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CNews donne des gages de pluralisme pour convaincre de renouveler sa fréquence


Crédit Lionel BONAVENTURE / AFP
Crédit Lionel BONAVENTURE / AFP
Paris, France | AFP | lundi 15/07/2024 - Il y a eu "quelques dérapages, inconvénients" mais "nous cherchons à y remédier", a assuré lundi Serge Nedjar, directeur général de CNews, auditionné par l'Arcom.

Créée en 2017 sur les cendres d'iTélé, CNews s'est classée numéro un des chaînes d'information en continu (en parts de marché) en mai et juin devant BFMTV, performance inédite. Devenue rentable en mars, elle espère renouveler son autorisation de diffusion sur la TNT qui prend fin en 2025.

Comme C8 qui appartient à Canal+ - contrôlé par Vivendi, groupe du milliardaire conservateur Vincent Bolloré - CNews est régulièrement rappelée à l'ordre en raison de propos tenus sur son antenne.

La semaine passée, deux amendes d'un total de 80.000 euros ont été rendues publiques, pour "manquements" à ses obligations lors d'un débat consacré au projet de loi immigration et pour des propos climatosceptiques.

"On a prévu de renforcer la rédaction" sur les sujets politiques, police-justice et économiques, a affirmé M. Nedjar, dont l'équipe compte 200 journalistes. Il s'agit aussi de "muscler le service juridique".

"Nous allons mettre en place une direction du pluralisme", avec l'embauche de "4-5 personnes", a renchéri Gérald-Brice Viret, directeur général de Canal+ France.

Cette dernière annonce découle d'une décision du Conseil d'Etat mi-février, qui a exigé que l'Arcom renforce son contrôle du pluralisme sur CNews et, au-delà, sur les télés et radios. La plus haute juridiction administrative avait été saisie par RSF qui estimait que la chaîne d'info était devenue "un média d'opinion".

- Indépendance de la rédaction -

Alors que CNews se concentrait jusqu'alors sur l'équilibre des temps de parole politiques, la nouvelle direction du pluralisme veillera "à la pluralité des thématiques, des intervenants et des opinions", a affirmé M. Viret.

CNews "ne prétend pas, quoi qu'en disent certains, former l'opinion publique", a-t-il insisté.

L'évocation de la décision du Conseil d'Etat a donné lieu à une poussée de tension. Elle "n'est concrète en rien", a lancé le président du directoire du groupe Canal+, Maxime Saada, pressé par le régulateur de prendre des engagements précis.

La question sensible de l'indépendance de la rédaction a aussi été abordée, en lien avec des interventions prêtées à son propriétaire. Le quotidien Le Monde a ainsi affirmé lors de la campagne des législatives que le patron de LR Eric Ciotti "a orchestré avec Vincent Bolloré l'annonce de son ralliement au RN".

"L'actionnaire n'est jamais intervenu sur le contenu éditorial", a martelé le directeur général de CNews.

Au-delà, Serge Nedjar a défendu le modèle de la chaîne, pas "un robinet à infos" mais qui apporte "de l'éclairage", avec des experts et éditorialistes en plateau. 

Les dirigeants de CNews ont promis de "réfléchir" à une éventuelle augmentation du temps "d'information stricte" (environ un tiers de l'antenne). 

Il n'est pas question non plus que des incidents se reproduisent, comme en février lorsque l'avortement a été qualifié de "première cause de mortalité dans le monde". L'émission concernée, "En quête d'esprit", sera contrôlée en amont, a promis Thomas Bauder, directeur de l'information.

- L'Express, candidat surprise -

En début d'année, les principales figures de CNews et Vincent Bolloré avaient été auditionnés par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'attribution des fréquences TNT.

Son rapporteur, le député LFI Aurélien Saintoul, a affirmé à son issue qu'il "ne comprendrait pas que les chaînes CNews et C8 puissent se voir en l'état renouveler leurs autorisations de diffusion". 

"CNews ne bouge pas d'un iota", a-t-il considéré lundi à l'issue de l'audition.

Dans le même temps devant l'Arcom, des associations dont Action Justice Climat ont parodié une cérémonie de remise par Vincent Bolloré des "Toutous d’or" à Cyril Hanouna, vedette de C8, et Pascal Praud.

Vingt-quatre candidats sont en lice dans cette procédure pour renouveler 15 fréquences.

L'Arcom a également entendu lundi L'Express, candidat surprise à l'obtention d'une fréquence TNT. L'Express TV ne sera pas "une chaîne d'information", a insisté Alain Weill, le président du groupe,  et ancien patron de NextRadio TV, qui avait créé BFMTV en 2005. 

La chaîne "sera centrée sur la connaissance et la transmission du savoir" avec des documentaires d'histoire et de science et un talk-show quotidien à 21h "en partie présenté par une star du stand-up", a indiqué M. Weill. 

le Mardi 16 Juillet 2024 à 05:53 | Lu 271 fois