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Brésil/Catatrophe écologique: Brasilia réclame 5,2 milliards de dollars aux compagnies minières


Brasilia, Brésil | AFP | vendredi 27/11/2015 - Le gouvernement brésilien va réclamer en justice 5,2 milliards de dollars aux compagnies minières responsables de la "plus grande catastrophe environnementale de l'histoire du Brésil", provoquée par la rupture d'un barrage de déchets minier le 5 novembre dans le sud-est du pays.

"Nous allons entamer lundi une action devant la justice civile" contre la compagnie Samarco, propriétaire du barrage, et ses deux actionnaires à parts égales, les géants miniers brésilien Vale et anglo-australien BHP Billiton, a annoncé vendredi à Brasilia l'avocat général de l'Etat brésilien, Luis Unacio Adams.

Cette action judiciaire "a pour objectif la création d'un fonds d'au moins 20 milliards de réais" (5,2 mds USD), qui devra servir à dédommager les victimes et réparer les dégâts environnementaux considérables causés au bassin du fleuve Rio Doce, le deuxième plus important du Brésil après l'Amazone, a déclaré l'avocat général.

Cette action sera déposée conjointement par l'Etat fédéral de l'Union et les Etats de Minas Gérais et Espirito Santo, régions du sud-est du géant d'Amérique du sud affectées par la catastrophe.

Les sommes réclamées se basent sur une estimation encore "préliminaire" a précisé M. Adams.

Il a souligné que le gouvernement brésilien n'avait aucune intention de participer à ce fonds qui devra être 100% privé.

Un barrage de déchets de minerais de fer de Samarco a cédé le 5 novembre près de la ville historique de Mariana, libérant une gigantesque coulée de boue qui a totalement submergé le village de Bento Rodrigue, faisant au moins 13 morts. Onze personnes sont toujours portées disparues, sans plus d'espoir d'être retrouvées vivantes.

La coulée s'est ensuite répandue jusqu'à l'océan atlantique sur 650 km à travers le lit du fleuve Rio Doce.

Sur son passage, elle a tué des milliers d'animaux, dévasté des zones de forêt tropicale protégées, et laissé 280.000 personnes sans eau.

Il s'agit de "la plus grande catastrophe environnementale de l'histoire du Brésil", a affirmé il y a quelques jours la ministre de l'Environnement, Izabella Teixera.

PLOMB ET ARSENIC

Les eaux polluées du Rio Doce contiennent des substances hautement toxiques telles que du plomb, de l'arsenic et du chrome, déjà présentes dans le lit du fleuve et qui sont remontées en surface au passage de la coulée de boue, a reconnu vendredi le groupe Vale, premier exportateur mondial de minerai de fer.

Vale a en revanche nié que la coulée de boue visqueuse était elle-même toxique, comme l'ont affirmé cette semaine des experts de l'ONU.

"La bonne nouvelle c'est que les substances (toxiques) ne se sont pas dissoutes dans l'eau et qu'elles commencent déjà à s'évacuer naturellement au fil des jours", a assuré vendredi en conférence de presse Vania Somaville, directrice des ressources humaines, de la santé et de la sécurité au sein du groupe Vale.

Le président de Vale, Murilo Ferreira, a par ailleurs annoncé vendredi à Rio de Janeiro la création d'un fonds entre les trois groupes miniers (Vale, BHP Billiton et Samarco) pour assurer le nettoyage du fleuve.

"Ce sera un fonds sur la base du volontariat, à long terme (...) et audité par des entreprises internationales", auquel participeront des entités gouvernementales et non-gouvernementales, a-t-il déclaré en conférence de presse.

S'exprimant dans la matinée, avant l'annonce du gouvernement, il avait indiqué que le montant total de ce fonds n'avait pas encore été fixé.

Mme Texeira a expliqué qu'il faudrait "au moins dix ans pour récupérer les conditions environnementales basiques du Rio Doce".

"Il s'est produit une rupture de la structure écologique sur diverses portions du fleuve", a ajouté la ministre, au côté de l'avocat général de l'Etat brésilien.

"Celle-ci a par exemple affecté la chaîne reproductive des poissons, et provoqué un processus accentué d'extermination de diverses espèces animales, principalement aquatiques qu'il est encore impossible d'évaluer car les cadavres sont piégés sous la boue", a-t-elle souligné.

Rédigé par AFP le Vendredi 27 Novembre 2015 à 15:22 | Lu 553 fois