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Aux assises, l'accusé nie l'intention homicide


Tahiti, le 12 juin 2023 – Au premier jour du procès aux assises d'un homme de 31 ans poursuivi pour avoir volontairement donné la mort à son ex-beau-frère en lui portant quatre coups de couteau, l'accusé a affirmé qu'il n'avait jamais eu l'intention de tuer la victime. La sœur de l'accusé et ex-compagne de la victime est, quant à elle, venue expliquer à la barre qu'elle avait été victime de violences conjugales durant plusieurs années. 

La deuxième session de cour d'assises pour l'année 2023 s'est ouverte lundi avec le procès d'un homme de 31 ans jugé pour le meurtre de son ex-beau-frère commis dans la soirée du 11 septembre 2020 peu après 21 heures à Punaauia. Tel que l'a rappelé la présidente de la cour en début d'audience, il est reproché à l'accusé d'avoir porté quatre coups de couteau dans la nuque de son ancien beau-frère et de lui avoir sectionné la carotide alors que ce dernier venait de frapper sa sœur. 
 
Bien que le juge d'instruction en charge de l'information judiciaire ait déterminé que l'accusé, qui avait agi “sous le coup de la colère suite aux nombreuses violences commises par la victime”, ne pouvait ignorer le caractère “létal” des blessures causées, l'intéressé a expliqué à la barre du tribunal lundi matin qu'il n'avait jamais eu l'intention de tuer son ancien beau-frère. Durant sa garde à vue puis ses auditions devant le magistrat instructeur, l'accusé a en effet toujours assuré qu'il avait poignardé l'ancien compagnon de sa sœur car il pensait que ce dernier allait s'en prendre à son petit frère. 
 
Un homme “calme” et “sensible”
 
Tel qu'il en est d'usage, c'est la personnalité de l'accusé qui a d'abord été abordée par la cour en ce premier jour de procès. Détenu depuis deux ans et neuf mois, le trentenaire a un “poste de confiance” à la cantine de la prison de Nuutania où il donne une entière “satisfaction” selon la direction. L'homme, qui a passé son DNB et qui indemnise les parties civiles chaque mois, se montre “très respectueux” du “cadre imposé” et du personnel de la prison. Selon sa famille, l'accusé est un homme “calme, honnête et sensible” qui n'a jamais montré aucune “agressivité” et apporte une aide financière à ses parents et à ses sept frères et sœurs “dès qu'il le peut”. À la barre, sa mère a d'ailleurs évoqué un jeune homme “pas méchant” que “tout le monde aime bien” et qui ne “cherche pas des noises”. 
 
Face à ce portrait plutôt positif de l'accusé, le directeur d'enquête de cette affaire – un gendarme de la brigade de recherches de Faa'a – est venu rappeler à la barre que le jeune homme avait porté des coups si violents que la lame du couteau s'était brisée au quatrième impact. Bien qu'elle ait réussi à parcourir quelques mètres avant de tomber, la victime s'était “vidée de son sang”. Malgré l'intervention des pompiers et du Smur, l'homme – père de deux petits garçons aujourd'hui âgés de dix ans – était décédé sur place des suites d'une importante hémorragie. 
 
Antécédents
 
Si les faits doivent être évoqués en détail mardi, l'audition de la sœur de l'accusé et ex-compagne de la victime a permis d'en savoir un peu plus sur les heures qui ont précédé les faits. Prostrée et parfois hésitante, l'ex-compagne du défunt a expliqué à la barre qu'elle avait passé l'après-midi avec ce dernier à boire des bières chez des voisins malgré le fait qu'il ait l'interdiction de l'approcher et qu'elle bénéficie d'un téléphone grave danger, un dispositif réservé aux victimes de graves violences conjugales afin qu'elles puissent appeler à l'aide à n'importe quel moment. Après qu'elle est rentrée au domicile de sa famille, son ex-compagnon était revenu la voir en l'accusant de fréquenter un autre homme. Il avait ensuite demandé à récupérer des affaires et s'était mis à la frapper en tentant de l'étrangler. Alors qu'elle se trouvait au sol, elle avait entendu du “bruit” et son frère lui dire : “Je crois que je l'ai tué”. Selon les témoignages recueillis par les enquêteurs, l'homme aurait ajouté qu'il n'allait “plus l'emmerder”. 
 
Lors de cette audition, la jeune femme a également indiqué que sa famille lui “reprochait” parfois d'être à l'origine de “tout ça” et qu'elle ne comprenait pas le geste de son frère, le “plus doux” de sa famille. “Comment expliquez-vous que vous ayez passé l'après-midi avec votre ex-concubin ? Il venait dormir avec vous quasiment toutes les nuits.” Confrontée à ces questions, la jeune femme a expliqué qu'elle avait peur de la victime, un homme contre lequel elle avait porté plainte à plusieurs reprises et qui faisait notamment l'objet d'une enquête portant sur une agression sexuelle sur mineure.
 
Le “plus gentil” des frères
 
Après cet interrogatoire laborieux, c'est le voisin avec lequel la victime et son ex-compagne avaient passé l'après-midi le jour des faits, qui est venu expliquer à la cour que la famille de la jeune femme ne voulait pas que cette dernière continue de voir le père de ses enfants. L'homme a également affirmé que la victime essayait de travailler sur son impulsivité et qu'elle avait “repris sa vie en main”. Il a par ailleurs décrit un “homme très courageux et travailleur” qui “faisait des efforts”. Évoquant l'accusé, le témoin a lui aussi décrit un homme “calme”, le “plus doux” de sa fratrie. Le procès doit continuer mardi avec l'examen des faits et l'audition des témoins et des experts. L’accusé encourt trente ans de réclusion criminelle.
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 12 Juin 2023 à 19:16 | Lu 1443 fois