Tahiti, le 7 octobre 2024 – Pas de surprise ce lundi à New York lors de la 4e commission de l'ONU. Chacun est resté droit dans ses bottes. Le président Brotherson a plaidé pour la mise en place d'un “programme détaillé qui constituerait une feuille de route” vers la décolonisation. Les autonomistes ont réaffirmé leur attachement à la France, et tous réclament une mission de l'ONU en Polynésie. La France de son côté martèle que “changement de méthode” ne signifie pas “changement de ligne”.
La 4e commission de l'ONU sur la décolonisation s'est réunie ce lundi à New York où les Polynésiens s'étaient déplacés en nombre. 17 élus du Tavini à l'assemblée, sans compter quelques-uns de leurs collaborateurs, mais aussi des représentants de l'Église protestante Māo'hi ou d'associations sur le nucléaire. Du côté des autonomistes, c'est Tepuaraurii Teriitahi et Yseult Butcher (maire de Hao) qui ont représenté le Tapura (Édouard Fritch étant finalement absent). Et pour la première fois, le sénateur Teva Rohfritsh a fait le déplacement, ainsi que le nouveau député autonomiste Moerani Frébault.
L'occasion pour ces derniers de rappeler devant la commission onusienne que le résultat des dernières élections législatives a démontré que “la majorité de la population a rebasculé en faveur des autonomistes”, à peine plus d'un an après le raz-de-marée indépendantiste. Et de réclamer la visite d'une délégation des Nations Unies en Polynésie française – ou en Mā'ohi Nui selon les intervenants – afin de constater de visu “le bon fonctionnement de notre autonomie”.
Indépendantistes et autonomistes d'accord pour accueillir une mission de l'ONU
Une mission qu'avait d'ailleurs déjà sollicitée Édouard Fritch en 2016 quand il était président du Pays devant cette même commission. Et c'est une indépendantiste qui l'a rappelé. La secrétaire particulière d'Antony Géros estime aussi que cette mission est une “étape essentielle” vers l'autodétermination. Mis à part quelques couacs, il n'y a pas eu, comme l'an dernier, de discours dissonant entre le président du Pays Moetai Brotherson et le président de l'assemblée Antony Géros.
Il faut croire que la commission de décolonisation créée à Tarahoi pour se mettre d'accord sur les “éléments de langage” à employer devant la commission a rempli sa mission. À un détail près. Si Moetai Brotherson s'est réjoui qu'“après une décennie de silence, la France a enfin entamé un dialogue avec notre gouvernement”, cela n'est pas suffisant pour Antony Géros et de nombreux élus du Tavini. Ce n'est pas parce que la puissance administrante, la France, a arrêté sa politique de la chaise vide à l'ONU depuis l'année dernière que le dialogue est “ouvert” pour autant. S'il avait eu un maigre espoir en mai dernier en se déplaçant à Caracas, Antony Géros a vite été échaudé par l'attitude de la France à qui il demande, “au nom de l'assemblée”, de “bien vouloir ouvrir le dialogue dans le projet de résolution” des Nations Unies.
Moetai Brotherson a joué la carte de la diplomatie en appelant à “coconstruire”, avec la France et l'ONU, “un programme détaillé qui constituerait une feuille de route [...] et qui énoncerait les mesures à prendre, les jalons, et un calendrier d'application du processus d'autodétermination”.
Changement de forme mais pas de fond
Un vœu pieux, si l'on en croit l'intervention du représentant de la France, Nicolas de Rivière, qui est resté droit dans ses bottes. “L'an dernier la France a décidé de s'exprimer pour la première fois devant la 4e commission de l'assemblée générale des Nations Unies au sujet de la Polynésie française”, a-t-il d'abord rappelé, s'engageant d'ailleurs à “poursuivre cette pratique”. Mais attention. “Ce changement de méthode n'apporte pas de changement de ligne”, a-t-il martelé, réaffirmant encore une fois qu'il “n'existe pas de processus entre l'État et le territoire polynésien qui réserve un rôle aux Nations Unies”.
Le représentant de la France n'a pas non plus manqué de rappeler l'importance des transferts financiers de l'État qui alloue chaque année “2 milliards d'euros” [190 milliards de francs, NDLR] à la Polynésie française, soit “30% de son PIB”. Une “contribution financière généreuse” sans laquelle la Polynésie courrait à sa perte selon Tepuaraurii Teriitahi car “sans cet appui, l'indépendance n'est pas seulement une utopie, mais serait un danger pour notre peuple”.
Pour résumer, d'un côté, les indépendantistes continuent de réclamer à cor et à cris aux Nations Unies d'intervenir auprès de la France afin qu'elle arrête de faire de l'obstruction et participe véritablement au dialogue. De l'autre les autonomistes persistent dans leur analyse qui consiste à dire que la population polynésienne n'a pas mandaté ce gouvernement et cette majorité pour faire accéder le pays à son indépendance. Et enfin, la puissance administrante qu'est la France ne change pas de cap estimant que son rôle est “d'accompagner le développement de la Polynésie française” en s'appuyant sur un “statut d'autonomie très poussé”.
La 4e commission de l'ONU sur la décolonisation s'est réunie ce lundi à New York où les Polynésiens s'étaient déplacés en nombre. 17 élus du Tavini à l'assemblée, sans compter quelques-uns de leurs collaborateurs, mais aussi des représentants de l'Église protestante Māo'hi ou d'associations sur le nucléaire. Du côté des autonomistes, c'est Tepuaraurii Teriitahi et Yseult Butcher (maire de Hao) qui ont représenté le Tapura (Édouard Fritch étant finalement absent). Et pour la première fois, le sénateur Teva Rohfritsh a fait le déplacement, ainsi que le nouveau député autonomiste Moerani Frébault.
L'occasion pour ces derniers de rappeler devant la commission onusienne que le résultat des dernières élections législatives a démontré que “la majorité de la population a rebasculé en faveur des autonomistes”, à peine plus d'un an après le raz-de-marée indépendantiste. Et de réclamer la visite d'une délégation des Nations Unies en Polynésie française – ou en Mā'ohi Nui selon les intervenants – afin de constater de visu “le bon fonctionnement de notre autonomie”.
Indépendantistes et autonomistes d'accord pour accueillir une mission de l'ONU
Une mission qu'avait d'ailleurs déjà sollicitée Édouard Fritch en 2016 quand il était président du Pays devant cette même commission. Et c'est une indépendantiste qui l'a rappelé. La secrétaire particulière d'Antony Géros estime aussi que cette mission est une “étape essentielle” vers l'autodétermination. Mis à part quelques couacs, il n'y a pas eu, comme l'an dernier, de discours dissonant entre le président du Pays Moetai Brotherson et le président de l'assemblée Antony Géros.
Il faut croire que la commission de décolonisation créée à Tarahoi pour se mettre d'accord sur les “éléments de langage” à employer devant la commission a rempli sa mission. À un détail près. Si Moetai Brotherson s'est réjoui qu'“après une décennie de silence, la France a enfin entamé un dialogue avec notre gouvernement”, cela n'est pas suffisant pour Antony Géros et de nombreux élus du Tavini. Ce n'est pas parce que la puissance administrante, la France, a arrêté sa politique de la chaise vide à l'ONU depuis l'année dernière que le dialogue est “ouvert” pour autant. S'il avait eu un maigre espoir en mai dernier en se déplaçant à Caracas, Antony Géros a vite été échaudé par l'attitude de la France à qui il demande, “au nom de l'assemblée”, de “bien vouloir ouvrir le dialogue dans le projet de résolution” des Nations Unies.
Moetai Brotherson a joué la carte de la diplomatie en appelant à “coconstruire”, avec la France et l'ONU, “un programme détaillé qui constituerait une feuille de route [...] et qui énoncerait les mesures à prendre, les jalons, et un calendrier d'application du processus d'autodétermination”.
Changement de forme mais pas de fond
Un vœu pieux, si l'on en croit l'intervention du représentant de la France, Nicolas de Rivière, qui est resté droit dans ses bottes. “L'an dernier la France a décidé de s'exprimer pour la première fois devant la 4e commission de l'assemblée générale des Nations Unies au sujet de la Polynésie française”, a-t-il d'abord rappelé, s'engageant d'ailleurs à “poursuivre cette pratique”. Mais attention. “Ce changement de méthode n'apporte pas de changement de ligne”, a-t-il martelé, réaffirmant encore une fois qu'il “n'existe pas de processus entre l'État et le territoire polynésien qui réserve un rôle aux Nations Unies”.
Le représentant de la France n'a pas non plus manqué de rappeler l'importance des transferts financiers de l'État qui alloue chaque année “2 milliards d'euros” [190 milliards de francs, NDLR] à la Polynésie française, soit “30% de son PIB”. Une “contribution financière généreuse” sans laquelle la Polynésie courrait à sa perte selon Tepuaraurii Teriitahi car “sans cet appui, l'indépendance n'est pas seulement une utopie, mais serait un danger pour notre peuple”.
Pour résumer, d'un côté, les indépendantistes continuent de réclamer à cor et à cris aux Nations Unies d'intervenir auprès de la France afin qu'elle arrête de faire de l'obstruction et participe véritablement au dialogue. De l'autre les autonomistes persistent dans leur analyse qui consiste à dire que la population polynésienne n'a pas mandaté ce gouvernement et cette majorité pour faire accéder le pays à son indépendance. Et enfin, la puissance administrante qu'est la France ne change pas de cap estimant que son rôle est “d'accompagner le développement de la Polynésie française” en s'appuyant sur un “statut d'autonomie très poussé”.