Tahiti, le 22 mai 2022 - Le Blue Climate Summit s'est achevé vendredi au terme de six jours d'échanges autour de solutions pour la préservation des océans et contre les effets du changement climatique. Des "projets concrets" ont "évolué", assurent les organisateurs et chercheurs associés à l'évènement, alors que le sommet a été également à la fois l'occasion d'aborder de grandes thématiques liées par exemple à l'exploration et l'exploitation des grands fonds marins et d'intégrer la voix des leaders et communautés du Pacifique dans les débats.
Le Blue Climat Summit, organisé par le programme privé Blue Climate Initiative, s'est achevé vendredi soir par le grand concert "Te Moana Nui o Hiva" organisé, lui, par le Pays à To'atā. Un moment festif et populaire précédé par la clôture des ateliers, rencontres et conférences qui se sont tenues pendant six jours sur le navire Paul Gauguin entre Tahiti, Moorea, Raiatea et Tetiaroa. Six jours pendant lesquels près de 200 intervenants porteurs de projets, scientifiques, décideurs politiques, leaders communautaires, associations ou encore investisseurs représentants des fonds de pensions principalement américains ont échangé autour de solutions concrètes pour préserver les océans des effets du changement climatique.
"Les projets ont évolué"
"Certains projets ont vraiment avancé et même fusionnés entre eux pour avancer", explique le directeur de recherche au Criobe, Joachim Claudet, vendredi lors d'une conférence de presse post-sommet organisée au Grand théâtre de la Maison de la Culture. Quelques exemples cités par le chercheur : des bassins versants destinés à réduire l'impact des pollutions issus des eaux s'écoulant depuis les terres sur le littoral pour protéger les lagons ou conserver l'état de santé des récifs, ou encore une ONG qui "surveille" les Aires marines protégées mises en place par les Pays signataires de la COP Biodiversité pour mesurer leur degré de protection et leur degré de mise en oeuvre… Mais les échanges "fructueux", de l'avis des participants, ont également permis d'aborder les thématiques de la compensation carbone ou de l'exploration des grands fonds. "Les projets ont évolué par rapport à l'état dans lequel ils étaient arrivés", se satisfait Joachim Claudet.
En dehors du prix d'un million de dollars attribué à trois innovations par la Blue Climate Initiative en début de sommet, les organisateurs ont précisé vendredi qu'il ne fallait pas s'attendre à des annonces de financement de nouveaux projets dès la fin de cette semaine. "Nous ne sommes pas un bailleur de fond, ce n'est pas nous qui décidons quels projets seraient approuvés", explique la directrice des programmes et opérations de la Blue Climate Initiative, Jeanne Everett. Les projets ont été mûris de l'expérience des intervenants, et parfois même des bailleurs de fonds eux-même, et devraient donc connaître quelques ajustements à court terme avant d'être proposés au financement. "C'est à nos partenaires et à nos participants d'avancer leurs projets. Et quand on voit qu'il y a une énergie et des contacts qui se font, on les soutient et on les accompagne. On est un accélérateur, mais on n'est pas des décideurs." La Blue Climate Initiative espère d'ores et déjà un nouveau sommet d'ici deux ans. Et dans l'intervalle, elle continuera à décerner chaque année des prix récompensant les projets de communautés ou des innovations du privé.
"Nous nous sommes réunis, écoutés et entendus"
Également présents en clôture du sommet, les "stars" de cet évènement ont été dithyrambiques sur l'apport de ces six jours d'échanges. Chacun à la mesure de son objectif pour ce Blue Climate Summit. Pour le président de la Polynesian Voyaging Society, Nainoa Thompson, ou le président du Sanctuaire des baleines à bosse de Hawaii, Solomon Kaho'Ohalahala, c'est la contribution de "l'ensemble des participants du Pacifique" qui a permis "d'élever les débats" au-delà d'une convention d'experts. Au ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu, et à la directrice culturel de Tetiaroa Society, Hinano Murphy, de défendre l'importance d'avoir partagé la "vision polynésienne" durant ce sommet. "Nous nous sommes réunis, écoutés et entendus entre nous", a résumé Richard Bailey, le P-dg de Pacific BeachComber à l'initiative du sommet. Sans oublier, l'infatigable exploratrice américaine et nonagénaire, Sylvia Earle, qui derrière la barrière de la langue a tenu à rappeler toute la semaine durant que tout le monde pouvait s'entendre en parlant "la langue de l'océan".
Le Blue Climat Summit, organisé par le programme privé Blue Climate Initiative, s'est achevé vendredi soir par le grand concert "Te Moana Nui o Hiva" organisé, lui, par le Pays à To'atā. Un moment festif et populaire précédé par la clôture des ateliers, rencontres et conférences qui se sont tenues pendant six jours sur le navire Paul Gauguin entre Tahiti, Moorea, Raiatea et Tetiaroa. Six jours pendant lesquels près de 200 intervenants porteurs de projets, scientifiques, décideurs politiques, leaders communautaires, associations ou encore investisseurs représentants des fonds de pensions principalement américains ont échangé autour de solutions concrètes pour préserver les océans des effets du changement climatique.
"Les projets ont évolué"
"Certains projets ont vraiment avancé et même fusionnés entre eux pour avancer", explique le directeur de recherche au Criobe, Joachim Claudet, vendredi lors d'une conférence de presse post-sommet organisée au Grand théâtre de la Maison de la Culture. Quelques exemples cités par le chercheur : des bassins versants destinés à réduire l'impact des pollutions issus des eaux s'écoulant depuis les terres sur le littoral pour protéger les lagons ou conserver l'état de santé des récifs, ou encore une ONG qui "surveille" les Aires marines protégées mises en place par les Pays signataires de la COP Biodiversité pour mesurer leur degré de protection et leur degré de mise en oeuvre… Mais les échanges "fructueux", de l'avis des participants, ont également permis d'aborder les thématiques de la compensation carbone ou de l'exploration des grands fonds. "Les projets ont évolué par rapport à l'état dans lequel ils étaient arrivés", se satisfait Joachim Claudet.
En dehors du prix d'un million de dollars attribué à trois innovations par la Blue Climate Initiative en début de sommet, les organisateurs ont précisé vendredi qu'il ne fallait pas s'attendre à des annonces de financement de nouveaux projets dès la fin de cette semaine. "Nous ne sommes pas un bailleur de fond, ce n'est pas nous qui décidons quels projets seraient approuvés", explique la directrice des programmes et opérations de la Blue Climate Initiative, Jeanne Everett. Les projets ont été mûris de l'expérience des intervenants, et parfois même des bailleurs de fonds eux-même, et devraient donc connaître quelques ajustements à court terme avant d'être proposés au financement. "C'est à nos partenaires et à nos participants d'avancer leurs projets. Et quand on voit qu'il y a une énergie et des contacts qui se font, on les soutient et on les accompagne. On est un accélérateur, mais on n'est pas des décideurs." La Blue Climate Initiative espère d'ores et déjà un nouveau sommet d'ici deux ans. Et dans l'intervalle, elle continuera à décerner chaque année des prix récompensant les projets de communautés ou des innovations du privé.
"Nous nous sommes réunis, écoutés et entendus"
Également présents en clôture du sommet, les "stars" de cet évènement ont été dithyrambiques sur l'apport de ces six jours d'échanges. Chacun à la mesure de son objectif pour ce Blue Climate Summit. Pour le président de la Polynesian Voyaging Society, Nainoa Thompson, ou le président du Sanctuaire des baleines à bosse de Hawaii, Solomon Kaho'Ohalahala, c'est la contribution de "l'ensemble des participants du Pacifique" qui a permis "d'élever les débats" au-delà d'une convention d'experts. Au ministre de la Culture, Heremoana Maamaatuaiahutapu, et à la directrice culturel de Tetiaroa Society, Hinano Murphy, de défendre l'importance d'avoir partagé la "vision polynésienne" durant ce sommet. "Nous nous sommes réunis, écoutés et entendus entre nous", a résumé Richard Bailey, le P-dg de Pacific BeachComber à l'initiative du sommet. Sans oublier, l'infatigable exploratrice américaine et nonagénaire, Sylvia Earle, qui derrière la barrière de la langue a tenu à rappeler toute la semaine durant que tout le monde pouvait s'entendre en parlant "la langue de l'océan".
Joachim Claudet, directeur de recherche au Criobe : "Contrairement aux autres sommets, il y a vraiment une évolution"
En quoi ont consisté les échanges sur les solutions pour le climat et l'océan durant ce sommet sur le Paul Gauguin et sur le terrain ?
"Il y a un grand nombre de projets qui ont été amenés au sommet par des porteurs et qui ont été discutés en profondeur. D'abord dans des sessions plénières, où l'on pouvait tous participer aux discussions, et ensuite dans des sous-groupes. Personnellement, je m'impliquais dans différents projets, donc je n'ai pas pu suivre tous les projets. J'en connais mieux certains que d'autres. Mais ce qui s'est passé, c'est qu'ils ont été nourris par les discussions de gens qui n'étaient pas encore dans les réseaux de ces différents porteurs. Des idées vraiment nouvelles ont été apportées, à la fois avec des contributions où des représentants de communautés ont voulu faire remonter des éléments qui étaient importants pour eux ou encore avec des scientifiques qui ont voulu amener des idées un peu innovantes… Et dans les discussions, les choses se sont construites. Et ce qui est très intéressant, je trouve, c'est que les projets ont évolué par rapport à l'état dans lequel ils étaient arrivés. C'est aussi, peut-être, pour ça qu'il n'y a pas eu tout de suite de projets financés. Alors, il y a eu quand même 100 000 dollars de mis sur le projet sur les grands fonds marins… Mais comme les projets ont évolué pendant ce sommet, avec la participation des financeurs d'ailleurs, ces projets doivent maintenant être retravaillés avant d'être soumis aux financeurs. Et ça va être rapide, puisque toutes les idées sont là.
Vous diriez que le sommet a permis une connexion entre ces différents acteurs : porteurs de projets, scientifiques, communautés, financeurs ?
"Oui, les gens sont connectés. Une partie conséquente des gens se connaissaient déjà, mais il y a énormément de nouveaux contacts qui ont été faits. Et ça permet vraiment que les choses avancent. Contrairement à d'autres sommets auxquels j'ai participé, il y a vraiment une évolution entre le premier et le dernier jour. Dans d'autres sommets, on peut souvent écrire à l'avance ce qui va en ressortir. Parce que le gens viennent pour faire des déclarations, les gens viennent pour présenter leurs projets… C'est très bien, c'est important aussi et ce n'est pas une critique. Mais là, il y avait vraiment des perspectives de travail et d'évolution."
"Il y a un grand nombre de projets qui ont été amenés au sommet par des porteurs et qui ont été discutés en profondeur. D'abord dans des sessions plénières, où l'on pouvait tous participer aux discussions, et ensuite dans des sous-groupes. Personnellement, je m'impliquais dans différents projets, donc je n'ai pas pu suivre tous les projets. J'en connais mieux certains que d'autres. Mais ce qui s'est passé, c'est qu'ils ont été nourris par les discussions de gens qui n'étaient pas encore dans les réseaux de ces différents porteurs. Des idées vraiment nouvelles ont été apportées, à la fois avec des contributions où des représentants de communautés ont voulu faire remonter des éléments qui étaient importants pour eux ou encore avec des scientifiques qui ont voulu amener des idées un peu innovantes… Et dans les discussions, les choses se sont construites. Et ce qui est très intéressant, je trouve, c'est que les projets ont évolué par rapport à l'état dans lequel ils étaient arrivés. C'est aussi, peut-être, pour ça qu'il n'y a pas eu tout de suite de projets financés. Alors, il y a eu quand même 100 000 dollars de mis sur le projet sur les grands fonds marins… Mais comme les projets ont évolué pendant ce sommet, avec la participation des financeurs d'ailleurs, ces projets doivent maintenant être retravaillés avant d'être soumis aux financeurs. Et ça va être rapide, puisque toutes les idées sont là.
Vous diriez que le sommet a permis une connexion entre ces différents acteurs : porteurs de projets, scientifiques, communautés, financeurs ?
"Oui, les gens sont connectés. Une partie conséquente des gens se connaissaient déjà, mais il y a énormément de nouveaux contacts qui ont été faits. Et ça permet vraiment que les choses avancent. Contrairement à d'autres sommets auxquels j'ai participé, il y a vraiment une évolution entre le premier et le dernier jour. Dans d'autres sommets, on peut souvent écrire à l'avance ce qui va en ressortir. Parce que le gens viennent pour faire des déclarations, les gens viennent pour présenter leurs projets… C'est très bien, c'est important aussi et ce n'est pas une critique. Mais là, il y avait vraiment des perspectives de travail et d'évolution."
Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre de la Culture : "Voir ce que c'est que de vivre sur un atoll"
Vous avez insisté en clôture de ce sommet sur l'importance pour ses participants d'avoir "vu" la situation réelle dans les îles du Pacifique ?
"Pour nous, c'était important que les participants à un sommet qui parle des océans viennent se rendre compte de la réalité de cet océan Pacifique. Voir ce que c'est de vivre sur une île, sur un atoll. Voir ce que nos parents disent depuis longtemps : 'nous sommes le peuple de l'océan'. Ils nous entendent parler de notre océan, de solutions que l'on aimerait trouver ou de solutions qui existent déjà dans nos cultures océaniques… Et je crois que venir jusqu'ici, entendre Nainoa Thompson dire ce qu'il avait à dire, entendre Henry Puna dire ce qu'il avait à dire, mais aussi entendre nos enfants, nos anciens qui ont dit des choses, c'était pour nous important. Au-delà des discussions entre scientifiques, des projets. Cela fait des années que l'on va dans des sommets où l'on parle de l'océan. Mais on n'a pas la même réalité. Un atoll, c'est à quelques centimètres au-dessus de l'eau. Quand on explique ça, on a l'impression de pas être entendus. Et là, le fait de voir ce que c'est qu'un atoll, je pense que ça change la vision des choses. (…)"
On a également beaucoup parlé de l'exploration des grands fonds et de la protection contre l'exploitation des grands fonds au cours du sommet. Quelle est la position du Pays sur ce sujet ?
"On a déjà demandé à l'Office français de la biodiversité d'analyser toutes les recherches, toutes les études qui ont été menées sur l'analyse des fonds marins. D'après les premières informations que l'on a, on ne connaît que 5% de nos fonds marins. Ce qui est très peu. En Nouvelle-Calédonie, je crois que c'est 20%… Et lorsqu'on a été auditionné par la commission du Sénat, on a tous eu une position commune : Wallis et Futuna, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Ça a été de dire : s'il faut aller regarder ce qu'il y a dans le fond des océans, c'est pour de l'acquisition de connaissances, pas pour de l'exploitation. Et il faut que ce soit très clair. Si on parle de ce qu'on ne sait pas, on parle dans le vide. Donc, l'idée est de dire que l'on veut bien des missions d'acquisition de connaissances, je n'ose même pas dire d'exploration parce que le terme est trop souvent connoté vers l'exploitation. Nous avons 502 monts sous-marins répertoriés et on n'en connaît pas un seul. Je pense que c'est important à un moment donné de connaître la biodiversité autour de ces monts sous-marins au-delà de ce qu'on peut avoir comme minerai. Si on veut protéger quelque chose, il faut déjà savoir de quoi on parle."
"Pour nous, c'était important que les participants à un sommet qui parle des océans viennent se rendre compte de la réalité de cet océan Pacifique. Voir ce que c'est de vivre sur une île, sur un atoll. Voir ce que nos parents disent depuis longtemps : 'nous sommes le peuple de l'océan'. Ils nous entendent parler de notre océan, de solutions que l'on aimerait trouver ou de solutions qui existent déjà dans nos cultures océaniques… Et je crois que venir jusqu'ici, entendre Nainoa Thompson dire ce qu'il avait à dire, entendre Henry Puna dire ce qu'il avait à dire, mais aussi entendre nos enfants, nos anciens qui ont dit des choses, c'était pour nous important. Au-delà des discussions entre scientifiques, des projets. Cela fait des années que l'on va dans des sommets où l'on parle de l'océan. Mais on n'a pas la même réalité. Un atoll, c'est à quelques centimètres au-dessus de l'eau. Quand on explique ça, on a l'impression de pas être entendus. Et là, le fait de voir ce que c'est qu'un atoll, je pense que ça change la vision des choses. (…)"
On a également beaucoup parlé de l'exploration des grands fonds et de la protection contre l'exploitation des grands fonds au cours du sommet. Quelle est la position du Pays sur ce sujet ?
"On a déjà demandé à l'Office français de la biodiversité d'analyser toutes les recherches, toutes les études qui ont été menées sur l'analyse des fonds marins. D'après les premières informations que l'on a, on ne connaît que 5% de nos fonds marins. Ce qui est très peu. En Nouvelle-Calédonie, je crois que c'est 20%… Et lorsqu'on a été auditionné par la commission du Sénat, on a tous eu une position commune : Wallis et Futuna, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française. Ça a été de dire : s'il faut aller regarder ce qu'il y a dans le fond des océans, c'est pour de l'acquisition de connaissances, pas pour de l'exploitation. Et il faut que ce soit très clair. Si on parle de ce qu'on ne sait pas, on parle dans le vide. Donc, l'idée est de dire que l'on veut bien des missions d'acquisition de connaissances, je n'ose même pas dire d'exploration parce que le terme est trop souvent connoté vers l'exploitation. Nous avons 502 monts sous-marins répertoriés et on n'en connaît pas un seul. Je pense que c'est important à un moment donné de connaître la biodiversité autour de ces monts sous-marins au-delà de ce qu'on peut avoir comme minerai. Si on veut protéger quelque chose, il faut déjà savoir de quoi on parle."