TAHITI, le 2 août 2021 - Robert Koenig nous propose une plongée dans le passé marquisien pour donner du sens au quotidien contemporain. Il invite à la (re)lecture de deux ouvrages, Kena, la légende du tatouage marquisien par Karl von den Steinen et Récit aux îles Marquises 1797-1799 par William Pascoe Crook.
Les Marquises ont été au cœur des attentions ces dernières semaines. Candidates à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, l'archipel espère une reconnaissance de la valeur universelle exceptionnelle du "Bien îles Marquises" comprenant neuf sites répartis sur les cinq îles principales. L’inscription visée est mixte, combinant nature et culture.
Nature et culture, deux mots à la mode, deux mots clés pour Karl von des Steinen, auteur de Kena, la légende du tatouage marquisien et William Pascoe Crook, auteur de Récit aux îles Marquises 1797-1799. Ces deux ouvrages ont été publiés par Haere Pō, la maison d’édition fondée par Robert et Denise Koenig.
"Les deux manuscrits ont très exactement un siècle d’écart", constate Robert Koenig. Ce qui permet d’une part de prendre conscience de l’évolution naturelle et culturelle de la Terre des Hommes depuis 120 et 220 ans. En effet, l’ethnologue Karl von den Steinen est arrivé aux Marquises en 1897, il a noté dans son carnet de terrain les paroles de la conteuse Tahiaoteani de Puamau, entre 1897 et 1898. William Pascoe Crook a, lui, débarqué aux Marquises en 1797 à bord du Duff. Il a été témoin privilégié de la vie quotidienne des lieux, des coutumes, attentes et résistances des Marquisiens lors des premiers contacts.
Le passé éclaire toujours le présent
"En lisant l’un et l’autre des textes, on peut découvrir combien les Marquises ont changé", rapporte Robert Koenig. "La vie traditionnelle a beaucoup évolué." Une plongée dans le passé éclaire toujours le présent. Les décisions d’aujourd’hui sont portées par les événements et les choix d’hier. La comparaison des textes des deux auteurs le prouve encore une fois.
Pour Robert Koenig, William Pascoe Crook était un jeune homme, simple ferblantier, qui savait tout au plus lire et écrire. Il était curieux comme James Morrison du Bounty et avait pour mission de savoir s’il était possible de prévoir une mission d’évangélisation aux Marquises. Parce qu’il a pris la peine d’apprendre et de parler leur langue, il est devenu un témoin privilégié. Il avait ce "don" des langues. Dans son récit, il a rapporté les paroles de Kiatonui, un des grands chefs de l’île de Nukuhiva, qui l’avait ainsi apostrophé : "Comment Mr Crook peut-il prétendre connaître Dieu, alors qu’il ne sait même pas distinguer un arbre d’un autre ?"
Karl von den Steinen était, lui, un médecin psychiatre qui, avant d’aller aux marquises, avait séjourné chez les Jivaro du Brésil. Ethnologue, il avait aussi une mission, à savoir ramener des objets authentique pour nourrir le musée ethnographique de Berlin. Ce dernier venant tout juste d’être inauguré. Mais Karl von des Steinen a répété qu'il regrettait "être arrivé 50 ans trop tard".
C’est une société traditionnelle qui a accueilli William Pascoe Crook pendant près de deux ans. À l’époque, elle devait faire face à ces calamités naturelles que sont la sécheresse et la famine qui en découle mais aussi aux nouveaux produits qu’apportent et échangent les voyageurs occidentaux, les baleiniers et les beachcombers, en particulier l’alcool et les armes à feu. À cette époque, les habitants devaient être aux alentours de 100 000. Lorsque Karl bon den Steinen arriva, les famines n’étaient plus que des mythes, mais la population avait été décimée par la variole. Il ne restait sans doute que 2 à 3 000 habitants. "Et ce n’est pas tout, la relation à l’autre avait aussi changé du fait de la violence, de la généralisation des armes à feu, de présence grandissante de l’alcool", complète Robert Koenig. Côté nature, de nouvelles espèces prenaient place. Au fil du temps, les grands thèmes restent, mais les perspectives, les enjeux et les intentions évoluent. C’est ce que montrent ces textes, à lire, et relire.
Les Marquises ont été au cœur des attentions ces dernières semaines. Candidates à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco, l'archipel espère une reconnaissance de la valeur universelle exceptionnelle du "Bien îles Marquises" comprenant neuf sites répartis sur les cinq îles principales. L’inscription visée est mixte, combinant nature et culture.
Nature et culture, deux mots à la mode, deux mots clés pour Karl von des Steinen, auteur de Kena, la légende du tatouage marquisien et William Pascoe Crook, auteur de Récit aux îles Marquises 1797-1799. Ces deux ouvrages ont été publiés par Haere Pō, la maison d’édition fondée par Robert et Denise Koenig.
"Les deux manuscrits ont très exactement un siècle d’écart", constate Robert Koenig. Ce qui permet d’une part de prendre conscience de l’évolution naturelle et culturelle de la Terre des Hommes depuis 120 et 220 ans. En effet, l’ethnologue Karl von den Steinen est arrivé aux Marquises en 1897, il a noté dans son carnet de terrain les paroles de la conteuse Tahiaoteani de Puamau, entre 1897 et 1898. William Pascoe Crook a, lui, débarqué aux Marquises en 1797 à bord du Duff. Il a été témoin privilégié de la vie quotidienne des lieux, des coutumes, attentes et résistances des Marquisiens lors des premiers contacts.
Le passé éclaire toujours le présent
"En lisant l’un et l’autre des textes, on peut découvrir combien les Marquises ont changé", rapporte Robert Koenig. "La vie traditionnelle a beaucoup évolué." Une plongée dans le passé éclaire toujours le présent. Les décisions d’aujourd’hui sont portées par les événements et les choix d’hier. La comparaison des textes des deux auteurs le prouve encore une fois.
Pour Robert Koenig, William Pascoe Crook était un jeune homme, simple ferblantier, qui savait tout au plus lire et écrire. Il était curieux comme James Morrison du Bounty et avait pour mission de savoir s’il était possible de prévoir une mission d’évangélisation aux Marquises. Parce qu’il a pris la peine d’apprendre et de parler leur langue, il est devenu un témoin privilégié. Il avait ce "don" des langues. Dans son récit, il a rapporté les paroles de Kiatonui, un des grands chefs de l’île de Nukuhiva, qui l’avait ainsi apostrophé : "Comment Mr Crook peut-il prétendre connaître Dieu, alors qu’il ne sait même pas distinguer un arbre d’un autre ?"
Karl von den Steinen était, lui, un médecin psychiatre qui, avant d’aller aux marquises, avait séjourné chez les Jivaro du Brésil. Ethnologue, il avait aussi une mission, à savoir ramener des objets authentique pour nourrir le musée ethnographique de Berlin. Ce dernier venant tout juste d’être inauguré. Mais Karl von des Steinen a répété qu'il regrettait "être arrivé 50 ans trop tard".
C’est une société traditionnelle qui a accueilli William Pascoe Crook pendant près de deux ans. À l’époque, elle devait faire face à ces calamités naturelles que sont la sécheresse et la famine qui en découle mais aussi aux nouveaux produits qu’apportent et échangent les voyageurs occidentaux, les baleiniers et les beachcombers, en particulier l’alcool et les armes à feu. À cette époque, les habitants devaient être aux alentours de 100 000. Lorsque Karl bon den Steinen arriva, les famines n’étaient plus que des mythes, mais la population avait été décimée par la variole. Il ne restait sans doute que 2 à 3 000 habitants. "Et ce n’est pas tout, la relation à l’autre avait aussi changé du fait de la violence, de la généralisation des armes à feu, de présence grandissante de l’alcool", complète Robert Koenig. Côté nature, de nouvelles espèces prenaient place. Au fil du temps, les grands thèmes restent, mais les perspectives, les enjeux et les intentions évoluent. C’est ce que montrent ces textes, à lire, et relire.