Tahiti, le 27 mars 2025 - Les négociations entre Apair Apurad et la CSTP-FO sont “rompues” depuis mercredi, indique la direction de l’association, car “ce n’est pas possible de les augmenter”. De leur côté, les grévistes regrettent qu’aujourd’hui, il n’y a, selon eux, que l’argent qui compte pour la direction et non plus le patient. “Il y a de l'argent pour satisfaire leurs besoins, leur train de vie mais il n’y a rien pour nous, les petits salariés ?”
Les grévistes étaient toujours aussi nombreux sur le piquet de grève d’Apair Apurad, ce jeudi à Paea, et ils étaient encore plus déterminés que la veille.
Technicien à Apair Apurad depuis près de 20 ans, Jacob Teahamai assure que les choses ont bien changé au niveau de l’association qui se dit être lucrative. “C'est vrai qu'au début d’Apair Apurad (…), c'était le patient qui était au centre de tout notre travail et c'est ce qu'on a toujours fait jusqu'à présent. Aujourd’hui, le patient n'est plus du tout au centre (…) c'est l'argent qui est au centre”, déplore-t-il. Il rappelle d’ailleurs que l’association est le premier prestataire au Fenua “et il reste toujours parmi les premiers”. Il considère d’ailleurs que cela devient “trop voyant et trop flagrant” et pense même que “c’est un peu exagéré”.
L’un des grévistes rencontrés sur le piquet regrette que la direction mette le déficit de l’association de 158 millions de francs sur leur dos. “Il ne faut pas mettre ce déficit sur le dos des salariés, c'est le résultat d'une ingérence et de mauvais management de la direction et de toute la gouvernance. Nous faire porter le chapeau à nous parce qu'on demande une revalorisation de 6 %, c'est un peu fort quand même !”
Elle appelle la direction et notamment taote Grégory Detrun à revoir leur charge : “On nous dit qu'il n'y a pas d'argent mais quand on voit les véhicules qu’ils sortent, quand on voit les missions qu'ils font hors Polynésie (…). Il y a les frais de mission, les frais de restaurant, les véhicules et tout. Et pour toutes ces missions, est-ce qu'ils peuvent nous dire combien ils ont gaspillé d'argent (…) ? Il y a de l'argent pour satisfaire leurs besoins, leur train de vie, mais il n’y a rien pour nous les petits salariés ?”
Il regrette aussi que la direction ne fasse pas assez confiance “aux petits”. “On manque de confiance envers leur expérience, envers leurs compétences. Au lieu de se baser sur les personnes qui connaissent le métier, on pond des procédures typiquement bureaucrates.”
“Nous ne lâcherons rien, nous ne flancherons pas et nous irons jusqu'au bout. Nos patients nous manquent aussi beaucoup, mais si on ne prend pas soin de nous, on ne pourra pas prendre soin de nos patients”, a assuré la déléguée syndicale de la CSTP-FO, Avearii Lachaux.
Les grévistes étaient toujours aussi nombreux sur le piquet de grève d’Apair Apurad, ce jeudi à Paea, et ils étaient encore plus déterminés que la veille.
Technicien à Apair Apurad depuis près de 20 ans, Jacob Teahamai assure que les choses ont bien changé au niveau de l’association qui se dit être lucrative. “C'est vrai qu'au début d’Apair Apurad (…), c'était le patient qui était au centre de tout notre travail et c'est ce qu'on a toujours fait jusqu'à présent. Aujourd’hui, le patient n'est plus du tout au centre (…) c'est l'argent qui est au centre”, déplore-t-il. Il rappelle d’ailleurs que l’association est le premier prestataire au Fenua “et il reste toujours parmi les premiers”. Il considère d’ailleurs que cela devient “trop voyant et trop flagrant” et pense même que “c’est un peu exagéré”.
L’un des grévistes rencontrés sur le piquet regrette que la direction mette le déficit de l’association de 158 millions de francs sur leur dos. “Il ne faut pas mettre ce déficit sur le dos des salariés, c'est le résultat d'une ingérence et de mauvais management de la direction et de toute la gouvernance. Nous faire porter le chapeau à nous parce qu'on demande une revalorisation de 6 %, c'est un peu fort quand même !”
Elle appelle la direction et notamment taote Grégory Detrun à revoir leur charge : “On nous dit qu'il n'y a pas d'argent mais quand on voit les véhicules qu’ils sortent, quand on voit les missions qu'ils font hors Polynésie (…). Il y a les frais de mission, les frais de restaurant, les véhicules et tout. Et pour toutes ces missions, est-ce qu'ils peuvent nous dire combien ils ont gaspillé d'argent (…) ? Il y a de l'argent pour satisfaire leurs besoins, leur train de vie, mais il n’y a rien pour nous les petits salariés ?”
Il regrette aussi que la direction ne fasse pas assez confiance “aux petits”. “On manque de confiance envers leur expérience, envers leurs compétences. Au lieu de se baser sur les personnes qui connaissent le métier, on pond des procédures typiquement bureaucrates.”
“Nous ne lâcherons rien, nous ne flancherons pas et nous irons jusqu'au bout. Nos patients nous manquent aussi beaucoup, mais si on ne prend pas soin de nous, on ne pourra pas prendre soin de nos patients”, a assuré la déléguée syndicale de la CSTP-FO, Avearii Lachaux.
“Ce n’est pas possible de les augmenter”
La directrice de soins Frédérique Davier assure que “les négociations ont été rompues mercredi par le syndicat. Ils ont quitté la table des négociations car sur le point un qui est la revalorisation, je n’ai pas pu leur donner satisfaction (…) Ce n’est pas possible de les augmenter (…). Du coup, il y a une rupture de dialogue.”
Frédérique Davier réaffirme que si la direction consent à les augmenter, “on va couler (…). Et on n’a pas trop le choix que de tenir et de porter les cartons à bras d’homme jusqu’à épuisement”.
Elle affirme que les grévistes ont consenti à leur ouvrir un corridor pour avoir accès aux médicaments mais que cela “ne nous permet pas malheureusement de livrer toutes les unités car cela se fait à bras d’homme”. Selon elle, le personnel non gréviste ne peut donc plus “utiliser le matériel de levage et les camions qui sont bloqués. Donc on ne va pas pouvoir tenir comme cela éternellement”. Elle précise d’ailleurs que les palettes de médicaments pèsent une tonne.
Concernant les déplacements en métropole, elle précise que “la direction part qu’une fois par an en métropole pour essayer de chercher d’autres sources de financement. Elle n’y va pas pour faire la fête. C’est notre métier, c’est notre boulot.”. Elle précise également que lorsqu’ils se déplacent, c’est également pour se rapprocher “des fournisseurs pour faire baisser les prix. Il y a de la jalousie par de la méconnaissance”.
Elle ajoute qu’alors que le Smig est à 1 092 francs bruts, au sein d’Apair Apurad, il est à 1 500 francs. “Donc même la simple femme de ménage gagne plus que n’importe où. Donc les salaires, à part pour les infirmiers, de toutes les fonctions autour du soin sont plus élevés que les salaires équivalents sur le territoire.”
Frédérique Davier réaffirme que si la direction consent à les augmenter, “on va couler (…). Et on n’a pas trop le choix que de tenir et de porter les cartons à bras d’homme jusqu’à épuisement”.
Elle affirme que les grévistes ont consenti à leur ouvrir un corridor pour avoir accès aux médicaments mais que cela “ne nous permet pas malheureusement de livrer toutes les unités car cela se fait à bras d’homme”. Selon elle, le personnel non gréviste ne peut donc plus “utiliser le matériel de levage et les camions qui sont bloqués. Donc on ne va pas pouvoir tenir comme cela éternellement”. Elle précise d’ailleurs que les palettes de médicaments pèsent une tonne.
Concernant les déplacements en métropole, elle précise que “la direction part qu’une fois par an en métropole pour essayer de chercher d’autres sources de financement. Elle n’y va pas pour faire la fête. C’est notre métier, c’est notre boulot.”. Elle précise également que lorsqu’ils se déplacent, c’est également pour se rapprocher “des fournisseurs pour faire baisser les prix. Il y a de la jalousie par de la méconnaissance”.
Elle ajoute qu’alors que le Smig est à 1 092 francs bruts, au sein d’Apair Apurad, il est à 1 500 francs. “Donc même la simple femme de ménage gagne plus que n’importe où. Donc les salaires, à part pour les infirmiers, de toutes les fonctions autour du soin sont plus élevés que les salaires équivalents sur le territoire.”
Jacob Teahamai Employé gréviste “Notre sœur est en train de se retourner dans sa tombe”
Ma sœur faisait partie des infirmières fondatrices de l'association. C'était la seule infirmière formée en Polynésie sur le système de dialyse à domicile. Elle ne comptait pas les heures pour cette boîte-là jusqu'à donner sa vie (…). Il y avait une infirmière, qui est actuellement la directrice, Frédérique Davier, qui devait faire une visite médicale sur Tahiti. Et ma sœur est partie la remplacer à Moorea (…) et au retour il y a eu le crash d’Air Moorea".
"Ma sœur voulait, après la dialyse, aller au cimetière pour être avec son mari en quelque sorte avant de reprendre le travail l’après-midi (…). Elle n'a jamais compté ses heures. Elle pouvait travailler 7 jours sur 7 pour la population. Je suis issu d'une famille qui a des problèmes rénaux et elle, dès son jeune âge, a voulu faire des études d'infirmière spécialisée au niveau des problèmes rénaux (…). Elle nous a attirés dans cette boîte pour que, nous aussi, on œuvre pour les autres (…). Mes sœurs me disent que notre sœur est en train de se retourner dans sa tombe quand elle voit cela (…). On essaie de tenir la direction, c'est difficile si on n'est pas soutenu.”
"Ma sœur voulait, après la dialyse, aller au cimetière pour être avec son mari en quelque sorte avant de reprendre le travail l’après-midi (…). Elle n'a jamais compté ses heures. Elle pouvait travailler 7 jours sur 7 pour la population. Je suis issu d'une famille qui a des problèmes rénaux et elle, dès son jeune âge, a voulu faire des études d'infirmière spécialisée au niveau des problèmes rénaux (…). Elle nous a attirés dans cette boîte pour que, nous aussi, on œuvre pour les autres (…). Mes sœurs me disent que notre sœur est en train de se retourner dans sa tombe quand elle voit cela (…). On essaie de tenir la direction, c'est difficile si on n'est pas soutenu.”
Marerva Taero Employée non gréviste “On vient nous mêmes chercher nos médicaments”
“Ces médicaments vont être livrés au centre de Mahina. On est infirmiers, du coup, on vient nous-mêmes chercher nos médicaments parce qu’à partir de demain matin (vendredi, NDLR), on n’a plus de médicaments pour pouvoir dialyser nos malades alors on a pris l'initiative de venir chercher nous-mêmes les médicaments pour nos patients demain (…). On n’a qu'un seul véhicule de livraison mais ce n'est pas suffisant pour tous les centres, alors on prend nos voitures personnelles. On est obligé car ce sont des patients qui sont derrière, ce n'est pas de la marchandise où on peut attendre une à deux semaines pour dépoter la marchandise. Là, c'est bon, on est rassuré pour notre journée de demain. On a récupéré de la marchandise pour une ou deux semaines donc on doit être bon pour au moins cinq ou six jours. On était vraiment le centre où demain on n’avait plus rien (…). On n'a pas suivi ce mouvement de grève car au départ, on n'a pas été convié et on n'était pas au courant. On a été mis au courant lorsque le préavis de grève a été déposé. Peut-être que si cela avait été fait d'une autre manière, on aurait suivi le mouvement, mais là mon cœur me dit d'aller au travail pour les patients.”