Houston, Etats-Unis | AFP | jeudi 15/03/2023 - Source d'énergie renouvelable et stockable, l'hydrogène attire projets et investissements massifs aux Etats-Unis, une filière relancée par le gouvernement Biden pour rattraper son retard.
"Les Etats-Unis sont sortis de nulle part et maintenant, ils sont en tête", a résumé, enthousiaste, Mark Hutchinson, de Fortescue Future Industries, au sujet des énergies nouvelles en général et de l'hydrogène en particulier, lors de la conférence CERAWeek, à Houston, au Texas.
La production américaine d'hydrogène pèse déjà environ dix millions de tonnes par an, soit à peu près 10% des volumes mondiaux.
Mais il s'agit, pour la majeure partie, d'hydrogène dit "gris", produit à partir de gaz naturel sans captation des émissions de CO2, donc polluant.
Grâce à une série d'initiatives, en particulier le paquet législatif pour les infrastructures voté en 2021 et la loi sur la transition énergétique IRA (Inflation Reduction Act) adoptée l'an dernier, le président Joe Biden veut démultiplier cette capacité de production, avec émissions de carbone nulles ou faibles.
Hydrogène gris, vert, bleu
Et il n'a pas hésité à mettre les moyens avec une enveloppe de huit milliards de dollars pour la création d'un réseau de plateformes régionales d'hydrogène "vert", c'est-à-dire à partir d'énergies renouvelables.
L'IRA prévoit des crédits d'impôts de trois dollars par kilogramme d'hydrogène vert, dont le coût de production est actuellement estimé entre quatre et cinq dollars.
Le dispositif "a fondamentalement changé le modèle économique de l'hydrogène tiré des énergies renouvelables" et "lui permet de concurrencer les autres formes d'hydrogène", explique Catherine Robinson, de S&P Global Commodity Insights.
Première destination de cette énergie, les "secteurs difficiles à décarboner", au sein de l'industrie lourde, indique Sunita Satyapal, directrice du bureau de l'hydrogène au ministère américain de l'Energie.
Le raffinage du pétrole, l'acier, ainsi que l'ammoniac utilisé dans les engrais, sont ainsi les principaux consommateurs actuels de cet hydrogène gris auquel vont être progressivement substitués du vert et du bleu (à base de gaz naturel mais avec captation du CO2).
Compétitif
Au-delà de cela, cette source d'énergie intéresse pour sa capacité à être stockée et transportée.
"A trois dollars (de crédit d'impôt par kilo), (...) vous devenez compétitif dans plusieurs secteurs, notamment le transport routier", analyse Alan Hayes, de S&P Global.
L'hydrogène ne nécessite ainsi pas de lourdes batteries, qui limitent la charge utile des camions électriques, avec lesquels l'hydrogène est en concurrence.
"Pourquoi croyez-vous que les camions Tesla de PepsiCo transportent des chips?", ironise un professionnel, sous couvert d'anonymat.
La pile à combustible, utilisée pour générer de l'énergie à partir de l'hydrogène, ne pèse que quelques kilos, contre plusieurs tonnes pour une batterie de semi-remorque, et le plein d'hydrogène se fait en quelques secondes seulement.
"D'ici 10 à 15 ans, l'hydrogène va devenir le nouveau carburant (...) et remplacer le gazole pour de nombreux modes de transport", avance Paul Matter, directeur général de Power to Hydrogen, qui fabrique des électrolyseurs, nécessaires à la production d'hydrogène vert.
Des développements sont en cours pour le fret ferroviaire, l'avion et le navire de marchandise.
Certains émettent néanmoins des réserves sur le tout hydrogène, comme la rédaction de la revue scientifique Nature.
Dans un éditorial publié fin 2022, elle met en garde contre son utilisation dans des configurations où l'électricité est une meilleure solution, comme le chauffage des habitations ou les véhicules de particuliers.
"Couteau suisse"
"Ce n'est pas une solution qui convient à toutes les situations", admet Andy Marsh, directeur général de Plug Power, présent à tous les stades du cycle de l'hydrogène (production, stockage, transformation).
Pour autant, l'hydrogène est bien, pour lui, "le couteau suisse" de la transition énergétique.
Si les projets se multiplient, le raz-de-marée des investissements n'interviendra qu'une fois publiés les détails du dispositif d'incitations fiscales de l'IRA, que le marché n'attend pas avant le second semestre.
Plusieurs méga-usines ont, malgré tout, déjà été annoncées, depuis 2021, dans les Etats de New York et de Californie.
"L'arrivée à maturité du secteur peut se produire dans un horizon de cinq à dix ans", prévoit Alan Hayes. Mais "il y va y avoir des différences à travers les Etats-Unis à cause des règles différentes" entre Etats.
La ministre américaine de l'Energie, Jennifer Granholm, de passage à CERAWeek, a promis de s'attaquer à la question des délais à rallonge pour l'obtention de permis.
Au Texas, deux sites géants sont sur les rails, l'un baptisé Hydrogen City, à l'extrême sud de l'Etat, l'autre tout au nord, dont la facture est estimée à quatre milliards de dollars.
Place forte du pétrole et du gaz naturel, le Texas est ainsi en train de prendre la main sur les énergies renouvelables.
"Ici", dit Alan Hayes, "les gens aiment bien vous expliquer qu'ils sont des bâtisseurs."
"Les Etats-Unis sont sortis de nulle part et maintenant, ils sont en tête", a résumé, enthousiaste, Mark Hutchinson, de Fortescue Future Industries, au sujet des énergies nouvelles en général et de l'hydrogène en particulier, lors de la conférence CERAWeek, à Houston, au Texas.
La production américaine d'hydrogène pèse déjà environ dix millions de tonnes par an, soit à peu près 10% des volumes mondiaux.
Mais il s'agit, pour la majeure partie, d'hydrogène dit "gris", produit à partir de gaz naturel sans captation des émissions de CO2, donc polluant.
Grâce à une série d'initiatives, en particulier le paquet législatif pour les infrastructures voté en 2021 et la loi sur la transition énergétique IRA (Inflation Reduction Act) adoptée l'an dernier, le président Joe Biden veut démultiplier cette capacité de production, avec émissions de carbone nulles ou faibles.
Hydrogène gris, vert, bleu
Et il n'a pas hésité à mettre les moyens avec une enveloppe de huit milliards de dollars pour la création d'un réseau de plateformes régionales d'hydrogène "vert", c'est-à-dire à partir d'énergies renouvelables.
L'IRA prévoit des crédits d'impôts de trois dollars par kilogramme d'hydrogène vert, dont le coût de production est actuellement estimé entre quatre et cinq dollars.
Le dispositif "a fondamentalement changé le modèle économique de l'hydrogène tiré des énergies renouvelables" et "lui permet de concurrencer les autres formes d'hydrogène", explique Catherine Robinson, de S&P Global Commodity Insights.
Première destination de cette énergie, les "secteurs difficiles à décarboner", au sein de l'industrie lourde, indique Sunita Satyapal, directrice du bureau de l'hydrogène au ministère américain de l'Energie.
Le raffinage du pétrole, l'acier, ainsi que l'ammoniac utilisé dans les engrais, sont ainsi les principaux consommateurs actuels de cet hydrogène gris auquel vont être progressivement substitués du vert et du bleu (à base de gaz naturel mais avec captation du CO2).
Compétitif
Au-delà de cela, cette source d'énergie intéresse pour sa capacité à être stockée et transportée.
"A trois dollars (de crédit d'impôt par kilo), (...) vous devenez compétitif dans plusieurs secteurs, notamment le transport routier", analyse Alan Hayes, de S&P Global.
L'hydrogène ne nécessite ainsi pas de lourdes batteries, qui limitent la charge utile des camions électriques, avec lesquels l'hydrogène est en concurrence.
"Pourquoi croyez-vous que les camions Tesla de PepsiCo transportent des chips?", ironise un professionnel, sous couvert d'anonymat.
La pile à combustible, utilisée pour générer de l'énergie à partir de l'hydrogène, ne pèse que quelques kilos, contre plusieurs tonnes pour une batterie de semi-remorque, et le plein d'hydrogène se fait en quelques secondes seulement.
"D'ici 10 à 15 ans, l'hydrogène va devenir le nouveau carburant (...) et remplacer le gazole pour de nombreux modes de transport", avance Paul Matter, directeur général de Power to Hydrogen, qui fabrique des électrolyseurs, nécessaires à la production d'hydrogène vert.
Des développements sont en cours pour le fret ferroviaire, l'avion et le navire de marchandise.
Certains émettent néanmoins des réserves sur le tout hydrogène, comme la rédaction de la revue scientifique Nature.
Dans un éditorial publié fin 2022, elle met en garde contre son utilisation dans des configurations où l'électricité est une meilleure solution, comme le chauffage des habitations ou les véhicules de particuliers.
"Couteau suisse"
"Ce n'est pas une solution qui convient à toutes les situations", admet Andy Marsh, directeur général de Plug Power, présent à tous les stades du cycle de l'hydrogène (production, stockage, transformation).
Pour autant, l'hydrogène est bien, pour lui, "le couteau suisse" de la transition énergétique.
Si les projets se multiplient, le raz-de-marée des investissements n'interviendra qu'une fois publiés les détails du dispositif d'incitations fiscales de l'IRA, que le marché n'attend pas avant le second semestre.
Plusieurs méga-usines ont, malgré tout, déjà été annoncées, depuis 2021, dans les Etats de New York et de Californie.
"L'arrivée à maturité du secteur peut se produire dans un horizon de cinq à dix ans", prévoit Alan Hayes. Mais "il y va y avoir des différences à travers les Etats-Unis à cause des règles différentes" entre Etats.
La ministre américaine de l'Energie, Jennifer Granholm, de passage à CERAWeek, a promis de s'attaquer à la question des délais à rallonge pour l'obtention de permis.
Au Texas, deux sites géants sont sur les rails, l'un baptisé Hydrogen City, à l'extrême sud de l'Etat, l'autre tout au nord, dont la facture est estimée à quatre milliards de dollars.
Place forte du pétrole et du gaz naturel, le Texas est ainsi en train de prendre la main sur les énergies renouvelables.
"Ici", dit Alan Hayes, "les gens aiment bien vous expliquer qu'ils sont des bâtisseurs."