Rangoun, Birmanie | AFP | mercredi 17/01/2018 - La police birmane a ouvert le feu mardi soir dans l'ouest du pays sur une foule de nationalistes bouddhistes en colère, tuant sept manifestants dans une région sous très haute tension, théâtre de violences contre les musulmans rohingyas.
"Les forces de sécurité ont demandé à la foule de se disperser et ont tiré des coups de semonce dans le ciel avec des balles en caoutchouc. Mais sans effet. Alors la police a tiré à balles réelles pour disperser les gens", a expliqué l'AFP Myo Soe, porte-parole de la police birmane.
"Sept personnes ont été tuées et treize blessées à Mrauk U", a-t-il ajouté, précisant que 20 policiers avaient également été blessés par des jets de pierres.
Mercredi matin, le calme était revenu dans la ville et la police a été déployée dans les rues, a-t-il précisé.
Un hôpital de la ville voisine de Sittwe a confirmé avoir pris en charge mercredi matin six blessés. "Cinq d'entre eux ont des blessures par balles et le sixième semble avoir été battu. Ils sont actuellement en salle d'opération", a déclaré à l'AFP Khing Maung Than, médecin à l'hôpital de Sittwe.
C'est l'interdiction d'une manifestation de nationalistes, soucieux de commémorer l'ancien royaume rakhine bouddhiste, qui a déclenché la colère de la foule.
Les milliers de personnes rassemblées malgré tout ont lancé des slogans réclamant "la souveraineté de l'Etat Rakhine" avant de s'en prendre à un bâtiment officiel.
D'après Nyi Nyi Khant, 29 ans qui a été témoin de la scène, "la police avait le temps d'arrêter la foule avant qu'elle n'arrive au bâtiment" en bloquant la rue.
"C'est un crime. Nous aimerions savoir qui a donné l'ordre de tirer", s'est insurgé auprès de l'AFP Hla Saw, député rakhine de la région de Mrauk U.
"Ils n'osent pas tirer sur les terroristes mais tirent sur des gens de l'ethnie rakhine car ils ne les considèrent pas comme des êtres humains", a-t-il ajouté, estimant que cet incident pourrait représenter un "grave traumatisme" pour la région.
Ancienne capitale de ce royaume, Mrauk U se situe dans l'Etat Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie, région sous très haute tension depuis l'été dernier et le début d'une campagne de répression de l'armée birmane, qui a poussé plus de 650.000 membres de la minorité musulmane des Rohingyas à fuir au Bangladesh.
Les Nations unies et les ONG ont évoqué une "épuration ethnique".
La région, qui est l'une des plus misérables du pays avec un taux de pauvreté qui atteint 78%, est gangrenée par la haine entre les communautés bouddhistes et musulmanes.
C'est d'ailleurs quelques heures après la signature par le Bangladesh et la Birmanie d'un accord pour le rapatriement des Rohingyas ayant fui le pays, que ces violences ont éclaté.
Sous la pression de la communauté internationale, alarmée par les conditions de vie des Rohingyas, le gouvernement birman a promis de rapatrier les réfugiés s'ils peuvent prouver qu'ils habitaient auparavant en Birmanie.
Mais ce retour s'annonce très compliqué car de nombreux villages de Rohingyas ont été brûlés et les réfugiés - tout comme les ONG - accusent des milices bouddhistes d'avoir pris part aux exactions au côté de l'armée (viols, meurtres, tortures).
Mardi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres s'est d'ailleurs dit inquiet des conditions de retour. "Le pire serait de déplacer ces personnes de camps au Bangladesh vers des camps en Birmanie", a-t-il averti.
Les violences dans l'Etat Rakhine ont débuté fin août par des attaques de postes de police par la rébellion de l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA), qui dénonce les mauvais traitements subis par cette minorité.
Mais l'Etat Rakhine est aussi le siège d'autres conflits: les combats entre l'Arakan army, groupe rebelle bouddhiste, et l'armée birmane se sont récemment intensifiés.
Pour l'analyste indépendante Gabrielle Aron, ces violences pourraient être le début de nouveaux affrontements intercommunautaires.
"Mrauk U est l'un des zones où les tensions intercommunautaires ont été très fortes depuis le mois d'août", explique-t-elle.
"Tout va maintenant dépendre de la façon dont les forces de sécurité vont réagir à cet incident".
Les Nations unies ont dit suivre avec "inquiétude" la situation et ont réclamé une enquête contre tout "usage disproportionné de la force".
"Les forces de sécurité ont demandé à la foule de se disperser et ont tiré des coups de semonce dans le ciel avec des balles en caoutchouc. Mais sans effet. Alors la police a tiré à balles réelles pour disperser les gens", a expliqué l'AFP Myo Soe, porte-parole de la police birmane.
"Sept personnes ont été tuées et treize blessées à Mrauk U", a-t-il ajouté, précisant que 20 policiers avaient également été blessés par des jets de pierres.
Mercredi matin, le calme était revenu dans la ville et la police a été déployée dans les rues, a-t-il précisé.
Un hôpital de la ville voisine de Sittwe a confirmé avoir pris en charge mercredi matin six blessés. "Cinq d'entre eux ont des blessures par balles et le sixième semble avoir été battu. Ils sont actuellement en salle d'opération", a déclaré à l'AFP Khing Maung Than, médecin à l'hôpital de Sittwe.
C'est l'interdiction d'une manifestation de nationalistes, soucieux de commémorer l'ancien royaume rakhine bouddhiste, qui a déclenché la colère de la foule.
Les milliers de personnes rassemblées malgré tout ont lancé des slogans réclamant "la souveraineté de l'Etat Rakhine" avant de s'en prendre à un bâtiment officiel.
D'après Nyi Nyi Khant, 29 ans qui a été témoin de la scène, "la police avait le temps d'arrêter la foule avant qu'elle n'arrive au bâtiment" en bloquant la rue.
"C'est un crime. Nous aimerions savoir qui a donné l'ordre de tirer", s'est insurgé auprès de l'AFP Hla Saw, député rakhine de la région de Mrauk U.
"Ils n'osent pas tirer sur les terroristes mais tirent sur des gens de l'ethnie rakhine car ils ne les considèrent pas comme des êtres humains", a-t-il ajouté, estimant que cet incident pourrait représenter un "grave traumatisme" pour la région.
- Violences intercommunautaires -
Ancienne capitale de ce royaume, Mrauk U se situe dans l'Etat Rakhine, dans l'ouest de la Birmanie, région sous très haute tension depuis l'été dernier et le début d'une campagne de répression de l'armée birmane, qui a poussé plus de 650.000 membres de la minorité musulmane des Rohingyas à fuir au Bangladesh.
Les Nations unies et les ONG ont évoqué une "épuration ethnique".
La région, qui est l'une des plus misérables du pays avec un taux de pauvreté qui atteint 78%, est gangrenée par la haine entre les communautés bouddhistes et musulmanes.
C'est d'ailleurs quelques heures après la signature par le Bangladesh et la Birmanie d'un accord pour le rapatriement des Rohingyas ayant fui le pays, que ces violences ont éclaté.
Sous la pression de la communauté internationale, alarmée par les conditions de vie des Rohingyas, le gouvernement birman a promis de rapatrier les réfugiés s'ils peuvent prouver qu'ils habitaient auparavant en Birmanie.
Mais ce retour s'annonce très compliqué car de nombreux villages de Rohingyas ont été brûlés et les réfugiés - tout comme les ONG - accusent des milices bouddhistes d'avoir pris part aux exactions au côté de l'armée (viols, meurtres, tortures).
Mardi, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres s'est d'ailleurs dit inquiet des conditions de retour. "Le pire serait de déplacer ces personnes de camps au Bangladesh vers des camps en Birmanie", a-t-il averti.
Les violences dans l'Etat Rakhine ont débuté fin août par des attaques de postes de police par la rébellion de l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA), qui dénonce les mauvais traitements subis par cette minorité.
Mais l'Etat Rakhine est aussi le siège d'autres conflits: les combats entre l'Arakan army, groupe rebelle bouddhiste, et l'armée birmane se sont récemment intensifiés.
Pour l'analyste indépendante Gabrielle Aron, ces violences pourraient être le début de nouveaux affrontements intercommunautaires.
"Mrauk U est l'un des zones où les tensions intercommunautaires ont été très fortes depuis le mois d'août", explique-t-elle.
"Tout va maintenant dépendre de la façon dont les forces de sécurité vont réagir à cet incident".
Les Nations unies ont dit suivre avec "inquiétude" la situation et ont réclamé une enquête contre tout "usage disproportionné de la force".