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Bernhard Walzl, un Autrichien aux championnats du monde de va’a


PAPEETE, le 9 juillet 2018 – A 31 ans et après avoir vécu quatre ans en Polynésie, Bernhard Walzl revient à Tahiti pour représenter l'Autriche aux Championnats du monde de va'a vitesse.

Grand, blond aux yeux bleus, Bernhard Walzl est un sacré personnage. Il a atterri dimanche à Tahiti et revient d'un tour du pacifique. "Je suis arrivé quelques semaines avant la compétition pour pouvoir m’entraîner un peu dans les eaux polynésiennes avant le début du Championnat du monde de va'a", explique le jeune autrichien avec son accent germanique.

Parce que Bernhard s'est fixé un défi hors du commun. Il a décidé de représenter l'Autriche aux championnats du monde de va'a vitesse. "Je ne suis pas du tout un sportif professionnel. Jusqu'à présent, ma pratique du va'a se limitait à des entraînements de v6 deux fois par semaine avec des copains et des entraînements de V1 quand j'ai du temps libre et le week-end", raconte le jeune homme, en regardant le lagon. Le trentenaire a bien conscience de ne pas être au niveau des autres compétiteurs, "je vais être en compétition avec de vrais professionnels, des gens qui font ça tous les jours, et qui pratiquent la discipline depuis qu'ils sont enfants. J'ai appris le sport tout seul en glanant des conseils à droit à gauche. J'ai commencé quand je suis arrivé à Tahiti, il y a un peu plus de quatre ans", explique l'Autrichien. Son objectif est de porter les couleurs de son Pays, mais aussi de promouvoir ce sport polynésien en Autriche et surtout de ne pas arriver dernier de la compétition, "je vais tout donner pour ne pas arriver dernier. Si j'arrive à me qualifier au repêchage, j'aurais gagné ma course", avoue-t-il lucide. Il ajoute, "c'est peut-être un peu tard, mais je vais commencer sérieusement les entraînements. Mon programme est de deux heures de rame le matin et deux heures l'après-midi", raconte le rameur amateur. Bernhard doit compter avec une autre complication. En effet, il traîne une tendinite depuis le mois de mars quand qu'il travaillait dans une ferme néo-zélandaise à traire des vaches. Il devra donc ramer avec cette douleur lancinante au poignet.


LE RECORD D'AUTRICHE EN VITESSE

Au fur et à mesure que se déroule l'interview, on sent le stress du rameur autrichien monter, "en fait je ne me rendais pas trop compte" réalise-t-il. Bernhard s'est inscrit aux championnats du monde de vitesse il y a plus d'un an. "Il y a un peu plus d'un an, je vivais à Tahiti et j'ai entendu parler des Championnats du monde de va'a longue distance. Il était trop tard pour m'inscrire à cette édition, alors je me suis inscrit à la vitesse. A l'époque, je m'étais dit, ça peut être drôle d'être le premier Autrichien à ramer. Dans tous les cas, si j'arrive dernier, je détiendrais le record d'Autriche de vitesse en va'a, puisqu'il n'y a pas de précédent. J'aurais au moins ça pour moi", lâche-t-il dans un éclat de rire. Il ajoute, "en fait, je suis super fier de représenter l'Autriche dans ce Championnat du monde, peu importe mon résultat, le plus important c'est de participer. Ce sera une expérience unique. J'aurais ramé aux championnats du monde de va'a! C'est complètement fou!" réalise-t-il.

Le jour de l'ouverture de la compétition, Bernhard compte bien défiler en habits traditionnels autrichienne. Un t-shirt rouge et blanc aux couleurs de l'Autriche, une salopette en cuir et bien sûr le chapeau qui lui tient particulièrement à cœur. Pour ramer, il s'est acheté un short traditionnel en version short de bain qu'il arbore avec fierté. Ses yeux bleus pétillent d'excitation quand il montre ses tenues.


" J'AI EU DU MAL A QUITTER LA POLYNESIE "

A tout juste 31 ans, ce jeune autrichien est un garçon atypique. Après des études de cinéma en Autriche, il part se perfectionner en Australie, avec la ferme intention de s'y installer, mais la vie et ses imprévus déjouent ses plans et le force à chercher une alternative. Il décide donc d'aller en Nouvelle-Zélande, mais les dates des visas ne collent pas, il doit trouver un plan B pour un ou deux mois et se retrouve en Nouvelle-Calédonie. Il apprend le français et choisit de rester. Un an se passe, avec le français dans ses bagages, il veut changer de pays. Un billet en promotion pour la Polynésie, le décide. Il ira à Tahiti, séjournera un mois ou deux là-bas et rejoindra la Nouvelle-Zélande par bateau ensuite. C'était sans compter sur le mana et le charme de la Polynésie.
"Je suis tombé amoureux de la Polynésie française, de sa population et du mana." En quatre ans, Bernhard apprend le tahitien. Il parle désormais cinq langues : allemand, français, anglais, espagnol, et tahitien "niveau intermédiaire", tient-il à préciser. Féru de randonnées, il découvre les vallées encaissées de Tahiti et Moorea. Hyperactif, il ne s'arrête pas là, il part un mois chez un ami à Tematangi où il fait une tonne de coprahs. La terre et la mer ne lui suffisant pas, il passe son brevet de pilotage pour apprivoiser le fenua depuis les airs. "J'ai eu du mal à quitter la Polynésie, le temps est passé tellement vite." Tout cela, il le fait en plus de son travail au sein du vice-rectorat de Polynésie française. Après avoir passé un peu plus de six mois à bourlinguer aux îles Marquises, dans le pacifique sud et en Asie du Sud-est, la Polynésie française a rappelé le jeune Autrichien comme un aimant. "Me voilà de retour pour les championnats du monde de va'a. Je suis bien ici. Je me sens chez moi, les Polynésiens m'ont accueilli et intégré. J'aime cette culture, ce pays, cette chaleur polynésienne, les paysages."


LE 21 JUILLET, LE JOUR J

Loin de ses montagnes autrichiennes, Bernhard Walzl a fait de la Polynésie sa nouvelle maison sans pour autant oublier d'où il vient. Il entend bien honorer son pays, le 21 juillet prochain, lors des championnats du monde va'a en portant haut et fort ses couleurs sur le plan d'eau du Taaone contre le Canada, le Royaume-Uni, Wallis et Futuna, le Mexique et la Nouvelle-Zélande. Peut-être arrivera-t-il à décrocher sa place au repêchage ?

Rédigé par Marie Caroline Carrère le Lundi 9 Juillet 2018 à 16:06 | Lu 1606 fois