Teahupo'o, le 25 août 2015. Le rêve de Jérémy Florès est devenu réalité. Après 9 années passées sur le World Tour, après avoir remporté le Pipeline Master en 2010, Jérémy Florès s'offre une splendide victoire à Teahupo'o lors de la Billabong Pro Tahiti 2015, la 7e étape du championnat du monde 2015.
Jérémy Florès a dû vaincre une réelle appréhension lors de cette compétition à Teahupo'o qui est une des vagues les plus dangereuses du monde. En effet, lors d'une session libre en Indonésie, il a chuté tête la première contre le récif en se blessant grièvement à la tête. Il avait dû déclarer forfait pour la 6e étape du World Tour en Afrique du Sud.
Rappelons également qu'en 2014 Jérémy Florès n'avait pas pu participer à la Billabong Pro Tahiti à cause d'une suspension qu'il avait eue en contestant de manière virulente une décision des juges de la WSL. Jérémy Florès entretien une relation spéciale avec la Polynésie qu'il fréquente depuis de longues années. Sa compagne n'est autre qu'Hinarani De Longeaux, notre Miss Tahiti 2012.
Jérémy Florès est un spécialiste du récif et cette victoire n'arrive pas par hasard. Il avait très bien débuté la compétition en remportant sa série du round 1 face aux deux Brésiliens Wiggolly Dantas et Miguel Pupo, avec un total de 14.90, ce qui qui lui avait permis d'accéder directement au round 3.
Au round 3, il avait pu s'imposer face au champion du monde 2012 Joel Parkinson, un redoutable compétiteur, grâce à un total de 18.87 contre 14.60. Lors du round 4, les choses s'étaient un peu compliquées pour lui. Alors qu'il menait la série avec un total de 14.66, Kelly Slater surfe une vague notée 9.77 en fin de série, ce qui permet au King de lui souffler la victoire et donc la qualification directe pour les quarts.
Jérémy Florès fut donc contraint de passer par les repêchages du round 5. Jérémy obtient un 8.00 sur sa première vague, un très bon score, mais la 2e bonne vague se fait attendre. Il s'impose malgré tout de justesse face au Brésilien Wiggolly Dantas avec un total de 13.37 contre 13.23 et se qualifie pour les quarts de finale.
Le vent se lève et les vagues commencent à se faire rares. Jérémy se montre patient dans ce quart de finale contre Kelly Slater. Il obtient un nouveau très bon score, un 8.60 grâce à un magnifique tube. Les deux surfeurs surfent tous deux dos à la vague, en 'backside'. Alors que le King chute et ne parvient pas à scorer, Jérémy obtient un 8.23 et remporte la série en totalisant 16.83 contre 15.66 pour Kelly Slater.
En demi finale, là aussi il attend patiemment et trouve deux bonnes vagues notée 7.83 et 8.03 contre un autre américain, CJ Hobgood, qui connaît Teahupo'o comme sa poche. CJ est très adroit, il surfe face à la vague et ose des sections impressionnante près du récif, mais les vagues se font rares, le vent est de plus en plus présent et CJ ne totalisera que 8.93.
En finale, Jérémy Florès doit affronter celui qui avait remporté la compétition en 2014 : Gabriel Medina, qui a fait comme lui un très bon parcours. Le Brésilien surfe quasiment accroupi, avec un centre gravité bas, cela lui demande des efforts mais cela lui offre de la stabilité. Jérémy lui a un surf élégant, fluide.
Jérémy obtient rapidement une première très bonne note, un 9.87 mais la série dure 35 minutes donc c'est loin d'être gagné, surtout face à Medina. Il faudra attendre jusqu'à 12 minutes de la fin pour que Jérémy prenne sa 2e vague notée 7.00. Medina réplique avec un 7.17, la priorité revient donc au Réunionnais.
Medina a alors besoin d'un 9.71. Alors qu'il ne manque que 6 minutes à la fin de la finale, Medina obtient une vague notée 6.03, ce qui sera insuffisant. Les 5 dernière minutes sont très longues pour le public présent acquis à la cause de Jérémy Florès mais finalement la sirène retentit et Jérémy Florès remporte la compétition.
Il remontera sur son bateau accompagnateur avant de tomber dans les bras de Xavier De Longeaux puis dans ceux de Hinarani qui est en larmes. Le moment est historique pour le surf français, pour le surf d'outre-mer. C'est la première fois qu'un français remporte la Billabong Pro, Manoa Drollet était parvenu jusqu'en finale en 2008 mais sans la remporter.
Jérémy Florès au micro de Tahiti Infos :
Comment as-tu fait pour dépasser l'appréhension que tu avait suite à ton 'crash' sur le reef indonésien ?
« J'ai eu peur tout au long de la compétition, je n'étais pas sûr de ce qui allait arriver. J'essayais de ne pas trop y penser, j'essayais de ne pas faire n'importe quoi non plus, de prendre les meilleures décisions pour être sur les meilleures vagues et pouvoir aller jusqu'au bout. J'ai surfé contre des mecs très forts, des champions du monde, j'ai eu des séries très dures. Je savais qu'il fallait que je prenne les meilleures vagues pour pouvoir les battre. »
Tu gagne le Pipeline Master en 2010, maintenant la Billabong Pro, c'est un rapport particulier que tu entretiens avec les vagues de récif ?
« Oui, j'adore cette vague, Teahupo'o c'est un endroit spécial pour moi, j'adore ce spot, j'ai toujours eu de bons 'feelings'. S'il y avait vraiment une épreuve que je voulais gagner c'était bien celle là. C'est un rêve qui est devenu réalité. J'ai grandi à la Réunion, surfer les vagues réunionnaises m'a beaucoup aidé pour surfer ces vagues. »
Tu a un rapport particulier avec Tahiti grâce à Hinarani et à tes amis Tahitiens ?
« Oui, j'ai ma deuxième famille tahitienne qui est ici, j'ai toute la famille de ma copine qui m'encourage, qui me soutient, ce sont des gens incroyables. Ils étaient là sur un bateau tout au long de la compétition. Pouvoir avoir ce soutien, cela a été vraiment spécial. »
Tu envisages un jour de venir habiter à Tahiti, avec tous ces problèmes qu'il y a à la Réunion avec le 'problème requin' ?
« Oui, c'est sûr que je n'oublie pas mes frères réunionnais, j'ai perdu énormément d'amis dans ces attaques de requins, c'est un véritable cauchemar qu'on vit à la Réunion, cette victoire elle peut être dédiée à toutes les victimes de ces attaques de requins. »
Les choses ont bougé dernièrement avec la mise en place de filets anti-requins ?
« Oui, il y a des filets anti requins tout ça, mais on a perdu beaucoup trop de monde, beaucoup trop de jeunes et d'amis, cela a mis beaucoup de temps. Là, cela va mieux, j'espère avec les filets que cela avancera. »
La clé de la compétition a été la patience ? Medina n'a pas arrêté de bouger ?
« Oui, je savais qu'il fallait être patient, je savais qu'il fallait être sélectif, être sur les meilleures vagues, surtout à la fin alors qu'il n'y a avait plus de grosses séries, il fallait être sur les meilleures. Merci à tous. » SB