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Budget 2013 à l'Assemblée: Intervention de Robert Tabseau, To Taou Ai'a


Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,
Monsieur le Président de la Polynésie française,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les représentants à l’Assemblée de la Polynésie française, chers collègues,


Notre groupe juge ce budget insincère et irréaliste même si nous nous doutons que nos considérations n’émeuvent pas la majorité actuelle.

Pourtant, là ou certains nous infligeait leurs sempiternels discours dogmatiques, les voilà comme par miracle, à prêcher le réalisme économique avec la foi des nouveaux convertis !

La Polynésie mérite mieux que l’esprit polémique qui parfois caractérise les propos tenus dans cette assemblée, le contexte de tension que connaissent aujourd’hui les finances publiques interdit, au moment où vous allez voter le budget général de la Polynésie française, toute démagogie et toute surenchère politicienne.

Rappelez-vous le budget primitif de 2012,-nous avions alors espéré que votre discours n’en resterait pas au stade des intentions et qu’il se traduirait rapidement dans les actes…

Et sur ce point, je dois vous avouer notre scepticisme au regard des divisions, voire des réelles tensions qui existent au sein de votre majorité.

Lors des commissions, nous avons pu mesurer le décalage énorme entre les différentes composantes de votre exécutif, et nous avons assisté, parfois amusés, aux échanges particulièrement vifs entre certains d’entre vous…

Comment pourrait-on les blâmer ? Pour 2012, vous nous annonciez en grande pompe, un redressement des comptes financiers avec la refonte du service public, la réforme fiscale et la réforme du système de la protection sociale généralisée.

Pour l’année 2013, changement de direction on tourne à gauche toute et on parle d’engager les actes préparatoires d’un plan destiné à inscrire, dans la durée, le développement économique !

C’est tout de même formidable ! Après un an de gouvernance, la réforme fiscale et la réforme de la PSG sont reportés à plus tard et on change de cap avec des actes préparatoires ! On dirait presque le jargon d’un étudiant en médecine dans sa première année ! Sauf que ceux-là s’exercent sur des cadavres…ce qui n’est pas très réjouissant pour l’avenir de la Polynésie française.

D’une part, la crise économique locale limite dorénavant la capacité de la Polynésie française à augmenter les impôts. Et c’est tant mieux !

Et, on se demande encore pourquoi vous avez cru bon de déprimer le moral des entreprises en adoptant la taxe sur les équipements électrique, l’augmentation des taxes de certains produits à l’importations et la mise en place d’une taxe sur les produits provenant de la zone européenne.

D’autre part, le pays, pour continuer à se financer, auprès des bailleurs de fonds, doit apporter des preuves d’une gestion soutenable.

Comment peut-on le croire lorsque parmi les aides promises, il a été démontré par des chiffres officiels qu’elles ne pourront pas être honorées ou que les motifs qui ont motivé ces fameuses aides sont bel et bien les prochaines élections.

Alors, vous essayez de faire rêver avec le chiffre de 150 milliards sur 15 ans.
Pourtant, on a la vague impression que le pays a signé un contrat dans l’urgence.
Et pour cause, les premières recettes de ce « joint-venture » n’apparaissent nulle part dans le budget primitif. Comment le gouvernement a-t-il évalué aussi vite les risques et les avantages pour le pays ? 150 milliards c’est bien évidemment un chiffre énorme mais pourquoi n’a-t-on pas fait un appel à la concurrence pour garantir le meilleur choix ?

Même si nous avons l’habitude que le Président range dans son coffre-fort l’ensemble des contrats et autres documents importants et sur lesquels nous avons pourtant un droit de regard, pourquoi faire autant de cachoteries ? Avez-vous des secrets bien gardés à cacher ?

Concernant l’Allocation de parent isolé, rien n’est très clair !

L’aide aux familles est une mesure qui existe déjà et vous allez au final la rendre moins accessible ! Qu’espérez-vous en limitant l’accès aux aides familiales qui ont une portée plus générale pour les familles démunies ?

Car, la vraie question c’est quelles seront les modalités et les critères d’attributions de cette fameuse aide ?

A 20 000 kilomètres, pour prétendre à cette prestation, oui parce que vous n’avez absolument rien inventé, il faut remplir les conditions suivantes :
- être veuf(ve), divorcé(e), séparé(e) de droit ou de fait d'avec son conjoint ou concubin, ou être célibataire à la condition de ne pas vivre en concubinage ou d'être lié(e) à un partenaire par un pacte civil de solidarité ;
- assumer seul(e) la charge d'un ou plusieurs enfants,.
- disposer de ressources inférieures au montant du revenu minimum garanti par cette allocation.

En bref, encore de la poudre aux yeux qui risque de laisser beaucoup de mécontents au futur guichet en charge de l’aide si finalement l’aide aux familles se voit restreinte.

Comment a-t-elle été jugée plus utile qu’une autre ? On se le demande encore…

Tout comme on se demande comment vous allez pouvoir assurer l’équilibre budgétaire sans la dotation exceptionnelle de Sarkozy, c’est bien grâce à elle que vous avez retrouvé un peu de dignité. Je ne vois nulle part de participation exceptionnelle HOLLANDE dans votre budget.

Il y aussi la lutte contre la cherté de la vie avec la réduction du coût de l’électricité

La dernière fois que le Ministre de l’économie a prédit une baisse de l’électricité pour les plus démunis on a vu le résultat ! Des factures aux montants exorbitants ont fait leur apparition.

Plus sérieusement, l’économie sur la facture sera de combien exactement ? Moins de 200F par mois? Croyez-vous que cette réduction va changer quoique ce soit pour les familles ? C’est à peine le prix d’un PPN !

Encore une mesure trompeuse, lorsqu’on sait que les pétroliers attendent toujours d’être payés. Entre une facture de plus de 2 milliards et la possible augmentation du prix des hydrocarbures dans les mois à venir, autant dire que c’est aussi intelligent que d'enterrer des cannettes en aluminium et du verre broyés avant de planter un cocotier dessus.

Et en parlant de cocotier, que dire alors du projet de société du coprah et du monoi ?

La subvention à l’huilerie de TAHITI ne bouge pas alors que l’huilerie est au bord de la faillite. Le gouvernement investit dans les aides directes aux coprahculteurs mais ne se soucie pas de la viabilité de la filière toute entière. C’est extraordinaire tout de même!

Quand il s’agit de ne pas voir plus loin que le bout de sa pirogue, vous êtes doués ! Prenant par exemple, la liste des PPN et des PGC, si on peut se réjouir de voir des nouveaux produits soucieux d’une alimentation plus saine, ajoutés à la liste des PPN ont peut aussi se demander si cette mesure répond aux besoins des petits revenus.

En effet, dans les îles où les produits sont critiqués comme étant plus chers que sur Tahiti, beaucoup de familles polynésiennes sont plus touchées par les besoins d’un nourrisson qui ne peuvent être remplacés par du coco, des produits de la terre ou des produits de la mer.

Il n’y pas de substitution et souvent ces produits grèvent le budget déjà très serré des familles modestes.

Encore une fois, quels sont les motifs et les critères qui ont déterminé cette liste ?

Les importateurs y sont opposés, cela veut-il dire que cette mesure ne servira à rien si les professionnels ne jouent pas le jeu ?

Avez-vous remarqué, c’est extraordinaire, comment vous arrivez à mettre absolument tout le monde professionnel contre vous Monsieur le Ministre ? Je suis tenté de dire, défaut professionnel mais c’était un autre temps…

De manière plus générale, prenons le tourisme : Après avoir suggéré aux habitants d’accueillir les touristes chez eux, le gouvernement a souhaité investir 405 millions dans l’aménagement de la pointe venus. Mais attention, sans business plan…C’est incroyable, j’avais jamais encore vu ça.

Pourquoi ne pas engager cette somme dans une mesure de relance ? Le secteur du bâtiment est un secteur sinistré et certaines mesures d’aides au logement auprès des organismes bancaires ont déjà fait leurs preuves. Les projets d’investissements prévus pour 2013 sont loin d’être suffisants.

Encore une fois et au risque de me répéter, l’investissement est réduit au point que même les dépenses d’investissement doivent pouvoir répondre aux besoins des professionnels qui ont déjà clairement été identifiés.

A moins que l’augmentation de 99 700 000F de subventions exceptionnelles associations et autres organismes de droit privé soit prévue à cet effet…l’opacité sur les motifs est totale.

Le pompon c’est bien la fiscalité réformé mais pas tout à fait… avec des dépenses en hausses : Une augmentation de 4 milliards en dépenses totales dont une partie en personnel.

Et, une surprise qui n’en est plus vraiment une, 450 millions sont prévus pour une étude destinée à évaluer la possibilité d’un impôt sur le revenu.

Mais c’est pas grave les recettes fiscales son en hausses : + 2 milliards sur l’exonération des droits et taxes à l’importation : il s’agirait essentiellement des équipements militaires à hauteur de 1.5 milliards… Doit-on encore prévoir un contentieux?

Enfin, aux traditionnelles récriminations sur les concours de l’Etat et la limitation du recours à la fiscalité, vous ajoutez des inquiétudes, nouvelles celles-là, mais pour le coup assez légitimes, liées à l’assèchement de certaines dotations.

S’agissant des relations entre l’Etat et le gouvernement TEMARU le moment est venu de tenir un discours de vérité.

Pour conclure, ce budget continue d’alimenter une situation pessimiste. Il aurait fallu une attitude plus optimiste avec un réel contrat en les investisseurs locaux et le pays pour la relance de l’emploi. Relance qui se traduirait par l’augmentation de l’activité économique. C’est la seule condition réelle pour retrouver des recettes fiscales à la hausse.

Je vous remercie de votre attention.

Rédigé par () le Mardi 11 Décembre 2012 à 15:08 | Lu 397 fois