TAHITI, le 25 mai 2020 - Claudine Jacques signe un nouvel ouvrage. Cette auteure installée en Nouvelle-Calédonie raconte le Caillou à travers 17 nouvelles. Plus que la terre, ce sont les femmes et les hommes qu’elle raconte, s’attardant sur les visages "changeants et terribles" pour s’opposer à toute "bien-pensance". Un livre captivant.
"Caledonia Blues", le dernier ouvrage de Claudine Jacques paru aux éditions Au Vent des îles, est une compilation de nouvelles qui sont autant de portraits de Calédoniens.
Ce sont des femmes et des hommes d’aujourd’hui qui se croisent, se toisent et s’apprivoisent sur fond de referendum et de changement climatique. Ils sont parents, amants, maris ou amis. Ce sont des familles brisées ou en voie de l’être. Ce sont ceux qui restent. Ils s’aiment parfois, se haïssent souvent, se blessent régulièrement. Ils sont attachants ou repoussants mais dans tous les cas, attrayants.
Dans ce livre, tout semble vrai et pioché dans la partie "immorale et sans loi de l’âme humaine" comme le précise la maison d’édition. Mais avant de dévoiler ses textes, Claudine Jacques avertit son lecteur. En reprenant les mots de Christian Bobin, elle écrit : "Si je parle du terrible, c’est que je sais le merveilleux".
D'admirables paysages
Dans Caledonia Blues, les paysages sont admirables. Porteurs d’espoirs, ils portent des couleurs franches, "Des jours plus clairs s’annoncent, frais et propres. Netteté des bleus, de l’azur éclatant à l’indigo marin, rigueur du vert profond des mangroves où se baignent le jaune sec des plaines épluchées par les cerfs et les chèvres, précision des oranges, craquelures d’argile sur le sol nu, exactitudes des bruns, des ocres bistres qui gravissent la chaîne jusqu’à la douceur presque aubergine des sommets lorsqu’arrive le soir (…)".
Ou bien, lorsque Évangéline dans "Os pour Os" "franchit le petit col comme on tourne la page d’un livre d’images" et qu’elle embrasse d’un coup d’œil l’horizon : "à perte de vue, le ciel rejoint la mer, de bleu intense en bleu profond et la frange de terre orange, bordée de palétuviers brillants, qui vagabonde dans la baie, s’amuse à célébrer leurs fiançailles, lorsqu’ils s’attrapent au loin. L’un se hausse et l’autre se noie, ensemble ils produisent un azur liquide, un bleu de perle, une buée, un éther bouleversant".
Mais, soulevée par la colère, la violence s’immisce partout: "Qu’il crève ! Hurla Andrea. La colère c’est terrible. Elle te prend dans le ventre, elle remonte, elle t’échauffe, elle te comprime le cœur, elle te brûle les poumons, elle explose ton cerveau. Les mots se sont accrochés aux grands palétuviers, ils y ont rejoint ceux qui s’y balançaient déjà."
Des douleurs inévitables
La haine et la vengeance suivent de près. Dans "Viandards" : "la sidération un temps, Matt debout, les épaules voutées, les mains ballantes, à contempler la génisse sans savoir quoi dire, quoi faire, puis l’envie de vengeance, après comme un feu qui brûle". De cette cascade de sentiments, résultent des coups portés, ou reçus selon l’angle de vue, aux conséquences irrémédiables et aux douleurs inévitables.
De l'espoir comme un souffle
Les histoires de Claudine Jacques ne sont pas toutes sombres. Parmi les 17 nouvelles, comme un souffle, certaines comme "Gowe" amènent un peu d’espérance dont le lecteur peut se délecter.
"Caledonia Blues", le dernier ouvrage de Claudine Jacques paru aux éditions Au Vent des îles, est une compilation de nouvelles qui sont autant de portraits de Calédoniens.
Ce sont des femmes et des hommes d’aujourd’hui qui se croisent, se toisent et s’apprivoisent sur fond de referendum et de changement climatique. Ils sont parents, amants, maris ou amis. Ce sont des familles brisées ou en voie de l’être. Ce sont ceux qui restent. Ils s’aiment parfois, se haïssent souvent, se blessent régulièrement. Ils sont attachants ou repoussants mais dans tous les cas, attrayants.
Dans ce livre, tout semble vrai et pioché dans la partie "immorale et sans loi de l’âme humaine" comme le précise la maison d’édition. Mais avant de dévoiler ses textes, Claudine Jacques avertit son lecteur. En reprenant les mots de Christian Bobin, elle écrit : "Si je parle du terrible, c’est que je sais le merveilleux".
D'admirables paysages
Dans Caledonia Blues, les paysages sont admirables. Porteurs d’espoirs, ils portent des couleurs franches, "Des jours plus clairs s’annoncent, frais et propres. Netteté des bleus, de l’azur éclatant à l’indigo marin, rigueur du vert profond des mangroves où se baignent le jaune sec des plaines épluchées par les cerfs et les chèvres, précision des oranges, craquelures d’argile sur le sol nu, exactitudes des bruns, des ocres bistres qui gravissent la chaîne jusqu’à la douceur presque aubergine des sommets lorsqu’arrive le soir (…)".
Ou bien, lorsque Évangéline dans "Os pour Os" "franchit le petit col comme on tourne la page d’un livre d’images" et qu’elle embrasse d’un coup d’œil l’horizon : "à perte de vue, le ciel rejoint la mer, de bleu intense en bleu profond et la frange de terre orange, bordée de palétuviers brillants, qui vagabonde dans la baie, s’amuse à célébrer leurs fiançailles, lorsqu’ils s’attrapent au loin. L’un se hausse et l’autre se noie, ensemble ils produisent un azur liquide, un bleu de perle, une buée, un éther bouleversant".
Mais, soulevée par la colère, la violence s’immisce partout: "Qu’il crève ! Hurla Andrea. La colère c’est terrible. Elle te prend dans le ventre, elle remonte, elle t’échauffe, elle te comprime le cœur, elle te brûle les poumons, elle explose ton cerveau. Les mots se sont accrochés aux grands palétuviers, ils y ont rejoint ceux qui s’y balançaient déjà."
Des douleurs inévitables
La haine et la vengeance suivent de près. Dans "Viandards" : "la sidération un temps, Matt debout, les épaules voutées, les mains ballantes, à contempler la génisse sans savoir quoi dire, quoi faire, puis l’envie de vengeance, après comme un feu qui brûle". De cette cascade de sentiments, résultent des coups portés, ou reçus selon l’angle de vue, aux conséquences irrémédiables et aux douleurs inévitables.
De l'espoir comme un souffle
Les histoires de Claudine Jacques ne sont pas toutes sombres. Parmi les 17 nouvelles, comme un souffle, certaines comme "Gowe" amènent un peu d’espérance dont le lecteur peut se délecter.
Claudine Jacques, plus de 30 ans d’écriture
Née dans le Territoire de Belfort, Claudine Jacques arrive adolescente en Nouvelle-Calédonie et s’y enracine profondément. Jusqu’en 1994, elle dirige un Centre de formation professionnelle. Depuis, elle se consacre presque exclusivement à l’écriture.
Elle a été publiée dès 1995. Son premier recueil de nouvelles au "parler vrai" a fait sensation.
Membre fondateur de l’Association des Écrivains de la Nouvelle-Calédonie, elle reste très attentive à la jeunesse, "marraine" différents projets scolaires et anime des ateliers d’écriture.
En 2002, elle crée le Festival de la bande dessinée de Boulouparis, puis en 2008 l’association Écrire en Océanie qui promeut la littérature du pays par le biais de concours littéraires et l'édition de nouveaux auteurs.
Romancière et nouvelliste, elle s’est essayée à l’écriture de pièces de théâtre et à l’écriture pour le jeune public à travers les aventures de Nana Coco.
Elle vit en "brousse" où elle gère la bibliothèque de son village depuis 20 ans.
DB avec Pacific book'in et avdi
Née dans le Territoire de Belfort, Claudine Jacques arrive adolescente en Nouvelle-Calédonie et s’y enracine profondément. Jusqu’en 1994, elle dirige un Centre de formation professionnelle. Depuis, elle se consacre presque exclusivement à l’écriture.
Elle a été publiée dès 1995. Son premier recueil de nouvelles au "parler vrai" a fait sensation.
Membre fondateur de l’Association des Écrivains de la Nouvelle-Calédonie, elle reste très attentive à la jeunesse, "marraine" différents projets scolaires et anime des ateliers d’écriture.
En 2002, elle crée le Festival de la bande dessinée de Boulouparis, puis en 2008 l’association Écrire en Océanie qui promeut la littérature du pays par le biais de concours littéraires et l'édition de nouveaux auteurs.
Romancière et nouvelliste, elle s’est essayée à l’écriture de pièces de théâtre et à l’écriture pour le jeune public à travers les aventures de Nana Coco.
Elle vit en "brousse" où elle gère la bibliothèque de son village depuis 20 ans.
DB avec Pacific book'in et avdi