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Carnet de voyage - Waikiki : des bronzes pour les bronzés (1re partie : royale parentèle)


HAWAII, le 16 février 2018. Waikiki est sans aucun doute le symbole même du tourisme de masse où se mêlent argent, « bling bing » et consommation effrénée. Mais il y a plus entre Kuiho av. et Kalakaua av. ; les concepteurs de cet espace ont voulu donner une place de choix au passé en rendant hommage, à travers des bronzes imposants, aux grandes figures du XIXe siècle, qui contribuèrent à faire entrer Hawaii dans la modernité. Cette semaine, nous vous présentons les principaux membres de la famille royale ; la semaine prochaine, nous laisserons place à des personnages plus contemporains ou à des thèmes plus modernes.

Une vue partielle de la plage de Waikiki, où d’innombrables « fidèles » sacrifient au dieu soleil. On n’est pas obligé d’y bronzer « idiot », on peut aussi s’intéresser aux nombreux bronzes qui ornent ce quartier touristique de Honolulu…

David Kalakaua

Carnet de voyage - Waikiki : des bronzes pour les bronzés (1re partie : royale parentèle)
A tout seigneur, tout honneur, place à David Kalakaua lui-même (1836-1891), de son vrai nom David La’amea Kamananakapuu Mahinulani Naloiaehuokalani Lumialani Kalakaua. Né le 16 novembre 1836, il monta sur le trône de ce qui était alors un royaume le 12 février 1874. Il symbolise à lui seul le renouveau de la culture hawaiienne et de son identité. Sa devise était « Ho’oulu lahui », qui peut se traduire par « Laissez le peuple hawaiien s’épanouir ». Il était jovial, grand amateur de musique (c’est lui qui fit du ukulele portugais l’instrument emblématique de l’archipel). Son règne fut marqué par une grande prospérité grâce au « Reciprocity Treaty de 1875 » signé avec les USA, qui obtinrent alors le monopole de l’usage du port de Pearl Harbour. Il effectua un tour du monde et ouvrit en grand les vannes de l’immigration pour aider au développement des îles Hawaii. Il mourut à San Francisco le 20 janvier 1891 (sa statue érigée en 1985 est située à l’embranchement de Kuiho et de Kalakaua avenue à Waikiki.

Queen Kapi’olani

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A l’autre bout de Waikiki, c’est une statue de l’épouse du roi Kalakaua qui est aujourd’hui encore honorée ; la reine Kapi’olani (1834-1899), de son nom complet Kapiʻolani Napelakapuokakaʻe.
Kapi’olani signifie « arche royale ». Maîtrisant l’anglais, elle refusait de parler une autre langue que le Hawaiien (même à Londres lors du jubilé de la reine Victoria). On lui doit la fondation du Kapi’olani Maternity Home, venant en aide aux jeunes mamans hawaiiennes, devenu aujourd’hui le Kapi’olani Medical Center. En janvier 1893, un coup d’Etat mit fin à la monarchie. La reine fut chassée de son palais royal (le ‘Iolani Palace, construit à grand frais par son mari Kalakaua) ; elle se retira dans sa propriété de Waikiki, où elle mourut le 24 juin 1894. Elle repose au Royal Mausoleum of Hawaii aux côtés de son époux.

Princess Ka’iulani

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Cette belle princesse digne d’un conte de fée naquit le 16 octobre 1875 et décéda très jeune, le 6 mars 1899, à l’âge de 23 ans, après avoir pris froid lors d’une promenade à cheval en montagne. Son nom complet est Victoria Kawēkiu Kaʻiulani Lunalilo Kalaninuiahilapalapa Cleghorn ; elle n’accepta jamais le coup d’Etat ayant mis fin à la royauté et encore moins l’annexion pure et simple de Hawaii par les Américains. Surnommée la princesse aux paons (« Peacock Princess » ; elle adorait ces oiseaux), elle était amoureuse du jasmin de Chine, le pikake en Hawaiien, pitate en Tahitien. Sa mère était une sœur du roi Kalakaua et son père un financier écossais, dernier gouverneur royal de Hawaii. Elle a séjourné plusieurs années en Europe avant de revenir à Hawaii en 1897, simple citoyenne sur ce territoire US. Radicalement opposée aux affairistes américains ayant pris le pouvoir dans son pays, elle ne put mener sa lutte longtemps du fait de son décès prématuré. Elle repose au Royal Mausoleum of Hawaii.

Queen Emma

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La reine Emma (1836-1885), née Emma Kalanikaumaka’amano Na’ea Rooke, fut l’épouse du roi Alexander Lioliho (Kamehameha IV) en 1856. Elle vécut toute sa vie au service de son peuple et ses actions humanitaires étaient connues dans tout l’archipel. L’une de ses plus grandes réussites fut la construction du Queen’s Hospital ; on lui doit aussi le bâtiment de l’Anglican Church d’Hawaii ainsi que l’ouverture de deux écoles à Honolulu. Sur sa statue, elle tient en main deux roses, l’une en mémoire de son mari décédé et l’autre de son fils, mort très jeune (voir photo 6, Prince Albert ). Après ce double décès, elle fut appelée Kaleleonalani, ce qui signifie le « vol des chefs célestes ». Sa statue se trouve au flambant neuf International Market Place avec celle de son mari et celle de son fils.

Kamehameha IV

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Le roi Kamehameha IV (1834-1863) était né Alexander ‘Iolani Liholiho, de son nom complet Alekanetero ʻIolani Kalanikualiholiho Maka o ʻIouli Kūnuiākea o Kūkāʻilimoku. Il aurait peut-être pu faire basculer Hawaii dans le giron de la France car il séjourna trois mois à Paris en 1850, mais ne parvint pas à signer un accord avec Louis Napoléon et son gouvernement. Son mentor lors de ce voyage, le docteur Judd aimait à dire qu’il avait beaucoup de confiance dans la magnanimité et le sens de la justice de la France (sous-entendu, plus qu’en l’Angleterre ou qu’aux Etats-Unis). Il succéda à son défunt oncle le 11 janvier 1855, et durant son règne, il fit tout ce qui était en son pouvoir pour limiter l’influence américaine, redoutant une annexion. Il mourut trop tôt d’asthme chronique. Durant son règne, il se démena pour améliorer les conditions de vie, d’hygiène, de santé et d’éducation des Hawaiiens victimes d’épidémies à répétition et souffrant de la lèpre. Son frère, Lota Kapuāiwa Kalanimakua Aliʻiōlani Kalanikupuapaʻīkalaninui (1830-1872) lui succéda sous le nom de Kamehameha V.

Prince Albert

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Fils unique du roi Kamehameha IV et de la reine Emma, le prince Albert (1858-1862), de son nom complet Albert Edward Kauikeaouli Kaleiopapa a Kamehameha, devait monter sur le trône après la disparition de son père et perpétuer ainsi la dynastie des Kamehameha. Malheureusement, il ne vécut que quatre courtes années, au grand désespoir de ses parents. Sa mort fut longtemps l’objet de polémiques ; il fut emporté par une forte fièvre qui était probablement due à une infection liée à une appendicite. Il fut baptisé avant son décès le 23 août 1862, la reine Victoria ayant consenti à être sa marraine. Il rendit son dernier soupir quatre jours plus tard. Le roi sombra dans une dépression terrible, au point de songer à abdiquer, ce qu’il n’eut pas le temps de faire puisqu’il mourut un an plus tard, en 1863. La tradition assure que le fantôme du petit prince hante l’immeuble du 235 South Beretania Street à Honolulu.

Prince Kuhio

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En bord de mer, dos à la plage, le prince Kuhio (1871-1922) semble veiller sur son peuple, lui qui fut surnommé de son vivant le « prince du peuple ». Jonah Kuhio Kalaniana’oie Pi’ikoi eut une vie pour le moins mouvementée. Réfractaire à l’annexion américaine sur Hawaii, jeune il fut un indépendantiste convaincu et très engagé puisqu’il fit même de la prison après une rébellion armée en 1895 (il s’en tira avec un an ferme).
Après la création du territoire de Hawaii en 1898, il voyagea en Europe et même en Afrique où il participa, dans l’armée anglaise, à la guerre des Boers. De retour à Hawaii, il fonda un parti politique local avant de se joindre au Parti Républicain (il y fut élu dix fois en tant que membre du Congrès). Il est enterré au Royal Mausoleum (le Mauna’Ala, à Nu’uanu).

Princess Bernice Bishop

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Dans les jardins du Pink Palace (le célébrissime Royal Hawaiian Hotel) se dresse, devant une fontaine rafraîchissante, cette apaisante sculpture intitulée « The inspired vision of Pauahi » (E Ola’o Kalani e Pauhilaninui, en Hawaiien). Le sculpteur, Sean KKL. Brown, qui fut étudiant à la Kamehameha School, rend hommage à la princesse Bernice Pauahi Paki (1831-1884) dont la famille possédait 9 % des terres de l’archipel hawaiien. Bernice, avec ses revenus, fonda la réputée Kamehameha School avec l’aide et l’appui de son mari, Charles Reed Bishop.
A la mort de son cousin Kamehameha V, qui voulait la placer sur le trône pour lui succéder, elle refusa énergiquement, ce qui aboutit à la première élection d’un roi de Hawaii, Lunalilo.
Elle fut emportée à 52 ans seulement par un cancer du poumon, mais l’école qu’elle voulait créer ouvrit ses portes moins de trois ans après sa mort grâce à ses efforts. Pour rendre hommage à son épouse, son mari baptisa le grand musée de Hawaii « Bernice P. Bishop Museum » en 1889.



Rédigé par Daniel PARDON le Vendredi 16 Février 2018 à 11:15 | Lu 2968 fois