Un robot vous souhaite la bienvenue, un autre vous tend la carte de votre chambre, un troisième vous communique le mot de passe du wifi. Au salon ITB de Berlin, les humanoïdes font une entrée remarquée dans l'univers du tourisme.
A l'entrée du parc des expositions de Berlin, ChihiraKanae souhaite la bienvenue aux visiteurs du plus grand salon mondial du tourisme, en anglais, en allemand, en chinois et en japonais.
C'est la première fois que ce robot humanoïde, aux traits d'une jeune femme de 26 ans, fait le voyage en Europe. Depuis trois mois, sa "soeur" fait l'accueil dans un centre commercial de Tokyo, mais Toshiba, son créateur voit un grand avenir pour son robot dans le tourisme.
Mario, lui, a déjà trouvé un emploi. A l'hôtel Marriott de Gand, en Belgique, il souhaite depuis juin la bienvenue aux clients, dans 19 langues, présente les plats du buffet, chante et danse. En revanche, il ne prétend pas ressembler à un humain: blanc à bandes rouges, il a des haut-parleurs en guise d'oreilles et n'a que six doigts.
Sa présence "fait apparaître un sourire sur le visage de tout le monde. Il est un bon moyen pour que les gens se souviennent de notre hôtel", explique Roger Langhout, le directeur général.
"Nous n'en sommes qu'au début des robots dans notre industrie", prédit-il, évoquant une "assistance", mais non le remplacement des humains.
- Serveurs ou guides -
Pourtant, d'après Carl Benedikt Frey, de l'Université d'Oxford, "dans le tourisme, un grand panel d'emplois est susceptible d'être automatisés", qu'il s'agisse du serveur, du guide touristique ou du chauffeur. De quoi inquiéter un secteur gros pourvoyeur d'emplois.
"Si les clients aiment le robot-réceptionniste, alors il se répandra rapidement. Sinon non", souligne-t-il, rappelant que les caisses automatiques n'ont pas supplanté les êtres humains dans les supermarchés.
D'après un sondage mené pour Travelzoo auprès de 6.000 voyageurs, presque deux tiers des gens se disent à l'aise avec l'emploi de robots dans le tourisme, les Chinois étant les plus enthousiastes quand Français et Allemands sont davantage réticents.
Taleb Rifai, secrétaire général de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), invite à "ne pas poser de limite à l'utilisation de la technologie dans les hôtels et les installations touristiques".
"Notre secteur est bien en retard (...) Nous avons été capables d'envoyer un homme sur la Lune bien avant de penser à mettre des roulettes sur une valise", illustre-t-il.
S'il y a un train que l'industrie du tourisme ne compte pas rater, c'est celui de la réalité virtuelle, la technologie avec "peut-être le plus grand potentiel" dans le domaine du voyage, selon l'association allemande de high-tech Bitkom.
- Pré-visiter sa chambre -
D'un coup, vous n'êtes plus à Berlin, mais à une table en terrasse. A gauche, vous apercevez au loin des éléphants devant le coucher du soleil, à droite un serveur apporte des cocktails aux couleurs vives.
La chaîne d'hôtels Cinnamon, aux Maldives - pays à l'honneur de l'ITB 2016 -, et au Sri Lanka, utilise un casque de réalité virtuelle pour permettre de "s'approcher davantage du produit", explique le directeur du marketing Dileep Mudadeniya.
Sur le stand de la Bavière, des jeunes femmes en robe traditionnelle proposent aussi de mettre l'imposant casque pour découvrir les paysages bucoliques de cette région du sud de l'Allemagne.
Graduellement, les agences de voyage s'équipent. Le britannique Thomas Cook a été l'un des premiers à permettre à ses clients d'avoir, par exemple, un aperçu d'un tour en hélicoptère au-dessus de Manhattan.
Pour le professeur Armin Brysch, de l'Université de sciences appliquées de Kempten (sud-ouest de l'Allemagne), cela n'a rien d'un énième gadget technologique, qui sera chassé par un autre sous peu.
"C'est une nouvelle qualité d'expérience. Si vous regardez les différentes cabines d'un bateau de croisière, je suis sûr que vous optez pour une catégorie de cabine différente que sur catalogue", explique-t-il à l'AFP.
Mais cela ne va "jamais" remplacer le voyage pour de vrai, affirme Taleb Rifai. "J'espère", ajoute-t-il.
Avec AFP