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Au Vanuatu, le lycée francophone de Montmartre n'est plus qu'un champ de ruines


Port-Vila, Vanuatu | | jeudi 19/03/2015 - C'est sûrement l'un des bâtiments les plus endommagés par le cyclone Pam au Vanuatu: dressé au cœur d'un parc dont même les arbres les plus anciens ont ployé sous la violence des rafales, le lycée de Montmartre n'est plus qu'un champ de ruines.

En gants de caoutchouc et bleu de travail, Frère Gabriel ramasse les innombrables branches qui jonchent le sol et les brûlent. Six jours après, il reste hanté par le vacarme du "monstre", comme l'a qualifié le président Baldwin Lonsdale.

"J'étais dans ma chambre vers 23 heures, on aurait dit qu'un avion décollait tout près. D'un seul coup, les vitres ont explosé, puis la toiture et le plafond se sont ouverts comme une boîte de sardines et je me suis réfugié sous le lavabo", raconte l'ecclésiastique, originaire de Wallis et Futuna et responsable de la vie scolaire du lycée depuis sept ans.

Il a ensuite réussi à gagner le réfectoire sans dommage, mais le frère René, 75 ans, n'a pas eu cette chance. Sous la pluie torrentielle, il a glissé, s'est démis l'épaule et fracturé le bras. Il a été évacué en début de semaine à l'hôpital de Nouméa, en Nouvelle-Calédonie.

Situé à une dizaine de kilomètres de la capitale Port-Vila, le lycée de Montmartre, dont la création par la communauté des Frères du Sacré-Coeur remonte à l'époque du condominium franco-britannique des Nouvelles-Hébrides, est situé sur des hauteurs, pleinement exposé aux vents.

Son parc qui s'étend sur plusieurs centaines d'hectares est saccagé. Des banians du Pacifique culminant à plus de 30 mètres, peut-être centenaires, sont affalés.

L'établissement, qui accueille 560 élèves, est une succession de petits bâtiments - dortoirs, cantine, salle des professeurs, salles de classe, chapelle - qui sont quasiment tous aujourd'hui sans toits, sans fenêtres, sans portes et parfois encore inondés.
- 'Des gens formidables' -



"C'est le chaos total. Le gouvernement a demandé de rouvrir les établissements scolaires le 23 mars mais nous, on n'y arrivera sûrement pas. Il y a trop à faire", estime Pierre Metsan, le proviseur.

"La plupart des élèves viennent des îles et sont pensionnaires. Pour les nourrir, on achète 50% des marchandises et l'autre moitié vient du jardin, mais il a été dévasté et on n'a pas d'eau".

Etablissement réputé pour ses bons résultats, le lycée de Montmartre contribue au rayonnement de la francophonie dans un Pacifique très majoritairement anglophone. Au Vanuatu, 40% de la population parle le français, 60% l'anglais et la langue nationale est le bichlamar (pidgin).

Conventionné, le lycée de Montmartre a un budget annuel de 50 millions de vatus (459.000 euros) assuré par les dotations du gouvernement local et les frais de scolarité.

En attendant, parents d'élèves, religieux, éducateurs et même touristes de passage sont à pied d'oeuvre, armés de balais, de râteaux, de coupe-coupes ou de tronçonneuses.

"On était en vacances. J'ai vécu ici jusqu'à l'âge de 12 ans et je revenais pour la première fois, il faut les aider ce sont des gens formidables", lâche Marjorie, une Parisienne qui fait un tour du monde en famille, les bras chargés d'oreillers trempés.

Le dortoir des filles est le bâtiment le plus endommagé car l'ensemble de la toiture a été arraché. Dans un arbre, un morceau de tôle de plusieurs mètres est suspendu.

"On a descendu tous les lits en bas où d'habitude, ce sont les salles de classe. Voilà, c'est comme ça, il faut tout refaire!", relativise Soeur Marcella, alors que la pluie commence à tomber sur les dizaines de matelas étalés sur la pelouse.

Le cyclone Pam, une tempête de catégorie 5 sur 5, s'est abattu le 13 mars sur l'archipel avec des rafales dépassant les 320 km/h. Les autorités locales font état d'un bilan provisoire de 7 morts.

Rédigé par () le Jeudi 19 Mars 2015 à 07:10 | Lu 711 fois