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Au tribunal, coups de batte et de bouteille sur fond de dispute conjugale


Tahiti, le 17 avril 2023 – Un homme et sa conjointe ont été jugés lundi en correctionnelle pour des violences conjugales aggravées. Alors que la prévenue était poursuivie pour avoir mis un coup de bouteille de rhum sur la tête de son mari, ce dernier a été jugé pour l'avoir frappée avec une batte de base-ball. Tous deux ont été condamnés à un an de prison dont six mois de sursis. 
 
Parmi les nombreuses affaires de violences jugées lundi en comparution immédiate, le tribunal a examiné le cas d'un homme et une femme, dirigeants d'une épicerie située à Papara, qui étaient poursuivis pour des violences réciproques commises en présence de leurs enfants. Le 15 avril dernier en plein milieu de la nuit, le prévenu avait réveillé sa concubine pour discuter du rôle de cette dernière au sein de l'entreprise familiale. Très énervée par cette conversation, la femme avait commencé à frapper son mari pour finir par lui mettre un coup de bouteille de rhum sur la tête. Entendue en garde à vue, elle avait reconnu les violences et avait également concédé qu'elle était souvent à l'origine des disputes. Mais après avoir examiné le téléphone de la prévenue, les gendarmes avaient trouvé des photos sur lesquelles elle présentait de nombreux hématomes. Entendu à son tour, le gérant de l'épicerie avait reconnu qu'il avait déjà frappé sa conjointe avec une batte de base-ball. 
 
C'est donc pour répondre de ces violences que l'homme de 47 ans et sa compagne de 34 ans – tous deux déjà condamnés à plusieurs reprises pour des faits similaires – ont été jugés, détenus, en comparution immédiate. L'œil encore très tuméfié, le prévenu a fait état, en pleurs, d'un quotidien harassant marqué par la “fatigue” et la “pression” “En huit ans, nous n'avons jamais pris de vacances et nos enfants nous reprochent de ne pas avoir de temps pour eux.” Moins expressive mais visiblement tout aussi lasse de cette situation, sa compagne a ensuite expliqué au tribunal qu'elle avait décidé de quitter son concubin et de lui laisser les enfants. 
 
“Escalier de la violence quotidienne”
 
Alors que les prévenus étaient notamment poursuivis pour avoir commis des violences en présence de mineurs – une circonstance aggravante –, le procureur de la République a affirmé lors de ses réquisitions qu'“au-delà des traces de coups physiques”, il y avait des “traces invisibles mais d'autant plus difficiles à effacer” pour les enfants du couple qui ont assisté aux violences. Face aux casiers judiciaires des intéressés, le représentant du ministère public a tenté de leur faire comprendre qu'ils étaient en train “de monter l'escalier de la violence quotidienne” et qu'au bout de cet escalier se trouve souvent un “drame” qui se termine devant la cour d'assises. Des peines similaires d'un an de prison dont six mois de sursis ont finalement été requises contre l'homme et la femme. 
 
Me Betty Ayoun, constitué pour la défense du prévenu, a ensuite entamé sa plaidoirie en affirmant que son client reprochait à sa compagne de s'immiscer dans la gestion de l'entreprise dont il a hérité de son père et que cela ne lui “plaisait pas”. L'avocate a par ailleurs assuré que le couple était “complètement extenué” et “à bout de forces”. Pour la défense de la prévenue, Me Karina Chouini a quant à elle soutenu que sa cliente, une femme très “frêle”, était prête à “porter ses responsabilités quitte à tout endosser”. Après en avoir délibéré, le tribunal a suivi les réquisitions du parquet en condamnant le couple à un an de prison dont six mois de sursis. 
 

Rédigé par Garance Colbert le Lundi 17 Avril 2023 à 20:54 | Lu 2218 fois