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Brotherson vague face aux Polynésiens


Dans la salle de la présidence, le président du Pays faisait face à 80 Polynésiens triés sur le volet. crédit photo Bertrand Prévost
Dans la salle de la présidence, le président du Pays faisait face à 80 Polynésiens triés sur le volet. crédit photo Bertrand Prévost
Tahiti, le 24 août 2023 - Foncier, social, éducation, agriculture, économie, logement, coût de la vie, environnement... Pendant deux heures et demie, le président Moetai Brotherson a répondu aux questions des 80 Polynésiens invités à la présidence. Sur la forme, le président du Pays semblait plus à l'aise que la veille. Sur le fond, ses réponses sont restées très générales, et ceux qui attendaient des annonces ou au moins un cap devront encore patienter.
 
Dans la salle de la présidence, le président du Pays faisait face à 80 Polynésiens triés sur le volet. Après le coup de chaud de la veille, Moetai Brotherson était venu avec son éventail cette fois pour se prêter à cet exercice encore inédit en Polynésie : le bilan des 100 jours face aux Polynésiens.
Si des questions précises ont été posées, le président du Pays est resté dans des généralités en faisant des constats de situations déjà connues et sans apporter de réponses. On se serait cru encore en campagne électorale face à un Moetai Brotherson qui n'a pas fait d'annonces ni présenté de mesures concrètes. Entre son allocution la veille, et son rendez-vous face aux Polynésiens ce jeudi soir, le président du Pays a déroulé sur tous les thèmes dans une liste à la Prévert. À sa décharge, beaucoup de questions étaient très personnelles... comme dans un meeting électoral.

Sur l'éducation, des étudiants ont interrogé le président sur la difficulté pour eux à se loger. “Nous allons demander à l'État d'augmenter sa participation à l'allocation au logement étudiant (ALE)”, a-t-il répondu, ajoutant qu'il allait créer des “maisons des archipels” pour nos jeunes des îles et libérer ainsi les logements étudiants pour ceux de Tahiti. Quand, combien, où ? Mystère. Sur les bourses, faut-il les augmenter ? “Moi, je vous dirais que oui, mais c'est mon ministre de l'économie qui a les clés de la caisse”, a souri le président qui a simplement indiqué que son rôle était d'arbitrer. 

Vagues perspectives

En matière de logement justement, on attendait d'en savoir un peu plus sur ce fameux projet Arana destiné à la classe intermédiaire, celle qui “gagne entre deux et quatre Smig”, a-t-il précisé. Il y aurait des “modifications légistiques” à faire au niveau de la règlementation avant de pouvoir créer cette société qui pourrait voir le jour “d'ici la fin de l'année pour lancer ces logements intermédiaires dès l'année prochaine”. Ça reste très vague mais pourquoi pas.

Il a évoqué une piste intéressante en matière de logement social pour répondre aux 4 000 dossiers en souffrance : revoir le “parcours du logement” car “certains ne répondent plus aux critères initiaux aujourd'hui car ils se sont élevés”. Sa solution : les faire basculer vers du logement intermédiaire pour libérer du logement social. Intéressant mais encore une fois, très vague et sans perspective réelle.
Le président a été interrogé sur la fameuse route du Sud. Derrière notre écran, on retient notre souffle en se disant que nous allons peut-être enfin avoir un cap. Que nenni. Idem sur les mesures visant à compenser la suppression de la TVA sociale. Rien de neuf sous le soleil. “L'évolution fiscale recherché va dans le sens de plus d'impôt directs et moins d'impôts indirects.”

Emploi, tourisme, cause animale, lutte contre les addictions, nucléaire, violences conjugales... de nombreux thèmes ont été abordés. Mais force est de constater que l'on est resté sur notre faim, comme la veille, alors que Moetai Brotherson avait annoncé que ce rendez-vous avec le public serait l'occasion de présenter ses perspectives.

Rédigé par Stéphanie Delorme le Jeudi 24 Août 2023 à 23:50 | Lu 5500 fois