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Au tribunal, du trafic d'ice pour boucler les fins de mois difficiles


Tahiti, le 17 février 2022 – Cinq individus, dont quatre hommes “parfaitement insérés” sur le plan professionnel, ont été jugés en comparution immédiate jeudi pour répondre d'un trafic d'ice et de paka perpétré à Tahiti en 2020. A la barre, ils ont tous reconnu les faits en expliquant que cela leur avait permis de “gagner un peu de sous”. Ils ont été condamnés à des peines comprises entre 18 mois de sursis et trois ans de prison ferme. 

L'affaire de trafic d'ice jugée en comparution immédiate jeudi avait commencé le 5 août 2020 par un banal contrôle d'identité opéré par les agents de la Direction territorial de la police nationale (DTPN) à Papeete. Les policiers avaient interpellé un homme de 27 ans qui tentait de dissimuler deux sachets en plastique contenant 0,09 gramme d'ice. Placé en garde à vue, le jeune homme alors sans emploi avait expliqué qu'il avait décidé d'acquérir des stupéfiants à l'occasion de son anniversaire.

Après avoir exploité son téléphone, les policiers s'étaient vite rendu compte que l'intéressé était en contact avec un homme dénommé “patron” auquel il trouvait des clients en échange de doses d'ice. Les investigations avaient permis d'établir que “patron” vendait de l'ice et du paka en se fournissant ou en s'appuyant sur trois autres individus.
 
Crise sanitaire
 
“Patron”, considéré comme le boss du réseau tel que son surnom l'indique, ainsi que ses quatre acolytes ont donc été présentés en comparution immédiate jeudi matin pour s'expliquer sur leur implication dans ce trafic. A la barre, “Patron” a expliqué au tribunal que ce trafic lui avait permis d'arrondir ses fins de mois alors que la crise sanitaire liée au covid ne lui avait pas permis de trouver de travail. “Je n'avais plus de boulot. J'ai deux enfants à charge et il fallait les nourrir”, a-t-il ainsi argué avant que le président du tribunal ne lui oppose que tout le monde n'était “pas devenu dealer” pendant la crise sanitaire. 

Également entendus par le tribunal, les quatre autres prévenus, tous détenteurs d'un ou de plusieurs diplômes et d'un emploi, ont mis leur participation à ce trafic sur le compte, soit de leur consommation personnelle de stupéfiants, soit de leur besoin d'arrondir leurs fins de mois. Un argument qui n'a pas du tout plu au procureur de la République qui a dénoncé lors de ses réquisitions des actes “moralement exécrables”. “Hormis “patron”, tous ont un travail et sont parfaitement insérés. Chacun a une formation et l'on ne parle pas là des pauvres gens que l'on voit parfois devant ce tribunal pour le même type de faits.” 

Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a finalement condamné le boss du réseau à trois ans de prison ferme assortis du maintien en détention. Les quatre autres prévenus ont échappé à l'incarcération. Ils ont en effet été condamnés à des peines comprises entre 18 mois de sursis et trois ans de prison dont deux avec sursis. Aucun mandat de dépôt n'a été décerné à leur encontre. 

Rédigé par Garance Colbert le Jeudi 17 Février 2022 à 15:55 | Lu 3855 fois