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Attentats : témoignages de jeunes Tahitiens à Paris


PARIS, le 15 novembre 2015. Ils s’appellent Maeva, Ioane et Sarah et habitent à Paris après avoir effectué leurs études en métropole. Ils évoquent le choc et l’inquiétude suite aux attentats qui ont frappé la capitale, vendredi soir.

Les attentats de vendredi soir ont frappé Paris mais aussi les abords du Stade de France, où se déroulait le match de football France-Allemagne. "On devait y aller", raconte Maeva Pena-Barraillé, 27 ans. Originaire de Moorea, elle vient de terminer un master en marketing. Mais finalement, elle a préféré rester chez elle avec des amis et regarder la partie à la télé. "A la dernière minute, on a eu la flemme, vu que c’était pas un vrai match. C’était un match amical." D’abord, deux explosions près du stade, "mais on n’a pas fait vraiment attention." Puis, c’est la mi-temps. "Mon copain est allé voir ce qui se passait sur Internet et on est allés sur les chaînes d’infos. On était choqués."

Maeva est d’autant plus touchée qu’elle connaît bien la rue Alibert, théâtre de l’une des fusillades dans Paris. C’est là que se trouve son ancienne école de marketing, qu’elle fréquentait tous les jours encore l’année dernière. "C’est assez affolant", réagit-elle. Elle décrit l’endroit comme un quartier "qui bouge beaucoup, avec plein de bars, très agréable." Maeva vit à Paris depuis deux ans. Evidemment, elle ne s’attendait pas à un événement pareil. "On se dit que cela peut arriver à tout le monde. Je vais faire beaucoup plus attention maintenant mais je ne vais quand même pas arrêter de vivre." Dans Paris, les rues sont restées anormalement calmes, tout au long du week-end. Avec une présence policière renforcée qui rassure Maeva.

DES AMIS DECEDES AU BATACLAN

Sarah Teriitaumihau est membre du bureau de la fédération de l'association des étudiants polynésiens (AEPF) à Paris et vit dans la capitale depuis trois ans. Elle a appris la nouvelle par le message d’une amie puis s’est informée grâce aux réseaux sociaux. "Le premier sentiment, c’est l’incompréhension", dit-elle. Les attentats de janvier avaient d’abord visé des symboles et des valeurs comme la liberté d’expression. Là, les cibles, "ce sont des civils. C’est massif, c’est violent." Des scènes de terreur, habituellement vues à la télé dans d’autres pays, ont eu lieu en plein cœur de Paris alors que normalement, "dans une grande capitale comme Paris, on se sent protégé".

Après des études en linguistique, Ioane Tuera, 26 ans, vit à Paris depuis la fin de l’année dernière. Des amis de Montpellier, où il a suivi ses études, sont venus à Paris pour assister à un concert. C’était au Bataclan. Ioané devait retourner les chercher après le show. En arrivant sur place, il s’est retrouvé bloqué par le périmètre de sécurité mis en place par la police. "On entendait comme des pétards. Il y avait beaucoup de peur", se souvient-il, deux jours plus tard. "J’en tremble encore." Il a attendu ses amis jusqu’à deux heures du matin. Puis il est rentré et a enchainé les conversations Skype pour "rassurer" ses proches à Tahiti. C’est vers cinq heures, une fois rentré chez lui, qu’il a appris la nouvelle : "Ils n’ont pas survécu. J’ai perdu des amis au Bataclan". Forcément, il fera davantage attention. "Les sorties, durant les prochains mois, ce n’est plus la peine d’y penser. Je vais attendre que ça se calme."

Congrès des maires : la journée des Outre-mer maintenue

Avec l’annonce de l’état d’urgence et l’annulation de toutes les manifestations publiques suite aux attentats, le Congrès des maires de France, qui devait avoir lieu de mardi à jeudi porte de Versailles, a été l’un des premiers événements annulés à Paris. Aussi, une partie de la délégation des élus communaux polynésiens, a décidé d’annuler le déplacement jusqu'en métropole. Néanmoins, la matinée qui devait être consacrée lundi aux Outre-mer, a été maintenue. La réunion de travail prévue l’après-midi à la mairie de Paris se tiendra finalement dans les locaux de l’Association des maires de France.

Mercredi (le 18 novembre), les maires de France se réuniront malgré tout pour témoigner "solennellement de leur engagement pour les valeurs de la République." Enfin, George Pau-Langevin a convié les parlementaires ultramarins présents à Paris pour une cérémonie d’hommage qui se tiendra aujourd'hui à midi au ministère des Outre-mer. Dans l’après-midi, le président de la République, François Hollande, s’exprimera devant l’ensemble des parlementaires, réunis en congrès à Versailles.

Rédigé par Serge Massau le Dimanche 15 Novembre 2015 à 19:06 | Lu 4872 fois