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Carnet de voyage - Nouvelle-Zélande : vacances entre ruches et miel à Coco Zen


NOUVELLE-ZELANDE, le 30 mars 2017. Découverte - Au nord de la Nouvelle-Zélande, dans la région fort justement appelée le Northland, un couple originaire de la Polynésie française anime avec ardeur un lodge exceptionnel à bien des égards. Ce qui a retenu tout particulièrement notre attention est le fait qu’à leurs clients, Carole et Frank offrent, en plus du confort et d’une succulente table, une immersion dans le monde des abeilles et du miel…

Butinage dans le Northland : les bonnes adresses ne manquent pas dans cette région, mais incontestablement, de par sa position centrale, Coco Zen Lodge and Spa est l’endroit idéal pour poser ses valises, d’autant qu’en plus des mille activités possibles dans la région de Bay of Islands (Russell, Paihia, Waitangi), le lodge offre aux visiteurs une découverte passionnante, celle des ruches et de leurs trésors.
Frank (à droite) entame la leçon de choses par l’ouverture de la ruche
Frank (à droite) entame la leçon de choses par l’ouverture de la ruche

Une tenue de “cosmonaute”

Ce matin, nous retrouvons Frank devant une de ses ruches pour une opération “portes ouvertes” peu banale. Chacun a enfilé sa tenue blanche de “cosmonaute” afin de pouvoir approcher les abeilles sans risque de se faire piquer ; la leçon de choses, en vraie grandeur, peut commencer.

Un détail, Frank n’a pas mis de gants et manipule les cadres chargés de miel et couverts de centaines d’abeilles sans la moindre hésitation. Ses gestes sont lents mais sûrs et pas une abeille ne le pique. Pour mettre de côté ses cadres, il se contente de pousser les insectes avec sa main ; autour de nous, c’est par centaines que tourbillonnent les abeilles, certes troublées et dérangées par l’intervention de Frank, mais pas le moins du monde agressives. But de la manœuvre, trouver la reine, légèrement plus grosse que les ouvrières, afin de nous la montrer, et conserver quatre cadres pour en extraire le miel.
Nez à nez avec des centaines d’abeilles, sans avoir peur de se faire piquer !
Nez à nez avec des centaines d’abeilles, sans avoir peur de se faire piquer !

“Laisser aux abeilles de quoi se nourrir”

“Dame Reine” n’est pas très coopérative et ne se montre pas tout de suite. Franck finit par la débusquer. Elle ne semble guère goûter cette incursion étrangère dans son royaume, et, après un bref salut, elle regagne un coin plus tranquille de la ruche.

“Le but n’est pas de récolter tout le miel produit”, explique Frank, “mais d’en récolter une part suffisante pour ce que nous voulons en faire, tout en laissant aux abeilles de quoi se nourrir avec le stock restant. Bien sûr, certains apiculteurs préfèrent tout ramasser, et compensent cette razzia par un apport très important en sucre pour les insectes, afin qu’ils ne meurent pas de faim durant l’hiver. Mais si le sucre n’est pas bon pour la santé humaine, il ne l’est pas non plus pour les abeilles et les ruches ainsi traitées s’étiolent ; leur rendement diminue et les abeilles deviennent fragiles et sensibles aux maladies. Je fais donc attention de ne prélever que ce dont j’ai besoin, pas plus”.
Frank connaît ses abeilles et elles le connaissent. Le visiteur évitera, en revanche, ce genre de prise de risques !
Frank connaît ses abeilles et elles le connaissent. Le visiteur évitera, en revanche, ce genre de prise de risques !

Le nez dans une ruche

Stanislas, dix ans est à la fête. Certes, le costume blanc dans lequel il évolue est un peu grand pour ses petites jambes, mais pouvoir mettre son nez dans une ruche, pouvoir toucher des abeilles, voilà qui n’est pas banal !

Toute la famille de touristes, en fait, est aux premières loges pour découvrir cet univers en apparence si dangereux, en réalité très tranquille si l’on est entre de bonnes mains.

A chaque petit déjeuner, Carole sert un ou des miels délicieux à ses hôtes, mais on se doute que pour sa clientèle, l’exploration d’une ruche et l’extraction de “son” propre miel donnent évidemment bien plus de goût encore à celui-ci et plus d’appétit aux “explorateurs”.
Dans ce cadre vertical un peu étrange, ce ne sont pas des ouvrières qui sont en gestation, mais des reines, savamment préparées par Frank.
Dans ce cadre vertical un peu étrange, ce ne sont pas des ouvrières qui sont en gestation, mais des reines, savamment préparées par Frank.

Séquence dégustation à chaud, une fois hors de portée des abeilles…
Séquence dégustation à chaud, une fois hors de portée des abeilles…

Greffeur de nacres…

Frank, avec une cinquantaine de ruches disposées sur son terrain de dix hectares et aux alentours de sa propriété, a trouvé sa voie. Lui qui était (et qui est encore) un excellent greffeur de nacres (il a longtemps travaillé dans sa ferme à Ahe, où il avait également lancé, avec Carole, la pension Coco Perle), a trouvé, dans le monde de l’apiculture, un nouvel équilibre.

Il le reconnaît toutefois, même s’il produit deux tonnes de miel par an, ce n’est pas cela qui le fait vivre, mais un travail beaucoup plus technique sur les abeilles : Frank, fort de son doigté de greffeur de nacres, est en effet devenu un “faiseur ” de reines.

Au départ, tous les œufs pondus par une reine sont destinés à devenir des ouvrières, sauf ceux qui subissent un traitement spécial, suivi d’un nourrissage particulier de la larve.
L’ancien greffeur de nacres, grâce à son doigté remarquable, est devenu un spécialiste de la mise au point de reines et de super-reines, les “breeders”.
L’ancien greffeur de nacres, grâce à son doigté remarquable, est devenu un spécialiste de la mise au point de reines et de super-reines, les “breeders”.

Objectif, les “breeders”, des super-reines

Or, si faire du miel est à la portée de tout un chacun, fabriquer des reines relève d’un savoir-faire bien plus pointu. Et les reines sont indispensables dans le monde entier à tous ceux qui ont besoin d’abeilles, à commencer par les propriétaires de vergers de très grande taille.

Ainsi, en Californie par exemple, à chaque début de printemps, des dizaines de milliers de ruches sont mises en place dans les champs d’amandiers. Ce sont les abeilles qui polliniseront les fleurs ; elles deviendront ces amandes que l’on consomme notamment à l’apéritif. Malheureusement pour les abeilles, ces arbres, faute de nectar dans leurs fleurs, ne leur permettent pas de produire du miel, pas suffisamment pour survivre. La pollinisation faite, les Américains laissent les ruches mourir de faim, jugeant leur déplacement trop compliqué et non rentable ; mais évidemment, chaque année, ils ont besoin de nouvelles ruches avec autant de reines qu’il y a de ruches, cercle vicieux qui permet à Frank d’exporter sa production à travers une société pour laquelle il travaille également à la mise au point de “breeders”, des super-reines, dont les précieux œufs sont recueillis pour fabriquer d’autres reines.
Frank au travail, en train de prélever des œufs tout juste éclos pour les installer dans une pouponnière spéciale : les larves donneront naissance non pas à des ouvrières, mais à des reines.
Frank au travail, en train de prélever des œufs tout juste éclos pour les installer dans une pouponnière spéciale : les larves donneront naissance non pas à des ouvrières, mais à des reines.

Des abeilles étalons à 240 000 Fcfp/pièce !

Avec la mise au point de ces fameux “breeders”, on entre là dans le monde sophistiqué de la génétique : ces abeilles “étalons”, pour donner une idée de l’intérêt de ce travail de pointe, valent 1 700 à 3 000 NZ$, soit 136 000 à 240 000 Fcfp/pièce !

Les “breeders” néo-zélandais que le monde entier recherche, Frank et son mentor en fabriquent 150 à 200 par an. Des reines classiques, Franck, seul, en produit une centaine par mois. Ajoutez à cela les autres produits tirés d’une ruche et vous comprendrez que le greffeur de nacres de Ahe est aujourd’hui parmi les spécialistes les plus pointus de l’apiculture néo-zélandaise et que ce grand gaillard de plus de deux mètres nage dans le monde du miel aussi bien qu’il le faisait dans nos lagons.

Grâce à son travail relevant de la chirurgie de précision, des millions de fleurs sont chaque année pollinisées, contribuant ainsi à la bonne santé de l’agriculture : en Nouvelle-Zélande, mais aussi au Canada, aux Etats-Unis, au Japon, partout dans le monde en réalité !

Textes et photos : Daniel Pardon (sauf mention)
Les abeilles sont nées pour travailler : pas de grève, pas de tire-au-flanc, pas de grogne, pas de retraite, elles sont là pour servir la reine, de leur naissance à leur mort.
Les abeilles sont nées pour travailler : pas de grève, pas de tire-au-flanc, pas de grogne, pas de retraite, elles sont là pour servir la reine, de leur naissance à leur mort.

Une ruche, huit sources de revenus

Posséder des ruches, ce n’est pas que produire du miel. Des ruches bien entretenues offrent huit sources de revenus à l’apiculteur :

-le miel (40 kg/an/ruche en Nouvelle-Zélande)
-la location de ruches aux exploitants de vergers
-la propolis, une résine “médicament des abeilles”
-les granulés de pollen
-la cire
-la gelée royale
-les reines
-les abeilles vendues au kilo (pour constituer des colonies autour d’une reine)

Portrait d’une “bonne abeille”

Le travail de Frank sur la reproduction de “breeders”, ces super-reines qui valent une petite fortune, est destiné, par la génétique, à améliorer sans cesse les abeilles.

On demande à ces gentilles petites bêbêtes un certain nombre de qualités : être hygiéniques (nettoyer la ruche pour éviter les maladies), être productives (fabriquer beaucoup de miel), ne pas être agressives (ne pas piquer l’apiculteur), ne pas essaimer (quitter la ruche pour s’installer dans la nature), et être résistantes aux infections. Entre autres…

Les miels du Northland

On ne dit pas “le miel”, mais “les miels” en Nouvelle-Zélande, chaque cru ayant, comme le vin, sa ou ses particularités. Le manuka, tiré des fleurs d’un buisson sauvage endémique à cette région du monde, est le plus recherché. Egalement appréciés, les miels de macadamia, de kanuka, de pohutukawa et enfin le miel de plusieurs fleurs, le bush blend.

On ne peut jamais savoir quelles plantes les abeilles vont butiner, mais si elles se concentrent sur une espèce végétale dominante (dans les vergers par exemple), des tests en laboratoire permettent d’analyser l’origine du miel et de le qualifier, assurant qu’il provient très majoritairement de telle ou telle plante (augmentant ainsi sa valeur : le manuka peut coûter 5 à 10 fois plus cher que le bush blend).
Gros plan sur l’or du Northland, la fleur de manuka qui permet de produire un miel aux vertus très recherchées.
Gros plan sur l’or du Northland, la fleur de manuka qui permet de produire un miel aux vertus très recherchées.

Pas de miel au retour

Profitez de votre séjour à Coco Zen pour faire une cure de miel et de produits dérivés des ruches, votre “bagage santé” n’en sera que renforcé à votre retour au Fenua. En revanche, ne ramenez aucun de ces produits dans vos valises, car toute importation de produits de ce type est strictement prohibée en Polynésie française depuis 2011. Notre territoire est exempt de certains parasites et de certaines maladies (qui existent en Nouvelle-Zélande) et si une abeille venait à entrer en contact avec du miel contaminé, c’est toute la filière du miel polynésien qui pourrait en souffrir.

Rappelez-vous que les contrôles sont réels et que les amendes ne sont pas sucrées comme du miel, mais bel et bien salées ; très salées : une sanction pénale de 6 mois d'emprisonnement et jusqu'à 3 millions Fcfp d'amende est prévue pour toute infraction.

Coco Zen pratique

Sur une partie isolée et sauvage de la commune de Kerikeri, une demi-douzaine de chalets en bois, très confortables, sont nichés dans un domaine forestier de dix hectares dominant la baie de Takou. Au premier plan, jusqu’à la mer, une vallée couverte de forêt ; au loin, les îles Cavalli.
Trois de ces chalets sont réservés à l’hébergement : le chalet Motueka (65m2 + terrasse, 1 chambre avec un lit king size, une chambre avec deux lits) et les chalets Panaki et Wakapuki (42m2, une chambre avec lit king size). Les trois chalets disposent d’un parking privé, d’une cuisine équipée, d’un accès internet, d’un large living room, d’une salle de bains (+ télévision, DVD, musique…).

Le client est choyé à Coco Zen Lodge and Spa et n’est pas noyé dans une masse de touristes (14 personnes au maximum). Piscine, spa, massages complètent l’offre de services incluant petits-déjeuners délicieux (miel à gogo !) et repas du soir dignes des meilleures tables (Carole étant un très fin cordon bleu).

Très honnêtement, la région autour de Kerikeri mérite une bonne semaine pour être visitée et pour se reposer et se détendre dans une ambiance gourmande. Tarifs à la demande (site : http://www.cocozen.co.nz). Cocozen travaille beaucoup avec Air New Zealand (forfaits), mais le trajet sur Air Tahiti Nui (PPT-Auckland-Kerikeri) est très agréable, compte tenu des horaires.
Vue aérienne de Coco Zen Lodge & Spa : une semaine dans ce petit paradis sauvage vous remettra en forme ! (photo Cocozen)
Vue aérienne de Coco Zen Lodge & Spa : une semaine dans ce petit paradis sauvage vous remettra en forme ! (photo Cocozen)

Avant de passer les cadres lourds de miel dans une centrifugeuse, il faut délicatement ouvrir chaque loge.
Avant de passer les cadres lourds de miel dans une centrifugeuse, il faut délicatement ouvrir chaque loge.

Dégustation centrifugeuse
Dégustation centrifugeuse

Carole est concentrée : une fois le miel extrait, il faut le préparer pour le commercialiser plus facilement que dans des touques de vingt litres.
Carole est concentrée : une fois le miel extrait, il faut le préparer pour le commercialiser plus facilement que dans des touques de vingt litres.

Une ruche de Carole et de Frank, avec un échantillon de miel produit : une bonne année, chaque ruche fournit 40 kilos de miel.
Une ruche de Carole et de Frank, avec un échantillon de miel produit : une bonne année, chaque ruche fournit 40 kilos de miel.

Rédigé par Daniel PARDON le Jeudi 30 Mars 2017 à 10:33 | Lu 3940 fois