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Borne sur France 2: l'heure de convaincre sur les retraites


Crédit Ludovic MARIN / AFP
Crédit Ludovic MARIN / AFP
Paris, France | AFP | jeudi 02/02/2023 - Face à une opposition grandissante à sa réforme des retraites, Élisabeth Borne s'explique jeudi soir sur France 2 sur le sens de son projet, qu'elle défend comme "juste" même si elle demande un "effort" aux Français, autant que sur sa stratégie.

La Première ministre sera interrogée pendant 35 minutes par la journaliste Caroline Roux dans l'émission "L'Evénement". Mais elle ne participera pas au débat qui suivra.

Elle entend "continuer à expliquer cette réforme", qui repousse notamment l'âge de départ de 62 à 64 ans, et pourquoi elle est "indispensable pour sauver le système de retraites", selon son entourage.

Devant le Sénat mercredi, Mme Borne a assuré "mesurer" ce que travailler plus longtemps "représente pour beaucoup de Français". "Je sais que nous ne sommes pas tous égaux devant le travail. C'est pourquoi nous avons veillé à répartir le plus équitablement possible l'effort", a-t-elle plaidé.

Après une mobilisation record mardi, avec entre 1,2 et 2,7 millions de personnes dans la rue, et avant deux nouvelles journées d'action la semaine prochaine, le gouvernement dit "entendre" et "comprendre" la colère des Français.

Mais Mme Borne a aussi serré la vis en affirmant dimanche que le report à 64 ans, qui cristallise le mécontentement, n'était "plus négociable".

"Hésitation mortelle"

Alors que l'exécutif cherche désespérément les mots justes pour vendre sa réforme, il s'agit aussi de se montrer résolu sur les fondamentaux: car "l'hésitation est mortelle", résume un ministre. 

Ce raidissement expose à d'éventuels blocages dans le pays, que 60% (+3 points en une semaine) des Français "comprendraient", selon un sondage Elabe publié mercredi, tandis que 71% restent opposés à la réforme. 

Avant de parler aux Français, la Première ministre a soigné sa majorité qui n'est que relative à l'Assemblée nationale.

Elisabeth Borne a d'abord "mobilisé" ses troupes lundi devant le bureau exécutif du parti présidentiel Renaissance, puis a participé mardi à l'Assemblée nationale à l'intergroupe comprenant aussi les formations alliées, Horizons et MoDem. "La majorité sera unie", a-t-elle assuré.

Elle pourra mesurer l'efficacité de son message lors de l'intervention d'Edouard Philippe, président d'Horizons, sur BFMTV deux heures avant la sienne.

Accusé de ne pas suffisamment soutenir l'exécutif, ce partisan d'un report de l'âge de départ jusqu'à 65, 66 voire 67 ans, voit son groupe semer la confusion, certains députés menaçant de voter contre ou s'abstenir.

Alors que le texte arrive lundi dans l'hémicycle, la rapporteure Stéphanie Rist "espère aller jusqu'au bout", en évitant un recours au 49.3 dont le gouvernement et sa majorité sortiraient "politiquement affaiblis".

"Une autre majorité"

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, s'est dit "convaincu" qu'il y aura suffisamment de voix pour adopter le texte, tout en admettant qu'une "majorité, ça se construit, ce n'est jamais donné d'avance".

Mais sans majorité, le député Renaissance Marc Ferracci, un proche d'Emmanuel Macron, prévient qu'"il faudra (en) chercher une autre", alors que le chef de l'Etat a déjà évoqué l'hypothèse d'une dissolution ces derniers mois.

Mme Borne veille dès lors aussi au grain chez Les Républicains, divisés sur la réforme. Or leur soutien lui permettrait de la faire adopter sans passer par le 49.3, outil constitutionnel vu comme autoritaire.

Le chef de file des députés de droite, Olivier Marleix, reçu à Matignon mercredi avec Éric Ciotti, président de LR, a évoqué un terrain d'entente sur les carrières longues. LR demande une dérogation aux 64 ans pour les salariés ayant commencé à travailler avant 21 ans -- érigée par certains députés en condition pour leur vote favorable.

Le secrétaire général de LR, Othman Nasrou, a appelé les siens à la "discipline collective".

Pour le chef de file des députés PS Boris Vallaud, le président Emmanuel Macron, resté distant sur le sujet, n'est que "l'exécuteur testamentaire" de Nicolas Sarkozy, auteur d'une réforme en 2010 qui a reporté l'âge de départ de 60 à 62 ans.

Revenant sur son expérience dans Le Figaro Magazine, l'ancien président évoque sa méthode, considérant que "plus vous négociez, plus vous mobilisez la gauche". En 2010, dit-il, "il n’y avait rien à négocier. Il fallait seulement écouter et informer, c’est ce que nous appelions +concerter+".

le Jeudi 2 Février 2023 à 05:33 | Lu 174 fois