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Cannabis thérapeutique : le père risque 3 mois de prison


Ariimatatini Vairaaroa et son avocat, Me Thibault Millet à la sortie de l’audience de la cour d’appel.
Ariimatatini Vairaaroa et son avocat, Me Thibault Millet à la sortie de l’audience de la cour d’appel.
Le 14 juin 2024, un père de famille jugé pour détention et usage de stupéfiants avait été relaxé. La plus grande partie du cannabis étant destinée, selon le prévenu, à produire de l’huile pour soulager son fils souffrant d’épilepsie et d’autisme. Le parquet général avait fait appel de cette décision, la famille et son avocat était de retour ce jeudi au tribunal pour une nouvelle audience en cour d’appel.
 
Au sortir de l’audience ce jeudi matin, Ariimatatini Vairaaroa n’a pu contenir son émotion. “J’ai beaucoup de haine”, a-t-il lâché avec une colère contenue. “Tout ça c’est pour mon fils. C’est le seul qui subit.”
 
Son fils, âgé de 14 ans, souffre d’autisme et de crises d’épilepsie. Il y a cinq ans, la famille, s’appuyant sur des recherches scientifiques menée en Israël, a décidé d’utiliser du cannabis à usage thérapeutique. Elle a fait venir des graines de Charlotte Web, une variété de cannabis à haute teneur en cannabidiol, et commencé à fabriquer de l’huile. Mais les gendarmes, découvrant la plantation (110 pieds), ont mis un terme à la production.
 
Le père a été jugé le 14 juin 2024, et relaxé, en première instance. Une décision contraire aux réquisitions du ministère public qui avait pointé du doigt, au passage, la consommation de cannabis de Ariimatatini Vairaaroa, en état de récidive. Le parquet général a donc fait appel, et une nouvelle audience a eu lieu ce jeudi matin en cour d’appel.
 
Une tribune politique
 
Pour l’avocat général, “monsieur consomme du cannabis depuis qu’il a 16 ou 17 ans. Il a déjà été condamné. On s’est servi du tribunal comme d’une tribune politique, pour parler de cannabis thérapeutique !” Mais, a-t-il insisté, “ce n’est pas pour cela qu’il est poursuivi”. À l’excuse du stress qui pousserait le prévenu à consommer du cannabis, il a répondu : “Il y a d’autres moyens d’y répondre, sinon, on relaxerait tous ceux qui en consomment. Cela ne va pas dans le sens de la jurisprudence.” Pour lui, le raisonnement du jugement est “aberrant”. La législation n’autorise en aucun cas tout un chacun à cultiver du cannabis. Il a requis 3 mois d’emprisonnement avec sursis total à l’encontre du père.
 
Pour l’avocat de la famille, Me Thibault Millet, “il n’y a pas de discussion à avoir !” Le tribunal de première instance a rejeté le principe d’illégalité. Une décision “flamboyante”, “juridiquement discutable, mais humaine”. C’est un dossier “très particulier”, a-t-il décrit. “Je ne défends pas l’auteur d’une infraction. Il y a bien deux victimes : le père et son fils.” Il a ajouté : “C’est une responsabilité collective. Je pense que le sujet, c’est cet enfant !” À propos du cannabis, l’avocat a insisté : “La loi a changé grâce à cette affaire, et à sa médiatisation.” Autant de raison pour lui de plaider la relaxe.

La cour d’appel rendra sa décision le 15 mai prochain.

Rédigé par Delphine Barrais le Jeudi 3 Avril 2025 à 18:49 | Lu 901 fois