Suzanne Tehei vit dans la rue avec son fils de 17 ans depuis près d'un an, elle doit faire l'aumône pour survivre
PAPEETE, le 15 mars 2017 - Depuis près d'un an, Suzanne et son fils Moïse, âgé de 17 ans, errent dans les rues de Papeete. Aujourd'hui, ils dorment sur le terrain devant le centre d'accueil de jour à Vaininiore. Toutes leurs affaires (matelas, table, armoire…) sont entreposées sous une bâche. Mais les services techniques de la commune de Papeete menacent de jeter toute leur vie aux encombrants.
Parfois le sort s'acharne sur certaines personnes. C'est le cas de Suzanne, mais surtout de son fils Moïse 17 ans. La vie ne les a pas épargnés, mais depuis un an, ils vivent un véritable enfer. Suzanne a 53 ans mais elle en paraît dix de plus. Ses cheveux blancs, attachés, sont impeccables malgré son quotidien dans la rue. Suzanne veille à ce que son fils et elle restent propres, à ce qu'ils gardent leur dignité. Moïse, nonchalant, semble être imperméable à ce qui se passe autour de lui. Il obéit au doigt et à l'œil à sa mère, sort deux tabourets verts qu'il trouve sous leur bâche imperméable bleue électrique. D'une voix entrecoupée de sanglots, Suzanne raconte son histoire.
Depuis près d'un an, Moïse et sa mère vivent dans la rue. Ils squattent à droite à gauche et se posent là où ils le peuvent. Depuis dix ans, leur vie n'a eu de cesse de basculer. La première fois, c'est quand Suzanne se rend compte que Moïse a été abusé sexuellement. Moïse et sa sœur Heiariki sont placés en foyer. L'agresseur est envoyé en prison.
Plus tard, en 2011, une affaire éclate dans le foyer de Saint Amélie où est hébergé le jeune Moïse. Des adolescents de foyer ont prostitué les plus jeunes pour se faire de l'argent. L'enfant fait partie des victimes. " Moïse n'avait que 12 ans et il avait déjà été violé quand il était enfant. Tous ses mauvais souvenirs sont remontés avec cette agression", confie Suzanne, les larmes aux yeux. "Depuis il ne veut plus remettre les pieds dans un foyer. Avec mon concubin (qui n'est pas le papa de Moïse), nous nous sommes alors battus pour le récupérer." Mais le mal est déjà fait. Victime par deux fois, l'enfant est traumatisé. Après le jugement de cette affaire, Suzanne récupère son fils qui ne supporte plus d'être placé.
Parfois le sort s'acharne sur certaines personnes. C'est le cas de Suzanne, mais surtout de son fils Moïse 17 ans. La vie ne les a pas épargnés, mais depuis un an, ils vivent un véritable enfer. Suzanne a 53 ans mais elle en paraît dix de plus. Ses cheveux blancs, attachés, sont impeccables malgré son quotidien dans la rue. Suzanne veille à ce que son fils et elle restent propres, à ce qu'ils gardent leur dignité. Moïse, nonchalant, semble être imperméable à ce qui se passe autour de lui. Il obéit au doigt et à l'œil à sa mère, sort deux tabourets verts qu'il trouve sous leur bâche imperméable bleue électrique. D'une voix entrecoupée de sanglots, Suzanne raconte son histoire.
Depuis près d'un an, Moïse et sa mère vivent dans la rue. Ils squattent à droite à gauche et se posent là où ils le peuvent. Depuis dix ans, leur vie n'a eu de cesse de basculer. La première fois, c'est quand Suzanne se rend compte que Moïse a été abusé sexuellement. Moïse et sa sœur Heiariki sont placés en foyer. L'agresseur est envoyé en prison.
Plus tard, en 2011, une affaire éclate dans le foyer de Saint Amélie où est hébergé le jeune Moïse. Des adolescents de foyer ont prostitué les plus jeunes pour se faire de l'argent. L'enfant fait partie des victimes. " Moïse n'avait que 12 ans et il avait déjà été violé quand il était enfant. Tous ses mauvais souvenirs sont remontés avec cette agression", confie Suzanne, les larmes aux yeux. "Depuis il ne veut plus remettre les pieds dans un foyer. Avec mon concubin (qui n'est pas le papa de Moïse), nous nous sommes alors battus pour le récupérer." Mais le mal est déjà fait. Victime par deux fois, l'enfant est traumatisé. Après le jugement de cette affaire, Suzanne récupère son fils qui ne supporte plus d'être placé.
Faire la charité
les gens qu'elle croise lui donnent des meubles, du linge, un matelas, à la rue, elle est obligée de stocker tout sous une bâche
Suzanne tente de reconstruire tant bien que mal une vie avec son nouveau compagnon et son fils à Mataiea dans la maison familiale de son tane. Sa fille, qui est placée, vient leur rendre visite de temps à autre. Ils ont leur fa'a'apu et vendent leurs produits sur le bord de la route. L'adolescent est scolarisé à Papara. Mais en janvier 2016, leur vie bascule à nouveau. Son compagnon est incarcéré à Nuutania pour deux ans pour détention de stupéfiants. " Sa sortie est prévue en 2018, mais il pourrait bénéficier d'une remise de peine et sortir cette année". Elle l'espère.
Après cette incarcération, les frères de son compagnon la mettent à la rue. Suzanne erre quelque temps avec son fils avant de trouver un terrain à l'abandon à Papeete qu'elle squatte. Suzanne fait la manche, "la charité" comme elle dit. Les gens lui donnent matelas, armoire, tabourets et réchaud. "Je suis réduite à faire l'aumône dans la rue. Les gens m'ont donné ce qu'ils pouvaient, des meubles, du linge… tout ça c'est toute une vie, c'est la seule chose qu'il me reste et qui me raccroche à une vie normale. Je n'ai pas d'aides du service social, je ne touche rien du tout. Je vis au jour le jour."
Mais il y a quelques mois, le propriétaire du terrain a récupéré son bien, il a commencé à construire. Suzanne et son fils ont dû partir. Ils se retrouvent aujourd'hui à vivre sur le terrain goudronné devant le centre d'accueil de jour à Vaininiore, à Papeete, leurs affaires sont entassées sous une bâche et ils dorment sur des cartons. Moïse, quant à lui, est déscolarisé depuis un an. Ils sont en attente d'une réponse des affaires sociales. A défaut de mieux, il fait l'aumône avec sa mère, ne la lâche pas d'une semelle. Sauf le soir quand elle dort, il va retrouver ses copains, ou quand la faim est trop forte, il va aux roulottes pour mendier les restes.
Après cette incarcération, les frères de son compagnon la mettent à la rue. Suzanne erre quelque temps avec son fils avant de trouver un terrain à l'abandon à Papeete qu'elle squatte. Suzanne fait la manche, "la charité" comme elle dit. Les gens lui donnent matelas, armoire, tabourets et réchaud. "Je suis réduite à faire l'aumône dans la rue. Les gens m'ont donné ce qu'ils pouvaient, des meubles, du linge… tout ça c'est toute une vie, c'est la seule chose qu'il me reste et qui me raccroche à une vie normale. Je n'ai pas d'aides du service social, je ne touche rien du tout. Je vis au jour le jour."
Mais il y a quelques mois, le propriétaire du terrain a récupéré son bien, il a commencé à construire. Suzanne et son fils ont dû partir. Ils se retrouvent aujourd'hui à vivre sur le terrain goudronné devant le centre d'accueil de jour à Vaininiore, à Papeete, leurs affaires sont entassées sous une bâche et ils dorment sur des cartons. Moïse, quant à lui, est déscolarisé depuis un an. Ils sont en attente d'une réponse des affaires sociales. A défaut de mieux, il fait l'aumône avec sa mère, ne la lâche pas d'une semelle. Sauf le soir quand elle dort, il va retrouver ses copains, ou quand la faim est trop forte, il va aux roulottes pour mendier les restes.
Une vie aux encombrants
Les services sociaux du Pays leurs ont proposé de les accueillir dans un centre d'hébergement, mais Moïse est traumatisé, il refuse de remettre les pieds dans un foyer. Il a trop donné, trop perdu là-bas. Le centre d'accueil de jour est à court de solutions pour Suzanne et Moïse.
Mais le temps presse pour cette mère et ce fils. Suzanne doit trouver un endroit ou déposer ses affaires avant la fin de la semaine, sinon le camion benne des services techniques de la commune de Papeete passera pour tout emmener à la décharge. " À la mairie de Papeete, l'agent technicien m'a dit qu'il fallait trouver une solution. On ne peut pas laisser ces affaires ici. Ça bloque tout. Ce n'est pas joli à voir ", raconte la quinquagénaire au bord des larmes. "Il y a environ 200 sans-abri dans Papeete. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire des exceptions, cela laisserait la porte ouverte à tous les abus", explique-t-on du côté de la mairie. "Nous leur conseillons de se rapprocher des services sociaux du Pays et des centres d'accueil ou d'hébergement qui auront probablement des solution pour eux et pour stocker leurs affaires."
Aujourd'hui Suzanne a peur de perdre les quelques biens qu'elle possède : "C'est tout ce qu'il me reste de ma vie d'avant. Tout ce que les gens m'ont donné de bon cœur est là". Suzanne éclate en sanglots : "ce n'est pas ce que je voulais pour mes enfants. Ce n'est pas ce que je veux. Réussir à entreposer mes affaires me permettra de travailler, de me concentrer pour trouver un travail. Là dès que je pars, je crains que mes affaires soient volées."
Finalement, Suzanne n'attend qu'une chose : la sortie de prison de son concubin. "Avec mon concubin, on veut que ça s'arrête là. Je n'attends qu'une chose c'est qu'il sorte de prison pour pouvoir récupérer notre vie. Avec tout ce que j'ai pu récupérer, on pourra se refaire une maison. On est vieux, tout ce qu'on veut c'est être en paix ", lâche-t-elle, lasse. La pluie s'abat sur Papeete, Suzanne et Moïse courent se réfugier sous une avancée de toit en attendant que la pluie s'éloigne.
Mais le temps presse pour cette mère et ce fils. Suzanne doit trouver un endroit ou déposer ses affaires avant la fin de la semaine, sinon le camion benne des services techniques de la commune de Papeete passera pour tout emmener à la décharge. " À la mairie de Papeete, l'agent technicien m'a dit qu'il fallait trouver une solution. On ne peut pas laisser ces affaires ici. Ça bloque tout. Ce n'est pas joli à voir ", raconte la quinquagénaire au bord des larmes. "Il y a environ 200 sans-abri dans Papeete. Nous ne pouvons pas nous permettre de faire des exceptions, cela laisserait la porte ouverte à tous les abus", explique-t-on du côté de la mairie. "Nous leur conseillons de se rapprocher des services sociaux du Pays et des centres d'accueil ou d'hébergement qui auront probablement des solution pour eux et pour stocker leurs affaires."
Aujourd'hui Suzanne a peur de perdre les quelques biens qu'elle possède : "C'est tout ce qu'il me reste de ma vie d'avant. Tout ce que les gens m'ont donné de bon cœur est là". Suzanne éclate en sanglots : "ce n'est pas ce que je voulais pour mes enfants. Ce n'est pas ce que je veux. Réussir à entreposer mes affaires me permettra de travailler, de me concentrer pour trouver un travail. Là dès que je pars, je crains que mes affaires soient volées."
Finalement, Suzanne n'attend qu'une chose : la sortie de prison de son concubin. "Avec mon concubin, on veut que ça s'arrête là. Je n'attends qu'une chose c'est qu'il sorte de prison pour pouvoir récupérer notre vie. Avec tout ce que j'ai pu récupérer, on pourra se refaire une maison. On est vieux, tout ce qu'on veut c'est être en paix ", lâche-t-elle, lasse. La pluie s'abat sur Papeete, Suzanne et Moïse courent se réfugier sous une avancée de toit en attendant que la pluie s'éloigne.