Rangoun, Birmanie | AFP | lundi 01/03/2021 - L'ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, déjà poursuivie pour avoir enfreint d'obscures règles commerciales et sanitaires, a été inculpée pour deux nouvelles infractions lundi, pendant que les tensions restaient vives dans le pays au lendemain de la journée de répression la plus meurtrière depuis le coup d'Etat.
Au moins 18 personnes ont été tuées dimanche par les forces de sécurité venues disperser des rassemblements pro-démocratie, selon les Nations Unies qui se basent sur "des informations crédibles". L'AFP a pu confirmer de source indépendante onze morts, mais certains rapports mettent en avant un bilan encore plus lourd que celui de l'ONU.
Tenue au secret depuis son arrestation le 1er février, Aung San Suu Kyi a comparu ce lundi en visioconférence et été inculpée pour violation d'une loi sur les télécommunications et "incitation aux troubles publics", a indiqué l'avocat Nay Tu, membre de son équipe de défense.
Elle était déjà poursuivie pour avoir importé illégalement des talkies-walkies et ne pas avoir respecté des restrictions liées au coronavirus, des motifs jugés extravagants par les observateurs internationaux.
La prix Nobel de la paix 1991 semble "en bonne santé", a relevé son principal avocat Khin Maung Zaw, qui n'a toujours pas été autorisé à la rencontrer. "Nous ne pouvons pas dire avec certitude combien d'infractions supplémentaires pourront lui être imputées. Tout peut arriver en ce moment". Une prochaine audience est prévue le 15 mars.
Malgré la peur des représailles, les contestataires sont descendus de nouveau dans les rues et les tensions ont été vives.
Non loin de la tristement célèbre prison d'Insein à Rangoun, les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants. Il n'était pas possible de savoir si les tirs ont été effectués à balles réelles ou avec des munitions en caoutchouc.
"En première ligne pour nos héros"
Dans d'autres endroits de la capitale économique du pays, certains contestataires ont érigé des barricades de fortune avec des panneaux de bois, des canapés et des poteaux en bambou pour se protéger.
"Je suis ici en première ligne (...) pour nos héros qui sont morts", a expliqué un étudiant. "Je demande aux gens de prier pour nous, le pire peut arriver".
La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de disperser des manifestants, un média local faisant état de plusieurs blessés.
Après près d'un mois de mobilisation pro-démocratie avec des manifestations quotidiennes et une campagne de désobéissance civile, la riposte des autorités a été particulièrement sanglante dimanche avec des tirs à balles réelles rapportés par les secouristes.
On dénombre désormais une trentaine de morts dans les rangs des manifestants depuis le putsch du 1er février, d'après une ONG d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP). L'armée affirme pour sa part qu'un policier a péri en tentant de disperser un rassemblement.
Sollicitée, la junte n'a pas répondu aux requêtes de l'AFP pour commenter ces informations.
Mais les médias d'Etat ont averti que "des mesures sévères seront inévitablement prises" contre les "foules anarchiques".
"Violence abominable"
Des habitants sont descendus lundi dans les rues pour déposer des fleurs et allumer des bougies devant les portraits des victimes.
L'utilisation par la police et l'armée d'armes létales contre des manifestations largement pacifiques a suscité un nouveau concert de protestations internationales.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a condamné sur Twitter "la violence abominable des forces de sécurité birmanes". "L'usage de forces létales (...) et les arrestations arbitraires sont inacceptables", a réagi de son côté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
L'ambassadeur birman aux Nations unies, Kyaw Moe Tun, avait lui-même rompu quelques jours plus tôt de manière spectaculaire avec les généraux putschistes en appelant à "mettre fin au coup d'Etat" et à "rendre le pouvoir de l'Etat au peuple". Il a été démis de ses fonctions par la junte.
Les ministres des Affaires étrangères d'Asie du Sud-Est doivent discuter mardi de la crise lors de discussions informelles en ligne.
Mais les nombreuses condamnations internationales et l'annonce de sanctions par les Etats-Unis et l'Union européenne n'ont pour l'instant pas réussi à infléchir les militaires.
"Le monde doit intensifier sa réponse. Les déclarations de condamnation sont les bienvenues mais sont insuffisantes", a relevé le rapporteur spécial des Nations Unies, Tom Andrews.
Les vagues d'arrestations se poursuivent. Plus de 1.100 personnes ont été interpellées, inculpées ou condamnées depuis le coup d'Etat, selon l'AAPP (Association d'aide aux prisonniers politiques), une ONG basée en Birmanie. Un média officiel a fait état de 571 arrestations pour la seule journée de dimanche.
Plusieurs journalistes ont été arrêtés ces derniers jours, dont un photographe de l'agence de presse américaine Associated Press. Deux journalistes de l'agence chinoise Xinhua ont été visés lundi par des tirs de balles en caoutchouc, d'après un de leurs collègues.
Les derniers soulèvements populaires de 1988 et de 2007 ont été réprimés dans le sang par l'armée déjà au pouvoir pendant près de 50 ans depuis l'indépendance du pays en 1948.
Les généraux, qui contestent le résultat des élections de novembre remportées massivement par le parti d'Aung San Suu Kyi, ont promis la tenue d'un nouveau scrutin.
Au moins 18 personnes ont été tuées dimanche par les forces de sécurité venues disperser des rassemblements pro-démocratie, selon les Nations Unies qui se basent sur "des informations crédibles". L'AFP a pu confirmer de source indépendante onze morts, mais certains rapports mettent en avant un bilan encore plus lourd que celui de l'ONU.
Tenue au secret depuis son arrestation le 1er février, Aung San Suu Kyi a comparu ce lundi en visioconférence et été inculpée pour violation d'une loi sur les télécommunications et "incitation aux troubles publics", a indiqué l'avocat Nay Tu, membre de son équipe de défense.
Elle était déjà poursuivie pour avoir importé illégalement des talkies-walkies et ne pas avoir respecté des restrictions liées au coronavirus, des motifs jugés extravagants par les observateurs internationaux.
La prix Nobel de la paix 1991 semble "en bonne santé", a relevé son principal avocat Khin Maung Zaw, qui n'a toujours pas été autorisé à la rencontrer. "Nous ne pouvons pas dire avec certitude combien d'infractions supplémentaires pourront lui être imputées. Tout peut arriver en ce moment". Une prochaine audience est prévue le 15 mars.
Malgré la peur des représailles, les contestataires sont descendus de nouveau dans les rues et les tensions ont été vives.
Non loin de la tristement célèbre prison d'Insein à Rangoun, les forces de sécurité ont tiré sur des manifestants. Il n'était pas possible de savoir si les tirs ont été effectués à balles réelles ou avec des munitions en caoutchouc.
"En première ligne pour nos héros"
Dans d'autres endroits de la capitale économique du pays, certains contestataires ont érigé des barricades de fortune avec des panneaux de bois, des canapés et des poteaux en bambou pour se protéger.
"Je suis ici en première ligne (...) pour nos héros qui sont morts", a expliqué un étudiant. "Je demande aux gens de prier pour nous, le pire peut arriver".
La police a tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour tenter de disperser des manifestants, un média local faisant état de plusieurs blessés.
Après près d'un mois de mobilisation pro-démocratie avec des manifestations quotidiennes et une campagne de désobéissance civile, la riposte des autorités a été particulièrement sanglante dimanche avec des tirs à balles réelles rapportés par les secouristes.
On dénombre désormais une trentaine de morts dans les rangs des manifestants depuis le putsch du 1er février, d'après une ONG d'assistance aux prisonniers politiques (AAPP). L'armée affirme pour sa part qu'un policier a péri en tentant de disperser un rassemblement.
Sollicitée, la junte n'a pas répondu aux requêtes de l'AFP pour commenter ces informations.
Mais les médias d'Etat ont averti que "des mesures sévères seront inévitablement prises" contre les "foules anarchiques".
"Violence abominable"
Des habitants sont descendus lundi dans les rues pour déposer des fleurs et allumer des bougies devant les portraits des victimes.
L'utilisation par la police et l'armée d'armes létales contre des manifestations largement pacifiques a suscité un nouveau concert de protestations internationales.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a condamné sur Twitter "la violence abominable des forces de sécurité birmanes". "L'usage de forces létales (...) et les arrestations arbitraires sont inacceptables", a réagi de son côté le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
L'ambassadeur birman aux Nations unies, Kyaw Moe Tun, avait lui-même rompu quelques jours plus tôt de manière spectaculaire avec les généraux putschistes en appelant à "mettre fin au coup d'Etat" et à "rendre le pouvoir de l'Etat au peuple". Il a été démis de ses fonctions par la junte.
Les ministres des Affaires étrangères d'Asie du Sud-Est doivent discuter mardi de la crise lors de discussions informelles en ligne.
Mais les nombreuses condamnations internationales et l'annonce de sanctions par les Etats-Unis et l'Union européenne n'ont pour l'instant pas réussi à infléchir les militaires.
"Le monde doit intensifier sa réponse. Les déclarations de condamnation sont les bienvenues mais sont insuffisantes", a relevé le rapporteur spécial des Nations Unies, Tom Andrews.
Les vagues d'arrestations se poursuivent. Plus de 1.100 personnes ont été interpellées, inculpées ou condamnées depuis le coup d'Etat, selon l'AAPP (Association d'aide aux prisonniers politiques), une ONG basée en Birmanie. Un média officiel a fait état de 571 arrestations pour la seule journée de dimanche.
Plusieurs journalistes ont été arrêtés ces derniers jours, dont un photographe de l'agence de presse américaine Associated Press. Deux journalistes de l'agence chinoise Xinhua ont été visés lundi par des tirs de balles en caoutchouc, d'après un de leurs collègues.
Les derniers soulèvements populaires de 1988 et de 2007 ont été réprimés dans le sang par l'armée déjà au pouvoir pendant près de 50 ans depuis l'indépendance du pays en 1948.
Les généraux, qui contestent le résultat des élections de novembre remportées massivement par le parti d'Aung San Suu Kyi, ont promis la tenue d'un nouveau scrutin.