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Avec Deux sœurs, Mathilde Zampieri passe derrière la caméra


Tahiti, le 19 octobre 2022 – Plus connue pour ses performances sportives, c'est en tant que réalisatrice que la jeune Polynésienne Mathilde Zampieri s'illustre désormais avec sa boîte de production, Nevermind Films, montée à seulement 22 ans. Samedi dernier, elle a organisé la projection de sa toute première réalisation de fiction. Un court-métrage intitulé Deux sœurs qui sera diffusé sur la plateforme Amazon Prime Video aux États-Unis et en Grande-Bretagne.
 

Le court-métrage met en scène la relation entre Amélie, et sa grande-soeur transgenre, Tia.
Le court-métrage met en scène la relation entre Amélie, et sa grande-soeur transgenre, Tia.
Vous avez diffusé votre premier court-métrage. Quel en est le synopsis ?
 
“C’est un court-métrage de 8’30’’. Amélie raconte, dans un éloge funèbre, sa relation avec sa grande sœur transgenre, Tia, décédée à la suite d’une agression. Elle évoque la transition et la ‘renaissance’ de Tia en tant que femme.”
 
Vous avez voulu faire passer un message ?
 
“Je pense que toute réalisation n’est pas désintéressée. Il y a encore beaucoup de problèmes de société au sujet de la transidentité, donc le but serait de la normaliser. Même si ce n’est pas un film qui pourra changer tout cela, mais il s’agit au moins d’en parler. L’idée est de faire passer un message subtilement : ‘show, don’t tell’.”
 
C’est votre toute première réalisation ?
 
“C’est ma première réalisation de fiction, mais j’ai déjà réalisé des clips et des vidéos. Pour ce court-métrage, je me suis inspirée du film Moonlight de Barry Jenkins et d’Euphoria de Sam Levinson pour en faire quelque chose de nouveau.”
 

Trois jours intenses ont été consacrés au tournage.
Trois jours intenses ont été consacrés au tournage.
Vous étiez toujours étudiante lors du tournage, comment vous êtes-vous organisée pour ce projet ?
 
“On est parti de rien. J’ai commencé par écrire le scénario avec mon petit frère. On a ensuite fait le casting. C’est à partir de là que le projet a officiellement commencé. Beaucoup de mes amis et camarades de classe de la licence Information et Communication ont participé au projet. Au total, nous étions une trentaine pour un tournage de trois jours intenses, avec des journées de 4 à 23 heures. Ensuite, il a fallu trois mois pour le montage et tout ce qui va avec. Sachant que j’avais aussi d’autres projets à côté.”
 
Pourquoi ce choix des acteurs et de leurs rôles ?
 
“J’avais toujours songé à Tamatoa pour un rôle, parce qu’il a ce côté très artistique et talentueux. Il s’assume aussi complètement. Pour ce projet, je l’avais déjà en tête et je lui ai donc proposé de jouer le rôle de Tia. Et il a tout de suite accepté. Pour le rôle d’Amélie, j’ai fait passer le casting et j’ai trouvé que Mahana correspondait bien. Elle est extravertie et a beaucoup d’assurance, mais est aussi très attachante.”
 

Mathilde Zampieri, réalisatrice et productrice du court-métrage, supervisait les équipes de tournage mais passait également derrière la caméra.
Mathilde Zampieri, réalisatrice et productrice du court-métrage, supervisait les équipes de tournage mais passait également derrière la caméra.
Comment est née cette vocation pour l'audiovisuel ?
 
“Avant de m’intéresser à la cinématographie, j’étais sportive de haut niveau en windsurf et j’étais la plus jeune à participer à la coupe du monde à cette époque. Du coup, un réalisateur avait fait deux documentaires sur mon parcours. C’est pendant le tournage que je me suis découverte une nouvelle passion pour la cinématographie. En réalité, j’ai toujours été intéressée par ce milieu et cette occasion m'a permis de réellement me lancer. Il y a aussi le fait que le sport a été mis en ‘stand-by’ à cause de la crise sanitaire. Je m’étais dit qu’il fallait que je trouve autre chose. En plus, mon frère est déjà dans le milieu, il est acteur à Paris. Donc tout s’est bien goupillé.”
 
Vous avez aujourd’hui votre société de production, Nevermind Films. Quel regard portez-vous sur la filière audiovisuelle en Polynésie ?
 
“Je trouve qu’il y a insuffisamment de choses qui sont faites en Polynésie en faveur de la filière cinématographique, alors qu’on a vraiment les moyens de produire localement. En général, en termes de création cinématographique, on fait venir des équipes d’ailleurs sans vraiment nous donner d’opportunités de montrer notre savoir-faire. Je voyais donc un réel intérêt de réaliser ça avec une équipe locale. Que ce soit l’équipe technique ou les acteurs. À l’avenir, je pense aussi faire une demande à la Direction générale de l’économie numérique pour obtenir l’aide à la création cinématographique, qui est déjà un pas en avant.”
 

Tamatoa Teriierooiterai, acteur dans le rôle de Tia : “Comprendre et essayer de faire comprendre”

“Le court-métrage parle de tolérance vis-à-vis des autres. Il est donc essentiel de communiquer pour comprendre et essayer de faire comprendre, notamment au sujet de la diversité des genres dans ce contexte-ci. Ensuite, le fait que ce soit réalisé localement montre que les jeunes Polynésiens aussi peuvent réussir à réaliser leurs projets, que ce soit dans la filière cinématographique ou autre.”

Mahana Dexter, actrice dans le rôle d’Amélie : “Éveiller les consciences”

“Le message est l’acceptation de soi et de l’autre, en tant que personne libre d’être et de faire. Sensibiliser c’est bien, et de façon subtile c’est encore mieux. Il est important d’éveiller les consciences sur l’évolution de la société. La transidentité n’est pas une tendance, c’est un fait. Et en 2022, on devrait être capable d’en parler sans tabou ! Pour parler de la réalisation de manière globale, je dirais que nous, locaux, sommes tout autant capables de montrer notre savoir-faire, tout en faisant preuve d’innovation.”

L'affiche officielle du court-métrage Deux Soeurs, avec les deux actrices principales.
L'affiche officielle du court-métrage Deux Soeurs, avec les deux actrices principales.

Rédigé par Meleana CHE FAT le Mardi 18 Octobre 2022 à 19:28 | Lu 3666 fois