvernement fidjien a appelé à soutenir la nomination du Président de Kiribati, Anote Tong, pour un Prix Nobel de la Paix.
En milieu de semaine dernière, par ailleurs, les Présidents américain et chinois, Barack Obama et Xi Jinping, ont annoncé conjointement leur engagement en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Les pirogues océaniennes veulent rappeler l’Australie à la réalité

En fin de semaine dernière, non loin de la Nouvelle-Calédonie, en Australie, trois pirogues traditionnelles océaniennes ont fait une arrivée remarquée dans le port de Sydney, afin de faire entendre, une nouvelle fois, les appels à l’aide des petites îles océaniennes face à la menace de changements climatiques majeurs.
Cette manifestation navale intervenait à l’occasion de la tenue jusqu’au 19 novembre 2014 de la conférence de l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), en présence de plusieurs milliers de délégués.
Cette conférence dédiée aux parcs naturels se tient tous les dix ans.
Mais pour cette conférence, c’est à la cause plus globale encore des changements climatiques et de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, identifiés comme l’une des cause de la montée du niveau des océans, que les militants océaniens ont décidé une nouvelle fois de s’attaquer.
Cette flottille de « vakas » (nom océanien de ces pirogues millénaires utilisées il y a quatre mille ans pour les grandes migrations en provenance d’Asie du Sud-est) avait dans un premier temps traversé le Pacifique, depuis plusieurs points de départ (îles Cook, Samoa, Fidji et Nouvelle-Zélande).
Au cours de leurs voyages, les équipages ont aussi scrupuleusement respecté les méthodes ancestrales de navigation aux étoiles.
Pour la phase finale de ce voyage et l’arrivée à Sydney, plusieurs dirigeants océaniens (dont ceux de Kiribati - Anote Tong-, des îles Cook -Henry Puna- et de Palau -Tommy Remengasau -) ont décidé de monter à bord de ces embarcations, afin de mieux porter encore le message destiné aux grands pays pollueurs.
M. Tong, qui était présent à Sydney cette semaine pour l’arrivée de ces pirogues, a réitéré son message à l’attention des grands pays.
En substance, recourant à l’image du « canari dans la mine », il a rappelé que les grands pays industrialisés auraient tort d’ignorer les appels au secours des petits États insulaires car, selon lui, ce ne sont que les avant-signes d’un dérèglement planétaire qui, en finale, les touchera aussi.

Au plan intérieur, un groupe de militants australiens, jeudi 13 novembre 2014, avait décidé, quant à lui, de décliner encore ce message et dénoncer l’attitude notoirement climatosceptique du Premier ministre Tony Abbott.
Sur la célèbre plage de Bondi Beach, près de Sydney, ils ont été plusieurs dizaines à se rassembler et se faire prendre en phot la tête…. Enfouie dans le sable.
Objectif : dénoncer ce qu’ils considèrent comme la politique de l’autruche menée par le chef de l’exécutif australien, qui a récemment fait abroger une loi instituant une taxe carbone votée par un gouvernement précédent.
À l’occasion de la conférence de l’UICN, l’État australien de Nouvelle-Galles du Sud a annoncé la création d’un parc national, le « Marais éternel », situé dans des marais, au Nord de cet État.
Par ailleurs, l’Australie a annoncé lundi 17 novembre 2014 la signature d’une convention avec la Chine, dont le Président Xi Jinping était en visite officielle, en matière de « coopération » dans le domaine des changements climatiques.
Cet accord, selon les signataires (qui se rencontraient dans le cadre du dialogue ministériel australo-chinois), a pour objectif de signifier l’engagement de ces deux pays dans ce domaine, en particulier pour « l’énergie efficiente, une coopération technologique et des mesures précises des données concernant les émissions de gaz à effet de serre ».

Plusieurs États insulaires du Pacifique, parmi les moins élevés au-dessus du niveau de la mer, sont confrontés à la montée des océans, qui ronge lentement leurs terres arables et habitables.
Ce phénomène concerne notamment les îles Fidji, Kiribati, Marshall, Tuvalu et certaines îles de Vanuatu ou de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Dans certains États, comme à Fidji, des programmes de déménagements de villages entiers sont déjà en cours.
Le gouvernement de Kiribati, pour sa part, a fait l’acquisition de plusieurs milliers d’hectares de terrain sur l’île fidjienne de Vanua Levu, en prévision de la nécessité de cultiver des ressources alimentaires, voire même d’y déplacer une partie des populations les plus directement menacées par la montée du niveau des océans.

pad

Rédigé par PAD le Mardi 18 Novembre 2014 à 12:07 | Lu 517 fois