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Carnet de voyage - Antigua, temple du jade maya


Une jeune Indienne Kakchiquel s’est caché derrière un masque mortuaire, réplique d’une pièce provenant d’une tombe de Tikal.
Une jeune Indienne Kakchiquel s’est caché derrière un masque mortuaire, réplique d’une pièce provenant d’une tombe de Tikal.
AMERIQUE CENTRALE, le 11 avril 2019. Vous rêvez d’artisanat d’art précolombien, de jade, d’Indiens colorés et de dépaysement ? Cap sur Antigua, l’ancienne capitale du Guatemala.

Bien avant les conquistadores et même les Aztèques, la civilisation des Mayas avait marqué de son empreinte le sud-est du Mexique et tout l’actuel Guatemala. Personne aujourd’hui ne sait encore avec certitude pourquoi les immenses cités État de cette nation ont disparu aux alentours du Xe siècle.

Palenque, Uxmal, Chichen Itza, Copan, Tikal dressent leurs vestiges dans les jungles de cette région chaude et gardent tout leur mystère. On peut pourtant facilement, aujourd’hui, se replonger dans la mythologie maya grâce au travail remarquable d’un certain nombre de fabriques installées dans la cité d’Antigua, ancienne capitale du Guatemala. Des hommes, là-bas, reconstituent patiemment tout le panthéon maya en travaillant la plus noble des pierres de la Méso-Amérique, le jade.

Boutiques et fabriques

La devanture est plutôt celle d’une bijouterie de luxe, même si les pièces exposées sont autant des masques que des petits objets. L’arrière-cour est une fabrique, un atelier, rythmé par le bruit incessant des meuleuses entamant avec patience le jade brut extrait de montagnes distantes de deux cents kilomètres. À Antigua, sont concentrées les plus grosses tailleries de la noble jadéite, une pierre dure que l’on ne trouve qu’en Birmanie et au Guatemala.

Outre des pièces classiques, des reproductions faites à partir d’originaux visibles dans les musées, ces ateliers exposent aussi des créations plus modernes (voire même, parfois quelques pièces anciennes qui ne sont pas à la vente).

Les mines retrouvées

Dans le monde maya, le jade était bien plus précieux que l’or ; comme les Chinois et, plus tard, les Maoris, les Mayas considéraient que cette pierre était sacrée. Ils en extrayaient notamment de l’actuelle Sierra de Las Minas, massif montagneux qui domine la “carettera el Atlantico”, la route qui relie les Caraïbes à Guatemala Cuidad.

Le mot de mine est sans doute bien exagéré pour parler de ces simples carrières à ciel ouvert où les Mayas extrayaient leur jade, techniquement une jadéite (contrairement à la Nouvelle-Zélande où était exploitée une néphrite moins noble). Après la disparition de leur civilisation et, plus tard, l’arrivée des conquistadores, l’origine du jade maya (qu’appréciaient tout autant les Aztèques) se perdit. Il fallut attendre des fouilles dans les années 1950 pour que les sites soient retrouvés et que renaisse une industrie de la jadéite au Guatemala.

Bien entendu, les artisans d’aujourd’hui utilisent des matériels modernes (des scies à diamant notamment) mais, comble de l’ironie, il y a des pièces anciennes, fabriquées à la main, que l’on est toujours dans l’incapacité de reproduire tant elles sont complexes. Bien entendu, les Mayas ont emporté avec eux leurs secrets de fabrication. Rien qu’en ponçage, on estime que certains objets nécessitaient cinq à dix ans de travail à la main. Aujourd’hui, il ne faut plus que quelques jours, pour ceux que l’on sait reproduire.

Porte-bonheur

Pourquoi ce travail méticuleux de reproduction ? D’abord parce que le marché noir de pièces originales anciennes menaçait les musées et les sites archéologiques. Ensuite parce que la demande est très forte pour un certain nombre de ces pièces, compte tenu des divinités qu’elles représentent et de la valeur qui est accordée au jade en tant que pierre susceptible de porter bonheur et d’écarter les maladies.

À partir de pratiquement rien, sans aucun savoir-faire, des artisans d’Antigua ont donc rouvert, voilà quelques décennies, des ateliers (grâce à un spécialiste belge, Pierre de Vaux, qui forma des ouvriers locaux dès 1970).

Ils se sont ensuite procuré des photos, parfois des répliques auprès des grands musées et ont donc remis au goût du jour ces copies de pièces archéologiques refaites avec une minutie et une précision souvent stupéfiantes.

Bien sûr, on ne se rend pas au Guatemala que pour acheter du jade (d’autant qu’on peut très bien le faire par Internet), mais à l’occasion d’un voyage dans ce pays si touristique et si coloré, il serait dommage de passer à côté de ces pièces d’artisanat d’art d’une exceptionnelle beauté.

Textes et photos : Daniel Pardon

Néphrite et jadéite

Le jade guatémaltèque n’est pas de même nature que le jade de Chine, de Nouvelle-Zélande et de Colombie britannique : il s’agit, dans ces trois derniers pays, d’une roche appelée néphrite, extrêmement dure, dont les teintes sont très changeantes, d’un vert gris peu séduisant à un vert émeraude extraordinaire (on parle alors de jade de qualité impériale).

Au Guatémala, ce jade est une jadéite bien plus rare que la néphrite, plus noble aussi, que l’on ne trouve ailleurs dans le monde qu’en Birmanie.
Le jade (on prononce “hradé” en espagnol) est réputé porter bonheur et prospérité à celui qui en possèdent. Il préviendrait également de nombreuses maladies, dont celles des reins (nephros signifie rein en grec ancien).

Antigua pratique

Hébergement

Une multitude d’hôtels coloniaux charmants à Antigua. Les préférences de Tahiti Infos ? l’Hotel San Jorge, la Posada del Angel, l’Hotel Meson del Valle, l’hôtel El Carmen Suites, le Pensativo House Hôtel (sublime, très courru pour les mariages haut de gamme), l’Hotel Quinta de las Flores, la Casa Santa Rosa Hotel Boutique.
Comptez 70 à 180 US$ la nuit. Rajouter 22 % de taxe pour les prix des chambres.

Quelques contacts :

- La Casa del Jade (www.lacasadeljade.com)
- Jade Maya (www.theantiguaguide.com/jade-maya)
- El Reino del Jade (www.theantiguaguide.com/el-reino-del-jade-s-a)
Les bijoux, comme les répliques de pièces anciennes, se payent avec des cartes de crédit dans ces établissements. Comptez 500 à 2 000 dollars US pour un masque à taille réelle.

Argent

Des dollars, encore des dollars, toujours des dollars, en espèces pour les petites dépenses. Le quetzal, la monnaie locale, est fort jolie, mais encombrante et peu utile. Pour ce qui relève du tourisme, payements par cartes de crédit.

Sécurité

Le Guatemala traîne à juste titre une mauvaise réputation à ses basques. Il y a des risques d’agressions dans certains secteurs. En clair, les bandits de grand chemin existent (ils volent et ils tuent), il faut donc être prudent et suivre les conseils des professionnels sur place (évitez la capitale, Guatemala City).

Un sculpteur guatémaltèque présentant son travail : une merveille naît dans ses mains.
Un sculpteur guatémaltèque présentant son travail : une merveille naît dans ses mains.

Une jeune Indienne avec le masque du dieu Pacal, retrouvé dans une tombe de Palenque.
Une jeune Indienne avec le masque du dieu Pacal, retrouvé dans une tombe de Palenque.

Une pièce exceptionnelle, un crâne de cacique Maya ; par vénération pour le jade, il s’était fait incruster de son vivant deux perles de jade sur les incisives. Sans dentiste !
Une pièce exceptionnelle, un crâne de cacique Maya ; par vénération pour le jade, il s’était fait incruster de son vivant deux perles de jade sur les incisives. Sans dentiste !

Cette réplique de masque mortuaire trouvé à Tikal est le plus célèbre des jades mayas.
Cette réplique de masque mortuaire trouvé à Tikal est le plus célèbre des jades mayas.

Masque de Rio Azul, Peten (Mexique).
Masque de Rio Azul, Peten (Mexique).

Un mineur dans le sud du Guatemala, où l’on a retrouvé depuis quelques décennies à peine la source du jade maya (rio Motagua). Il n’est pas appuyé contre un banal rocher mais à un énorme bloc de jade, impossible à déplacer.
Un mineur dans le sud du Guatemala, où l’on a retrouvé depuis quelques décennies à peine la source du jade maya (rio Motagua). Il n’est pas appuyé contre un banal rocher mais à un énorme bloc de jade, impossible à déplacer.

Ce dieu maya, réplique d’un original, réalisé dans un jade splendide, mesure 14,5 cm de hauteur et pèse 1,125 kg (densité de la jadéite : 3,4).
Ce dieu maya, réplique d’un original, réalisé dans un jade splendide, mesure 14,5 cm de hauteur et pèse 1,125 kg (densité de la jadéite : 3,4).

Masque mortuaire trouvé dans le Chiapas (Mexique).
Masque mortuaire trouvé dans le Chiapas (Mexique).

Réplique d’un ancien masque mortuaire représentant le dieu Calakmul.
Réplique d’un ancien masque mortuaire représentant le dieu Calakmul.

Le dieu du maïs, d’une importance capitale dans le panthéon maya d’autrefois.
Le dieu du maïs, d’une importance capitale dans le panthéon maya d’autrefois.

Bijoux en jade de lune (blanc).
Bijoux en jade de lune (blanc).

Bijoux en jade noir.
Bijoux en jade noir.

Bijoux en jade vert piqueté, dit « jade d’or ».
Bijoux en jade vert piqueté, dit « jade d’or ».

Jade vert semi-impérial.
Jade vert semi-impérial.

Reproduction d’une stèle maya représentant un souverain recevant un tribut.
Reproduction d’une stèle maya représentant un souverain recevant un tribut.

L’atelier d’un graveur ; les masques sont réalisés par collage des pièces de jade sur une forme en bois qui sera ensuite enlevée.
L’atelier d’un graveur ; les masques sont réalisés par collage des pièces de jade sur une forme en bois qui sera ensuite enlevée.

Rédigé par Daniel PARDON le Jeudi 11 Avril 2019 à 16:48 | Lu 1342 fois