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Barrages ouverts en Guyane pour un week-end pascal apaisé


Cayenne, France | AFP | vendredi 14/04/2017 - La Guyane, sujette à plus de trois semaines de paralysie, se préparait vendredi à un week-end pascal plus serein après la décision du collectif "Pou la Gwiyann dékolé" d'ouvrir les barrages "jusqu'à nouvel ordre", hormis quelques blocages stratégiques comme à Kourou.

Symbole d'une Guyane à deux vitesses selon la population, la fusée Ariane ne devrait donc pas décoller. Elle est clouée au sol depuis le début du mouvement social. Les manifestants ont des revendications sécuritaires, économiques et sociales pour permettre au territoire d'outre-mer  de rattraper son retard sur l'Hexagone.
"Les barrages sont ouverts, pas levés", a tenu à préciser rapidement Mikael Mancée, porte-parole du collectif, soulignant que la mobilisation se poursuivait.
La décision d'ouvrir les barrages, après plus de trois heures d'assemblée générale jeudi, fait suite à plusieurs jours de tensions et de divisions, au sein de la population, partagée sur l'opportunité de poursuivre les blocages. Les divergences existent aussi au sein du collectif, qui rassemblent élus, associations, syndicats et socio-professionnels.
Ces derniers, représentant notamment le secteur économique (employeurs, artisans, commerçants, indépendants), avait expressément demandé jeudi la levée des barrages routiers qui "nous divisent" pour "faire perdurer l’esprit du 28 mars (journée de mobilisation historique en Guyane, ndlr) et sauver les emplois guyanais".
Une partie de la population réclamait de pouvoir enfin circuler librement, tandis qu'une autre partie souhaitait au contraire poursuivre la mobilisation "jusqu'au bout".
Sur Radio Péyi, très populaire depuis le début du conflit, beaucoup ont exprimé jeudi soir leur satisfaction. D'autres habitants manifestent une certaines inquiétude.
"J'ai peur qu'en ouvrant les barrages, on démobilise la population et qu'on laisse croire à l'Etat français qu'il a gagné", a ainsi avoué une auditrice.
"N'ayez pas peur. Le fait que les barrages soient ouverts, ça ne veut pas dire que le combat est fini", a tenté de rassurer M. Mancée. 
Le collectif, qui expliquait au début du mouvement être "dans un rapport de force avec l'Etat", semble cependant s'être assoupli. "Celui qui vous dit qu'il arrive à régler les problèmes de la Guyane, qui a 50 ans de retard, en 15 jours, il vous ment", a justifié M. Mancée. 

-nouvelle réunion lundi -

L'ouverture des barrages devrait notamment permettre aux Guyanais de profiter du week-end pascal, moment très suivi par la population, qui se rend traditionnellement à la messe mais se réunit également en famille pour manger le typique bouillon d'Awara, mets guyanais à base de fruits d'un palmier. 
Le collectif, qui avais promis mercredi de ne pas pénaliser la population, se réunira de nouveau lundi.
"Pou la Gwiyann dékolé" réclame toujours à l'Etat français 2,1 milliards supplémentaires. Le gouvernement a validé la semaine dernière un plan d'urgence de plus d'un milliard d'euros pour ce vaste territoire d'Amérique du Sud (83.000 km2), situé à 7.000 km de Paris. 
Ce plan, qui répondait à un cahier de 428 revendications déposées par le collectif, prévoit notamment des mesures pour la sécurité, principale préoccupation de la population. Figurent aussi la pérennisation d'un escadron de gendarmes mobiles, l'arrivée de 50 gendarmes et policiers en renfort dès 2017, et de 80 gendarmes entre 2018 et 2020, l'augmentation de 50% du nombre de réservistes, et aussi la construction d'un tribunal de grande instance et d'une prison à Saint-Laurent du Maroni, et d'une cité judiciaire à Cayenne. 
Le plan prévoit aussi 400 millions d'euros d'investissement dans l'éducation (construction d'école, collèges et lycées supplémentaires notamment), 85 millions d'euros pour le système de santé guyanais, 300 millions d'euros pour les infrastructures et un soutien financier à la Collectivité territoriale de Guyane, en grande difficulté. 
La "grève générale illimitée", décrétée le 25 mars et qui bloque le port de Cayenne, entraîne toujours des pénuries, notamment de produits frais.
A l'hôpital de Cayenne, la directrice a annoncé jeudi la fermeture d'un service de chirurgie à partir de vendredi, en raison du manque d'effectifs lié au mouvement social.

le Vendredi 14 Avril 2017 à 04:57 | Lu 293 fois