La fidèle reconstitution du Batavia sous voile, fleuron de la Compagnie des Indes hollandaises, la puissante VOC.
AUSTRALIE, le 31 mars 2016. Le récit que nous vous proposons aujourd’hui est sans doute l’une des pages les plus sombres de l’histoire de l’Australie. A l’époque, au XVIIe siècle, les Hollandais régnaient en maîtres sur le commerce entre l’Europe et l’Extrême-Orient, via le cap de Bonne Espérance. Un de leurs bateaux, le Batavia, n’atteignit jamais les comptoirs asiatiques de la Compagnie hollandaise des Indes orientales (la VOC). Il fit naufrage sur les côtes désertiques de l’archipel des Abrolhos, au large de l’Australie. A terre, un tyran prit le commandement des rescapés. Et instaura une abominable terreur, hommes, femmes, enfants périssant au fil de ses caprices sadiques…
Notre histoire commence à Texel, au nord de la Hollande le 28 octobre 1628. Un navire flambant neuf, le Batavia, largue ses amarres pour un long périple devant le mener à l’actuelle Djakarta (alors baptisée Batavia). Premier voyage… mais aussi dernier ! Le navire est accompagné de sept autres bateaux plus petits.
316 personnes et un trésor
Le Batavia est alors l’un des plus gros, sinon le plus gros bâtiment de la Compagnie des Indes. Il est chargé à ras bord de mille trésors (à échanger contre des épices) et 316 personnes y sont entassées. Le chef de l’expédition et de toute la flotte est un dénommé Francisco Pelsaert, 33 ans, plus marchand et négociant que marin. Il est flanqué du capitaine Ariaen Jacobszoon, 40 ans, qui ne comprend pas pourquoi ce n’est pas lui le chef de la flotte ; le subrécargue assistant est un ancien apothicaire raté, Jéronimus Corneliszoon, que l’on décrit comme beau parleur, séducteur même et surtout très ambitieux. En réalité, c’est un psychopathe dangereux, mais personne, à bord, n’a encore de raison de se méfier de lui. Evidemment, une intrigue ne serait pas complète sans des femmes ; se trouve à bord une beauté, Mme Lucretia Van der Mijlen, qui s’en va rejoindre son époux, installé à Batavia, accompagnée de sa domestique, Zwaantie Hendricx, qui saura jouer de ses charmes lorsque sa maîtresse refusera de donner suite aux avances qui lui seront faites.
Mutinerie dans l’air
Pelsaert et Jacobszoon, rivaux permanents, tentèrent de se rapprocher de la belle Lucretia, mais en vain. La jeune femme devint une amie de Pelsaert mais rejeta fermement Jacobszoon, qui se sentit humilié. Le chef de l’expédition et le capitaine du Batavia se détestaient et les incidents se multiplièrent au cours de la traversée, tant l’entassement humain à bord était source de conflits. A défaut de Lucretia, Jacobszoon se contenta de la domestique, trop heureuse de “monter en grade”.
Face au combat des chefs, un observateur ne perdait pas une miette du spectacle. Se liant d’amitié avec Jacobszoon, Corneliszoon le laisse lui confier ses frustrations, et même son envie de se mutiner, de tuer Pelsaert et de vivre en pirate, libre de toute contrainte sans être soumis aux ordres de la Compagnie des Indes. “On jette Pelsaert à la mer, on s’empare du navire et on file avec nos richesses dans un comptoir concurrent à ceux de la Hollande”.
Corneliszoon flaire vite une opportunité lors de l’escale dans le port de Capetown, en Afrique du Sud, où le Batavia jette l’ancre le 14 avril 1629. A terre, l’ivrognerie de Jacobszoon, accompagné de Zwaantie et de Jéronimus, fait scandale, et Perlseart est obligé de le rappeler à l’ordre, ce qui ne fait qu’augmenter la haine du capitaine envers le chef de l’expédition.
Le naufrage interrompt la mutinerie
Lorsque le Batavia reprend la mer, cap à l’est, en quelques semaines la mutinerie est préparée dans les moindres détails : un groupe d’hommes doit harceler Lucretia pour forcer Pelsaert à prendre des mesures disciplinaires fortes. Et dès que celles-ci seront annoncées, la révolte commencera, le représentant de la VOC devant être jeté aux requins au plus vite. Tout est prêt, la mutinerie a peut-être déjà commencé lorsque, le 3 juin 1629, la proue du Batavia vient heurter un récif des Ablolhos. Le bateau est coincé et les vagues vont l’achever. Décision est prise de débarquer tout le monde sur l’îlot le plus proche, avec deux canots. Certains passagers refusent de quitter le navire ; ils se sont saoulés avec les provisions des cales voulant profiter une dernière fois des plaisirs de ce bas monde ; une tempête détruira le Batavia et les noiera.
Pelsaert a tout de même le temps de récupérer le trésor du bord, ainsi que de l’eau et des vivres. Il dispose de deux embarcations, l’une contenant 23 personnes et l’autre seulement dix. A terre, Pelsaert et Jacobzsoon comprennent qu’il n’y aura pas assez d’eau pour les survivants. Ils décident d’aller jusqu’aux côtes australiennes pour en trouver, mais ils en reviendront les mains -et les tonneaux- vides à plusieurs reprises.
Le réveil du despote
Pelsaert décide alors de partir pour l’île de Java chercher des secours. Pour cela, il embarque Jacobzsoon et 46 autres personnes à bord des deux canots ; tous parviendront à Batavia vivants le 7 juillet. Le maître d’équipage est jugé immédiatement et reconnu coupable de ne pas avoir vu les récifs. Il est pendu. Jacobszoon est, lui, arrêté et emprisonné pour négligence. Le gouverneur général des établissements hollandais fournit alors un bateau et des hommes à Pelsaert afin de retourner au plus vite secourir les naufragés des Abrolhos.
Pour Corneliszoon, l’homme le plus gradé sur l’île après le départ des officiers du Batavia, cette situation de “chef” est une opportunité qui ne se représentera pas deux fois : fort de son éloquence, il dénonce ceux qu’il appelle les fuyards et prend le commandement des naufragés, ceux-ci se croyant alors entre de bonnes mains.
Las… Le despote se réveille très vite et impose, avec sa garde rapprochée (qui a confisqué toutes les armes), une discipline de fer. Son idée est simple : survivre jusqu’à l’arrivée des secours et s’emparer de leur bateau pour vivre libre, à la manière d’un pirate. Un détail le contrarie : il y a, parmi les naufragés, vingt militaires commandés par Wiebbe Hayes, qui, il en est sûr, ne le suivront pas dans son plan. Il expédie donc la petite troupe sur un autre îlot, à la recherche d’eau douce et de nourriture, espérant qu’ils mourront très vite de soif.
On noie, on égorge, on viole…
Seul maître sur son bout de sable maigre en ressources, dépendant de la pluie pour survivre, Corneliszoon estime qu’ils sont trop nombreux et qu’il faut “dégraisser”. Trop de bouches inutiles à nourrir. Jeronimus installe un tribunal. Vol d’eau, refus d’obéir, manque de place, le juge condamne à tour de bras et fait exécuter (il ne tue pas lui-même). Mais le magistrat improvisé estime qu’un procès, c’est une perte de temps. Rapidement, il décide de condamner lui-même et de faire exécuter par ses hommes de main. On noie les rebelles, on égorge les vieillards et les enfants, on tabasse, on viole les femmes, Lucretia devenant, par la force, la favorite du bourreau. En deux mois, sans réel motif, sinon se débarrasser de ceux qui ne deviendront pas membres de son futur équipage de pirates, Corneliszoon fait assassiner 125 innocents, en recourant à la torture, en les taillant en pièces, en les massacrant de manière de plus en plus sanguinaire. Le tyran, que le pouvoir a rendu fou, est entré en action et a pris le dessus sur l’homme.
Wiebbe Hayes, de son côté, est un soldat de bonne foi qui, sur une autre île toute proche, cherche de l’eau et de la nourriture, des éléments de survie qu’il trouve ! Comme convenu, il fait des signaux de fumée pour prévenir Corneliszoon. Celui-ci, à sa grande surprise, ne répond pas. Mais, parmi les naufragés tombés sous sa coupe, certains voient les fumées et s’échappent, sur des radeaux, à la nage et le préviennent du régime de terreur qu’impose l’ancien apothicaire devenu ivre de sang.
Corneliszoon prisonnier
Militaire aguerri, Hayes décide de fortifier son campement et de former à la guerre ceux qui l’ont rejoint. Avec des armes classiques (le peu qu’il a) ou avec des armes improvisées, lances, cailloux… Ils sont maintenant 45 à ses côtés, plus que la troupe obéissant à Jeronimus. Fin juillet, le boucher des Abrolhos mène plusieurs attaques contre le camp de Hayes, mais la résistance est forte. Mieux même, Corneliszoon, qui veut négocier, est fait prisonnier ! Lors d’une escarmouche pour le libérer, les parties en présence voient surgir à l’horizon, le 17 septembre, les voiles du Sardam. La bataille cessa de suite et une course s’engagea entre les deux parties pour rejoindre au plus vite Pelsaert ; les mutins voulant s’emparer du navire et le tuer, Hayes et ses hommes souhaitant le prévenir de la situation.
C’est finalement Hayes qui parle le premier à Pelsaert. Une expédition est alors montée pour arrêter les hommes de Cornelizsoon, et tous passent devant un tribunal sur l’îlot baptisé “Batavia’s Gravreyard” (le cimetière du Batavia).
Jeronimus Corneliszoon et ses hommes sont, évidemment, reconnus coupables des monstruosités dont ils sont accusés. L’apothicaire sadique aura les deux mains tranchées avant d’être pendu le 2 octobre 1629. Egalement interrogés, torturés et pendus, ses douze principaux lieutenants. Les dernières paroles de Jeronimus Corneliszoon auraient été, une fois ses deux mains coupées : “vengeance, vengeance”.
Le trésor introuvable
Pelsaert ramena à fond de cale un certain nombre d’autres complices de l’apothicaire sanguinaire, qui furent, pour la plupart d’entre eux, pendus à Batavia.
Avant de quitter cet archipel maudit, Pelsaert prit soin, avec son capitaine, de faire ratisser les îlots à la recherche d’éventuels autres survivants et surtout afin de récupérer le trésor, qui avait été déchargé du Batavia.
Ce dernier n’a jamais été retrouvé, emporté par la mer ou enterré quelque part…
Daniel Pardon
Notre histoire commence à Texel, au nord de la Hollande le 28 octobre 1628. Un navire flambant neuf, le Batavia, largue ses amarres pour un long périple devant le mener à l’actuelle Djakarta (alors baptisée Batavia). Premier voyage… mais aussi dernier ! Le navire est accompagné de sept autres bateaux plus petits.
316 personnes et un trésor
Le Batavia est alors l’un des plus gros, sinon le plus gros bâtiment de la Compagnie des Indes. Il est chargé à ras bord de mille trésors (à échanger contre des épices) et 316 personnes y sont entassées. Le chef de l’expédition et de toute la flotte est un dénommé Francisco Pelsaert, 33 ans, plus marchand et négociant que marin. Il est flanqué du capitaine Ariaen Jacobszoon, 40 ans, qui ne comprend pas pourquoi ce n’est pas lui le chef de la flotte ; le subrécargue assistant est un ancien apothicaire raté, Jéronimus Corneliszoon, que l’on décrit comme beau parleur, séducteur même et surtout très ambitieux. En réalité, c’est un psychopathe dangereux, mais personne, à bord, n’a encore de raison de se méfier de lui. Evidemment, une intrigue ne serait pas complète sans des femmes ; se trouve à bord une beauté, Mme Lucretia Van der Mijlen, qui s’en va rejoindre son époux, installé à Batavia, accompagnée de sa domestique, Zwaantie Hendricx, qui saura jouer de ses charmes lorsque sa maîtresse refusera de donner suite aux avances qui lui seront faites.
Mutinerie dans l’air
Pelsaert et Jacobszoon, rivaux permanents, tentèrent de se rapprocher de la belle Lucretia, mais en vain. La jeune femme devint une amie de Pelsaert mais rejeta fermement Jacobszoon, qui se sentit humilié. Le chef de l’expédition et le capitaine du Batavia se détestaient et les incidents se multiplièrent au cours de la traversée, tant l’entassement humain à bord était source de conflits. A défaut de Lucretia, Jacobszoon se contenta de la domestique, trop heureuse de “monter en grade”.
Face au combat des chefs, un observateur ne perdait pas une miette du spectacle. Se liant d’amitié avec Jacobszoon, Corneliszoon le laisse lui confier ses frustrations, et même son envie de se mutiner, de tuer Pelsaert et de vivre en pirate, libre de toute contrainte sans être soumis aux ordres de la Compagnie des Indes. “On jette Pelsaert à la mer, on s’empare du navire et on file avec nos richesses dans un comptoir concurrent à ceux de la Hollande”.
Corneliszoon flaire vite une opportunité lors de l’escale dans le port de Capetown, en Afrique du Sud, où le Batavia jette l’ancre le 14 avril 1629. A terre, l’ivrognerie de Jacobszoon, accompagné de Zwaantie et de Jéronimus, fait scandale, et Perlseart est obligé de le rappeler à l’ordre, ce qui ne fait qu’augmenter la haine du capitaine envers le chef de l’expédition.
Le naufrage interrompt la mutinerie
Lorsque le Batavia reprend la mer, cap à l’est, en quelques semaines la mutinerie est préparée dans les moindres détails : un groupe d’hommes doit harceler Lucretia pour forcer Pelsaert à prendre des mesures disciplinaires fortes. Et dès que celles-ci seront annoncées, la révolte commencera, le représentant de la VOC devant être jeté aux requins au plus vite. Tout est prêt, la mutinerie a peut-être déjà commencé lorsque, le 3 juin 1629, la proue du Batavia vient heurter un récif des Ablolhos. Le bateau est coincé et les vagues vont l’achever. Décision est prise de débarquer tout le monde sur l’îlot le plus proche, avec deux canots. Certains passagers refusent de quitter le navire ; ils se sont saoulés avec les provisions des cales voulant profiter une dernière fois des plaisirs de ce bas monde ; une tempête détruira le Batavia et les noiera.
Pelsaert a tout de même le temps de récupérer le trésor du bord, ainsi que de l’eau et des vivres. Il dispose de deux embarcations, l’une contenant 23 personnes et l’autre seulement dix. A terre, Pelsaert et Jacobzsoon comprennent qu’il n’y aura pas assez d’eau pour les survivants. Ils décident d’aller jusqu’aux côtes australiennes pour en trouver, mais ils en reviendront les mains -et les tonneaux- vides à plusieurs reprises.
Le réveil du despote
Pelsaert décide alors de partir pour l’île de Java chercher des secours. Pour cela, il embarque Jacobzsoon et 46 autres personnes à bord des deux canots ; tous parviendront à Batavia vivants le 7 juillet. Le maître d’équipage est jugé immédiatement et reconnu coupable de ne pas avoir vu les récifs. Il est pendu. Jacobszoon est, lui, arrêté et emprisonné pour négligence. Le gouverneur général des établissements hollandais fournit alors un bateau et des hommes à Pelsaert afin de retourner au plus vite secourir les naufragés des Abrolhos.
Pour Corneliszoon, l’homme le plus gradé sur l’île après le départ des officiers du Batavia, cette situation de “chef” est une opportunité qui ne se représentera pas deux fois : fort de son éloquence, il dénonce ceux qu’il appelle les fuyards et prend le commandement des naufragés, ceux-ci se croyant alors entre de bonnes mains.
Las… Le despote se réveille très vite et impose, avec sa garde rapprochée (qui a confisqué toutes les armes), une discipline de fer. Son idée est simple : survivre jusqu’à l’arrivée des secours et s’emparer de leur bateau pour vivre libre, à la manière d’un pirate. Un détail le contrarie : il y a, parmi les naufragés, vingt militaires commandés par Wiebbe Hayes, qui, il en est sûr, ne le suivront pas dans son plan. Il expédie donc la petite troupe sur un autre îlot, à la recherche d’eau douce et de nourriture, espérant qu’ils mourront très vite de soif.
On noie, on égorge, on viole…
Seul maître sur son bout de sable maigre en ressources, dépendant de la pluie pour survivre, Corneliszoon estime qu’ils sont trop nombreux et qu’il faut “dégraisser”. Trop de bouches inutiles à nourrir. Jeronimus installe un tribunal. Vol d’eau, refus d’obéir, manque de place, le juge condamne à tour de bras et fait exécuter (il ne tue pas lui-même). Mais le magistrat improvisé estime qu’un procès, c’est une perte de temps. Rapidement, il décide de condamner lui-même et de faire exécuter par ses hommes de main. On noie les rebelles, on égorge les vieillards et les enfants, on tabasse, on viole les femmes, Lucretia devenant, par la force, la favorite du bourreau. En deux mois, sans réel motif, sinon se débarrasser de ceux qui ne deviendront pas membres de son futur équipage de pirates, Corneliszoon fait assassiner 125 innocents, en recourant à la torture, en les taillant en pièces, en les massacrant de manière de plus en plus sanguinaire. Le tyran, que le pouvoir a rendu fou, est entré en action et a pris le dessus sur l’homme.
Wiebbe Hayes, de son côté, est un soldat de bonne foi qui, sur une autre île toute proche, cherche de l’eau et de la nourriture, des éléments de survie qu’il trouve ! Comme convenu, il fait des signaux de fumée pour prévenir Corneliszoon. Celui-ci, à sa grande surprise, ne répond pas. Mais, parmi les naufragés tombés sous sa coupe, certains voient les fumées et s’échappent, sur des radeaux, à la nage et le préviennent du régime de terreur qu’impose l’ancien apothicaire devenu ivre de sang.
Corneliszoon prisonnier
Militaire aguerri, Hayes décide de fortifier son campement et de former à la guerre ceux qui l’ont rejoint. Avec des armes classiques (le peu qu’il a) ou avec des armes improvisées, lances, cailloux… Ils sont maintenant 45 à ses côtés, plus que la troupe obéissant à Jeronimus. Fin juillet, le boucher des Abrolhos mène plusieurs attaques contre le camp de Hayes, mais la résistance est forte. Mieux même, Corneliszoon, qui veut négocier, est fait prisonnier ! Lors d’une escarmouche pour le libérer, les parties en présence voient surgir à l’horizon, le 17 septembre, les voiles du Sardam. La bataille cessa de suite et une course s’engagea entre les deux parties pour rejoindre au plus vite Pelsaert ; les mutins voulant s’emparer du navire et le tuer, Hayes et ses hommes souhaitant le prévenir de la situation.
C’est finalement Hayes qui parle le premier à Pelsaert. Une expédition est alors montée pour arrêter les hommes de Cornelizsoon, et tous passent devant un tribunal sur l’îlot baptisé “Batavia’s Gravreyard” (le cimetière du Batavia).
Jeronimus Corneliszoon et ses hommes sont, évidemment, reconnus coupables des monstruosités dont ils sont accusés. L’apothicaire sadique aura les deux mains tranchées avant d’être pendu le 2 octobre 1629. Egalement interrogés, torturés et pendus, ses douze principaux lieutenants. Les dernières paroles de Jeronimus Corneliszoon auraient été, une fois ses deux mains coupées : “vengeance, vengeance”.
Le trésor introuvable
Pelsaert ramena à fond de cale un certain nombre d’autres complices de l’apothicaire sanguinaire, qui furent, pour la plupart d’entre eux, pendus à Batavia.
Avant de quitter cet archipel maudit, Pelsaert prit soin, avec son capitaine, de faire ratisser les îlots à la recherche d’éventuels autres survivants et surtout afin de récupérer le trésor, qui avait été déchargé du Batavia.
Ce dernier n’a jamais été retrouvé, emporté par la mer ou enterré quelque part…
Daniel Pardon
Les restes du véritable Batavia, dont l’épave a été fouillée et en partie récupérée (Western Australian Museum, Fremantle).
Un crâne retrouvé lors de fouilles, sur l’îlot où furent massacrés 125 personnes par les sbires de Jeronimus Corneliszoon.
Les Abrolhos, c’est quoi ?
L’archipel des Houtman Abrolhos porte ce nom en mémoire de son découvreur, le navigateur hollandais Frederick Houtman, capitaine général du Dordrecht. Abrolhos vint compléter le nom de ce groupe d’île grâce aux Portugais, Abrolhos étant une contraction d’une expression lusitanienne signifiant “ouvre les yeux” (abre os olhos). Ces îles basses très dangereuses sont, en effet, un cimetière de bateaux à voile (un autre groupe d’îles, dans l’Atlantique, au large des côtes brésiliennes, porte le même nom).
L’archipel est composé de 122 îles et récifs coralliens posés à 60 km au large de la ville de Geraldton, au nord de Perth, la capitale de l’Etat de Western Australia. Ce sont les récifs coralliens les plus au sud de l’océan Indien (28,43° sud).
Les Abrolhos sont structurées en trois groupes d’îles : le Wallabi Group (où eut lieu le naufrage du Batavia, sur l’actuel Morning Reef), l’Easter Group et le Pelsaert Group. Ces terres basses sont, aujourd’hui, une réserve de faune marine exceptionnelle ; faute d’eau, il n’y a pas d’habitants sur les Abrolhos ; seuls quelques pêcheurs pendant les saisons d’ouverture (pêche à la langouste et au pétoncle) y séjournent quelques semaines par an. Des fermes perlières, élevant la nacre à lèvres noires, Pinctada margaritifera, ont été installées et sont en production.
Sinon, l’archipel sert de refuge à des millions d’oiseaux de mer. Des visites touristiques sont possibles, uniquement à la journée (day time). Il n’y a pas d’infrastructures hôtelières sur l’archipel.
L’archipel des Houtman Abrolhos porte ce nom en mémoire de son découvreur, le navigateur hollandais Frederick Houtman, capitaine général du Dordrecht. Abrolhos vint compléter le nom de ce groupe d’île grâce aux Portugais, Abrolhos étant une contraction d’une expression lusitanienne signifiant “ouvre les yeux” (abre os olhos). Ces îles basses très dangereuses sont, en effet, un cimetière de bateaux à voile (un autre groupe d’îles, dans l’Atlantique, au large des côtes brésiliennes, porte le même nom).
L’archipel est composé de 122 îles et récifs coralliens posés à 60 km au large de la ville de Geraldton, au nord de Perth, la capitale de l’Etat de Western Australia. Ce sont les récifs coralliens les plus au sud de l’océan Indien (28,43° sud).
Les Abrolhos sont structurées en trois groupes d’îles : le Wallabi Group (où eut lieu le naufrage du Batavia, sur l’actuel Morning Reef), l’Easter Group et le Pelsaert Group. Ces terres basses sont, aujourd’hui, une réserve de faune marine exceptionnelle ; faute d’eau, il n’y a pas d’habitants sur les Abrolhos ; seuls quelques pêcheurs pendant les saisons d’ouverture (pêche à la langouste et au pétoncle) y séjournent quelques semaines par an. Des fermes perlières, élevant la nacre à lèvres noires, Pinctada margaritifera, ont été installées et sont en production.
Sinon, l’archipel sert de refuge à des millions d’oiseaux de mer. Des visites touristiques sont possibles, uniquement à la journée (day time). Il n’y a pas d’infrastructures hôtelières sur l’archipel.
Epilogue
-Sur le chemin du retour, il faut noter que deux des mutinés de Corneliszoon furent abandonnés sur la côte australienne, Wouter Loos, un soldat et Jan Pelgrom de Bye, un membre d’équipage ; ils furent débarqués à Wittecarra Gully, près de l’embouchure de la rivière Murchison, devenant ainsi, officiellement, les premiers colons blancs installés en Australie.
-A son retour à Batavia, Wiebbe Hayes fut traité en héros, décoré par la Compagnie des Indes orientales et promu sergent.
-Quant à Pelsaert, il eut droit à un blâme pour la tragédie qui avait eu lieu sous son commandement (et la perte du trésor). Ses biens et ses finances furent saisis. Il mourut dans l’année, en homme brisé par le destin…
-Sur le chemin du retour, il faut noter que deux des mutinés de Corneliszoon furent abandonnés sur la côte australienne, Wouter Loos, un soldat et Jan Pelgrom de Bye, un membre d’équipage ; ils furent débarqués à Wittecarra Gully, près de l’embouchure de la rivière Murchison, devenant ainsi, officiellement, les premiers colons blancs installés en Australie.
-A son retour à Batavia, Wiebbe Hayes fut traité en héros, décoré par la Compagnie des Indes orientales et promu sergent.
-Quant à Pelsaert, il eut droit à un blâme pour la tragédie qui avait eu lieu sous son commandement (et la perte du trésor). Ses biens et ses finances furent saisis. Il mourut dans l’année, en homme brisé par le destin…
Un des canons du Batavia, reposant par 8 m de fond, sur le lieu même du naufrage de 1629.
Les hommes de main de l’ex-apothicaire hollandais, massacrant des innocents sur l’îlot où ils avaient trouvé refuge.
A lire
Jeronimus, par Dabitch et Pendanx
Trois bandes dessinées racontent le terrifiant destin de Jeronimus Corneliszoon. Elles ont été publiées entre 2008 et 2010 aux éditions Futuropolis. Les dessins, d’une beauté captivante, donnent au récit un côté irréel.
Jeronimus, par Dabitch et Pendanx
Trois bandes dessinées racontent le terrifiant destin de Jeronimus Corneliszoon. Elles ont été publiées entre 2008 et 2010 aux éditions Futuropolis. Les dessins, d’une beauté captivante, donnent au récit un côté irréel.
L’aventure du Batavia a été mise en BD dans un ensemble de trois albums, très bien dessinés.