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Bientôt des salles d'accouchement "nature"?


Une salle d'accouchement physiologique ou salle "nature" est une salle où vous trouverez un lit de naissance, une baignoire pour relaxer la maman pendant la dilatation et un panel d’accessoires (ballon, lianes suspendues au plafond) pour faciliter le travail de la future maman. Crédit photo. Hôpital de Valenciennes
Une salle d'accouchement physiologique ou salle "nature" est une salle où vous trouverez un lit de naissance, une baignoire pour relaxer la maman pendant la dilatation et un panel d’accessoires (ballon, lianes suspendues au plafond) pour faciliter le travail de la future maman. Crédit photo. Hôpital de Valenciennes
PAPEETE, le 12 février 2018. L'association Naître en Polynésie regroupe depuis 2015 des parents et des professionnels de santé, qui veulent améliorer l'accompagnement des familles pendant tout la période qui entoure la naissance. De l'amélioration de la qualité d'hébergement des mamans des îles à la possibilité d'accoucher dans des salles "nature", l'association œuvre pour que les choix des parents soient respectés.

Matareva porte dans ses bras sa fille. Le sourire aux lèvres et les yeux qui pétillent, elle confie : "J'ai accouché naturellement". Accoucher naturellement au fenua, cela veut dire sans péridurale. Le taux de péridurale est en effet beaucoup moins élevé en Polynésie française qu'en métropole. Selon les chiffres du journal Le Monde, le recours à l’anesthésie péridurale y est très fréquent, puisque son taux moyen est de 82%. Au fenua, ce taux augmente mais est encore inférieur au chiffre de métropole. Le taux de péridurale est en effet passé de 28% en 1996 à 47% en 2009.
Près de Matareva, une autre maman, Cindy, a un bon souvenir de son accouchement mais aimerait être davantage actrice de la naissance de son prochain enfant auquel elle pense déjà.

L'association Naître en Polynésie œuvre pour améliorer l'accompagnement des familles pendant tout la période qui entoure la naissance. Cette association regroupe depuis 2015 des parents et des professionnels de santé. Elle travaille pour le respect des choix des parents, l'amélioration des conditions d'hébergement des familles des îles éloignées, la diversification de l'offre de soins en Polynésie, la participation de la population aux décisions concernant la périnatalité et la demande de consentement avant tout acte médical.

L'association souhaite notamment mettre en place un réseau de périnatalité. Il regrouperait les professionnels travaillant dans la sphère de la naissance et des parents. En effet, aujourd'hui, sages-femmes, pédiatres, gynécologues… travaillent de façon plutôt individuelle. Pourtant, les nombreuses questions médicales ou sociales que se posent les familles (consultation d'un spécialiste, aide…) nécessitent souvent le recours à des compétences multiples.

Un réseau de périnatalité a pour but de favoriser l’accès aux soins, la coordination des acteurs entre eux, la continuité et l’interdisciplinarité de la prise en charge des mères et des nouveau-nés.

Améliorer l'hébergement des femmes des îles
C'est la fermeture du centre de naissance de Moorea qui a été le déclencheur de la création de l'association. "Entre 80 et 100 femmes accouchaient chaque année à Moorea", explique Sandrine Maurice, présidente de l'association Naître en Polynésie. "La population est toujours très demandeuse d'accoucher sur place." Aujourd'hui, dans les îles, il n'y a plus que le centre de naissance de Uturoa et de Taiohae.
Pour une femme, il n'est pourtant pas toujours facile de quitter son île, surtout quand elle laisse ses enfants et son mari derrière elle. L'association souhaite donc que la problématique de l'insularité soit davantage prise en compte.

Avant son accouchement, une future maman des îles sera logée soit dans la famille, soit dans un logement de la CPS. Dans le premier cas, loger pendant plusieurs semaines dans sa famille n'est pas toujours confortable, certaines mamans se sentant redevables. Dans le second cas, elles ne peuvent pas emmener leurs enfants ou leur tane dans les logements de la CPS. L'association souhaite donc que "les durées de séparation avec la famille soient raccourcies et que l'hébergement à Tahiti soit amélioré", explique Sandrine Maurice. "Pourquoi ne pas créer un hébergement qui puisse accueillir toute la famille?"

Pour que l'accouchement se passe de la meilleure manière possible, l'association recommande aux futurs parents de réfléchir à ce qu'ils veulent en l'écrivant dans un projet de naissance. "Plus on le fera plus le personnel de santé connaîtra cette démarche et y sera sensible", souligne Sandrine Maurice.

L'association organisera en mars à Moorea une journée d'échange. Au programme des ateliers gratuits avec séance d'initiation au yoga pour les femmes enceintes, à l'haptonomie, à la sophrologie, aux massages, au portage de bébé… L'objectif est d'informer les bébés pour qu'elles puissent choisir d'accoucher de la manière qui leur correspond le plus.


Page Facebook : Naître en Polynésie

Accoucher de façon naturelle en toute sécurité

Photo : AFP
Photo : AFP
En France, les maisons de naissance sont testées. Autorisées depuis fin 2015 à titre expérimental, la Haute autorité de santé demande que la maternité soit directement accessible depuis la maison de naissance, soit dans le même bâtiment ou dans un lieu attenant. Neuf structures de ce type, alternatives aux maternités classiques existent ainsi.
Cela n'existe pas au fenua. L'association Naître en Polynésie propose de mettre en place dans un premier temps un plateau technique dans une des trois maternités de Tahiti où les sages-femmes libérales pourraient venir accompagner les femmes qu'elles ont suivi au cours de leur grossesse et avec qui elles ont tissé un lien de confiance.
Dans un second temps, l'association souhaiterait que puisse être mis en place aussi un pôle physiologique. Une salle d'accouchement physiologique ou salle "nature" est comme une salle hybride, en réalité. A quoi cela ressemble ? Imaginez une pièce où vous ne trouverez pas de table d’accouchement, mais plutôt un lit de naissance. Une baignoire pour vous relaxer pendant la dilatation et un panel d’accessoires (ballon, lianes suspendues au plafond) pour faciliter le travail de la future maman. Ces salles disposent aussi d'un monitoring ambulatoire afin d’assurer la surveillance médicale tout en laissant la maman libre de ses mouvements.

"Le respect du consentement éclairé du patient"

En mars dernier, l'association Naître en Polynésie a adressé un courrier au ministre de la Santé pour "réclamer le respect du consentement éclairé du patient" et qu'il demander à rappelle à "tous les praticiens exerçant en obstétrique, l'obligation éthique et professionnelle de respecter cette loi". Dans ce courrier, Sandrine Maurice évoque les "plaintes de familles concernant le non-respect de la loi Kouchner sur le consentement libre et éclairé". "Il existe actuellement en Polynésie des situations inacceptables où des femmes enceintes sont contraintes et forcées sous la menace, à un suivi et à des actes non respectueux du libre choix des patients", écrit la présidente de l'association Naître en Polynésie. "Des gestes médicaux sont réalisés pendant la grossesse ou la période périnatale sans aucune demande de consentement, sans explication des objectifs de l'acte ni des risques qu'ils peuvent entraîner, et sans possibilité de refus laissée aux patientes".


Rédigé par Mélanie Thomas le Lundi 12 Février 2018 à 12:01 | Lu 6206 fois