Le seul petit portrait de Thomas Baker dont nous disposons. Lorsqu’il a été immolé, il avait tout juste 35 ans.
FIDJI, le 7 novembre 2016. Histoire - S'appeler Baker (“boulanger” en anglais) et finir au four pourrait presque paraître drôle si nous ne parlions de la vie – et de la mort – d'un révérend méthodiste, Thomas Baker, tué à Fidji et dévoré par ses meurtriers, lui et sept de ses accompagnateurs. C’était en 1867, le 21 juillet, mais la plaie mit bien plus d’un siècle à cicatriser.
L'affaire du martyre du révérend Baker et du repas cannibale qui suivit fut si grave, que le village ayant été le théâtre de ce drame, Nabutautau, organisa le 12 novembre 2003, une cérémonie officielle de pardon et d'excuses envers les descendants de ce missionnaire. 136 ans après le drame, il faut croire que le festin monstrueux avait eu bien du mal à passer et que, de génération en génération, ce sacrifice se transmettait avec un poids insupportable, celui de la culpabilité.
En novembre 2003, l'arrière arrière petit-fils de Thomas Baker, Geoff Baker était, ce jour-là, accompagné du Premier ministre fidjien, Laisenia Qarase et de 600 personnes. “Nous croyons que nous avons été maudits et que nous devons nous excuser pour ce qui est arrivé. Quand nous aurons fait nos excuses, nous serons à nouveau propres” avait solennellement expliqué le chef du village, Filimoni Nawawabalevu.
Une mission périlleuse
Mais que s'est-il donc passé ce 21 juillet 1867, pour qu'une tragédie vieille de plus d'un siècle empoisonne la vie d'une communauté supposée avoir oublié cette affaire ?
Il faut pour cela reprendre le fil de la vie de Thomas Baker, un révérend missionnaire méthodiste, né dans le Sussex, en Angleterre, le 6 février 1832. Lorsque le drame survint, il était âgé de 35 ans et était arrivé dans le Pacifique Sud en 1839, à l'âge de 7 ans, son père, charpentier, ayant décidé de tenter sa chance en Australie.
Marié à Harriet Moon, Thomas fut accepté comme pasteur ayant à confirmer sa vocation et à faire ses preuves sur le terrain ; c'est ainsi qu'il débarqua le 5 avril 1859 aux îles Fidji, un archipel mélanésien connu pour la forte personnalité de ses habitants et leur goût pour la chair humaine. Tout se déroula fort bien pour le jeune révérend, qui passa ses six premières années sans véritablement faire parler de lui, mais en consacrant toute son énergie à son travail d'évangélisation.
En 1867, il fut affecté à une nouvelle mission, à Davuilevu, sur la Rewa River ; fut-il ensuite envoyé contre son gré dans l'intérieur des terres où régnait encore le paganisme pré européen ? Fut-il, c'est beaucoup plus probable, volontaire pour cette mission périlleuse ?
Sept victimes dévorées
Toujours est-il que le révérend Baker décida de remonter le cours de la rivière Wainimala sur sa rive est, afin de pénétrer profondément l'intérieur de l'île de Viti Levu.
Mal lui en prit : des Fidjiens réfractaires à la bonne parole lui tendirent une embuscade dans les Navosa Highlands et le capturèrent ; sur les neuf hommes qui l'escortaient, deux parvinrent à s'échapper, mais sept autres, dont la mission a conservé l'identité, furent pris.
Que se passa-t-il entre la capture des huit hommes et leur arrivée au village ? Nul ne le sait, sinon que le rocher sur lequel on aurait fracassé la tête du missionnaire est encore visible dans le village de Nabutautau ; tous ceux qui l'accompagnaient subirent le même sort et tous furent allègrement dévorés par leurs bourreaux.
A ce titre, et pour mieux mesurer la gravité de ce faits divers, il faut préciser que Thomas Baker est le seul missionnaire à avoir été tué et mangé aux îles Fidji, où, pourtant, l'évangélisation ne se fit pas facilement.
Conséquence immédiate de ce meurtre, la mission de Davuilevu fut fermée en 1868, avant de rouvrir quelques années plus tard.
Précédé par une dent de cachalot
Ce décès tragique et cette fin abominable ont longtemps été expliqués de deux façons ; une version assure que Baker aurait commis l'imprudence de toucher de sa main la tête d'un chef, ce qui était considéré comme un sacrilège suprême, ne pouvant être lavé que par la mort de celui qui avait brisé le tabou. Une autre version explique que le pasteur remonta le cours de la rivière sur sa rive est, mais qu'il fut précédé, sur la rive ouest, par une dent de cachalot. Ce trophée était la pièce la plus recherchée par les chefs fidjiens et par ceux des montagnes encore plus que par ceux de la côte, puisque n'ayant aucun accès à la mer, ils n'étaient jamais en contact avec les baleiniers qui échangeaient cette précieuse marchandise (sans valeur à leurs yeux) contre du ravitaillement ou des curiosités. Or, accepter une dent de cachalot, c'était accepter aussi une contrepartie ; ce que raconte parfaitement bien et de manière très colorée Jack London dans sa nouvelle “The Whale Tooth”, puisque l'écrivain reprit la tragédie pour en faire une de ses célèbres histoires ayant pour cadre le Pacifique Sud.
En ce cas, théorie de London et des beaucoup d’historiens, c'est un ennemi de Baker qui aurait manigancé le don de la dent de cachalot et donc la mort du pasteur. Une dent en échange de huit vies…
Martyre et malédiction
136 ans plus tard, les habitants du petit village lieu de la tragédie avouaient que leur geste de demande de pardon n'était pas entièrement désintéressé, puisque Nabutautau, au cœur de Viti Levu, n'avait pas encore été touché par le progrès : ni route d'accès, ni école, ni dispensaire médical, rien de ce qui rend aujourd'hui la vie plus facile à des milliers d'autres villageois fidjiens.
Il fallait bien qu'une malédiction liée au martyre d’un révérend explique cet isolement…
Textes : Daniel Pardon
L'affaire du martyre du révérend Baker et du repas cannibale qui suivit fut si grave, que le village ayant été le théâtre de ce drame, Nabutautau, organisa le 12 novembre 2003, une cérémonie officielle de pardon et d'excuses envers les descendants de ce missionnaire. 136 ans après le drame, il faut croire que le festin monstrueux avait eu bien du mal à passer et que, de génération en génération, ce sacrifice se transmettait avec un poids insupportable, celui de la culpabilité.
En novembre 2003, l'arrière arrière petit-fils de Thomas Baker, Geoff Baker était, ce jour-là, accompagné du Premier ministre fidjien, Laisenia Qarase et de 600 personnes. “Nous croyons que nous avons été maudits et que nous devons nous excuser pour ce qui est arrivé. Quand nous aurons fait nos excuses, nous serons à nouveau propres” avait solennellement expliqué le chef du village, Filimoni Nawawabalevu.
Une mission périlleuse
Mais que s'est-il donc passé ce 21 juillet 1867, pour qu'une tragédie vieille de plus d'un siècle empoisonne la vie d'une communauté supposée avoir oublié cette affaire ?
Il faut pour cela reprendre le fil de la vie de Thomas Baker, un révérend missionnaire méthodiste, né dans le Sussex, en Angleterre, le 6 février 1832. Lorsque le drame survint, il était âgé de 35 ans et était arrivé dans le Pacifique Sud en 1839, à l'âge de 7 ans, son père, charpentier, ayant décidé de tenter sa chance en Australie.
Marié à Harriet Moon, Thomas fut accepté comme pasteur ayant à confirmer sa vocation et à faire ses preuves sur le terrain ; c'est ainsi qu'il débarqua le 5 avril 1859 aux îles Fidji, un archipel mélanésien connu pour la forte personnalité de ses habitants et leur goût pour la chair humaine. Tout se déroula fort bien pour le jeune révérend, qui passa ses six premières années sans véritablement faire parler de lui, mais en consacrant toute son énergie à son travail d'évangélisation.
En 1867, il fut affecté à une nouvelle mission, à Davuilevu, sur la Rewa River ; fut-il ensuite envoyé contre son gré dans l'intérieur des terres où régnait encore le paganisme pré européen ? Fut-il, c'est beaucoup plus probable, volontaire pour cette mission périlleuse ?
Sept victimes dévorées
Toujours est-il que le révérend Baker décida de remonter le cours de la rivière Wainimala sur sa rive est, afin de pénétrer profondément l'intérieur de l'île de Viti Levu.
Mal lui en prit : des Fidjiens réfractaires à la bonne parole lui tendirent une embuscade dans les Navosa Highlands et le capturèrent ; sur les neuf hommes qui l'escortaient, deux parvinrent à s'échapper, mais sept autres, dont la mission a conservé l'identité, furent pris.
Que se passa-t-il entre la capture des huit hommes et leur arrivée au village ? Nul ne le sait, sinon que le rocher sur lequel on aurait fracassé la tête du missionnaire est encore visible dans le village de Nabutautau ; tous ceux qui l'accompagnaient subirent le même sort et tous furent allègrement dévorés par leurs bourreaux.
A ce titre, et pour mieux mesurer la gravité de ce faits divers, il faut préciser que Thomas Baker est le seul missionnaire à avoir été tué et mangé aux îles Fidji, où, pourtant, l'évangélisation ne se fit pas facilement.
Conséquence immédiate de ce meurtre, la mission de Davuilevu fut fermée en 1868, avant de rouvrir quelques années plus tard.
Précédé par une dent de cachalot
Ce décès tragique et cette fin abominable ont longtemps été expliqués de deux façons ; une version assure que Baker aurait commis l'imprudence de toucher de sa main la tête d'un chef, ce qui était considéré comme un sacrilège suprême, ne pouvant être lavé que par la mort de celui qui avait brisé le tabou. Une autre version explique que le pasteur remonta le cours de la rivière sur sa rive est, mais qu'il fut précédé, sur la rive ouest, par une dent de cachalot. Ce trophée était la pièce la plus recherchée par les chefs fidjiens et par ceux des montagnes encore plus que par ceux de la côte, puisque n'ayant aucun accès à la mer, ils n'étaient jamais en contact avec les baleiniers qui échangeaient cette précieuse marchandise (sans valeur à leurs yeux) contre du ravitaillement ou des curiosités. Or, accepter une dent de cachalot, c'était accepter aussi une contrepartie ; ce que raconte parfaitement bien et de manière très colorée Jack London dans sa nouvelle “The Whale Tooth”, puisque l'écrivain reprit la tragédie pour en faire une de ses célèbres histoires ayant pour cadre le Pacifique Sud.
En ce cas, théorie de London et des beaucoup d’historiens, c'est un ennemi de Baker qui aurait manigancé le don de la dent de cachalot et donc la mort du pasteur. Une dent en échange de huit vies…
Martyre et malédiction
136 ans plus tard, les habitants du petit village lieu de la tragédie avouaient que leur geste de demande de pardon n'était pas entièrement désintéressé, puisque Nabutautau, au cœur de Viti Levu, n'avait pas encore été touché par le progrès : ni route d'accès, ni école, ni dispensaire médical, rien de ce qui rend aujourd'hui la vie plus facile à des milliers d'autres villageois fidjiens.
Il fallait bien qu'une malédiction liée au martyre d’un révérend explique cet isolement…
Textes : Daniel Pardon
La plus célèbre photo de cannibales fidjiens préparant leur repas ; ce cliché est daté de 1869. Est-ce un authentique “banquet” ou une mise en scène ? Nous l’ignorons, mais le document est incontournable quand on évoque le passé de Fidji.
Les victimes
Voici les noms des malheureux tués avec le révérend Baker : Setareki Seileka, Sisa Tuilekutu, Navitalai Torau, Nemani Raqio, Taniela Batirerega, Josefata Tabuakarawa et Setareki Nadu. Deux hommes, Aisea et Josefa Nagata, parvinrent à s’échapper et à témoigner.
Voici les noms des malheureux tués avec le révérend Baker : Setareki Seileka, Sisa Tuilekutu, Navitalai Torau, Nemani Raqio, Taniela Batirerega, Josefata Tabuakarawa et Setareki Nadu. Deux hommes, Aisea et Josefa Nagata, parvinrent à s’échapper et à témoigner.
Voici les restes du révérend qui ont été rendus à ses descendants lors de la cérémonie de réconciliation.
Les cent dents…
Le repentir du village de Nabutautau, au début du XXe siècle, s’explique par un certain nombre de raisons. La première est géographique : alors que le village est situé en hauteur, entouré par de denses forêts tropicales, les terres à proximité immédiate de Nabutautau sont très sèches, privées de cette végétation luxuriante qui permet de faire pousser arbres et plantes nourricières partout ailleurs. Les villageois doivent lutter en permanence pour trouver ou produire suffisamment de nourriture. Autre souci, beaucoup de lignées familiales, au fil du temps, se sont éteintes, faute de nouvelle génération ; femmes stériles, accidents, décès suspects, les Nabutautau avaient, depuis des décennies, bien du mal à survivre. Et aucun enfant, compte tenu de la pauvreté de leurs parents, n’avait jamais pu accéder à l’enseignement du niveau d’un lycée. La plus proche école se trouve en effet à près de 40 km, à effectuer à marches forcées dans la jungle, faute de route ou de chemin carrossable.
Le souvenir de la disparition tragique de trois des fils du chef ayant fait exécuter Baker et ses compagnons, peu de temps après le coupable repas, hantait également les esprits.
Pour Tomas Baravilala, un ancien du village, il n’y avait pas de doute à avoir : “les autres Fidjiens ont voulu nous punir pour ce qui est arrivé au village“.
C’est donc pour toutes ces raisons et pour conjurer la malédiction que les 200 membres de la petite communauté décidèrent, en 2006, de mettre sur pied un complexe rite de réconciliation, à travers une cérémonie offerte aux descendants du révérend Baker. La première démarche fut de retrouver les ayants droit de Baker, qui reçurent, de Fidji, la bible de leur ancêtre, son peigne et les semelles de ses chaussures. Des ballons furent lâchés dans le ciel en l’honneur de Thomas Baker et de ses compagnons et, suprême cadeau, onze descendants de Baker reçurent 100 dents de cachalot, les fameux “tabua” fidjiens.
Les Nabutautau tenaient à mettre le prix à leur acte de repentance, à clamer à la face du monde qu’ils demandaient à être pardonnés et lavés de la faute de leurs ancêtres pour enfin recevoir de l’extérieur plus d’aide et ainsi mieux vivre.
Le repentir du village de Nabutautau, au début du XXe siècle, s’explique par un certain nombre de raisons. La première est géographique : alors que le village est situé en hauteur, entouré par de denses forêts tropicales, les terres à proximité immédiate de Nabutautau sont très sèches, privées de cette végétation luxuriante qui permet de faire pousser arbres et plantes nourricières partout ailleurs. Les villageois doivent lutter en permanence pour trouver ou produire suffisamment de nourriture. Autre souci, beaucoup de lignées familiales, au fil du temps, se sont éteintes, faute de nouvelle génération ; femmes stériles, accidents, décès suspects, les Nabutautau avaient, depuis des décennies, bien du mal à survivre. Et aucun enfant, compte tenu de la pauvreté de leurs parents, n’avait jamais pu accéder à l’enseignement du niveau d’un lycée. La plus proche école se trouve en effet à près de 40 km, à effectuer à marches forcées dans la jungle, faute de route ou de chemin carrossable.
Le souvenir de la disparition tragique de trois des fils du chef ayant fait exécuter Baker et ses compagnons, peu de temps après le coupable repas, hantait également les esprits.
Pour Tomas Baravilala, un ancien du village, il n’y avait pas de doute à avoir : “les autres Fidjiens ont voulu nous punir pour ce qui est arrivé au village“.
C’est donc pour toutes ces raisons et pour conjurer la malédiction que les 200 membres de la petite communauté décidèrent, en 2006, de mettre sur pied un complexe rite de réconciliation, à travers une cérémonie offerte aux descendants du révérend Baker. La première démarche fut de retrouver les ayants droit de Baker, qui reçurent, de Fidji, la bible de leur ancêtre, son peigne et les semelles de ses chaussures. Des ballons furent lâchés dans le ciel en l’honneur de Thomas Baker et de ses compagnons et, suprême cadeau, onze descendants de Baker reçurent 100 dents de cachalot, les fameux “tabua” fidjiens.
Les Nabutautau tenaient à mettre le prix à leur acte de repentance, à clamer à la face du monde qu’ils demandaient à être pardonnés et lavés de la faute de leurs ancêtres pour enfin recevoir de l’extérieur plus d’aide et ainsi mieux vivre.
Un tabua fidjien, dent de cachalot portée autour du cou. C’est parce que le chef de Nabutautau en aurait reçu et accepté une d’un chef de la côte (ennemi du révérend) qu’en échange, il devait tuer Baker et ceux qui l’accompagnaient.
Un village hanté
Outre le poids du meurtre de Baker, les villageois de Nabutautau étaient confrontés, avant la réconciliation avec les descendants du missionnaire, à de multiples phénomènes paranormaux. Pour parler plus simplement, le village était hanté. Beaucoup de personnes, la nuit, ont entendu, dans la brousse alentour, des cris et des pleurs et certains ont même vu des fantômes. Une équipe américaine de télévision, pour le compte de l’émission “Destination Truth”, enquêta sur place ; ses membres entendirent, eux aussi, des bruits et virent même une lumière dans une petite grotte qui servit de four pour cuire Baker et ses amis. L’équipe de tournage enregistra également des cris et des voix à l’endroit où le révérend avait été mis à mort. Sur l’équivalent d’un de nos marae, les cinéastes découvrirent une substance rouge fraîche, qui s’avéra, après analyse, être du sang. Enfin, ils parvinrent à filmer la hache qui tua Baker se déplaçant seule ! Pire, une nuit, les Américains sentirent qu’on leur touchait le cou, comme si l’on s’apprêtait à leur asséner un coup mortel. Conclusion de “Destination Truth”, le village est le réceptacle d’une énergie paranormale liée, sans doute, au massacre du missionnaire et de sa suite.
Outre le poids du meurtre de Baker, les villageois de Nabutautau étaient confrontés, avant la réconciliation avec les descendants du missionnaire, à de multiples phénomènes paranormaux. Pour parler plus simplement, le village était hanté. Beaucoup de personnes, la nuit, ont entendu, dans la brousse alentour, des cris et des pleurs et certains ont même vu des fantômes. Une équipe américaine de télévision, pour le compte de l’émission “Destination Truth”, enquêta sur place ; ses membres entendirent, eux aussi, des bruits et virent même une lumière dans une petite grotte qui servit de four pour cuire Baker et ses amis. L’équipe de tournage enregistra également des cris et des voix à l’endroit où le révérend avait été mis à mort. Sur l’équivalent d’un de nos marae, les cinéastes découvrirent une substance rouge fraîche, qui s’avéra, après analyse, être du sang. Enfin, ils parvinrent à filmer la hache qui tua Baker se déplaçant seule ! Pire, une nuit, les Américains sentirent qu’on leur touchait le cou, comme si l’on s’apprêtait à leur asséner un coup mortel. Conclusion de “Destination Truth”, le village est le réceptacle d’une énergie paranormale liée, sans doute, au massacre du missionnaire et de sa suite.
Un magnifique portrait de guerrier fidjien au XIXe siècle. Malheureusement, la pratique du cannibalisme était très ancrée dans les moeurs de l’époque et l’archipel avait la pire des réputations.
Quelques armes utilisées par les Fidjiens au combat, pour venir à bout de leurs ennemis. But final, leur briser le crâne.
Paroles de missionnaires
Si Baker fut le seul missionnaire à être dévoré aux Fidji, les autres, qui tentaient de survivre dans leurs missions isolées, entourés d’indigènes hostiles, ont pu témoigner de nombreuses horreurs, les Fidjiens maniant l'art de la provocation à merveille et multipliant souvent les actes de cruauté et de sauvagerie aux abords immédiats des missions dans l'espoir de faire partir ces prêcheurs.
1844 : Thomas Jaggar
“Deux hommes furent capturés vivants pendant une guerre à Viwa et furent ramenés de là à Kamba, pour y être tués (…) La cruelle mise à mort fut alors perpétrée : les hommes condamnés à mort creusèrent un grand trou dans la terre dans le but de faire un four à la façon locale ; ils furent ensuite réquisitionnés pour ramasser le bois nécessaire à la cuisson de leurs propres corps. Ils furent ensuite obligés de se laver et après cela durent faire une coupe en feuilles de bananiers. Celle-ci, après que l'on eut ouvert une veine à chacun d'eux fut vite remplie de leur sang. Ce sang fut alors bu par les gens de Kamba, devant les deux suppliciés.
Le chef Bau, fit ensuite couper leurs bras et leurs jambes, les fit cuire et les mangea, une partie de cette chair leur étant présentée. Il ordonna ensuite qu'un hameçon de pêche leur fût planté dans leurs langues, hameçon sur lequel on tira le plus loin possible avant de les couper. Elles furent alors grillées et mangées, sous les moqueries : “On est en train de manger vos langues !” Comme la vie n'avait pas encore quitté les victimes, une incision fut pratiquée sur le côté de chacun des deux hommes et leurs intestins furent arrachés. Cela mit rapidement fin à leurs souffrances en ce monde”.
1844-1850 : Révérend John Watsford
Fidji, 6 novembre 1846. “Nous ne pouvons pas dire combien ont été tués. Des centaines de malheureux restes humains nous ont été envoyés (…). Des centaines de corps étaient lancés sur la plage de Vewa, ayant été amenés de Bau, où ils avaient été jetés à la mer, compte tenu du fait qu'ils étaient trop nombreux à Bau pour tous y être mangés. Bau, réellement, empesta durant de nombreux jours la chair humaine ayant été cuite dans chaque maison, et les entrailles ayant été jetées dehors pour servir de nourriture aux cochons ou étant laissées à pourrir au soleil.
Le peuple Somosomo fut nourri avec de la chair humaine pendant son séjour à Bau, à l'occasion d'une visite qui s'y déroula. Certains chefs d'autres tribus, quand ils amenaient leur nourriture, portaient un morceau de corps humain sur une épaule et un autre de porc sur l'autre épaule ; mais ils préféraient toujours le “cochon long”, comme ils appelaient les hommes, quand ils étaient cuits. Une femme, qui avait été tuée par un casse-tête, avait été laissée sur la plage, en face de notre maison, à Vewa. La tête de la pauvre créature avait été mise en pièces et son corps complètement déshabillé. Est-ce que cela avait été fait par les païens pour nous insulter ou pas, nous ne le savons pas”.
12 octobre 1835 - 2 septembre 1840 : David Cargill
“Jeudi 31 octobre 1839. Ce matin, nous avons été témoins d'un spectacle choquant. Vingt corps, d'hommes, de femmes et d'enfants furent amenés à Rewa, cadeau de la part de Tanoa. Ils ont été distribués parmi les gens, ont été cuits et mangés. Ils avaient été traînés dans la mer et sur la plage. Les enfants s'amusaient eux-mêmes en maltraitant et en mutilant le corps d'une petite fille. Un groupe d'hommes et de femmes maltraita le corps d'un homme âgé, aux cheveux blancs, et celui d'un jeune homme. Les entrailles humaines flottaient dans le courant de la rivière en face des locaux de la mission. Des membres mutilés, des têtes, des troncs de corps ayant appartenu à des humains flottaient un peu partout et dans quelque direction que ce soit, se présentaient à nous des scènes suscitant le dégoût et l'horreur. Combien il est vrai que les places sombres de la Terre sont la demeure de cruautés”.
Si Baker fut le seul missionnaire à être dévoré aux Fidji, les autres, qui tentaient de survivre dans leurs missions isolées, entourés d’indigènes hostiles, ont pu témoigner de nombreuses horreurs, les Fidjiens maniant l'art de la provocation à merveille et multipliant souvent les actes de cruauté et de sauvagerie aux abords immédiats des missions dans l'espoir de faire partir ces prêcheurs.
1844 : Thomas Jaggar
“Deux hommes furent capturés vivants pendant une guerre à Viwa et furent ramenés de là à Kamba, pour y être tués (…) La cruelle mise à mort fut alors perpétrée : les hommes condamnés à mort creusèrent un grand trou dans la terre dans le but de faire un four à la façon locale ; ils furent ensuite réquisitionnés pour ramasser le bois nécessaire à la cuisson de leurs propres corps. Ils furent ensuite obligés de se laver et après cela durent faire une coupe en feuilles de bananiers. Celle-ci, après que l'on eut ouvert une veine à chacun d'eux fut vite remplie de leur sang. Ce sang fut alors bu par les gens de Kamba, devant les deux suppliciés.
Le chef Bau, fit ensuite couper leurs bras et leurs jambes, les fit cuire et les mangea, une partie de cette chair leur étant présentée. Il ordonna ensuite qu'un hameçon de pêche leur fût planté dans leurs langues, hameçon sur lequel on tira le plus loin possible avant de les couper. Elles furent alors grillées et mangées, sous les moqueries : “On est en train de manger vos langues !” Comme la vie n'avait pas encore quitté les victimes, une incision fut pratiquée sur le côté de chacun des deux hommes et leurs intestins furent arrachés. Cela mit rapidement fin à leurs souffrances en ce monde”.
1844-1850 : Révérend John Watsford
Fidji, 6 novembre 1846. “Nous ne pouvons pas dire combien ont été tués. Des centaines de malheureux restes humains nous ont été envoyés (…). Des centaines de corps étaient lancés sur la plage de Vewa, ayant été amenés de Bau, où ils avaient été jetés à la mer, compte tenu du fait qu'ils étaient trop nombreux à Bau pour tous y être mangés. Bau, réellement, empesta durant de nombreux jours la chair humaine ayant été cuite dans chaque maison, et les entrailles ayant été jetées dehors pour servir de nourriture aux cochons ou étant laissées à pourrir au soleil.
Le peuple Somosomo fut nourri avec de la chair humaine pendant son séjour à Bau, à l'occasion d'une visite qui s'y déroula. Certains chefs d'autres tribus, quand ils amenaient leur nourriture, portaient un morceau de corps humain sur une épaule et un autre de porc sur l'autre épaule ; mais ils préféraient toujours le “cochon long”, comme ils appelaient les hommes, quand ils étaient cuits. Une femme, qui avait été tuée par un casse-tête, avait été laissée sur la plage, en face de notre maison, à Vewa. La tête de la pauvre créature avait été mise en pièces et son corps complètement déshabillé. Est-ce que cela avait été fait par les païens pour nous insulter ou pas, nous ne le savons pas”.
12 octobre 1835 - 2 septembre 1840 : David Cargill
“Jeudi 31 octobre 1839. Ce matin, nous avons été témoins d'un spectacle choquant. Vingt corps, d'hommes, de femmes et d'enfants furent amenés à Rewa, cadeau de la part de Tanoa. Ils ont été distribués parmi les gens, ont été cuits et mangés. Ils avaient été traînés dans la mer et sur la plage. Les enfants s'amusaient eux-mêmes en maltraitant et en mutilant le corps d'une petite fille. Un groupe d'hommes et de femmes maltraita le corps d'un homme âgé, aux cheveux blancs, et celui d'un jeune homme. Les entrailles humaines flottaient dans le courant de la rivière en face des locaux de la mission. Des membres mutilés, des têtes, des troncs de corps ayant appartenu à des humains flottaient un peu partout et dans quelque direction que ce soit, se présentaient à nous des scènes suscitant le dégoût et l'horreur. Combien il est vrai que les places sombres de la Terre sont la demeure de cruautés”.
Anglais et Fidjiens se sont réconciliés officiellement en 2003 à Nabutautau : en photo, le descendant (à la quatrième génération) de Thomas Baker, Les Lester, et le chef Ratu Filimoni Nawawabalavu.