PARIS, le 3 décembre 2015. Le sénateur a fait adopter un amendement pour revenir sur la baisse de 477 millions de Fcfp de la DGA, contre l’avis de la ministre des outre-mer. Mais par un jeu de technique comptable complexe, le budget de la Polynésie risque de perdre 1,9 milliard de Fcfp.
Tout avait pourtant bien commencé, lors de l’examen du budget dédié à l’outre-mer pour l’année 2016 par le Sénat ce jeudi. Tous les groupes politiques, de droite comme de gauche, ont chacun à leur tour félicité la ministre George Pau-Langevin pour avoir réussi à préserver ses crédits, alors que la plupart des autres secteurs sont touchés par des baisses de dotations. Comme lors de l’examen par l’Assemblée nationale le mois dernier, le budget outre-mer se dirigeait vers une adoption sans difficulté. Mais comme le mois dernier, ce sont les parlementaires polynésiens qui se sont fait entendre sur la question de la baisse de la Dotation globale d’autonomie, pour la troisième année consécutive.
Nuihau Laurey parle alors d’« erreur » et de « reniement de la signature de l’Etat" et propose un amendement pour revenir sur cette baisse annoncée. Pourtant, George Pau-Langevin s’est déjà engagée devant l’Assemblée nationale à prélever les 477 millions de Fcfp (4 millions d’euros) manquant sur son propre budget pour que les crédits de la Polynésie restent stables.
La ministre des Outre-mer, habituellement flegmatique, s’agace de devoir répéter encore des choses qu’elle a dites à maintes reprises ces dernières semaines. Elle rappelle d’abord que l’Etat est revenu au financement du RSPF. Elle explique que selon les règles comptables, si sa solution n’était pas acceptée, c’est une somme quatre fois plus élevée qui devrait être retirée à la Polynésie. Et elle conclut son intervention en direction du sénateur et ministre des Finances du gouvernement Fritch : "Si vous voulez absolument faire comme ça, faites-le, vous perdrez 16millions » d’euros, soit 1,9 milliard de Fcfp."
En réponse, Nuihau Laurey affirme que la ministre l’a mal compris, que sa proposition est « bonne » mais qu’il veut simplement « la compléter ». George Pau-Langevin est à court d’argument : « Si vous n’avez pas confiance, vous n’avez pas confiance. Mais ce n’est pas raisonnable par rapport à l’intérêt de votre territoire »
Le chef de file des socialistes au Sénat, Didier Guillaume, enfonce le clou : puisque la ministre s’est engagée publiquement, autant la croire, d’autant que l’amendement de Nuihau Laurey est « bancal ». Le nouveau sénateur, pour son premier budget national, semble isolé.
Tout avait pourtant bien commencé, lors de l’examen du budget dédié à l’outre-mer pour l’année 2016 par le Sénat ce jeudi. Tous les groupes politiques, de droite comme de gauche, ont chacun à leur tour félicité la ministre George Pau-Langevin pour avoir réussi à préserver ses crédits, alors que la plupart des autres secteurs sont touchés par des baisses de dotations. Comme lors de l’examen par l’Assemblée nationale le mois dernier, le budget outre-mer se dirigeait vers une adoption sans difficulté. Mais comme le mois dernier, ce sont les parlementaires polynésiens qui se sont fait entendre sur la question de la baisse de la Dotation globale d’autonomie, pour la troisième année consécutive.
Nuihau Laurey parle alors d’« erreur » et de « reniement de la signature de l’Etat" et propose un amendement pour revenir sur cette baisse annoncée. Pourtant, George Pau-Langevin s’est déjà engagée devant l’Assemblée nationale à prélever les 477 millions de Fcfp (4 millions d’euros) manquant sur son propre budget pour que les crédits de la Polynésie restent stables.
La ministre des Outre-mer, habituellement flegmatique, s’agace de devoir répéter encore des choses qu’elle a dites à maintes reprises ces dernières semaines. Elle rappelle d’abord que l’Etat est revenu au financement du RSPF. Elle explique que selon les règles comptables, si sa solution n’était pas acceptée, c’est une somme quatre fois plus élevée qui devrait être retirée à la Polynésie. Et elle conclut son intervention en direction du sénateur et ministre des Finances du gouvernement Fritch : "Si vous voulez absolument faire comme ça, faites-le, vous perdrez 16millions » d’euros, soit 1,9 milliard de Fcfp."
En réponse, Nuihau Laurey affirme que la ministre l’a mal compris, que sa proposition est « bonne » mais qu’il veut simplement « la compléter ». George Pau-Langevin est à court d’argument : « Si vous n’avez pas confiance, vous n’avez pas confiance. Mais ce n’est pas raisonnable par rapport à l’intérêt de votre territoire »
Le chef de file des socialistes au Sénat, Didier Guillaume, enfonce le clou : puisque la ministre s’est engagée publiquement, autant la croire, d’autant que l’amendement de Nuihau Laurey est « bancal ». Le nouveau sénateur, pour son premier budget national, semble isolé.
Mais Lana Tetuanui demande la parole et fait souffler un vent de colère dans l’hémicycle du Sénat, habituellement si calme. Elle se dit « stupéfaite » et « s’insurge » contre le grignotage de la DGA, cette « dette nucléaire ». En pleine sommet sur le climat à Paris, la sénatrice polynésienne aborde les conséquences environnementales et sanitaires liées aux essais nucléaires. « On n’a pas fait des essais dans les autres collectivités. En Polynésie, si ! C’est nous qui avons payé le plus cher pour la grandeur et la dignité de notre mère-patrie », tonne-t-elle. Pour elle, la DGA est « la reconnaissance de notre mère-patrie envers tout ce qui a été fait dans notre pays. » Applaudissements des sénateurs présents.
Mal à l’aise, George Pau-Langevin se trouve dans le mauvais rôle : « Pas à nous, ce genre d’observations », dit-elle en rappelant qu’en 1995 elle faisait partie des opposants à la reprise des essais nucléaires à Moruroa. Elle répète qu’elle propose « une solution raisonnable » et trouve ces critiques « pas très justes » par rapport au soutien qu’apporte par ailleurs l’Etat au fenua. Et d’ajouter, fataliste : « Si vous ne voulez pas, on ne va pas vous forcer. Cet amendement n’ira pas dans le sens des intérêts de la Polynésie, c’est tout. »
Mal à l’aise, George Pau-Langevin se trouve dans le mauvais rôle : « Pas à nous, ce genre d’observations », dit-elle en rappelant qu’en 1995 elle faisait partie des opposants à la reprise des essais nucléaires à Moruroa. Elle répète qu’elle propose « une solution raisonnable » et trouve ces critiques « pas très justes » par rapport au soutien qu’apporte par ailleurs l’Etat au fenua. Et d’ajouter, fataliste : « Si vous ne voulez pas, on ne va pas vous forcer. Cet amendement n’ira pas dans le sens des intérêts de la Polynésie, c’est tout. »
Mais au Sénat, la droite et le centre sont majoritaires. L’amendement de Nuihau Laurey est adopté. La séance se termine dans la confusion, une suspension de séance est demandée en urgence. Au final, Nuihau Laurey a gagné son bras-de-fer contre la ministre des Outre-mer mais il risque donc de perdre plus de 1,9 milliard de Fcfp qui manqueront au budget de la Polynésie française. Le budget de l’Etat devrait faire la navette entre les deux assemblées et c’est généralement l’Assemblée nationale, dont la majorité soutient le gouvernement, qui a le dernier mot.
Dans un communiqué ce jeudi, les sénateurs Laurey et Tetuanui "regrettent profondément les paroles prononcées par la ministre des Outre-mer". "Par son intervention, Mme Pau-Langevin a démontré, selon les sénateurs polynésiens, sa totale incompréhension du sujet des essais nucléaires en Polynésie", ajoutent les deux élus.
Dans un communiqué ce jeudi, les sénateurs Laurey et Tetuanui "regrettent profondément les paroles prononcées par la ministre des Outre-mer". "Par son intervention, Mme Pau-Langevin a démontré, selon les sénateurs polynésiens, sa totale incompréhension du sujet des essais nucléaires en Polynésie", ajoutent les deux élus.