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Budget: série de revers pour le gouvernement dès le début de l'examen à l'Assemblée


Crédit Thomas SAMSON / AFP
Crédit Thomas SAMSON / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 12/10/2022 - Le camp présidentiel a essuyé mercredi une série de revers dès le début de l'examen des mesures du budget 2023 à l'Assemblée, sous l'ombre toujours plus prégnante d'un déclenchement de l'article 49.3 de la Constitution.

D'emblée, les oppositions ont réussi à rejeter en première lecture, par 192 voix contre 175, l'article "liminaire" du projet de loi de finances (PLF), dans lequel figurait l'objectif-clé de contenir le déficit public à 5% du PIB en 2023.

"Vous êtes réunis Nupes, Rassemblement national, LR, pour priver la France de tout cap", a dénoncé le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, après cette première déconvenue qui en annonçait d'autres.

Contre l'avis du gouvernement, les députés ont ensuite largement adopté un amendement (227 voix pour, 88 contre) visant à dissuader les grandes entreprises de distribuer des résultats exceptionnels sous forme de "super-dividendes", par le biais d'une majoration de la taxation de ces revenus, portée temporairement de 30 à 35%.

Le texte a pu être voté notamment grâce au soutien des groupes politiques de gauche membres de la Nupes et à celui du RN. Mais il a aussi fissuré le camp de la majorité, puisqu'il était proposé par le Modem et qu'il a reçu le soutien d'une vingtaine de députés Renaissance, tandis que les députés du groupe Horizons se sont pour la plupart abstenus.

"Epée de Damoclès" 

Peu avant l'ouverture de la séance au Palais Bourbon, le Conseil des ministres a autorisé le gouvernement à actionner le fameux article 49.3, une arme constitutionnelle permettant d'adopter un texte sans vote, sauf motion de censure.

Il ne sera utilisé que "si la situation devait exiger qu'on y ait recours", a insisté le porte-parole du gouvernement Olivier Véran.

"Nous voyons déjà l'épée de Damoclès poindre", a lancé à l'Assemblée le député Boris Vallaud, chef de file des socialistes. "Combien de temps laissez-vous au débat parlementaire?", a-t-il demandé au gouvernement.

"Nous prendrons tout le temps nécessaire" à un "débat approfondi", a assuré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, même si "viendra un moment où il faudra bien qu'il y ait un budget pour la France".

Trop dispendieux pour la droite, "austéritaire" pour la gauche, "soumis" à Bruxelles selon le RN: les oppositions ont exclu de soutenir ce budget, dont l'une des mesures phares est le "bouclier tarifaire" de 45 milliards d'euros pour limiter à 15% les hausses des prix réglementés du gaz et de l'électricité.

Si l'utilisation du 49.3 semble inéluctable, faute de majorité absolue, le camp présidentiel est tiraillé entre la volonté de ne pas apparaître comme fermé au débat et celle d'"abréger les souffrances" face à des oppositions qui "voteront contre tout".

En attendant que le couperet tombe, la majorité seulement relative dont disposent les macronistes les expose à des défaites.

Parmi celles enregistrées mercredi, les députés ont adopté, contre l'avis du gouvernement, un autre amendement du Modem, créant un statut d'investisseur immobilier. Ce dernier permettrait d'opter pour le Prélèvement forfaitaire unique (PFU) pour des revenus fonciers, en contrepartie d'engagements des propriétaires.

Quel texte adopté par le 49.3? 

Toujours contre l'avis du gouvernement, les oppositions ont réussi à adopter (174 voix pour, 156 contre) un amendement sur les titres-restaurant, relevant le montant maximal de la contribution que les employeurs peuvent apporter pour leur acquisition par leurs salariés.

Des amendements de la gauche visant à rendre l'impôt sur le revenu "plus progressif" ont en revanche été repoussés. Tout comme ceux du RN proposant "d'exonérer d'impôt sur le revenu tout jeune Français de moins de 30 ans percevant moins de 2.000 euros nets".

"Est-ce que vous respecterez la représentation nationale?", a demandé l'Insoumis Alexis Corbière, exhortant le gouvernement à dire clairement si le texte qu'il ferait adopter par le 49.3 contiendrait ou non les amendements adoptés contre son avis.

Le gouvernement a toute latitude sur ce point. "On peut revenir au texte initial, retirer des amendements adoptés, inclure des amendements pas encore discutés", rappelle une source parlementaire Renaissance.

Mardi, les oppositions avaient déjà détricoté en partie un autre texte budgétaire, en rejetant plusieurs articles clés de la loi de programmation budgétaire 2023-2027.

le Jeudi 13 Octobre 2022 à 05:58 | Lu 321 fois