Tahiti, le 10 décembre 2021 - L’épopée, sinistre, des baleiniers dans le Pacifique Sud a inspiré bien des récits, dont le célèbre Moby Dick d’Herman Melville. Dans la réalité, ces flottilles, dont les bateaux partaient pour des campagnes de plusieurs années, étaient composées de navires souvent mal équipés, voire en piteux état, et surtout avec à leur bord la lie de ce que l’on pouvait recruter dans les ports. Incapables d’assurer leur propre survie, leur sécurité et de mener à bien leurs campagnes de chasse aux cétacés, ces baleiniers devaient être protégés ; parmi ces "gendarmes des mers" appelés à les aider, parfois à les venger, le capitaine Jean-Baptiste Cécille a marqué de son empreinte son passage dans notre région, en Nouvelle-Zélande, mais également à Tahiti. Retour sur la longue croisière de son navire, l’Héroïne...
Le petit Jean-Baptiste Thomas Médée Cécille avait vu le jour à la veille de la Révolution française, le 16 octobre 1787 à Rouen. Très vite, il s’orienta vers une carrière dans la marine ; il est d’abord mousse au commerce, puis en 1804 aspirant à Marseille sous l’Empire, enseigne de vaisseau en 1810, lieutenant de vaisseau en 1816, capitaine de frégate en 1829, capitaine de vaisseau en 1838 : c’est donc avec le grade de capitaine de frégate qu’il partira pour le Pacifique Sud en 1837 chargé d’une délicate mission : se rendre dans le vaste et lointain océan encore mal connu afin d’assurer la sécurité et la protection des baleiniers français (pour finir notre évocation de la carrière, brillante, de Cécille, précisons qu’il sera nommé contre-amiral en 1844 puis vice-amiral en 1847. Il décèdera à Saint-Sevran, aujourd’hui quartier de Saint-Malo, le 9 novembre 1873).
Avant de revenir en détail sur la première campagne de Cécille, suivie de son périple en Océanie, précisons que si l’Etat français se décida à assurer la protection de ses baleiniers nationaux, c’était avant tout pour les protéger d’eux-mêmes...
A bord de ces embarcations, les conditions de vie étaient épouvantables, les hommes mal nourris, mal payés, traités comme des esclaves et de ce fait, il était rare qu’un baleinier, au terme de sa campagne de chasse, rentre avec l’équipage qui était le sien au départ. Les désertions étaient monnaie courante et elles faisaient d’ailleurs l’objet d’un trafic très bien organisé (voir notre encadré).
Le petit Jean-Baptiste Thomas Médée Cécille avait vu le jour à la veille de la Révolution française, le 16 octobre 1787 à Rouen. Très vite, il s’orienta vers une carrière dans la marine ; il est d’abord mousse au commerce, puis en 1804 aspirant à Marseille sous l’Empire, enseigne de vaisseau en 1810, lieutenant de vaisseau en 1816, capitaine de frégate en 1829, capitaine de vaisseau en 1838 : c’est donc avec le grade de capitaine de frégate qu’il partira pour le Pacifique Sud en 1837 chargé d’une délicate mission : se rendre dans le vaste et lointain océan encore mal connu afin d’assurer la sécurité et la protection des baleiniers français (pour finir notre évocation de la carrière, brillante, de Cécille, précisons qu’il sera nommé contre-amiral en 1844 puis vice-amiral en 1847. Il décèdera à Saint-Sevran, aujourd’hui quartier de Saint-Malo, le 9 novembre 1873).
Avant de revenir en détail sur la première campagne de Cécille, suivie de son périple en Océanie, précisons que si l’Etat français se décida à assurer la protection de ses baleiniers nationaux, c’était avant tout pour les protéger d’eux-mêmes...
A bord de ces embarcations, les conditions de vie étaient épouvantables, les hommes mal nourris, mal payés, traités comme des esclaves et de ce fait, il était rare qu’un baleinier, au terme de sa campagne de chasse, rentre avec l’équipage qui était le sien au départ. Les désertions étaient monnaie courante et elles faisaient d’ailleurs l’objet d’un trafic très bien organisé (voir notre encadré).
La corvette Ariane servit de modèle, à l’époque, à d’autres navires du même type, dont l’Héroïne que commandait Jean-Baptiste Cécille.
Une corvette de 32 canons
Evidemment, si la mer se montrait généreuse, en un ou deux ans, un bateau pouvait remplir ses cales d’huile de baleine et revenir au pays, mais bien souvent il leur fallait trois, quatre, voire cinq ans pour remplir leur mission. Les capitaines devaient alors faire des escales régulières pour se ravitailler en eau et en vivres, dans des lieux souvent très peu sécurisés, où l’accueil pouvait être chaleureux comme hostile.
C’est dans ce contexte très incertain que Cécille reçut donc ordre de veiller à ce que la chasse à la baleine se passe au mieux pour les navires battant pavillon français, et pour cela il disposa d’un navire de qualité, l’Héroïne, une corvette armée de trente-deux canons, très proche d’une véritable frégate (cette corvette était dite de classe Ariane, comme vingt autres bâtiments à peu près identiques, avec une carène doublée en cuivre pour éviter les dégâts causés par les tarets, son gréement étant celui d’un trois-mâts carré).
Evidemment, si la mer se montrait généreuse, en un ou deux ans, un bateau pouvait remplir ses cales d’huile de baleine et revenir au pays, mais bien souvent il leur fallait trois, quatre, voire cinq ans pour remplir leur mission. Les capitaines devaient alors faire des escales régulières pour se ravitailler en eau et en vivres, dans des lieux souvent très peu sécurisés, où l’accueil pouvait être chaleureux comme hostile.
C’est dans ce contexte très incertain que Cécille reçut donc ordre de veiller à ce que la chasse à la baleine se passe au mieux pour les navires battant pavillon français, et pour cela il disposa d’un navire de qualité, l’Héroïne, une corvette armée de trente-deux canons, très proche d’une véritable frégate (cette corvette était dite de classe Ariane, comme vingt autres bâtiments à peu près identiques, avec une carène doublée en cuivre pour éviter les dégâts causés par les tarets, son gréement étant celui d’un trois-mâts carré).
En rouge, le tour du monde de la corvette l’Héroïne. En vert la première expédition de Cécille dans l’Atlantique, toujours pour venir en aide aux baleiniers français.
Rio, Le Cap, et quelques îles...
Le navire quitte Brest le 1er juillet 1837 et ne rentrera que deux ans plus tard, le 24 juillet 1839. Atlantique Sud, océan Indien (où Cécille a fort à faire avec les baleiniers français qui ont besoin notamment de vivres et de matériel), puis enfin l’entrée dans le Pacifique Sud via l’Australie et la Tasmanie.
Cécille a déjà effectué, du 15 juillet 1835 au 23 janvier 1837, une mission de même nature dans le seul océan Atlantique et il sait parfaitement qu’outre des vivres, ses cales doivent être à même de fournir aux baleiniers des bordages de cèdre pour les réparations, des clous de charpentier et de tonnelier, des fers de première qualité, des lignes de pêche, des harpons, des ancres de mille cinq cents à deux mille livres, des chaînes, des câbles, des cordages et bien entendu de la nourriture...
Le plus possible d’armateurs ont été prévenus du trajet qu’empruntera l’Héroïne qui relâchera à Rio de Janeiro, à Sainte-Catherine (sud du Brésil), à Maldonado (embouchure du Rio de la Plata) puis au Cap, en Afrique du Sud (le 6 octobre 1837), avant de reconnaître les îles du Prince Edouard et l’archipel des Crozet le 22 novembre 1837.
Au passage, l’Héroïne vient au secours de deux baleiniers américains naufragés sur l’île de la Possession (vingt-six hommes au total que Cécille remettra au cours de son périple à divers autres baleiniers américains).
Le navire quitte Brest le 1er juillet 1837 et ne rentrera que deux ans plus tard, le 24 juillet 1839. Atlantique Sud, océan Indien (où Cécille a fort à faire avec les baleiniers français qui ont besoin notamment de vivres et de matériel), puis enfin l’entrée dans le Pacifique Sud via l’Australie et la Tasmanie.
Cécille a déjà effectué, du 15 juillet 1835 au 23 janvier 1837, une mission de même nature dans le seul océan Atlantique et il sait parfaitement qu’outre des vivres, ses cales doivent être à même de fournir aux baleiniers des bordages de cèdre pour les réparations, des clous de charpentier et de tonnelier, des fers de première qualité, des lignes de pêche, des harpons, des ancres de mille cinq cents à deux mille livres, des chaînes, des câbles, des cordages et bien entendu de la nourriture...
Le plus possible d’armateurs ont été prévenus du trajet qu’empruntera l’Héroïne qui relâchera à Rio de Janeiro, à Sainte-Catherine (sud du Brésil), à Maldonado (embouchure du Rio de la Plata) puis au Cap, en Afrique du Sud (le 6 octobre 1837), avant de reconnaître les îles du Prince Edouard et l’archipel des Crozet le 22 novembre 1837.
Au passage, l’Héroïne vient au secours de deux baleiniers américains naufragés sur l’île de la Possession (vingt-six hommes au total que Cécille remettra au cours de son périple à divers autres baleiniers américains).
A l'extrême est de la Nouvelle-Zélande, se trouve l'archipel des Chatham, où Cécille est aller "faire la police" après le drame du baleinier Jean Bart.
Hobart, colonie prospère
Il reconnaîtra dans la foulée l’île Saint-Paul qu’il explorera le 24 décembre 1837. L’Héroïne mouillera ensuite au Port du Roi Georges sur la côte australienne le 10 janvier 1838 (actuelle ville d’Albany). Le 19 janvier, cap est mis sur la Tasmanie, mais le scorbut oblige Cécille à séjourner non loin d’Hobart où le capitaine français est fort bien accueilli dans une colonie née de rien et jugée par les Français déjà florissante (en réalité, si cette colonisation éclair des Anglais a été réussie, elle se fit au détriment des Aborigènes qui furent systématiquement massacrés, la dernière, Truganini, étant morte en 1876 ; son squelette, hideux trophée, a été exposé au musée d’Hobart jusqu’en 1947).
Le 24 février 1838, Cécille abandonne Hobart pour se rendre à Port Jackson (Sydney), non sans avoir complété avec des hommes de son équipage, ceux de cinq baleiniers français victimes de désertions.
Le 28 avril 1838, l’Héroïne jette ses ancres dans Bay of Islands sur la côte est de l’île du nord de la Nouvelle-Zélande, but principal de ce voyage.
Il reconnaîtra dans la foulée l’île Saint-Paul qu’il explorera le 24 décembre 1837. L’Héroïne mouillera ensuite au Port du Roi Georges sur la côte australienne le 10 janvier 1838 (actuelle ville d’Albany). Le 19 janvier, cap est mis sur la Tasmanie, mais le scorbut oblige Cécille à séjourner non loin d’Hobart où le capitaine français est fort bien accueilli dans une colonie née de rien et jugée par les Français déjà florissante (en réalité, si cette colonisation éclair des Anglais a été réussie, elle se fit au détriment des Aborigènes qui furent systématiquement massacrés, la dernière, Truganini, étant morte en 1876 ; son squelette, hideux trophée, a été exposé au musée d’Hobart jusqu’en 1947).
Le 24 février 1838, Cécille abandonne Hobart pour se rendre à Port Jackson (Sydney), non sans avoir complété avec des hommes de son équipage, ceux de cinq baleiniers français victimes de désertions.
Le 28 avril 1838, l’Héroïne jette ses ancres dans Bay of Islands sur la côte est de l’île du nord de la Nouvelle-Zélande, but principal de ce voyage.
Monseigneur Pompalllier, premier évêque catholique à s’être installé en Nouvelle-Zélande, bénéficia de ‘laide de Cécille qui contribua à le faire respecter par les Maoris.
Rencontre avec Mgr Pompallier
Soixante-six ans plus tôt, les Maoris y avaient massacré et dévoré (le 12 juin 1772, avec vingt-sept de ses hommes) l’explorateur français Marion-Dufresne, et depuis cette époque, malgré le changement de générations, les indigènes craignaient de violentes représailles, un jour ou l’autre, de la France.
Cécille s’employa à les rassurer.
Dans la foulée, rencontrant Monseigneur Pompallier, premier évêque catholique à s’être installé en Nouvelle-Zélande trois mois plus tôt, Cécille lui manifesta le plus grand respect et ne ménagea pas ses signes de déférence pour qu’à leur tour, les Maoris, sensibles au prestige des grands chefs, traitent avec considération ce personnage que les pasteurs britanniques ne cessaient de rabaisser. Ceux-là même qui avaient fait croire aux Maoris que les navires français viendraient venger Marion-Dufresne et qu’il ne fallait donc pas les accueillir. Perfide Albion...
Soixante-six ans plus tôt, les Maoris y avaient massacré et dévoré (le 12 juin 1772, avec vingt-sept de ses hommes) l’explorateur français Marion-Dufresne, et depuis cette époque, malgré le changement de générations, les indigènes craignaient de violentes représailles, un jour ou l’autre, de la France.
Cécille s’employa à les rassurer.
Dans la foulée, rencontrant Monseigneur Pompallier, premier évêque catholique à s’être installé en Nouvelle-Zélande trois mois plus tôt, Cécille lui manifesta le plus grand respect et ne ménagea pas ses signes de déférence pour qu’à leur tour, les Maoris, sensibles au prestige des grands chefs, traitent avec considération ce personnage que les pasteurs britanniques ne cessaient de rabaisser. Ceux-là même qui avaient fait croire aux Maoris que les navires français viendraient venger Marion-Dufresne et qu’il ne fallait donc pas les accueillir. Perfide Albion...
Même si les méthodes de chasse (au harpon lancé à la main) étaient rudimentaires, les cétacés payèrent le prix fort à cette course permanente à l’huile de baleine.
Prostitution, assassinats, meurtres...
Sur les côtes sud de Bay of Islands, l’Héroïne rencontre une flopée de baleiniers français, parfois jusqu’à treize au même mouillage : médicaments, vivres, matériels, les besoins sont importants et Cécille fait face avec efficacité. Akaroa, Port Cooper (Tokolabo Bay), Cécille multiplie les relevés de la côte, tous très détaillés et étudie les populations indigènes et européennes ; pour ces dernières il ne cache pas son jugement négatif : "Il n’y a ni loi ni autorité reconnue à la Nouvelle-Zélande pour retenir la population gangrenée qui l’habite, et l’empêcher de se livrer à la fougue des mauvaises passions.[...] Les spoliations de toutes espèces, les commerces les plus honteux, depuis la prostitution des femmes jusqu’à la vente des matelots ; les trahisons les plus infâmes, les assassinats, les meurtres, se voient journellement à la Nouvelle-Zélande.[...] Voilà les leçons de morale que la race civilisée porte aux populations sauvages de la Nouvelle-Zélande et de l’Océanie". Il note également que l’alcool, les armes à feu et les maladies vénériennes provoquent une dislocation de la société maorie dans une violence extrême, souvent entretenue par les Pakehas (les Blancs).
Sur les côtes sud de Bay of Islands, l’Héroïne rencontre une flopée de baleiniers français, parfois jusqu’à treize au même mouillage : médicaments, vivres, matériels, les besoins sont importants et Cécille fait face avec efficacité. Akaroa, Port Cooper (Tokolabo Bay), Cécille multiplie les relevés de la côte, tous très détaillés et étudie les populations indigènes et européennes ; pour ces dernières il ne cache pas son jugement négatif : "Il n’y a ni loi ni autorité reconnue à la Nouvelle-Zélande pour retenir la population gangrenée qui l’habite, et l’empêcher de se livrer à la fougue des mauvaises passions.[...] Les spoliations de toutes espèces, les commerces les plus honteux, depuis la prostitution des femmes jusqu’à la vente des matelots ; les trahisons les plus infâmes, les assassinats, les meurtres, se voient journellement à la Nouvelle-Zélande.[...] Voilà les leçons de morale que la race civilisée porte aux populations sauvages de la Nouvelle-Zélande et de l’Océanie". Il note également que l’alcool, les armes à feu et les maladies vénériennes provoquent une dislocation de la société maorie dans une violence extrême, souvent entretenue par les Pakehas (les Blancs).
Le commerce hideux des têtes tatouées
Anthropophagie, meurtres, guerres tribales, le pays est en pleine anarchie : "On a vu les têtes zélandaises devenir un objet lucratif d'exportation ; tous les moyens ont été bons pour s'en procurer et des guerres ont été suscitées entre les tribus pour faire baisser de prix cette marchandise recherchée, toujours commune après un combat ; on a vu des individus presser des chefs et leur assurer des présents pour se faire livrer la tête remarquablement tatouée de quelques esclaves."
Pour Cécille, la seule solution réside dans la prise de possession de ce pays sans foi ni loi par la seule puissance capable de le faire, la Grande-Bretagne : "une autorité anglaise, avec le titre de résident, est établie à la Baie des Îles depuis six ans ; elle n'a pas de juridiction sur le pays, mais elle y exerce une grande influence augmentée encore par l'appui des missionnaires, l'arrivée à intervalles de bâtiments de guerre et la puissance des présents. La prise de possession n'est plus qu'une simple formalité à remplir ; la possession réelle existe de fait, car la moitié de l'île du nord appartient à des Anglais".
Anthropophagie, meurtres, guerres tribales, le pays est en pleine anarchie : "On a vu les têtes zélandaises devenir un objet lucratif d'exportation ; tous les moyens ont été bons pour s'en procurer et des guerres ont été suscitées entre les tribus pour faire baisser de prix cette marchandise recherchée, toujours commune après un combat ; on a vu des individus presser des chefs et leur assurer des présents pour se faire livrer la tête remarquablement tatouée de quelques esclaves."
Pour Cécille, la seule solution réside dans la prise de possession de ce pays sans foi ni loi par la seule puissance capable de le faire, la Grande-Bretagne : "une autorité anglaise, avec le titre de résident, est établie à la Baie des Îles depuis six ans ; elle n'a pas de juridiction sur le pays, mais elle y exerce une grande influence augmentée encore par l'appui des missionnaires, l'arrivée à intervalles de bâtiments de guerre et la puissance des présents. La prise de possession n'est plus qu'une simple formalité à remplir ; la possession réelle existe de fait, car la moitié de l'île du nord appartient à des Anglais".
La sérénité actuelle de Chatham ne doit pas faire oublier que ces îles furent le théâtre d’un des pires épisodes de colonisation dans le Pacifique Sud. Des Maoris venus de Nouvelle-Zélande attaquèrent le peuple premier vivant sur place, les Morioris, non violents. Ces derniers furent réduits en esclavage, traités comme du bétail et à ce titre régulièrement mangés par les Maoris. Les rare survivant n’ont toujours pas récupérés leurs terres...
Massacre sur le Jean Bart
De retour à Bay of Islands, Cécille apprend une sinistre nouvelle : aux îles Chatham, l’équipage d’un baleinier français, le Jean Bart, aurait été massacré. Il lui faut se rendre sur place, enquêter et si besoin châtier. Deux autres baleiniers se joignent à lui et le 17 octobre 1838, ce sont donc trois navires qui parviennent en vue des Chatham. Que s’y est-il réellement passé ? Difficile à dire un peu moins de deux siècles après les faits tant les versions divergent.
La version de Nga Tuna, appelé Eïtouna par Cécille, le grand chef local, consiste à affirmer que lui et sa tribu (elles sont au nombre de deux sur la grande île) sont étrangers à ce massacre. Le Jean Bart serait arrivé début mai et avant même qu’un marin ait pu débarquer, le baleinier était entouré de pirogues pressées de faire du troc. Ces pirogues étaient emplies d’hommes venant des deux tribus et de suite, les indigènes montèrent à bord du navire en grand nombre, obligeant le capitaine à demander aux chefs présumés de cette troupe de faire dégager le pont et de renvoyer tout ce petit monde à terre.
De retour à Bay of Islands, Cécille apprend une sinistre nouvelle : aux îles Chatham, l’équipage d’un baleinier français, le Jean Bart, aurait été massacré. Il lui faut se rendre sur place, enquêter et si besoin châtier. Deux autres baleiniers se joignent à lui et le 17 octobre 1838, ce sont donc trois navires qui parviennent en vue des Chatham. Que s’y est-il réellement passé ? Difficile à dire un peu moins de deux siècles après les faits tant les versions divergent.
La version de Nga Tuna, appelé Eïtouna par Cécille, le grand chef local, consiste à affirmer que lui et sa tribu (elles sont au nombre de deux sur la grande île) sont étrangers à ce massacre. Le Jean Bart serait arrivé début mai et avant même qu’un marin ait pu débarquer, le baleinier était entouré de pirogues pressées de faire du troc. Ces pirogues étaient emplies d’hommes venant des deux tribus et de suite, les indigènes montèrent à bord du navire en grand nombre, obligeant le capitaine à demander aux chefs présumés de cette troupe de faire dégager le pont et de renvoyer tout ce petit monde à terre.
La version peu crédible des Maoris
Peu d’entre eux obéirent, tandis que Nga Tuna et d’autres caciques étaient en pourparlers avec le capitaine dans sa cabine. Le chef local affirme qu’un grand tumulte se fit entendre en provenance du pont et qu’un Maori blessé tomba dans les escaliers. Il est clair que sur le pont, un féroce corps à corps s’était engagé entre les marins et leurs pressants visiteurs. Selon Nga Tuna, des Maoris furent menacés par deux membres d’équipage qu’ils réussirent à abattre grâce à des armes à feu trouvées dans l’entrepont. Une fois parvenus à l’air libre, les chefs qui étaient jusque-là avec le capitaine constatèrent qu’il n’y avait plus personne sur le bateau, leurs guerriers étant retournés à bord de leurs pirogues et les marins ayant préféré fuir à bord des chaloupes. Une version qui, on en conviendra, ne tient pas vraiment debout et que Cécille ne prit pas pour argent comptant.
Peu d’entre eux obéirent, tandis que Nga Tuna et d’autres caciques étaient en pourparlers avec le capitaine dans sa cabine. Le chef local affirme qu’un grand tumulte se fit entendre en provenance du pont et qu’un Maori blessé tomba dans les escaliers. Il est clair que sur le pont, un féroce corps à corps s’était engagé entre les marins et leurs pressants visiteurs. Selon Nga Tuna, des Maoris furent menacés par deux membres d’équipage qu’ils réussirent à abattre grâce à des armes à feu trouvées dans l’entrepont. Une fois parvenus à l’air libre, les chefs qui étaient jusque-là avec le capitaine constatèrent qu’il n’y avait plus personne sur le bateau, leurs guerriers étant retournés à bord de leurs pirogues et les marins ayant préféré fuir à bord des chaloupes. Une version qui, on en conviendra, ne tient pas vraiment debout et que Cécille ne prit pas pour argent comptant.
La vie à Waitangi est marquée par les activités liées à la pêche et à l’élevage de moutons sur les terres.
Villages et pirogues incendiés
Que des dizaines de Maoris (soixante-dix selon Nga Tuna) n’aient réussi à tuer que deux marins laissant aux autres le temps de s‘enfuir n’est guère crédible. Et même si cela était, provoquer la fuite en pleine mer de l’équipage du Jean Bart sur de petites chaloupes non pontées, c’était envoyer ces hommes à la mort.
Cécille décide donc de mener une inspection à terre.
Le 19 au matin, l’équipage de l’Héroïne et des hommes du baleinier l’Adèlepénètrent dans le village déserté de Wai Tangui (en réalité Waitangui) et découvrent des effets appartenant visiblement aux marins du Jean Bart. Il ne fait pas de doute alors aux yeux des deux équipages qu’ils sont chez les coupables de la mort des marins. Le village, déserté, est incendié, de même que les fortifications et surtout les pirogues. Cécille repart très vite pour explorer d’autres îles du groupe à la recherche d’éventuels survivants mais il fait chou blanc et revient donc sur l’île principale six jours plus tard.
Plusieurs patrouilles sont envoyées à terre avec pour consigne de trouver des survivants et sinon de tout brûler, quelle que soit la possible implication de telle ou telle tribu dans l’affaire du Jean Bart.
Cécille sait parfaitement que ce faisant, il est injuste, mais il veut faire comprendre aux indigènes que s’ils s’avisent d’agresser à nouveau un équipage de navire, ils subiront le même sort. Cécille explique qu’il s’agit là d’une "tâche douloureuse, mais impérieuse pour prévenir de nouveaux massacres, imprimer une terreur salutaire aux peuples de l'Océanie".
Que des dizaines de Maoris (soixante-dix selon Nga Tuna) n’aient réussi à tuer que deux marins laissant aux autres le temps de s‘enfuir n’est guère crédible. Et même si cela était, provoquer la fuite en pleine mer de l’équipage du Jean Bart sur de petites chaloupes non pontées, c’était envoyer ces hommes à la mort.
Cécille décide donc de mener une inspection à terre.
Le 19 au matin, l’équipage de l’Héroïne et des hommes du baleinier l’Adèlepénètrent dans le village déserté de Wai Tangui (en réalité Waitangui) et découvrent des effets appartenant visiblement aux marins du Jean Bart. Il ne fait pas de doute alors aux yeux des deux équipages qu’ils sont chez les coupables de la mort des marins. Le village, déserté, est incendié, de même que les fortifications et surtout les pirogues. Cécille repart très vite pour explorer d’autres îles du groupe à la recherche d’éventuels survivants mais il fait chou blanc et revient donc sur l’île principale six jours plus tard.
Plusieurs patrouilles sont envoyées à terre avec pour consigne de trouver des survivants et sinon de tout brûler, quelle que soit la possible implication de telle ou telle tribu dans l’affaire du Jean Bart.
Cécille sait parfaitement que ce faisant, il est injuste, mais il veut faire comprendre aux indigènes que s’ils s’avisent d’agresser à nouveau un équipage de navire, ils subiront le même sort. Cécille explique qu’il s’agit là d’une "tâche douloureuse, mais impérieuse pour prévenir de nouveaux massacres, imprimer une terreur salutaire aux peuples de l'Océanie".
Rixe et incompréhension
Lorsqu’il sera de retour à Brest, il précisera : « J'acquis la conviction que ces tribus n'avaient pas été à bord du Jean Bart avec l'intention arrêtée de l'enlever, mais que le malheur qui arriva avait été très probablement le résultat de quelque rixe et de la difficulté de se comprendre. Mon opinion se modifia à leur égard et je fus porté à l'indulgence. Je pensai aussi, au sort des bâtiments français qui, ignorant ce qui s'était passé à Chatham, y viendraient en toute sécurité, et sur les équipages desquels, les habitants se croiraient obligés de venger la mort de leur chef. »
Car si les populations des Chatham furent terrorisées, elles furent surprises quand elles comprirent que Cécille ne tuerait personne mais qu’en revanche, il garderait à son bord le chef Nga Tuna et deux de ses lieutenants (qu’il utilisera plus tard à Tahiti).
Retour à Brest, mission accomplie
Le 5 novembre 1838, satisfait de sa réplique au massacre des hommes du Jean Bart, Cécille met les voiles, cap sur Tahiti que la corvette mettra vingt jours à atteindre. Sur place Cécille devait vérifier que les intérêts français, face aux manœuvres permanentes des pasteurs anglais, n’étaient en rien menacés. (voir notre encadré). On notera que durant son séjour dans les eaux de la Nouvelle-Zélande, l’Héroïne fut victime de pluies très abondantes. Les conditions de vie à bord s’en trouvèrent altérées et le commandant Cécille lui-même souffrit beaucoup de ces conditions climatiques qui altérèrent durablement sa santé.
Le 17 janvier 1839, l’Héroïne arrivait à Talcahuano sur la côte sud-américaine puis séjournait du 1er au 19 février à Valparaiso, repère de nombreux baleiniers français, les uns venant de passer le cap Horn et s’apprêtant à entamer leur campagne de pêche, les autres au contraire, cales pleines, prenant le chemin du retour.
A la mi-mars 1839, Cécille prend la route du retour en métropole : escale aux Malouines du 4 au 9 avril, à Sainte-Catherine du 27 avril au 1er mai, et enfin à Rio de Janeiro du 9 au 27 mai, pour une entrée dans la rade de Brest le 25 juillet 1839.
Mission accomplie, à la grande satisfaction de Cécille lui-même...
Lorsqu’il sera de retour à Brest, il précisera : « J'acquis la conviction que ces tribus n'avaient pas été à bord du Jean Bart avec l'intention arrêtée de l'enlever, mais que le malheur qui arriva avait été très probablement le résultat de quelque rixe et de la difficulté de se comprendre. Mon opinion se modifia à leur égard et je fus porté à l'indulgence. Je pensai aussi, au sort des bâtiments français qui, ignorant ce qui s'était passé à Chatham, y viendraient en toute sécurité, et sur les équipages desquels, les habitants se croiraient obligés de venger la mort de leur chef. »
Car si les populations des Chatham furent terrorisées, elles furent surprises quand elles comprirent que Cécille ne tuerait personne mais qu’en revanche, il garderait à son bord le chef Nga Tuna et deux de ses lieutenants (qu’il utilisera plus tard à Tahiti).
Retour à Brest, mission accomplie
Le 5 novembre 1838, satisfait de sa réplique au massacre des hommes du Jean Bart, Cécille met les voiles, cap sur Tahiti que la corvette mettra vingt jours à atteindre. Sur place Cécille devait vérifier que les intérêts français, face aux manœuvres permanentes des pasteurs anglais, n’étaient en rien menacés. (voir notre encadré). On notera que durant son séjour dans les eaux de la Nouvelle-Zélande, l’Héroïne fut victime de pluies très abondantes. Les conditions de vie à bord s’en trouvèrent altérées et le commandant Cécille lui-même souffrit beaucoup de ces conditions climatiques qui altérèrent durablement sa santé.
Le 17 janvier 1839, l’Héroïne arrivait à Talcahuano sur la côte sud-américaine puis séjournait du 1er au 19 février à Valparaiso, repère de nombreux baleiniers français, les uns venant de passer le cap Horn et s’apprêtant à entamer leur campagne de pêche, les autres au contraire, cales pleines, prenant le chemin du retour.
A la mi-mars 1839, Cécille prend la route du retour en métropole : escale aux Malouines du 4 au 9 avril, à Sainte-Catherine du 27 avril au 1er mai, et enfin à Rio de Janeiro du 9 au 27 mai, pour une entrée dans la rade de Brest le 25 juillet 1839.
Mission accomplie, à la grande satisfaction de Cécille lui-même...
À Tahiti, la reine Pomare chaleureuse
Ce portrait de la reine Pomare IV est dû à Charles Giraud et date de 1852. Elle reçut de fort courtoise manière Jean-Baptiste Cécille lors de son passage à Tahiti.
Les Français à Tahiti connurent, on le sait, bien des déboires, dont le fait saillant a sans conteste été l’affaire Pritchard. Cécille avait donc pour mission, à son retour de Nouvelle-Zélande, d’y faire une escale pour évaluer la situation des Français sur place et juger de l’attitude de la reine Pomare.
Il ne se cacha pas, une fois de retour en France, d’avoir utilisé ses prisonniers des îles Chatham, dont le grand chef Nga Tuna, pour impressionner la souveraine, en lui montrant que les caciques indigènes récalcitrants pouvaient tout simplement être faits prisonniers et ramenés en France pour y être jugés. Message subliminal que la souveraine a, semble-t-il, parfaitement bien compris...
L’Héroïne mouilla donc ses ancres à Papeete le 28 novembre 1838, quelques mois seulement après le passage de Dupetit-Thouars.
"Vivre en paix avec les Français"
Dans l’œil du viseur de Cécille, les missionnaires protestants et le consul britannique Pritchard. Il ne peut que constater que la reine respecte les engagements pris un peu plus tôt avec Dupetit-Thouars et d’ailleurs, le 30 novembre, il est reçu par Pomare IV : "Elle nous attendait et nous reçut dans une grande pièce de sa nouvelle maison où se trouvaient sa mère, sa tante, quelques jeunes femmes et le chef Tati [...] ; elle se leva à notre arrivée, me présenta la main et décida qu'une femme taïtienne (sic), qui parle bien l'anglais nous servit d'interprète, voulant probablement entendre directement ce que j'avais à lui dire sans que cela passât par la traduction du consul [Pritchard]. Elle manifesta le désir de vivre en paix avec les Français que, jusque-là, elle avait peu connus et m'assura qu'à l'avenir ils seraient bien reçus et traités en amis à Taïti (sic)."
Cécille, ravi, rendit la politesse en organisant une réception à bord de sa corvette avant de quitter définitivement Papeete le 4 décembre.
Il ne se cacha pas, une fois de retour en France, d’avoir utilisé ses prisonniers des îles Chatham, dont le grand chef Nga Tuna, pour impressionner la souveraine, en lui montrant que les caciques indigènes récalcitrants pouvaient tout simplement être faits prisonniers et ramenés en France pour y être jugés. Message subliminal que la souveraine a, semble-t-il, parfaitement bien compris...
L’Héroïne mouilla donc ses ancres à Papeete le 28 novembre 1838, quelques mois seulement après le passage de Dupetit-Thouars.
"Vivre en paix avec les Français"
Dans l’œil du viseur de Cécille, les missionnaires protestants et le consul britannique Pritchard. Il ne peut que constater que la reine respecte les engagements pris un peu plus tôt avec Dupetit-Thouars et d’ailleurs, le 30 novembre, il est reçu par Pomare IV : "Elle nous attendait et nous reçut dans une grande pièce de sa nouvelle maison où se trouvaient sa mère, sa tante, quelques jeunes femmes et le chef Tati [...] ; elle se leva à notre arrivée, me présenta la main et décida qu'une femme taïtienne (sic), qui parle bien l'anglais nous servit d'interprète, voulant probablement entendre directement ce que j'avais à lui dire sans que cela passât par la traduction du consul [Pritchard]. Elle manifesta le désir de vivre en paix avec les Français que, jusque-là, elle avait peu connus et m'assura qu'à l'avenir ils seraient bien reçus et traités en amis à Taïti (sic)."
Cécille, ravi, rendit la politesse en organisant une réception à bord de sa corvette avant de quitter définitivement Papeete le 4 décembre.
Pour Cécille, un sans faute
Le commandant de l’Héroïne a fait un rapport détaillé de sa longue mission à son retour. En voici un cours extrait dans son introduction.
"Des secours de tous genres utilement distribués à vingt baleiniers rencontrés à la mer et dans les baies, une protection constante qui les a suivis dans tous leurs mouvements, même dans leurs inspirations les plus inattendues, au point que plusieurs ont été rencontrés par l'Héroïne jusqu'à trois et quatre fois sur des points du globe les plus éloignés les uns des autres ; le bon ordre maintenu parmi les équipages ; vingt-trois de leurs déserteurs repris ; les tribus de Chatham châtiées de leur barbarie ; un effet moral puissant produit à Tahiti et dans les îles voisines par la vue du chef de Chatham prisonnier ; l'opinion des Zélandais avantageusement modifiée en faveur de notre nation ; quelques services rendus à la religion ; vingt-cinq naufragés américains recueillis sur l'île déserte de la Possession et rendus à leur compatriotes ; la reconnaissance faite des îles : du Prince Edouard, Crozet, Saint-Paul, Chatham [...], et les plans des baies de Korora-Reka, Akaroa, Tokolabo et Koko-Rarata levés avec un soin minutieux ; des observations de marées faites de vingt minutes en vingt minutes dans ces baies ; une nouvelle roche découverte à la baie des Îles ; deux collections de trente-trois espèces de bois, les plus remarquables de Nouvelle-Zélande ; [...], tels sont les résultats les plus saillants de cette campagne. On peut joindre à son utilité l'expérience acquise par les officiers de l'Héroïne au zèle et au concours desquels je me plais à rendre justice, et la formation de marins endurcis au travail, habiles aux manœuvres et familiarisés avec les dangers. [...] Aucun accident majeur, aucune blessure grave, aucun malheur en un mot, n'est venu attrister notre longue pérégrination et si nous avons eu à regretter trois hommes morts de maladies de langueur, nous avons la certitude que ce n'est pas à la navigation que nous avons dû cette perte."
"Des secours de tous genres utilement distribués à vingt baleiniers rencontrés à la mer et dans les baies, une protection constante qui les a suivis dans tous leurs mouvements, même dans leurs inspirations les plus inattendues, au point que plusieurs ont été rencontrés par l'Héroïne jusqu'à trois et quatre fois sur des points du globe les plus éloignés les uns des autres ; le bon ordre maintenu parmi les équipages ; vingt-trois de leurs déserteurs repris ; les tribus de Chatham châtiées de leur barbarie ; un effet moral puissant produit à Tahiti et dans les îles voisines par la vue du chef de Chatham prisonnier ; l'opinion des Zélandais avantageusement modifiée en faveur de notre nation ; quelques services rendus à la religion ; vingt-cinq naufragés américains recueillis sur l'île déserte de la Possession et rendus à leur compatriotes ; la reconnaissance faite des îles : du Prince Edouard, Crozet, Saint-Paul, Chatham [...], et les plans des baies de Korora-Reka, Akaroa, Tokolabo et Koko-Rarata levés avec un soin minutieux ; des observations de marées faites de vingt minutes en vingt minutes dans ces baies ; une nouvelle roche découverte à la baie des Îles ; deux collections de trente-trois espèces de bois, les plus remarquables de Nouvelle-Zélande ; [...], tels sont les résultats les plus saillants de cette campagne. On peut joindre à son utilité l'expérience acquise par les officiers de l'Héroïne au zèle et au concours desquels je me plais à rendre justice, et la formation de marins endurcis au travail, habiles aux manœuvres et familiarisés avec les dangers. [...] Aucun accident majeur, aucune blessure grave, aucun malheur en un mot, n'est venu attrister notre longue pérégrination et si nous avons eu à regretter trois hommes morts de maladies de langueur, nous avons la certitude que ce n'est pas à la navigation que nous avons dû cette perte."
Gare aux "grog shop’s keepers"...
Lors de ses escales et de ses rencontres dans les ports avec des baleiniers français, le souci constant que releva Cécille venait du grand nombre de désertions enregistrées sur ces bateaux qui souvent, faute de marins, se retrouvaient bloqués, en attendant d’hypothétiques embauches.
Le commandant français comprit vite que ces désertions étaient le fruit d’un commerce monté par les "grog shop’s keepers", comprenez des recruteurs qui soûlaient les marins dans les tavernes et bouges, leur fournissant au besoin quelques filles faciles en leur faisant croire qu’à terre la vie était bien plus aisée et agréable que sur leurs navires (où, c’est vrai, ils étaient maltraités, vivant dans des conditions extrêmement pénibles) : "Ces hommes sont le fléau de la baie des Îles. Ils emploient tous les moyens possibles pour faire déserter les matelots qu'ils hébergent, et les vendent ensuite 100 à 150 francs aux capitaines qui, ayant perdu leurs équipages par les manœuvres de ces misérables, sont trop heureux de trouver à embarquer les déserteurs d'un autre bâtiment."
En plus clair, ce qui s’appelle déshabiller Pierre pour habiller Paul, avec au passage des profits substantiels dans ce commerce d’être humains.
Après son premier passage à la baie des Îles, Cécille y revint et cette fois-ci prit les devants : tous les tenanciers de cabarets, bars et autres maisons closes furent prévenus que si Cécille devait enregistrer une seule désertion durant son escale, ces mêmes cabaretiers en paieraient le prix fort, de sorte que ceux-ci se tinrent à carreaux au moins le temps de la seconde escale de la corvette française.
Le commandant français comprit vite que ces désertions étaient le fruit d’un commerce monté par les "grog shop’s keepers", comprenez des recruteurs qui soûlaient les marins dans les tavernes et bouges, leur fournissant au besoin quelques filles faciles en leur faisant croire qu’à terre la vie était bien plus aisée et agréable que sur leurs navires (où, c’est vrai, ils étaient maltraités, vivant dans des conditions extrêmement pénibles) : "Ces hommes sont le fléau de la baie des Îles. Ils emploient tous les moyens possibles pour faire déserter les matelots qu'ils hébergent, et les vendent ensuite 100 à 150 francs aux capitaines qui, ayant perdu leurs équipages par les manœuvres de ces misérables, sont trop heureux de trouver à embarquer les déserteurs d'un autre bâtiment."
En plus clair, ce qui s’appelle déshabiller Pierre pour habiller Paul, avec au passage des profits substantiels dans ce commerce d’être humains.
Après son premier passage à la baie des Îles, Cécille y revint et cette fois-ci prit les devants : tous les tenanciers de cabarets, bars et autres maisons closes furent prévenus que si Cécille devait enregistrer une seule désertion durant son escale, ces mêmes cabaretiers en paieraient le prix fort, de sorte que ceux-ci se tinrent à carreaux au moins le temps de la seconde escale de la corvette française.
Toujours plus d’huile !
Une fois découpée et hissée à bord, la baleine était traitée avec soin, la graisse, une fois chauffée et fondue, permettant de récupérer l’huile tant prisée.
La chasse à la baleine, plus exactement aux cétacés, a commencé pour les Européens à la fin du XVIIIe siècle dans le Pacifique. Ces animaux fournissaient en effet une huile qui d’abord servit à fabriquer des bougies puis fut utilisée comme combustible pour les lampes à huile. Très vite, un peu à la manière des dérivés du pétrole aujourd’hui, cette huile vit ses usages se multiplier : margarine, excipient en cosmétique, savon, peintures, vernis, lubrification, imperméabilisation des planches, entretien des cuirs, mais surtout éclairage public, même si le gaz lui fut très vite préféré. Environ 90 espèces de cétacés furent impitoyablement traquées.
Au XIXe siècle, Américains et Européens se livraient une compétition très rude pour "récolter" le plus d’huile possible, mais les navires étaient souvent mal préparés, les équipages peu formés, et c’est à ce titre que la France par exemple dépêcha dans le Pacifique Jean-Baptiste Cécille pour venir au secours de marins très souvent en grandes difficultés.
Aujourd'hui seuls quelques pays pratiquent encore la chasse malgré le moratoire : le Japon, dans le cadre de pseudo-recherches scientifiques, tue environ 300 rorquals par an dont la chair est vendue dans les restaurant spécialisés. La Norvège et l’Islande continuent également la chasse au large de leurs côtes. Enfin quelques peuples pratiquent encore une chasse dite "aborigène de subsistance" : les Inuits et quelques populations côtières de l’Alaska, de la Sibérie, du Canada et des Caraïbes. Chez nous, la chasse se pratiqua à Rurutu jusqu’en 1959. Aujourd’hui, l’île tire toujours des revenus des baleines, grâce au tourisme, activité durable.
Au XIXe siècle, Américains et Européens se livraient une compétition très rude pour "récolter" le plus d’huile possible, mais les navires étaient souvent mal préparés, les équipages peu formés, et c’est à ce titre que la France par exemple dépêcha dans le Pacifique Jean-Baptiste Cécille pour venir au secours de marins très souvent en grandes difficultés.
Aujourd'hui seuls quelques pays pratiquent encore la chasse malgré le moratoire : le Japon, dans le cadre de pseudo-recherches scientifiques, tue environ 300 rorquals par an dont la chair est vendue dans les restaurant spécialisés. La Norvège et l’Islande continuent également la chasse au large de leurs côtes. Enfin quelques peuples pratiquent encore une chasse dite "aborigène de subsistance" : les Inuits et quelques populations côtières de l’Alaska, de la Sibérie, du Canada et des Caraïbes. Chez nous, la chasse se pratiqua à Rurutu jusqu’en 1959. Aujourd’hui, l’île tire toujours des revenus des baleines, grâce au tourisme, activité durable.