Minsk, Belarus | AFP | mercredi 09/09/2020 - L'opposante bélarusse Maria Kolesnikova a "déchiré son passeport", ont témoigné ses alliés mardi, pour faire échouer une tentative des autorités de la forcer à l'exil, fermement condamnée par les Etats-Unis.
Sur fond de répression du mouvement de protestations contre le président Alexandre Loukachenko, Mme Kolesnikova - emmenée de force à la frontière entre le Bélarus et l'Ukraine dans la nuit de lundi à mardi - "criait qu'elle n'irait nulle part" et "s'est extirpée par la fenêtre de la voiture avant de se diriger vers la frontière bélarusse" où elle a été arrêtée, ont raconté depuis Kiev deux collaborateurs qui étaient à ses côtés, Anton Rodnenkov et Ivan Kravtsov. Ils ont fait, eux, le choix de quitter leur pays.
Les deux hommes ont raconté avoir été emmenés de force lundi matin par des inconnus et transportés dans diverses administrations, menottés et un sac sur la tête. Interrogés et menacés de poursuites judiciaires, ils se sont finalement vu proposer de quitter le pays.
"Ce qui les intéressait, c'était le transport de Maria Kolesnikova hors des frontières. Ils l'expliquaient par la nécessité d'une désescalade de la situation" au Bélarus, a expliqué Ivan Kravtsov.
Maria Kolesnikova, 38 ans, est la dernière des trois figures féminines de l'opposition durant la campagne présidentielle à demeurer au Bélarus. Les deux autres, la candidate Svetlana Tikhanovskaïa et Veronika Tsepkalo, se sont exilées à l'étranger.
"Kolesnikova est actuellement détenue", a confirmé à l'AFP le porte-parole des gardes-frontières bélarusses, Anton Bytchkovski.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'est déclaré mardi "profondément inquiet des informations sur l'enlèvement et la tentative d'expulsion forcée de dirigeants de l'opposition au Bélarus", affirmant réfléchir à de nouvelles sanctions.
"Nous rappelons aux autorités du Bélarus qu'il est de leur responsabilité d'assurer la sécurité de Mme Kolesnikova et de tous ceux détenus de manière injuste", a dit Mike Pompeo.
"Les Etats-Unis, en coordination avec nos partenaires et nos alliés, envisagent des sanctions ciblées supplémentaires pour favoriser la prise de responsabilité de ceux impliqués dans la violation de droits humains et la répression au Bélarus", a-t-il ajouté.
La France a condamné mardi soir "les arrestations arbitraires et les pratiques d'exils forcés", et appelé à faire "toute la lumière" sur le cas de Maria Kolesnikova.
L'ONG Amnesty International a appelé à "la libération immédiate" de l'opposante et à "la fin de la campagne d'intimidation et de persécution politique" au Bélarus.
"Besoin d'aide"
S'exprimant plus tôt mardi sur cette affaire, M. Loukachenko avait donné une tout autre version des faits, assurant que Mme Kolesnikova avait été jetée d'une voiture "en marche" par ses deux collègues alors qu'ils fuyaient vers l'Ukraine. Il a assuré négocier avec Kiev la remise des deux autres personnes qui se trouvaient dans le véhicule.
Cette version avait été démentie dès le matin par les autorités ukrainiennes.
La figure de proue de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, elle-même exilée en Lituanie, a réclamé sa libération immédiate.
Ce type de situation "ne peut pas être la norme en Europe, ni dans un monde civilisé", a-t-elle déclaré lors d'une intervention par visioconférence devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE). "Mon peuple, ma nation ont besoin d'aide", a dit Mme Tikhanovskaïa, dont une collaboratrice a disparu à son tour mardi selon son équipe de campagne.
Une action en soutien à Maria Kolesnikova a rassemblé une centaine de personnes à Minsk mardi soir avant d'être dispersée par la police, qui a procédé à des arrestations.
"Persécution politique"
Dans une interview donnée à plusieurs médias publics russes, Alexandre Loukachenko a assuré mardi que "si le Bélarus tombe, la prochaine sera la Russie". "Si Loukachenko s'écroule, tout le système s'écroulera, suivi de tout le Bélarus", a-t-il ajouté.
Après avoir accusé Moscou pendant la campagne électorale de chercher à l'écarter à cause de son refus de se soumettre aux ambitions russes, M. Loukachenko a effectué un virage à 180 degrés, plaidant pour le soutien de la Russie face à la mobilisation de foules jamais vues depuis son arrivée au pouvoir en 1994. Il dénonce désormais un complot occidental visant son pays.
Nombre de meneurs de la contestation ont été contraints à l'exil ou incarcérés. Les autorités ont engagé contre le "conseil de coordination" formé par l'opposition des poursuites judiciaires pour "menace à la sécurité nationale".
Depuis un mois, des manifestations hebdomadaires ont réuni chaque dimanche plus de 100.000 personnes à Minsk contre la réélection jugée frauduleuse d'Alexandre Loukachenko le 9 août.
Le pouvoir bélarusse a par le passé déjà eu recours à l'exil forcé pour éloigner ses détracteurs. La semaine dernière, une autre membre du "conseil de coordination", Olga Kovalkova, avait raconté avoir été contrainte à l'exil en Pologne.
"Le danger est réel de voir le Bélarus sombrer dans l'illégalité et la persécution politique", s'est alarmée mardi la secrétaire générale du Conseil de l'Europe, Marija Pejcinovic Buric.
M. Loukachenko a exclu toute concession au mouvement de protestation, évoquant juste une vague révision de la Constitution.
Sur fond de répression du mouvement de protestations contre le président Alexandre Loukachenko, Mme Kolesnikova - emmenée de force à la frontière entre le Bélarus et l'Ukraine dans la nuit de lundi à mardi - "criait qu'elle n'irait nulle part" et "s'est extirpée par la fenêtre de la voiture avant de se diriger vers la frontière bélarusse" où elle a été arrêtée, ont raconté depuis Kiev deux collaborateurs qui étaient à ses côtés, Anton Rodnenkov et Ivan Kravtsov. Ils ont fait, eux, le choix de quitter leur pays.
Les deux hommes ont raconté avoir été emmenés de force lundi matin par des inconnus et transportés dans diverses administrations, menottés et un sac sur la tête. Interrogés et menacés de poursuites judiciaires, ils se sont finalement vu proposer de quitter le pays.
"Ce qui les intéressait, c'était le transport de Maria Kolesnikova hors des frontières. Ils l'expliquaient par la nécessité d'une désescalade de la situation" au Bélarus, a expliqué Ivan Kravtsov.
Maria Kolesnikova, 38 ans, est la dernière des trois figures féminines de l'opposition durant la campagne présidentielle à demeurer au Bélarus. Les deux autres, la candidate Svetlana Tikhanovskaïa et Veronika Tsepkalo, se sont exilées à l'étranger.
"Kolesnikova est actuellement détenue", a confirmé à l'AFP le porte-parole des gardes-frontières bélarusses, Anton Bytchkovski.
Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s'est déclaré mardi "profondément inquiet des informations sur l'enlèvement et la tentative d'expulsion forcée de dirigeants de l'opposition au Bélarus", affirmant réfléchir à de nouvelles sanctions.
"Nous rappelons aux autorités du Bélarus qu'il est de leur responsabilité d'assurer la sécurité de Mme Kolesnikova et de tous ceux détenus de manière injuste", a dit Mike Pompeo.
"Les Etats-Unis, en coordination avec nos partenaires et nos alliés, envisagent des sanctions ciblées supplémentaires pour favoriser la prise de responsabilité de ceux impliqués dans la violation de droits humains et la répression au Bélarus", a-t-il ajouté.
La France a condamné mardi soir "les arrestations arbitraires et les pratiques d'exils forcés", et appelé à faire "toute la lumière" sur le cas de Maria Kolesnikova.
L'ONG Amnesty International a appelé à "la libération immédiate" de l'opposante et à "la fin de la campagne d'intimidation et de persécution politique" au Bélarus.
"Besoin d'aide"
S'exprimant plus tôt mardi sur cette affaire, M. Loukachenko avait donné une tout autre version des faits, assurant que Mme Kolesnikova avait été jetée d'une voiture "en marche" par ses deux collègues alors qu'ils fuyaient vers l'Ukraine. Il a assuré négocier avec Kiev la remise des deux autres personnes qui se trouvaient dans le véhicule.
Cette version avait été démentie dès le matin par les autorités ukrainiennes.
La figure de proue de l'opposition, Svetlana Tikhanovskaïa, elle-même exilée en Lituanie, a réclamé sa libération immédiate.
Ce type de situation "ne peut pas être la norme en Europe, ni dans un monde civilisé", a-t-elle déclaré lors d'une intervention par visioconférence devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE). "Mon peuple, ma nation ont besoin d'aide", a dit Mme Tikhanovskaïa, dont une collaboratrice a disparu à son tour mardi selon son équipe de campagne.
Une action en soutien à Maria Kolesnikova a rassemblé une centaine de personnes à Minsk mardi soir avant d'être dispersée par la police, qui a procédé à des arrestations.
"Persécution politique"
Dans une interview donnée à plusieurs médias publics russes, Alexandre Loukachenko a assuré mardi que "si le Bélarus tombe, la prochaine sera la Russie". "Si Loukachenko s'écroule, tout le système s'écroulera, suivi de tout le Bélarus", a-t-il ajouté.
Après avoir accusé Moscou pendant la campagne électorale de chercher à l'écarter à cause de son refus de se soumettre aux ambitions russes, M. Loukachenko a effectué un virage à 180 degrés, plaidant pour le soutien de la Russie face à la mobilisation de foules jamais vues depuis son arrivée au pouvoir en 1994. Il dénonce désormais un complot occidental visant son pays.
Nombre de meneurs de la contestation ont été contraints à l'exil ou incarcérés. Les autorités ont engagé contre le "conseil de coordination" formé par l'opposition des poursuites judiciaires pour "menace à la sécurité nationale".
Depuis un mois, des manifestations hebdomadaires ont réuni chaque dimanche plus de 100.000 personnes à Minsk contre la réélection jugée frauduleuse d'Alexandre Loukachenko le 9 août.
Le pouvoir bélarusse a par le passé déjà eu recours à l'exil forcé pour éloigner ses détracteurs. La semaine dernière, une autre membre du "conseil de coordination", Olga Kovalkova, avait raconté avoir été contrainte à l'exil en Pologne.
"Le danger est réel de voir le Bélarus sombrer dans l'illégalité et la persécution politique", s'est alarmée mardi la secrétaire générale du Conseil de l'Europe, Marija Pejcinovic Buric.
M. Loukachenko a exclu toute concession au mouvement de protestation, évoquant juste une vague révision de la Constitution.