Washington, Etats-Unis | AFP | mardi 29/03/2021 - Joe Biden le répète sur tous les tons: il veut "voir grand". Le président américain lance cette semaine la deuxième offensive de son mandat: un projet d'investissements massifs dans les infrastructures s'accompagnant de hausses d'impôts qui restent à définir mais font déjà hurler ses adversaires politiques.
Preuve de l'importance qu'il attache à ce dossier, qui pourrait être un marqueur de sa présidence, il s'exprimera mercredi depuis Pittsburgh, dans le nord-est, la ville où il a lancé sa campagne il y a deux ans.
Et signe d'une présidence qu'il veut audacieuse et réformatrice, celui que Donald Trump avait tenté de caricaturer en "Sleepy Joe" (Joe l'endormi) sans idées ni lignes directrices devrait avancer des chiffres qui pourraient, une nouvelle fois, donner le tournis.
Après avoir fait adopter par le Congrès un plan de sauvetage centré sur la pandémie de Covid-19 de près de 2.000 milliards de dollars, il pourrait cette fois-ci vanter les mérites d'une enveloppe de 3.000, voire 4.000 milliards.
Objectif affiché? "Reconstruire notre économie et créer des emplois mieux payés pour les travailleurs américains", selon la formule de sa porte-parole Jen Psaki.
Le projet s'articule autour d'une promesse mille fois répétée en campagne: "Build Back Better" ("Reconstruire mieux"), visant à moderniser les installations, relever le défi de la compétitivité face à la Chine, mais aussi à placer les enjeux climatiques au coeur de la politique américaine.
La Maison Blanche est jusqu'ici restée avare en détails, alimentant les spéculations sur les projets et les sommes envisagées mais aussi la stratégie politique.
Seule certitude: le discours de Pittsburgh ne sera que le point de départ d'une âpre bataille au Congrès à l'issue très incertaine. Sa majorité y est en effet étriquée, et les tractations s'annoncent redoutables.
Les mois à venir mettront à l'épreuve les qualités de négociateur et de fin connaisseur des rouages de Washington de ce "vieux lion" de la politique", selon l'expression de Barack Obama.
Buttigieg en première ligne
Restaurer ou construire des routes, des ponts, des voies ferrées, des ports et des aéroports? L'idée est bien sûr parlante pour le grand public, d'autant que nombre d'infrastructures aux Etats-Unis datent des années 1950 et que leur délabrement ne fait pas débat.
Mais au-delà de la célèbre ritournelle "c'est un sujet sur lequel démocrates et républicains peuvent s'entendre", dégager un consensus politique n'est pas une mince affaire.
Les deux prédécesseurs de Joe Biden, Donald Trump et Barack Obama, avaient, eux aussi, slogans à l'appui, fait de grandes promesses sur ce thème. Elles sont restées lettre morte.
La question revient en boucle: comment les financer?
Ancien rival de Joe Biden dans les primaires démocrates, Pete Buttigieg, désormais ministre des Transports, qui sera en première ligne sur ce dossier, assure que tout sera différent cette fois-ci, que les étoiles sont alignées.
"Je pense que nous avons une occasion extraordinaire d'avoir le soutien des deux partis pour voir grand et faire preuve d'audace sur les infrastructures", martèle le jeune ministre.
"Les Américains n'ont pas besoin qu'on leur explique que nous devons agir sur les infrastructures et la réalité est que vous ne pouvez séparer la dimension climatique" de ce défi.
Si l'enthousiasme et le capital politique de Pete Buttigieg sont réels, la tâche s'annonce ardue.
Pour DJ Gribbin, expert au sein de la Brookings Institution et ancien conseiller de Donald Trump sur les infrastructures, Joe Biden ferait bien de s'inspirer des erreurs de ses prédécesseurs.
Il s'agit d'abord de définir avec précision le rôle du gouvernement fédéral qui n'est, dans l'écrasante majorité des cas, pas le propriétaire de ces infrastructures.
Mais il s'agit aussi de se méfier du risque d'un projet trop "technique" et de garder toujours garder en tête l'appétit des Américains, et de leurs élus, pour des projets "tangibles": quelle réduction dans mes temps de transport? Les nids-de-poule sur les routes seront-ils éliminés?
S'il ne change pas d'approche, Joe Biden se heurtera, lui aussi, au Congrès, écrit DJ Gribbin dans un billet de blog. Et échouera.
"Et la tradition des futures candidats à la présidentielle promettant en vain des milliers de milliards de dollars pour nos infrastructures se perpétuera".
Preuve de l'importance qu'il attache à ce dossier, qui pourrait être un marqueur de sa présidence, il s'exprimera mercredi depuis Pittsburgh, dans le nord-est, la ville où il a lancé sa campagne il y a deux ans.
Et signe d'une présidence qu'il veut audacieuse et réformatrice, celui que Donald Trump avait tenté de caricaturer en "Sleepy Joe" (Joe l'endormi) sans idées ni lignes directrices devrait avancer des chiffres qui pourraient, une nouvelle fois, donner le tournis.
Après avoir fait adopter par le Congrès un plan de sauvetage centré sur la pandémie de Covid-19 de près de 2.000 milliards de dollars, il pourrait cette fois-ci vanter les mérites d'une enveloppe de 3.000, voire 4.000 milliards.
Objectif affiché? "Reconstruire notre économie et créer des emplois mieux payés pour les travailleurs américains", selon la formule de sa porte-parole Jen Psaki.
Le projet s'articule autour d'une promesse mille fois répétée en campagne: "Build Back Better" ("Reconstruire mieux"), visant à moderniser les installations, relever le défi de la compétitivité face à la Chine, mais aussi à placer les enjeux climatiques au coeur de la politique américaine.
La Maison Blanche est jusqu'ici restée avare en détails, alimentant les spéculations sur les projets et les sommes envisagées mais aussi la stratégie politique.
Seule certitude: le discours de Pittsburgh ne sera que le point de départ d'une âpre bataille au Congrès à l'issue très incertaine. Sa majorité y est en effet étriquée, et les tractations s'annoncent redoutables.
Les mois à venir mettront à l'épreuve les qualités de négociateur et de fin connaisseur des rouages de Washington de ce "vieux lion" de la politique", selon l'expression de Barack Obama.
Buttigieg en première ligne
Restaurer ou construire des routes, des ponts, des voies ferrées, des ports et des aéroports? L'idée est bien sûr parlante pour le grand public, d'autant que nombre d'infrastructures aux Etats-Unis datent des années 1950 et que leur délabrement ne fait pas débat.
Mais au-delà de la célèbre ritournelle "c'est un sujet sur lequel démocrates et républicains peuvent s'entendre", dégager un consensus politique n'est pas une mince affaire.
Les deux prédécesseurs de Joe Biden, Donald Trump et Barack Obama, avaient, eux aussi, slogans à l'appui, fait de grandes promesses sur ce thème. Elles sont restées lettre morte.
La question revient en boucle: comment les financer?
Ancien rival de Joe Biden dans les primaires démocrates, Pete Buttigieg, désormais ministre des Transports, qui sera en première ligne sur ce dossier, assure que tout sera différent cette fois-ci, que les étoiles sont alignées.
"Je pense que nous avons une occasion extraordinaire d'avoir le soutien des deux partis pour voir grand et faire preuve d'audace sur les infrastructures", martèle le jeune ministre.
"Les Américains n'ont pas besoin qu'on leur explique que nous devons agir sur les infrastructures et la réalité est que vous ne pouvez séparer la dimension climatique" de ce défi.
Si l'enthousiasme et le capital politique de Pete Buttigieg sont réels, la tâche s'annonce ardue.
Pour DJ Gribbin, expert au sein de la Brookings Institution et ancien conseiller de Donald Trump sur les infrastructures, Joe Biden ferait bien de s'inspirer des erreurs de ses prédécesseurs.
Il s'agit d'abord de définir avec précision le rôle du gouvernement fédéral qui n'est, dans l'écrasante majorité des cas, pas le propriétaire de ces infrastructures.
Mais il s'agit aussi de se méfier du risque d'un projet trop "technique" et de garder toujours garder en tête l'appétit des Américains, et de leurs élus, pour des projets "tangibles": quelle réduction dans mes temps de transport? Les nids-de-poule sur les routes seront-ils éliminés?
S'il ne change pas d'approche, Joe Biden se heurtera, lui aussi, au Congrès, écrit DJ Gribbin dans un billet de blog. Et échouera.
"Et la tradition des futures candidats à la présidentielle promettant en vain des milliers de milliards de dollars pour nos infrastructures se perpétuera".