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Carburants: La grève continue chez TotalEnergies, les premiers vacanciers font la queue aux stations service


GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 21/10/2022 - "J'ai laissé le plus possible la voiture au garage", mais maintenant il faut faire le plein: comme Mickael Grumen, nombre de vacanciers faisaient la queue vendredi devant les stations-service, toujours touchées par les pénuries liées à la grève sur des sites pétroliers de TotalEnergies, à la veille des vacances. 

Devant une station de Boulogne-Billancourt, à l'ouest de Paris et aux portes de l'autoroute A13 qui mène en Normandie, une file de véhicules s’étirait, moteurs éteints et warnings allumés. 

"J'ai laissé la voiture le plus possible au garage ces derniers jours, j'ai fait du télétravail", explique à l'AFP Mickael Grumen, 43 ans, qui attend pour récupérer de l'essence à 2,040 euros le litre. "J'ai vraiment attendu le dernier moment, d'être dans le rouge pour faire le plein car je compte partir en vacances à Deauville".

Les stations-service font face à d'importantes difficultés d'approvisionnement en raison du mouvement de grève initié le 27 septembre dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies, où les salariés réclament une augmentation de salaire face à l'inflation et aux bénéfices géants engrangés par le groupe pétrolier. 

Si les grévistes de la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), du dépôt "Flandres", près de Dunkerque (Nord), et de la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) ont décidé mercredi de reprendre le travail après un accord avec la direction, deux sites pétroliers ont reconduit jeudi la grève.

A Gonfreville en Normandie, elle est reconduite "jusqu'au 27 octobre", jour où TotalEnergies doit annoncer ses résultats du troisième trimestre, "à moins que la direction ne nous contacte avant", a annoncé Ludovic Desplanches, élu CGT. 

Le mouvement a aussi été reconduit au dépôt de carburants de Feyzin (Rhône).

"Partir confiants"

Après un pic de pénuries la semaine dernière, les ruptures d'essence et de gazole se réduisaient cette semaine, tout en restant inédites dans l'histoire récente. Selon Francis Pousse, représentant des stations-service chez Mobilians, qui fédère 5.800 stations traditionnelles (hors grande distribution), environ 17% des stations-service manquaient toujours vendredi d’un carburant. 

"Cela s’améliore nettement", a-t-il fait valoir sur Radio classique, estimant qu'un retour à la normale devrait avoir lieu sous "cinq à sept jours". 

Mais la pression sur le gouvernement se fait forte alors que les écoles ferment leurs portes vendredi soir pour deux semaines de vacances.

"Je ne vais pas vous dire que la situation sera à 100% réglée pour les départs en vacances, mais les Français peuvent partir confiants", assure Elisabeth Borne dans un entretien à Libération. 

Le groupe Vinci Autoroutes a pour sa part annoncé mercredi qu'au moins 90% des stations-service de son réseau étaient en mesure de fournir du carburant.

Du côté d'Eiffage, qui gère un autre réseau d'autoroutes, "la continuité de service est assurée à 82% concernant l'essence sans plomb et à 88% s’agissant du gasoil".

Le gouvernement a promis vendredi que "les stations-services les plus fréquentées dans le cadre des départs en vacances seront desservies en priorité". Il a aussi demandé la fin "des arrêtés préfectoraux de rationnement" et mobilisé les "camions citernes du service opérationnel de l'énergie du ministère des Armées" dans les zones le plus tendues, a-t-il fait savoir dans un communiqué.

5% d'augmentation

Pressé d'accélérer les livraisons dans les stations, le gouvernement a une nouvelle fois réquisitionné des salariés pour travailler jeudi sur le site de Feyzin, ce qui doit aider toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.

La CGT dit avoir proposé mercredi, sans succès, un "protocole de sortie de fin de conflit" à la direction du groupe, prévoyant notamment "des négociations locales sur les problématiques spécifiques remontées par les grévistes".

Mais TotalEnergies a fait valoir qu'il n'y avait pas lieu de rouvrir des négociations, un accord ayant été conclu avec les deux syndicats majoritaires du groupe, la CFE-CGC et la CFDT. Un texte que la CGT n'a pas signé. 

L'accord prévoit une hausse générale de 5% des salaires, assortie de hausses individuelles et d'une prime exceptionnelle comprise entre 3.000 et 6.000 euros. La CGT réclame une augmentation des salaires de 10%.

Un mouvement avait aussi eu lieu au sein d'Esso-ExxonMobil, avant d'être levé la semaine passée après la conclusion d'un accord salarial.

le Vendredi 21 Octobre 2022 à 02:33 | Lu 258 fois