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Carnet de voyage - Rimatara : dans la grotte des pleurs, Teruatavae


Deux jeunes spéléologues à la découverte de Rimatara “underground”. La cavité, on le voit, ne nécessite pas d’équipements spéciaux.
Deux jeunes spéléologues à la découverte de Rimatara “underground”. La cavité, on le voit, ne nécessite pas d’équipements spéciaux.
RIMATARA, le 16 septembre 2016. Quand on va dans les îles, c’est pour profiter du soleil, de la mer et du lagon. Certes ; mais il en est (rares) qui offrent aussi des découvertes souterraines à leurs visiteurs curieux. C’est le cas, on le sait, de Rurutu, mais aussi, à plus petite échelle, de Rimatara. La perle des Australes cache, à deux pas de la piste de l’aérodrome, un antre mystérieux, Teruatavae, littéralement “le nid d’oiseaux”.

Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement ; en ce sens, la diction impeccable de notre guide du jour, Kenji, annonce une très belle excursion, une “traversière” de Rimatara, avec force explications claires et détaillées. Si le chemin des pamplemousses sera un enchantement, c’est du côté de l’aéroport que la promenade commencera de manière sportive, puisque notre petite troupe sera conviée à s’enfoncer sous terre.

Le réveil de Rurutu

Aux Australes, un événement géologique unique a eu lieu il y a plusieurs millions d’années : le volcan de Rurutu, après avoir cessé toute activité, s’était endormi, un lagon et sa barrière de corail l’entourant (un peu comme à Tubuai). L’histoire devait en rester là, mais, sans que l’on explique vraiment pourquoi, le point chaud qui avait donné naissance à l’île s’est réveillé et une nouvelle éruption gigantesque bouleversa la géologie de Rurutu dont le récif se retrouva surélevé d’une centaine de mètres.

Un tel chaos ne fut pas sans conséquences sur l’île voisine, Rimatara, qui, elle aussi, fut victime d’un phénomène de surrection : bousculée, soulevée, Rimatara offre de nombreux témoignages de ces bouleversement chtoniens, les plus significatifs se trouvant sur les plateaux sud (nombreux “feo”) et au nord, du côté de l’aérodrome, où le tellurisme, sans doute violent, a soulevé le récif de plus de vingt mètres.

Stalactites et stalagmites

L’aragonite corallienne, depuis cette date, se trouve exposée à l’air libre et subit de plein fouet les effets de l’érosion, notamment de la pluie qui a, petit à petit, creusé cette masse hétérogène, jusqu’à dissoudre le carbonate de calcium pour le redéposer plus bas, sous forme de stalactites et de stalagmites.

Combien y a-t-il de grottes à Rimatara ? Nul ne sait ; mais la construction de la piste pour ATR a profondément modifié le paysage karstique de ce coin et aujourd’hui, une petite -mais belle- anfractuosité se visite, la grotte Teruatavae. C’est là où nous emmènera, où nous descendra convient-il de préciser, Kenji, qui connaît évidemment le coin comme sa poche.

Des pleurs pris pour des piaillements

Et c’est Kenji qui nous donnera le sens de cette appellation : Te Rua signifie le nid et tavae désigne les oiseaux que nous connaissons sous le nom de tavake (paille-en-queue).

Jadis, deux clans s’affrontaient sur l’île. Les Haretii contre les Matehaa. Ces derniers, fragilisés, se réfugièrent dans cette grotte lors d’une attaque. Alors que leurs ennemis les traquaient, les très jeunes enfants des Matehaa, effrayés par ce refuge obscur qu’était la grotte, se mirent à crier et à pleurer. Les Haretii entendirent ces bruits venus de la terre, mais ils les prirent pour les piaillements de jeunes tavae.

Ils n’inspectèrent pas la cavité, se contentant de supposer qu’elle était habitée par des oiseaux. Et c’est ainsi que Teruatavae sauva la vie du clan des Matehaa.

Le souffle des Matehaa

Bien sûr, la grotte n’est pas très vaste (rien à voir avec certaines cavités de Rurutu). Bien sûr, pas besoin d’être un spéléologue confirmé pour la visiter ; on peut le faire avec une paire de savates aux pieds. Une chatière boueuse et salissante verrouille, depuis la première salle, l’accès à la deuxième, la plus belle, et c’est bien là la seule difficulté technique qu’offre la courte descente.

Mais là-dessous, dans le noir absolu, quand les torches sont éteintes, on entendrait presque le souffle court des Matehaa angoissés, tentant d’échapper à leurs bourreaux…

Textes et photos : Daniel Pardon

Une femme cannibale…

Une autre légende, moins romantique, est attachée à la grotte de Teruatavae, celle d’une cannibale : la cavité était autrefois habitée par une femme mangeuse de chair humaine, qui enlevait les jeunes enfants pour les dévorer. Un jour, elle fut capturée vivante et ramenée au village ; elle y fut alors “civilisée”, renonça à son odieuse pratique et finit par se marier. De ce fait, elle eut même une descendance. Nous n’en dirons pas plus…

Rimatara pratique

Bienvenue dans la “petite Rurutu”, comme on surnomme parfois l’île…

- La plus petite…

Rimatara, la plus petite des îles de l'archipel des Australes, couvre 9 km² pour 8,5km de circonférence. Elle se situe à 665 km au sud-est de Tahiti. L’aérodrome a été inauguré en 2006 et l’île s’est ouverte au tourisme en 2008 seulement.

- Deux oiseaux rares

L’île abrite deux espèces endémiques d’oiseaux : la fauvette de Rimatara et surtout le "ura" (qui signifie couleur rouge en polynésien) ou lori de Kuhl. Véritable arc-en-ciel, cette perruche est reconnaissable avec ses couleurs chatoyantes : rouge, jaune, vert et bleu. Elle affectionne les bananiers, les letchis et les kapokiers. Sacrée aux temps pré-européens, ses plumes étaient utilisées dans la confection d'objets de prestige réservés aux personnages de haut rang.

- Des ressources

Rimatara est réputée pour son artisanat qui fait partie des ressources majeures de l'île avec le coprah, mais aussi la culture du taro, du nono"et du pandanus sans épine utilisé pour le tressage dans toute la Polynésie. Dans les 3 villages de l'île, Anapoto, Motuaura et Amaru, vous découvrirez le patient travail de tressage (paniers, peue, chapeaux, etc.) et la préparation du "fara" (pandanus). A voir également la confection des colliers de coquillage ou "pupu", réputés pour leur élégance et leur diversité de couleurs. La sculpture sur bois des Australes, pas assez connue, est d'une grande finesse ; elle est dorénavant enseignée au CJA (Centre des Jeunes Adolescents)

- Les bonnes adresses Séjours dans les îles

Pension UeUe

Séjour vol + 3 nuits avec demi-pension à partir de 50 402 Fcfp/pers (+ nuit supplémentaire avec demi-pension à partir de 6 450 Fcfp/pers).
Située à l'intérieur des terres, coté montagne la pension UeUe est une très bonne adresse. Le site, une vaste propriété fleurie et arborée, offre un écrin superbe à 4 petits bungalows et 1 restaurant. Grâce à la végétation dense tout autour, c'est l'endroit idéal pour observer les 2 oiseaux endémiques de l'île : le lori de Kuhl ou "Ura", emblème de l'île, et la fauvette de Rimatara.
4 bungalows (capacité d'1 à 3 personnes selon le type de bungalows).
Le contact : 40 94 42 88 ; 87 74 66 13 ; 87 72 19 57
Mail : [email protected]
Site : www.pensionueue-rimatara.com

Pension la Perruche Rouge

Séjour vol + 3 nuits avec demi-pension à partir de 52 052 Fcfp/pers (+ nuit supplémentaire avec demi-pension à partir de 7 000 Fcfp/pers.).
C’est entre les villages de Amaru et de Anapoto que se trouve l'élégante pension La Perruche Rouge. Sa fondatrice, Aline, est décédée trop tôt il y a peu, mais sa fille Mieko Kato, a repris les rênes et le service est assuré comme précédemment. La pension offre à ses hôtes un paysage des plus reposants, dans un cadre naturel et authentique (et une table excellente) Quatre bungalows perchés sur une petite colline vous y attendent, spacieux, confortables et coquets, équipés d'un lit king-size avec matelas orthopédique, d'un téléviseur à écran plat avec décodeur TNS. 4 grands bungalows (capacité 1 à 3 personnes ; 4e personne sur demande) ; pour la 3e ou 4e personne, des lits simples avec sommiers sont rajoutés.
Les contacts : 87 365 823 ; 87 347 435.
Mail : [email protected]
Site : www.laperrucherouge.com

Le site pour réserver :
http://www.sejoursdanslesiles.pf









L’une des chambres très coquettes de la pension “La perruche rouge”, implantée au cœur de la petite île de Rimatara.
L’une des chambres très coquettes de la pension “La perruche rouge”, implantée au cœur de la petite île de Rimatara.

L’entrée de la grotte se trouve non loin de la piste de l’aérodrome.
L’entrée de la grotte se trouve non loin de la piste de l’aérodrome.

Pour passer de la première à la deuxième salle, il faut se glisser dans une étroite chatière.
Pour passer de la première à la deuxième salle, il faut se glisser dans une étroite chatière.

Dans la première salle, on bénéficie encore d’un peu de la lumière du jour.
Dans la première salle, on bénéficie encore d’un peu de la lumière du jour.

Notre guide, Kenji, expliquant les légendes liées à cet abri souterrain qui aurait sauvé un clan de Rimatara aux temps anciens.
Notre guide, Kenji, expliquant les légendes liées à cet abri souterrain qui aurait sauvé un clan de Rimatara aux temps anciens.

Au centre de la deuxième salle, trône ce majestueux pilier d’aragonite, paraissant soutenir toute la voûte.
Au centre de la deuxième salle, trône ce majestueux pilier d’aragonite, paraissant soutenir toute la voûte.

De très belles draperies de concrétions calcaires ornent les murs de Teruatavae.
De très belles draperies de concrétions calcaires ornent les murs de Teruatavae.

Au fond de petits gours, des perles des cavernes, à impérativement laisser sur place, bien entendu. Elle n’ont aucune valeur et ne brillent plus une fois sèches.
Au fond de petits gours, des perles des cavernes, à impérativement laisser sur place, bien entendu. Elle n’ont aucune valeur et ne brillent plus une fois sèches.

Du plafond, se détachent des centaines de stalactites qui semblent prêts à fondre sur les visiteurs.
Du plafond, se détachent des centaines de stalactites qui semblent prêts à fondre sur les visiteurs.


Rédigé par Daniel PARDON le Vendredi 16 Septembre 2016 à 08:13 | Lu 2673 fois