Alejandro Malaspina au temps de sa gloire ; il venait d’effectuer un tour du monde et repartait pour une expédition exceptionnelle de découvertes, digne de Cook ou de La Pérouse.
PACIFIQUE, le 12 octobre 2018. Des grands navigateurs du XVIIIe siècle, l’Histoire a essentiellement retenu le nom de Britanniques ou de Français : ainsi connaissons-nous Wallis et Cook, Bougainville et La Pérouse, entre autres... Curieusement, du côté des Espagnols, ce sont les navigateurs du XVIe et du début du XVIIe qui sont passés à la postérité : Mendana et Quiros essentiellement. Et pourtant, le Pacifique fut loin de rester vide de bateaux ibériques après eux…
Au XVIIIe siècle, les Espagnols étaient toujours présents dans « leur » océan (depuis le traité de Tordesillas le 7 juin 1494, qui partagea le Nouveau Monde entre Castille et Portugal, ils considéraient que le Pacifique était à eux). Ainsi, Felipe Gonzalez de Ahedo prit possession de l’île de Pâques en novembre 1770. Certes, Boenechea effectua un voyage à Tahiti en 1772, suivi d’un autre en 1774 (au cours duquel Boenechea décéda à Tautira le 26 janvier 1775). Un ultime voyage, sous la houlette de Cayetano de Langara, fin 1775, entérina l’échec de l’implantation des Espagnols à Tahiti et le rapatriement des missionnaires laissés par Boenechea.
Au XVIIIe siècle, les Espagnols étaient toujours présents dans « leur » océan (depuis le traité de Tordesillas le 7 juin 1494, qui partagea le Nouveau Monde entre Castille et Portugal, ils considéraient que le Pacifique était à eux). Ainsi, Felipe Gonzalez de Ahedo prit possession de l’île de Pâques en novembre 1770. Certes, Boenechea effectua un voyage à Tahiti en 1772, suivi d’un autre en 1774 (au cours duquel Boenechea décéda à Tautira le 26 janvier 1775). Un ultime voyage, sous la houlette de Cayetano de Langara, fin 1775, entérina l’échec de l’implantation des Espagnols à Tahiti et le rapatriement des missionnaires laissés par Boenechea.
Un voyage de quatre années
Mais convenons-en, la renommée de Boenechea, comme de Ahedo et celle de Langara n’a rien de comparable avec la célébrité dont jouissent les navigateurs anglais et français précédemment nommés.
Pire, Alejandro Malaspina, qui a pourtant effectué un voyage digne des plus grands périples de l’époque, est bien loin d’occuper la même place que ses contemporains. Qui se souvient encore, dans le Pacifique Sud, de cet explorateur qui sillonna les mers quatre années durant lors d’une expédition menée de manière exemplaire ? Plus grand monde et c’est bien dommage, car l’homme, un humaniste très en avance sur son temps, baigné par les philosophes du Siècle des Lumières, valait bien, par sa hauteur de vue, un Cook ou un La Pérouse. Il est vrai qu’il eut un tort : son ouverture d’esprit se solda, à son retour en Espagne, non pas par un accueil triomphal mais par une condamnation à dix ans de prison. Il était accusé d’être un révolutionnaire et de conspirer contre l’empire espagnol…
Pire, Alejandro Malaspina, qui a pourtant effectué un voyage digne des plus grands périples de l’époque, est bien loin d’occuper la même place que ses contemporains. Qui se souvient encore, dans le Pacifique Sud, de cet explorateur qui sillonna les mers quatre années durant lors d’une expédition menée de manière exemplaire ? Plus grand monde et c’est bien dommage, car l’homme, un humaniste très en avance sur son temps, baigné par les philosophes du Siècle des Lumières, valait bien, par sa hauteur de vue, un Cook ou un La Pérouse. Il est vrai qu’il eut un tort : son ouverture d’esprit se solda, à son retour en Espagne, non pas par un accueil triomphal mais par une condamnation à dix ans de prison. Il était accusé d’être un révolutionnaire et de conspirer contre l’empire espagnol…
Une parodie de procès
Parti le 30 juillet 1789 de Cadix, Alejandro Malaspina fut de retour dans le même port le 21 septembre 1794. Avec ses deux navires spécialement conçus pour l’expédition (et mis à l’eau le 8 avril 1789), la « Descubierta » et l’« Atrevida » (trois cents tonneaux chacun pour 33 m de longueur et neuf de large), il n’avait perdu que quelques hommes à bord, dont le botaniste né au Guatemala de parents espagnols don Antonio de Pineda (1751-1792), mort de fièvres malignes à Manille.
Sa mission, d’une exceptionnelle longueur, en temps comme dans l’espace, fut une très grande réussite. Mais malheureusement pour Malaspina, à son retour, il professa des idées très libérales vis-à-vis des colonies espagnoles d’Amérique latine et d’Asie, se faisant le chantre d’une plus large autonomie. Or en France, la Terreur avait envoyé à la guillotine des milliers de personnes et l’Espagne, qui avait soutenu Louis XVI, était en conflit ouvert avec la France et ses idées révolutionnaires.
Le secrétaire d’Etat espagnol en poste, Manuel Godoy, était un farouche opposant à toute idée nouvelle et le retour de Malaspina avec ses vues très libérales parut insupportable à Godoy. Celui-ci, au terme d’une parodie de procès, l’envoya le 20 avril 1796 en prison pour dix ans. Fin 1802, grâce aux pressions de Napoléon, Malaspina était enfin libéré et exilé en Italie où il décèdera.
Sa mission, d’une exceptionnelle longueur, en temps comme dans l’espace, fut une très grande réussite. Mais malheureusement pour Malaspina, à son retour, il professa des idées très libérales vis-à-vis des colonies espagnoles d’Amérique latine et d’Asie, se faisant le chantre d’une plus large autonomie. Or en France, la Terreur avait envoyé à la guillotine des milliers de personnes et l’Espagne, qui avait soutenu Louis XVI, était en conflit ouvert avec la France et ses idées révolutionnaires.
Le secrétaire d’Etat espagnol en poste, Manuel Godoy, était un farouche opposant à toute idée nouvelle et le retour de Malaspina avec ses vues très libérales parut insupportable à Godoy. Celui-ci, au terme d’une parodie de procès, l’envoya le 20 avril 1796 en prison pour dix ans. Fin 1802, grâce aux pressions de Napoléon, Malaspina était enfin libéré et exilé en Italie où il décèdera.
Un siècle d’oubli
La haine de Godoy envers le navigateur fut telle que le secrétaire d’Etat organisa, fin 1795, la disparition de toutes les collections d’une richesse extraordinaires qu’avait ramenées l’expédition. Ceci pour prouver que Malaspina n’avait rien fait d’autre qu’une tournée de propagande pour répandre ses idées révolutionnaires. Il fallut attendre 1885 pour qu’enfin le capitaine Pedro de Novo y Colson publie le récit de ce voyage, sous le titre de « Viaje politico-scientifico alredador del mundo de las corbetas Descubierta y Atrevida al mando de los capitanes de navio D. Alejandro Malaspina y D. José Bustamante y Guerra desde 1789 a 1794 ».
Toutes les notes et les écrits de Malaspina n’ont pas été retrouvés mais la parution, quasiment un siècle plus tard de la relation de cette expédition ne lui permit pas de revêtir tout l’éclat qu’elle aurait eu en 1796. Elle passa même relativement inaperçue, l’Espagne, en 1885, ayant perdu une très grande partie de ses colonies et se trouvant sur le plan interne face à de nombreux problèmes.
Toutes les notes et les écrits de Malaspina n’ont pas été retrouvés mais la parution, quasiment un siècle plus tard de la relation de cette expédition ne lui permit pas de revêtir tout l’éclat qu’elle aurait eu en 1796. Elle passa même relativement inaperçue, l’Espagne, en 1885, ayant perdu une très grande partie de ses colonies et se trouvant sur le plan interne face à de nombreux problèmes.
Un tour du monde ouest-est en 1786
Mais qui était donc cet extraordinaire navigateur et explorateur de la trempe des plus grands, jeté aux oubliettes par l’Histoire ? Alejandro Malaspina était né en Italie, à Mulazzo le 5 novembre 1754. Il était de noble lignée, ses parents étant le marquis Carlo Morelo et Caterina Meli-Puli di Soragna.
Le jeune Alejandro vécut son adolescence, de 1762 à 1765, auprès de son oncle, vice-roi de Sicile. Il suivit des études religieuses, entrant même dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, l’occasion pour lui de s’installer à La Valetta, port de Malte, où il s’initia à l’art de la navigation. A Malte justement, il ne prononça pas ses vœux et, peu de temps après le décès de son père, il s’installa en Espagne où sa noble parenté lui permit d’entrer dans la marine royale, à Cadix, le 18 novembre 1774, en tant qu’aspirant.
Sa carrière évolua vite tandis qu’il apprenait son métier sur le tas, entrant de plain-pied dans des conflits contre le sultan du Maroc et le bey d’Alger. De 1777 à 1779, il était aux Philippines, avant de veiller à l’isolement maritime de Gibraltar pendant la guerre d’indépendance des Etats-Unis (l’Espagne étant du côté des Américains, contre les Anglais). Avec tantôt des succès, tantôt des revers, Malaspina continua à progresser en grade et devint capitaine de frégate à la fin de la guerre.
L’Inquisition tenta de le déstabiliser mais sans emprisonnement, sans tortures et sans procès. Il retourna ensuit aux Philippines. A cette époque, son grand fait d’armes fut un tour du monde via le cap Horn en 1786.
Après des escales à Conception (Chili), à Callao (Pérou), puis Guam et Djakarta, de l’autre côté du Pacifique, il revint en Espagne à Cadix le 18 mai 1788. Son statut de marin expérimenté n’était plus à mettre en doute ; Malaspina, en s’inspirant de ce que la France et l’Angleterre faisaient, put envisager un voyage beaucoup plus ambitieux, une véritable exploration de cet océan Pacifique qui semblait échapper à l’Espagne et un état des lieux des colonies espagnoles sur les deux rives du vaste océan : Amérique, Pacifique, Asie, Malaspina voulait rendre à l’Espagne son rang et le roi Carlos III accepta : deux navires furent mis en chantier et préparés sous la férule de Malaspina qui s’associa à une jeune officier de talent, José de Bustamante y Guerra.
Le jeune Alejandro vécut son adolescence, de 1762 à 1765, auprès de son oncle, vice-roi de Sicile. Il suivit des études religieuses, entrant même dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, l’occasion pour lui de s’installer à La Valetta, port de Malte, où il s’initia à l’art de la navigation. A Malte justement, il ne prononça pas ses vœux et, peu de temps après le décès de son père, il s’installa en Espagne où sa noble parenté lui permit d’entrer dans la marine royale, à Cadix, le 18 novembre 1774, en tant qu’aspirant.
Sa carrière évolua vite tandis qu’il apprenait son métier sur le tas, entrant de plain-pied dans des conflits contre le sultan du Maroc et le bey d’Alger. De 1777 à 1779, il était aux Philippines, avant de veiller à l’isolement maritime de Gibraltar pendant la guerre d’indépendance des Etats-Unis (l’Espagne étant du côté des Américains, contre les Anglais). Avec tantôt des succès, tantôt des revers, Malaspina continua à progresser en grade et devint capitaine de frégate à la fin de la guerre.
L’Inquisition tenta de le déstabiliser mais sans emprisonnement, sans tortures et sans procès. Il retourna ensuit aux Philippines. A cette époque, son grand fait d’armes fut un tour du monde via le cap Horn en 1786.
Après des escales à Conception (Chili), à Callao (Pérou), puis Guam et Djakarta, de l’autre côté du Pacifique, il revint en Espagne à Cadix le 18 mai 1788. Son statut de marin expérimenté n’était plus à mettre en doute ; Malaspina, en s’inspirant de ce que la France et l’Angleterre faisaient, put envisager un voyage beaucoup plus ambitieux, une véritable exploration de cet océan Pacifique qui semblait échapper à l’Espagne et un état des lieux des colonies espagnoles sur les deux rives du vaste océan : Amérique, Pacifique, Asie, Malaspina voulait rendre à l’Espagne son rang et le roi Carlos III accepta : deux navires furent mis en chantier et préparés sous la férule de Malaspina qui s’associa à une jeune officier de talent, José de Bustamante y Guerra.
Des ambitions immenses
Le 30 juillet 1789, la « Descubierta » et l’ « Atrevida » quittèrent Cadix. Carlos IV avait succédé à Carlos III le 14 décembre 1788.
Les ambitions des deux capitaines étaient immenses ; ils voulaient explorer les terres et les mers, certes, mais ne rien négliger des sciences : géologie, zoologie, botanique, astronomie, hydrographie dans les eaux espagnoles, certes, mais surtout dans les parties encore inconnues d’Amérique, au nord de la Californie alors ibère. A bord, les plus éminents spécialistes de toutes ces sciences étaient du voyage, sans oublier peintres et dessinateurs. Jamais l’Espagne, nation commerçante, préoccupée par ramener des « trésors » de ses colonies asiatiques ou américaines, n’avait autant investi dans une mission de pure connaissance. Comme si, sentant ce Pacifique qu’elle considérait comme « sa » mer, lui échapper petit à petit, il lui fallait reconquérir cette région du monde par le biais désintéressé des sciences.
Malaspina ne perdit pas de temps et enchaîna les escales : les îles Canaries, Montevideo (le 20 septembre) après avoir longé la côte ouest de l’Afrique, les Malouines (pas encore les Falklands), le cap Horn. L’expédition entra dans le Pacifique Sud le 13 novembre, profitant de la relative clémence de la saison.
Les autres escales furent Conception au Chili, Valparaiso puis le port de Callao, à deux pas du siège de la vice-royauté, Lima. Là encore, les formalités d’usage remplies, les deux navires reprirent la mer, cap sur Acapulco, là où le galion de Manille apportait une fois par an ses richesses, en provenance de l’Asie. Les navires marquèrent des escales à Guayaquil et à Panama pour arriver à Acapulco en avril 1791.
Les ambitions des deux capitaines étaient immenses ; ils voulaient explorer les terres et les mers, certes, mais ne rien négliger des sciences : géologie, zoologie, botanique, astronomie, hydrographie dans les eaux espagnoles, certes, mais surtout dans les parties encore inconnues d’Amérique, au nord de la Californie alors ibère. A bord, les plus éminents spécialistes de toutes ces sciences étaient du voyage, sans oublier peintres et dessinateurs. Jamais l’Espagne, nation commerçante, préoccupée par ramener des « trésors » de ses colonies asiatiques ou américaines, n’avait autant investi dans une mission de pure connaissance. Comme si, sentant ce Pacifique qu’elle considérait comme « sa » mer, lui échapper petit à petit, il lui fallait reconquérir cette région du monde par le biais désintéressé des sciences.
Malaspina ne perdit pas de temps et enchaîna les escales : les îles Canaries, Montevideo (le 20 septembre) après avoir longé la côte ouest de l’Afrique, les Malouines (pas encore les Falklands), le cap Horn. L’expédition entra dans le Pacifique Sud le 13 novembre, profitant de la relative clémence de la saison.
Les autres escales furent Conception au Chili, Valparaiso puis le port de Callao, à deux pas du siège de la vice-royauté, Lima. Là encore, les formalités d’usage remplies, les deux navires reprirent la mer, cap sur Acapulco, là où le galion de Manille apportait une fois par an ses richesses, en provenance de l’Asie. Les navires marquèrent des escales à Guayaquil et à Panama pour arriver à Acapulco en avril 1791.
Mission en Alaska
De là, le navigateur espérait se rendre aux îles Hawaii dont il voulait effectuer une étude complète et notamment des relevés cartographiques, mais le vice-roi de la Nouvelle Espagne, Juan Vicente de Güemes Padilla Horcasitas y Aguayo, lui transmit un ordre du roi Charles IV ; celui-ci changeait la mission de Malaspina l’enjoignant de tenter de découvrir le mythique passage du Nord-Ouest, reliant le
Pacifique à l’Atlantique.
L’expédition mit donc le cap au nord jusqu’en Alaska. On ne nous empêchera pas de penser, à ce niveau du récit, que Malaspina n’a obéit que du bout des lèvres à cet ordre ; en effet, entre mai et octobre 1778, les deux navires du capitaine Cook, la « HMS Discovery » et la « HMS Resolution » explorèrent la côte sud de l’Alaska, contournèrent en partie l’archipel des Aléoutiennes, s’engagèrent dans le détroit de Béring et naviguèrent dans la mer de Béring, autant dire bien au-delà du cercle polaire arctique. Malaspina, bien loin de telles audaces, se contenta de butiner sur la côte sud de l’Alaska, donnant certes un certain nombre de noms de baptême espagnols à quelques sites, mais ne dépassant guère, en réalité la longitude actuelle d’Anchorage. C’est dire que cette « exploration » et cette recherche du passage du nord-ouest, au cœur de l’été, donc dans des conditions optimales pour ce secteur, ne furent que symboliques plus d’une décennie après Cook : d’autant que d’autres navigateurs espagnols avaient déjà sillonné les côtes de l’Alaska, comme Ignacio de Arteaga en 1779, Esteban José Martinez en 1788, Salvador Fidalgo en 1790, ou Manuel Quimper en 1790.
Persuadé que ce passage entre Pacifique et Atlantique n’existait pas, Malaspina revint à Nootka, puis à Monterey et enfin à Acapulco, sans avoir vraiment fait faire, c’est le moins que l’on puisse affirmer, un grand pas à la cartographie arctique.
Pacifique à l’Atlantique.
L’expédition mit donc le cap au nord jusqu’en Alaska. On ne nous empêchera pas de penser, à ce niveau du récit, que Malaspina n’a obéit que du bout des lèvres à cet ordre ; en effet, entre mai et octobre 1778, les deux navires du capitaine Cook, la « HMS Discovery » et la « HMS Resolution » explorèrent la côte sud de l’Alaska, contournèrent en partie l’archipel des Aléoutiennes, s’engagèrent dans le détroit de Béring et naviguèrent dans la mer de Béring, autant dire bien au-delà du cercle polaire arctique. Malaspina, bien loin de telles audaces, se contenta de butiner sur la côte sud de l’Alaska, donnant certes un certain nombre de noms de baptême espagnols à quelques sites, mais ne dépassant guère, en réalité la longitude actuelle d’Anchorage. C’est dire que cette « exploration » et cette recherche du passage du nord-ouest, au cœur de l’été, donc dans des conditions optimales pour ce secteur, ne furent que symboliques plus d’une décennie après Cook : d’autant que d’autres navigateurs espagnols avaient déjà sillonné les côtes de l’Alaska, comme Ignacio de Arteaga en 1779, Esteban José Martinez en 1788, Salvador Fidalgo en 1790, ou Manuel Quimper en 1790.
Persuadé que ce passage entre Pacifique et Atlantique n’existait pas, Malaspina revint à Nootka, puis à Monterey et enfin à Acapulco, sans avoir vraiment fait faire, c’est le moins que l’on puisse affirmer, un grand pas à la cartographie arctique.
La Nouvelle-Zélande, l’Australie, les Tonga
Libéré de cette corvée dans le nord du Pacifique, Malaspina prit alors le large, cap sur Manille par une route qu’il souhaitait aussi nouvelle que directe. De fait, il progressa quasiment en ligne droite jusqu’à Guam et aux îles Mariannes avant de jeter l’ancre à Manille, aux Philippines, possession espagnole riche en épices. Tandis que l’ « Atrevida » mettait le cap du Macao, la « Descubierta » passait les archipels philippins au crible, les deux navires se retrouvant en novembre 1792 pour faire voile au sud, traversant les Moluques et longeant Sulawesi.
Le 25 février 1793, les équipages voyaient se dresser devant eux les montagnes du sud de la Nouvelle-Zélande, Malaspina cartographiant la région de Doubtful Sound. La suite du voyage amena les navires à Port Jackson (Sydney), embryon de colonie britannique : la First Fleet avait déposé son premier contingent de bagnards, de soldats, d’officiers entre le 18 et le 20 janvier 1788 et la petite colonie, sous la houlette de son premier gouverneur, Arthur Philipp s’était développée au fur et à mesure de l’arrivée de nouveaux contingents de prisonniers, de soldats et de colons. Ses équipages remis en forme, Malaspina décida, comme il l’avait fait pour sa traversée est-ouest du Pacifique, de rejoindre Callao le plus directement possible. Sa seule escale fut pour l’archipel de Vava’u (appelée alors Vavao), aux Tonga. La découverte de ces îles datait de 1781 et avaient été le fait, accidentel, d’un autre Espagnol, Francisco Mourelle, qui avait dévié de la route Acapulco-Manille. Le français La Pérouse était passé par là, lui aussi, en 1787. Malaspina s’accorda dix jours d’escale pour permettre aux scientifiques de compléter leurs collections.
Ignorant Tahiti ou les Marquises (ces dernières trop au nord compte tenu des vents), cap fut mis sur l’Amérique du Sud : Talcahuano, puis Cadix, le 21 septembre 1794 ; l’expédition Malaspina comme elle fut appelée avait été un plein succès, mais le chef de l’expédition, nous l’avons expliqué au début de notre récit, avait des idées bien trop humanistes pour son temps et pour le gouvernement espagnol.
Cet esprit tout imprégné des théories du Siècle des Lumières rentrait dans une Espagne monarchique figée ; une arrestation en 1795, un procès truqué en 1796, et Malaspina se retrouva enfermé pour dix ans. Napoléon lui permit de regagner son pays natal, l’Italie, en 1802 tandis que le hardi explorateur sombrait dans l’oubli à Madrid.
Gènes, Milan, Florence furent ses villes d’accueil avant son décès prématuré à Pontremoli en 1810.
Daniel Pardon
Le 25 février 1793, les équipages voyaient se dresser devant eux les montagnes du sud de la Nouvelle-Zélande, Malaspina cartographiant la région de Doubtful Sound. La suite du voyage amena les navires à Port Jackson (Sydney), embryon de colonie britannique : la First Fleet avait déposé son premier contingent de bagnards, de soldats, d’officiers entre le 18 et le 20 janvier 1788 et la petite colonie, sous la houlette de son premier gouverneur, Arthur Philipp s’était développée au fur et à mesure de l’arrivée de nouveaux contingents de prisonniers, de soldats et de colons. Ses équipages remis en forme, Malaspina décida, comme il l’avait fait pour sa traversée est-ouest du Pacifique, de rejoindre Callao le plus directement possible. Sa seule escale fut pour l’archipel de Vava’u (appelée alors Vavao), aux Tonga. La découverte de ces îles datait de 1781 et avaient été le fait, accidentel, d’un autre Espagnol, Francisco Mourelle, qui avait dévié de la route Acapulco-Manille. Le français La Pérouse était passé par là, lui aussi, en 1787. Malaspina s’accorda dix jours d’escale pour permettre aux scientifiques de compléter leurs collections.
Ignorant Tahiti ou les Marquises (ces dernières trop au nord compte tenu des vents), cap fut mis sur l’Amérique du Sud : Talcahuano, puis Cadix, le 21 septembre 1794 ; l’expédition Malaspina comme elle fut appelée avait été un plein succès, mais le chef de l’expédition, nous l’avons expliqué au début de notre récit, avait des idées bien trop humanistes pour son temps et pour le gouvernement espagnol.
Cet esprit tout imprégné des théories du Siècle des Lumières rentrait dans une Espagne monarchique figée ; une arrestation en 1795, un procès truqué en 1796, et Malaspina se retrouva enfermé pour dix ans. Napoléon lui permit de regagner son pays natal, l’Italie, en 1802 tandis que le hardi explorateur sombrait dans l’oubli à Madrid.
Gènes, Milan, Florence furent ses villes d’accueil avant son décès prématuré à Pontremoli en 1810.
Daniel Pardon
Malaspina au temps de sa disgrâce, lorsque Napoléon le fit libérer et qu’il s’exila en Italie, où il mourut sans que l’Espagne ne lui rendit l’hommage qu’il méritait.
José Joaquin de Bustamante y Guerra fut le second capitaine de l’expédition Malaspina qui se solda par une réussite exemplaire pour l’époque.
Antirévolutionnaire forcené, Manuel Godoy, secrétaire d’Etat (équivalent aujourd’hui de Premier ministre) monta de toute pièce une cabale contre Malaspina à son retour et le fit condamner à dix ans de prison.
Le roi Carlos IV n’avait pas commandité l’expédition Malaspina, de sorte qu’il ne fit rien pour venir en aide au navigateur accusé de tous les maux par Manuel Godoy, son secrétaire d’Etat enragé.
Gravure représentant à leur départ les deux navires de l’expédition, la « Descubierta » et l’ « Atrevida ».
Quatre années de navigation pour un périple hors du commun, mais quelque peu tombé dans l’oubli aujourd’hui.
Gravure montrant les deux navires espagnols lors de leur exploration de la côte nord-ouest de l’Amérique.
Dans les glaces de l’Alaska. La gravure exagère et force sans doute le trait, car Malaspina ne s’est pas aventuré dans l’Arctique comme Cook dix ans avant lui.