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CHPF : Un audit pour remettre l'hôpital sur les rails


Tahiti, le 4 juin 2024 – Ce mardi, le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, a rencontré les syndicalistes ainsi que la direction de l'hôpital de Taaone dans le cadre du conseil d'administration du CHPF. L'occasion de mettre à plat les revendications des 26 chefs de service sur le départ, notamment concernant le problème de sous-effectif de l'établissement, mais aussi d'aborder le changement des statuts du centre hospitalier jugés obsolètes.
 
L'affaire court depuis quelques semaines. Vingt-six chefs de service de l’hôpital de Taaone ont menacé de poser leur démission s'ils n'étaient pas reçus et entendus par le gouvernement afin de discuter des problématiques récurrentes au sein du centre hospitalier de Pirae. Des revendications portant essentiellement sur le manque d'effectifs dans les différents services et sur les statuts de l'établissement jugés obsolètes. Et après deux longues semaines, les médecins ont tenu parole. Toutefois, les lettres de démission ont été envoyées au même moment que celle du Pays les invitant au dialogue. Une situation “abracadabrantesque” selon le ministre de la Santé, Cédric Mercadal, qui s'est empressé de leur répondre : “Je n'ai pas accepté la démission des chefs de service car je veux que l'on travaille ensemble. Ce sont des gens investis qui ont voulu tirer la sonnette d'alarme et je l'ai entendue.”
 
Une approche méthodique nécessaire
 
S'il fallait évidemment s'attendre à une volonté des syndicats d'obtenir promptement des créations de postes, le ministre de tutelle a insisté sur la nécessité d'établir d'abord un état des lieux exhaustif : “Nous allons faire un audit afin de déterminer quels sont les postes qu'il faut conserver et pérenniser rapidement, et puis derrière, ceux qu'il faudra créer selon les besoins. Ces postes, il faut les créer avec priorisation et intégration. Nous ferons un premier audit très rapide, dès lundi prochain, puis un autre complémentaire le mois qui vient et qui viendra asseoir le budget 2025”, assure le ministre de la Santé.
 
Et si les syndicalistes devront une nouvelle fois s'armer de patience, ces derniers ont, semble-t-il, validé le collectif budgétaire de 3,750 milliards de francs proposé par le Pays. “Nous avons dédié 1,9 milliard pour payer les dettes de l'établissement, dont certaines datent de 2009”, souligne Cédric Mercadal. “Cela a aussi permis au CHPF d'avoir de la trésorerie, afin de se relancer. Puis nous avons enchaîné avec 1,7 milliard qui prend en compte l'ensemble des CDD qui ont été dotés l'année dernière et qui le sont désormais pour toute l'année. Toutes les personnes qui étaient là en renfort à l'issue du protocole d'accord restent en poste.”
 
Vers des nouveaux statuts du CHPF
 
Outre le problème de sous-effectif, celui des conditions de travail est également souligné par les syndicats. “Aujourd'hui, si je devais faire tous les travaux, cela coûterait 15 milliards. Il va falloir attaquer ces travaux, les étaler dans le temps et les adapter au budget. C'est ça la réalité. Il va falloir s'adapter”, déclare fermement le ministre, Cédric Mercadal. Un budget qui devra être pensé et réfléchi afin de “faire respirer les équipes et travailler sur leur temps de travail, ainsi que les besoins complémentaires qui viendront s'ajouter nécessairement”. En somme, le Pays souhaite travailler avec l'hôpital et ses acteurs sur de nouveaux statuts, plus adaptés à l'établissement : “Ce qui s'est passé, c'est que l'on a pris les statuts de l'hôpital Mama'o et qu'on les a tout simplement transférés au Taaone. C'est ça que l'on paie depuis 20 ans. Ce n'est pas souhaitable de travailler avec un budget qui fonctionne comme n'importe quel autre établissement public administratif. L'hôpital a un rythme bien à lui, il ne s'arrête jamais et peut avoir des pics d'activité à n'importe quel moment. C'est pourquoi il est nécessaire de mettre en place un budget pluriannuel.” Mais pour l'heure, place à l'audit.

Rédigé par Wendy Cowan le Mardi 4 Juin 2024 à 21:00 | Lu 3319 fois