Tahiti Infos

Attal attendu au coeur de la contestation, les agriculteurs déterminés


Crédit Valentine CHAPUIS / AFP
Crédit Valentine CHAPUIS / AFP
Paris, France | AFP | vendredi 26/01/2024 - "On ne veut plus de paroles, on veut des actes": avant les annonces du Premier ministre attendues vendredi en fin d'après-midi, les agriculteurs affichent leur détermination, amplifiant leurs actions partout en France avec l'annonce d'un blocage des accès majeurs menant à Paris à partir de 14H00.

Confronté à sa première crise depuis sa nomination, Gabriel Attal doit se rendre en Haute-Garonne, dans une exploitation bovine conventionnelle de la petite commune de Montastruc-de-Salies, où il échangera avec une quarantaine d'agriculteurs et présentera des mesures pour répondre à leur colère, a indiqué Matignon.

Il devrait annoncer une "panoplie de réponses" aux demandes multiples des agriculteurs, a assuré le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau qui sera au côté du Premier ministre avec son homologue de la Transition écologique Christophe Béchu pour ce déplacement en Occitanie, région malmenée par la sécheresse et la maladie hémorragique épizootique (MHE) où a débuté le mouvement de colère.

"Ca fait déjà une semaine qu'on manifeste et on n'a toujours aucune réponse. On ne veut plus de paroles, on veut des actes, on veut que le GNR (gazole non routier) reste au prix où il est, qu'il nous laisse cette niche fiscale, pour la MHE on souhaite qu'il débloque les enveloppes (d'aide promises) parce que les éleveurs, ils sont en train de crever", a déclaré à l'AFP Sébastien, agriculteur de 21 ans qui participait dans la matinée à un barrage filtrant près de l'aéroport de Blagnac.

Luc Mesbah, secrétaire général FDSEA Haute-Garonne et membre de la délégation qui doit rencontrer M. Attal, insiste sur le besoin de simplification administrative et de mesures sur les pesticides et la gestion de l'eau.

De son côté, le député socialiste de Haute-Garonne Joël Aviragnet attend "des mesures concrète et rapides pour les agriculteurs les plus pauvres" dans une région de "petites exploitations touchées par la MHE" où les éleveurs en sont réduits à "intuber" les bovins infectés qui n'arrivent plus à s'alimenter.

Blocage d'un dépôt pétrolier 

En attendant les annonces, les agriculteurs ont mis en place des blocages dès l'aube sur des axes routiers majeurs. Et visent Paris: la section d'Ile-de-France du syndicat majoritaire agricole FNSEA prévoyait de mettre en place des barrages au niveau de cinq péages dans le sens province-Paris à partir de 14H00.

Près de 400 kilomètres, sur un axe allant du sud de Lyon vers l'Espagne, ont déjà été fermés à la demande des autorités. L'A1, reliant Paris au nord de l'Europe, est aussi fermée à la circulation en différents points.

Rencontrés dans de multiples lieux de France par l'AFP, les agriculteurs ont des revendications diverses, selon qu'ils sont éleveurs de volailles frappés par la grippe aviaire, viticulteurs dont les vins se vendent moins, cultivateurs bio aux légumes boudés par les Français, ou grands céréaliers.

La colère est profonde, nourrie par le désespoir de beaucoup de ne pas parvenir à vivre d'un métier qu'ils exercent avec passion. Tous expriment un "ras-le-bol" de la paperasserie, certains réclament une baisse du GNR, d'autres veulent un prix minimum pour leurs produits, le versement d'aides ou d'indemnisations dues de longue date, voire un moratoire sur l'interdiction des pesticides, comme nouvellement demandé par la FNSEA. Une partie des 140 revendications portées par le syndicat majoritaire nécessitent une loi ou des négociations à Bruxelles.

Un peu partout dans le pays, les manifestants s'en sont pris jeudi à des symboles de l'Etat et des grandes surfaces, donnant l'image d'une colère qui se radicalise.

"À un moment il faut durcir le mouvement, on n'a rien sans rien", a dit à l'AFP Rémi Voltaire, 31 ans, posté au niveau du péage d'Amblainville (Oise), espérant que le convoi se dirige vers Paris sans même attendre les annonces du gouvernement.

Le syndicat agricole basque ELB a bloqué le port de Bayonne, notamment pour "dénoncer les accords de libre-échange".

"Au nom de la stricte réciprocité", le député LR Antoine Vermorel-Marques (Loire) a indiqué vendredi avoir déposé une proposition de loi pour interdire l'importation de produits agricoles qui ne respectent pas les normes imposées en France aux agriculteurs, dans une interview au Figaro.

Au port de Lorient, une centaine d'engins d'artisans du BTP et d'agriculteurs bloquent depuis jeudi un dépôt pétrolier, selon Vincent Graignic, un entrepreneur de travaux agricoles présent sur place et contacté par l'AFP.

Alors que les agriculteurs sont également mobilisés en Allemagne, Belgique, Pologne ou Suisse, le mouvement est populaire en France mais tous les syndicats ne plaident pas pour sabrer les normes environnementales.

Les ONG écologistes s'alarment notamment des appels à débrider les règles sur l'eau ou les pesticides tandis que la secrétaire nationale du parti Les Ecologistes, Marine Tondelier, a dénoncé vendredi une absence "d'intérêt sur les questions environnementales et une totale incompréhension des questions sociales" de la part de Gabriel Attal.

le Vendredi 26 Janvier 2024 à 06:19 | Lu 324 fois